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samedi 6 février 2016

... et la poussière de sel.

« Il faut être nu et plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celle-ci dans celle-là et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvre à lèvre, depuis si longtemps, la terre et la mer. Entré dans l’eau, c’est le saisissement, la montée d’une glu froide et opaque, puis le plongeon dans le bourdonnement des oreilles, le nez coulant et la bouche amère — la nage, les bras vernis d’eau sortis de la mer pour se dorer dans le soleil et rabattus dans une torsion de tous les muscles ; la course de l’eau sur mon corps, cette possession tumultueuse de l’onde par mes jambes — et l’absence d’horizon. Sur le rivage, c’est la chute dans le sable, abandonné du monde, rentré dans ma pesanteur de chair et d’os, abruti de soleil, avec de loin en loin un regard pour mes bras où les flaques de peau sèche découvrent, avec le glissement de l’eau, le duvet blond et la poussière de sel. »
Ce petit passage de Camus est extrait du volume que Morvan Lebesque lui consacra dans la collection « Écrivains de toujours ». Malheureusement le titre dont il est tiré n’est pas mentionné. Si un camusien averti pouvait nous éclairer…