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mardi 5 mars 2024

Quelques domiciles de Jules Verne à Paris

24, rue de l’Ancienne-Comédie
11, boulevard Bonne-Nouvelle (n°11  — De la fin du XVIIIe siècle ; hautes fenêtres en arcade à fronton sculpté, mansardes — Hillairet )


18, boulevard Poissonnière, en 1875 (Hillairet indique 1857)
34, faubourg Montmartre (un peu avant 1860)
45, boulevard Magenta
18, passage Saulnier
30, rue La Fontaine à Auteuil, en 1863
2, rue de Sèvres, en 1868
 
D’après Jules Verne, images d’un mythe, par François Rivière (1978) & Dictionnaire historique des rue de Paris, par Jacques Hillairet (1963)

samedi 21 septembre 2019

Les allures de Diane



Diane et Satellite


Images tirées des illustrations d'Émile-Antoine Bayard et Alphonse de Neuville pour
Autour de la Lune
de
Jules Verne
(Source)

mardi 27 mars 2018

10/18 — Jules Verne : P'tit Bonhomme




Jules Verne

P'tit Bonhomme

Suivi de « À propos de Sans famille »
par Hector Malot
Préface de Francis Lacassin

n° 1220

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »
Volume sextuple

374 pages (384 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978
ISBN : 2.264-00862-8

TABLE DES MATIÈRES


Préface : Jules Verne et le roman des larmes, par Francis Lacassin [9-12]
P'tit Bonhomme [17-356]
Document : À propos de Sans famille, par Hector Malot [359-370]
Table des matières [373-374]
Extrait du catalogue [376-382]


(Contribution du Tenancier)
Index

jeudi 25 janvier 2018

Un bon cru


Étiquette trouvée dans un Verne en Bibliothèque Verte (Un Billet de Loterie), indice supplémentaire qui tendrait à affirmer que la lecture de ce cher Jules n'était pas réservée qu'aux enfants. Un autre point de vue pourrait sans doute affirmer que l'on buvait un peu tôt dans les années 30 (période où fut publié ce volume). En tout cas ce verniste-là, adulte ou adolescent ne buvait pas n'importe quoi. 

Billet déjà publié sur le blog Feuilles d'automne en mai 2009

dimanche 17 décembre 2017

10/18 — Jules Verne : César Cascabel




Jules Verne

César Cascabel

Suivi de documents réunis
par Francis Lacassin
Préface de Charles-Noël Martin

n° 1247

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »
Volume sextuple

440 pages (448 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 5 juin 1978

TABLE DES MATIÈRES

Préface, par Charles-Noël Martin [7-13]
César Cascabel [17-410]
Jules Verne et la « Quatrième Commission », par Daniel Compère [413-420]
Discours inaugural du cirque municipal d'Amiens, par Jules Verne [421-431]
L'homme du jour : M'sieur Jules Verne, par Saltarello [433-435]
La carte à payer, Anonyme [437-438]
Table [439-440]

Collection 10/18 — Automne 1977 : Liste alphabétique des ouvrages disponibles au 31 décembre 1977 [446-448]


(Contribution du Tenancier)
Index

10/18 — Jules Verne : L'île à hélice




Jules Verne

Le pilote du Danube

Postface par Francis Lacassin

n° 1221

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »
Volume sextuple

320 pages
Dépôt légal : 2e trimestre 1978

TABLE DES MATIÈRES

L'île à hélice [5-317]
Postface : Les milliardaires ridicules, par Francis Lacassin [318-320]


(Contribution du Tenancier)
Index

dimanche 10 décembre 2017

Une attente
(Pour les happy few...)

On vous l'avait indiqué il y a plusieurs jours, le Tenancier travaillait pour certains d'entre vous, c'est-à-dire un petit nombre. Que ceux qui n'ont rien reçu patientent. Aux autres, hélas plus nombreux qu'on le voudrait et dont la boîte aux lettres restera vide, le Tenancier leur présente ses excuses. Il peuvent se consoler en lisant le texte de la brochure représentée ci-dessous, dans ce blogue, précisément ici. Ce petit texte est le deuxième d'une petite série d'histoires autour du Fleuve en cours d'édition(*) en cette fin d'année. 


Yves Letort
(d'après Jules Verne)

Une attente

Granit House
2017

Tiré à vingt exemplaires sur vergé crème
« Pour les lecteur du Fleuve »
Broché sous jaquette illustrée

Bibliographie du Fleuve


(*) Ne sont pas comptées les dix micronouvelles autour du Fleuve en cours de parution sur le site Les Deux Zeppelins.

mardi 21 novembre 2017

10/18 — Jules Verne : Le pilote du Danube




Jules Verne

Le pilote du Danube

Préface par Francis Lacassin
Postface par Piero Gondolo della Riva

n° 1286

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »
Volume quintuple

301 pages (304 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1979
ISBN : 2.264-00967-5

TABLE DES MATIÈRES

Préface : Jules Verne et le roman policier, par Francis Lacassin [5-18]
Jules Verne : Le pilote du Danube [19-294]
Postface : L'affaire Pilote du Danube, par Piero Gondolo della Riva [295-301]


(Contribution du Tenancier)
Index

samedi 11 novembre 2017

10/18 — Jules Verne : Famille-Sans-Nom




Jules Verne

Famille-Sans-Nom
Introduction et postface par Francis Lacassin

n° 1210
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »

317 pages (320 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978

Couverture de Pierre Bernard. Doc. DR
Volume quintuple

Sommaire :

Francis Lacassin : Jules Verne et le socialisme clandestin [7-36]
Jules Verne : Famille-Sans-Nom [37-307]
Table des matières [309-317]


(Contribution du Tenancier)
Index

jeudi 15 juin 2017

Une attente

Jeu : prendre le premier chapitre de Aventures de 3 Russes et de 3 Anglais dans l'Afrique australe, de Jules Verne, en extraire plusieurs phrases pour les faire correspondre à la thématique obsessionnelle de l'alter ego du Tenancier, à savoir la série sur le Fleuve dont plusieurs textes sont publiés ici et là. Ne se permettre que de rares mots de liaison, élaguer quand nécessaire, mais garder la succession des phrases à partir du texte original. En faire une courte nouvelle du Fleuve dont Verne sera l'auteur et Yves Letort le soutier...

Deux hommes causaient en observant avec une extrême attention les eaux du Fleuve.
Quelques voyageurs ont vanté la limpidité de ses eaux et la beauté de ses rives.
Rocs infranchissables, masses imposantes de pierres et de troncs d’arbres minéralisés sous l’action du temps, cavernes profondes, forêts impénétrables que n’avait pas encore défloré la hache.
Incomparable magnificence.
Les eaux, auxquelles le sol venait à manquer subtilement, se précipitaient d’une hauteur de quatre cents pieds.
En amont de la chute, c’était un simple bouillonnement de nappes liquides, déchirées par quelques têtes de roc, enguirlandées de branches vertes.
En aval, le regard saisissait un sombre tourbillon que couronnait un épais nuage d’humides vapeurs zébrées des sept couleurs du prisme.
De l’abîme s’élevait un fracas étourdissant.
De ces deux hommes, l’un ne prêtait qu’une vague attention aux beautés naturelles.
C’était un beau type de cette vaillante race aux yeux vifs.
Leur vie se passe à errer dans cette région comprise entre le Fleuve et les montagnes de l’est.
Même au repos, son corps offrait encore l’attitude de l’action et dénotait un individu énergique.
Une sorte de calotte de peau de mouton encapuchonnait sa tête.
À ses poignets nus se contournaient des anneaux.
Allons, calmons-nous.
Vous êtes le plus impatient des hommes — quand vous ne chassez pas.
Nous ne pouvons rien changer à ce qui est. 
Le compagnon était un jeune homme qui contrastait avec le chasseur.
Vous oubliez que nous sommes des nomades, les pieds nous brûlent à demeurer ainsi!
Voici les chutes, nous sommes à l’endroit désigné, nous attendons.
Est-ce bien aux chutes que l’on vous a donné rendez-vous?
Le jeune savant recommença un récit vingt fois fait déjà à son ami le chasseur.
Ce récit bien gravé dans l’esprit, celui-ci s’avança jusqu’au bord du gouffre, une pointe avancée permettait de dominer le cours du Fleuve, en aval de la cataracte.
Pendant quelques minutes, ils observèrent attentivement la surface des eaux au-dessous d’eux.
Aucun objet n’en troublait le cours.
L’épais feuillage des arbres qui se penchaient sur le gouffre le préservait des atteintes immédiates des rayons solaires.
Pas un oiseau n’animait cette solitude.
Pas un quadrupède ne quittait le frais abri des buissons.
On n’aurait entendu aucun bruit quand bien même la cataracte n’eût pas rempli l’air de ses mugissements.
Et si vos gens n’arrivent pas?
Ils viendront.
Ce sont des hommes de parole, et ils seront exacts.
Ces messieurs ont droit à quatre jours pour atteindre les chutes.
Et s’ils n’ont pas paru?
Eh bien, ce sera l’occasion d’exercer notre patience.
 
Voyez-vous quelque chose?
Rien, je ne vois rien.
Il me semble qu’un bourdonnement inaccoutumé se produit.
Il se coucha l’oreille contre terre.
Le chasseur se releva, secoua la tête.
Ce bruit n’est autre que le sifflement de la brise à travers la feuillée, ou le murmure des eaux sur les pierres de la rive.
Si le bruit est produit par la machine, vous l’entendrez mieux en vous baissant.
L’eau propage les sons avec plus de netteté que l’air.
Lorsqu’il fut au niveau du Fleuve, il y entra jusqu’au genou, et, se baissant, il posa l’oreille à hauteur des eaux.
Oui!
Il se fait là-bas, à quelques milles au-dessous, un bruit d’eau battue avec violence.
Une fumée!
Il était midi.

Bibliographie du Fleuve ici.

dimanche 8 janvier 2017

Mystérieuse matin, midi et soir...



J’avais dix ou onze ans, je traversais alors un monde neuf dans lequel mon meilleur ami d’enfance, Vincent, venait de faire son intrusion en s’installant dans le bâtiment d’à côté. Je sautais par la fenêtre du rez-de-chaussée pour cavaler à en perdre haleine entre l’odeur de l’herbe coupée, celle des feuilles mortes encloses dans du grillage et dans lesquels nous prenions nos bains de saveurs sèches. L’automne lui-même vivifiait nos aventures ; il n’y avait nulle saison qui tenait notre perpétuelle mobilité. Seule une maladie de gosse, Zorro à la téloche le jeudi après-midi et la lecture savaient suspendre nos va-et-viens en biclou et nos écorchages de genoux. Et l’école ? L’école n’existait pas, c’était un hiatus fâcheux, une sorte de stase entre deux aventures, comme pour des astronautes dans un coma artificiel qui vivraient un rêve épouvantablement chiatique. La livraison de nos journaux de mômes suspendait également la frénésie. Vincent était abonné à Mickey. Je n’aimais pas trop, même si Guy Léclair m’aurait enchanté... mais le moyen de se plonger dans l’enchantement sur deux planches qui s’arrêtaient net. Le tourné de la page avait autant d’importance que maintenant. Vincent fut à l’école de la patience, il lisait assidûment et hebdomadairement ces aventures-là, progressant pas à pas. Non loin, Onc’ Picsou nageait sempiternellement dans sa réserve d’or sur plusieurs pages. J’étais sans doute assez cancre pour ne pas savoir attendre. Mon père rapportait un numéro de Pilote pratiquement toute les semaines, tout cela traînait au large de ma curiosité que je n’hésitais pas à rassasier... mais pour moi, c’était Pif gadget, évidemment pour le gadget d’abord, mais ceci est une autre histoire. J’y trouvais des aventures complètes, des histoires de guerre et puis les Pionniers de l’Espérance, qui ne finissait pas au bout de deux planches, et puis d’autres trucs encore qu’on se racontait à l’heure de la récré au même titre que le feuilleton qui passait la veille et que certains — dont moi — avaient pu regarder. Crevé le lendemain, rêveur près de la fenêtre, dans la forme des nuages... Et puis un jour déboula sous mes yeux Mystérieuse, matin midi et soir de Jean-Claude Forest. J’avais dix ou onze ans. J’appris par la suite que l’histoire était adaptée de l’Île mystérieuse, de Verne. J’avais été captivé par l’étrange atmosphère de ce récit de naufragés résidant dans un arbre géant. La suite n’est pas venue. Je sus bien plus tard que la rédaction de Pif en avait arrêté la publication. Restait cet inachèvement, longtemps, jusqu’à maintenant, à vrai dire. Verne faisait partie déjà de mes lectures. En fait je vivais une liberté totale dans mes choix. Pas de sourcilleux pédagogue pour me dicter ce que je devais lire, pas d’écrivains pour la jeunesse ou pour ado ! Alors Verne, malgré mes dix ans et puis l’Étoile du néant de Pierre Barbet dans un volume « à la fusée » de la collection Anticipation et puis des lectures de mômes et d’un peu moins môme que je ne lisais même pas en cachette, des livres oubliés, ou que je croise encore du coin de l’œil... Tout m’allait. Ce qui m’importait, c’était que l’histoire se termine, c’était d’arriver à bout autant qu’au bout du récit, de l’épuiser sous moi, comme un canasson rétif, comme pour racheter les remords de ne jamais avoir pu achever cette île mystérieuse et dont le roman original paraissait un succédané. Pourtant j’aimais Verne, j’aime Verne, mais le dessin de Forest, mais la magie du trait...
Le temps passa. Dix ans plus tard, à peu près, animant une émission de radio sur la SF, je rencontrai André Ruellan. Nous nous fréquentâmes ensuite de loin en loin... Et puis, à la librairie où je travaillais, qui, avant internet, recherchait des livres épuisés, je croisai Jean-Claude Forest, client de passage. Je fus sans doute trop timide et puis il y avait la crainte de proférer une niaiserie, je ne parlai pas de cela, de cette île inachevée. Dix ans s'écoulèrent encore et voici qu’André au détour d’une conversation me révèla que le titre était de lui : une prescription de toubib, en somme — ce qu’il avait été — : Mystérieuse, matin, midi et soir...
Et puis en 1997, j’édite du Jean-Claude Forest grâce à André : une autre histoire que celle qui me l’avait fait connaître, mais avec le texte d’André Ruellan. Ce fut un moment exceptionnel pour moi, détaché des contingences de l’enfance, pourtant. L’île s’estompait, curieusement, comme si au contact des deux hommes, toute espèce de nostalgie était bannie. La photo d’un billet récent ne montre rien que quatre personnes attablées à une besogne assez sommaire. C’était pourtant un moment heureux. En évoquant ce passage fugace revient à la pratique fuligineuse de cette nostalgie qui avait semblé me fuir lorsque je la vivais. L’enfance et puis ce moment-là... et je réalise que je ne lui avais jamais parlé de cette lecture inachevée, alors que peu à peu, au cours de ces années, les faits et les livres convergeaient à cette rencontre, à partir de  quelques planches publiées en 1971. J’avais dix ou onze ans... Je suis nettement plus vieux, maintenant, et je sais que je ne pourrai pas revenir en arrière, prendre le temps de dire à André, ou à Jean-Claude tout ce que j’aurais dû dire, comme il arrive pour tous ceux que l’on regrette. Qu’importe, les regrets valent mieux que les remords.
Et puis, j’ai lu, j’ai lu encore et toujours. Et, bien évidemment, je n’ai jamais repris la lecture de Mystérieuse matin, midi et soir.
Il y a bien des façons d’avoir dix ou onze ans...

vendredi 14 août 2015

10/18 — Gustave Le Rouge et Gustave Guitton : Le sous-marin « Jules Verne » / La rue hantée




Gustave Le Rouge ( et Gustave Guitton )

Le sous-marin « Jules Verne »
et
La rue hantée

Préface, bibliographie et notes de Francis Lacassin

n° 1245
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

377 pages (384 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978

Couverture de Pierre Bernard.
Volume sextuple
ISBN : 2.264-00914-4

Table des matières :

Série « L'aventure insensée » [2]

Préface : Dans le sillage du « Nautilus », par Francis Lacassin [5-16]

Le sous-marin « Jules Verne » [19-228]

Première partie
UN DRAME DE LA HAINE
[19-122]

I. Un concours original
II. Le gagnant du concours
III. Edda
IV. Au travail
V. Un triomphe de Coquardot
VI. Le complot
VII. Un drame à bord
VIII. Décisions
IX. La geôle sous-marine

Deuxième partie
LA BATAILLE SOUS-MARINE
[123-228]

I. Le « Jules-Verne II »
II. Piraterie
III. Gibraltar
IV. La poursuite
V. Cédera-t-elle
VI. Une maladresse de M. Lepique
VII. Coquardot gagne la première partie
VIII. Coquardot gagne la belle
IX. La dernière bataille
Épilogue

( Bien que non mentionné sur la couverture et le titre de l'ouvrage, le nom de Guitton figure bien dans la préface et la bibliographie rédigée par Lacassin pour ce qui concerne le titre ci-dessus. )

La rue hantée [231-314]

I. Eldorado
II. La rue du Général Grant
III. Un crime inexplicable
IV. Les préliminaires du bonheur
V. Les cinq réverbères
VI. Les deux fantômes

Document : Le « Nautilus » a traversé Paris, par Pitre-Chevalier [315-317]

Bibliographie, par Francis Lacassin [318]

Table des matières [319-320]


(Contribution du Tenancier)
Index

jeudi 16 juillet 2015

Une bibliothèque

« Le capitaine Nemo se leva. Je le suivis. Une double porte, ménagée à l'arrière de la salle, s'ouvrit, et j'entrai dans une chambre de dimension égale à celle que je venais de quitter.
C'était une bibliothèque. De hauts meubles en palissandre noir, incrustés de cuivre, supportaient sur leurs larges rayons un grand nombre de livres uniformément reliés. Ils suivaient le contour de la salle et se terminaient à leur partie inférieure par de vastes divans, capitonnés de cuir marron, qui offraient les courbes les plus confortables. De légers pupitres mobiles, en s'écartant ou se rapprochant à volonté, permettaient d'y poser le livre en lecture. Au centre se dressait une vaste table, couverte de brochures, entre lesquelles apparaissaient quelques journaux déjà vieux. La lumière électrique inondait tout cet harmonieux ensemble, et tombait de quatre globes dépolis à demi engagés dans les volutes du plafond. Je regardais avec une admiration réelle cette salle si ingénieusement aménagée, et je ne pouvais en croire mes yeux.
« Capitaine Nemo, dis-je à mon hôte, qui venait de s'étendre sur un divan, voilà une bibliothèque qui ferait honneur à plus d'un palais des continents, et je suis vraiment émerveillé, quand je songe qu'elle peut vous suivre au plus profond des mers.
— Où trouverait-on plus de solitude, plus de silence, monsieur le professeur ? répondit le capitaine Nemo. Votre cabinet du Muséum vous offre-t-il un repos aussi complet ?
— Non monsieur, et je dois ajouter qu'il est bien pauvre auprès du vôtre. Vous possédez là six ou sept mille volumes...
— Douze mille, monsieur Aronnax. Ce sont les seuls liens qui me rattachent à la terre. Mais le monde a fini pour moi le jour où mon Nautilus s'est plongé pour la première fois sous les eaux. Ce jour-là, j'ai acheté mes derniers volumes, mes dernières brochures, mes derniers journaux, et depuis je veux croire que l'humanité n'a plus ni pensé ni écrit. Ces livres, monsieur le professeur, sont d'ailleurs à votre disposition, et vous pourrez en user librement. »
Je remerciai le capitaine Nemo, et je m'approchai des rayons de la bibliothèque. Livres de science, de morale et de littérature, écrits en toutes langues, y abondaient ; mais je ne vis pas un seul ouvrage d'économie politique ; ils semblaient être sévèrement proscrits du bord. Détail curieux, tous ces livres étaient indistinctement classés, en quelque langue qu’ils fussent écrits, et ce mélange prouvait que le capitaine du Nautilus devait lire couramment les volumes que sa main prenait au hasard.
Parmi ces ouvrages, je remarquai les chefs-d’œuvre des maîtres anciens et modernes, c’est-à-dire tout ce que l’humanité a produit de plus beau dans l’histoire, la poésie, le roman et la science, depuis Homère jusqu’à Victor Hugo, depuis Xénophon jusqu’à Michelet, depuis Rabelais jusqu’à Mme Sand. Mais la science, plus particulièrement, faisait les frais de cette bibliothèque ; les livres de mécanique, de balistique, de géologie, etc., y tenaient une place non moins importante que les ouvrages d’histoire naturelle, et je compris qu’ils formaient la principale étude du capitaine. Je vis là tout le Humboldt, tout l’Arago, les travaux de Foucault, d’Henri Sainte-Claire Deville, de Chasles, de Milne-Edwards, de Quatrefages, de Tyndall, de Faraday, de Berthelot, de l’abbé Secchi, de Petermann, du commandant Maury, d’Agassiz, etc., les mémoires de l’Académie des sciences, les bulletins des diverses sociétés de géographie, etc., et, en bon rang, les deux volumes qui m’avaient peut-être valu cet accueil relativement charitable du capitaine Nemo. Parmi les œuvres de Joseph Bertrand, son livre intitulé Les Fondateurs de l’Astronomie me donna même une date certaine ; et comme je savais qu’il avait paru dans le courant de 1865, je pus en conclure que l’installation du Nautilus ne remontait pas à une époque postérieure. Ainsi donc, depuis trois ans, au plus, le capitaine Nemo avait commencé son existence sous-marine. J’espérai, d’ailleurs, que des ouvrages plus récents encore me permettraient de fixer exactement cette époque ; mais j’avais le temps de faire cette recherche, et je ne voulus pas retarder davantage notre promenade à travers les merveilles du Nautilus. »

Jules Verne : Vingt mille lieues sous les mers

Extrait publié en décembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne

mardi 2 juin 2015

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.



On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
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* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

mardi 12 mai 2015

Éléphant

« La magnifique bête ! s'écria Kennedy. Quelle masse ! Je n'ai jamais vu dans l'Inde un éléphant de cette taille !
— Cela n'a rien d'étonnant, mon cher Dick ; les éléphants du centre de l'Afrique sont les plus beaux. Les Anderson, les Cumming les ont tellement chassés aux environs du Cap, qu'ils émigrent vers l'équateur, où nous les rencontrons souvent en troupes nombreuses.
— En attendant, répondit Joe, j'espère que nous goûterons un peu de celui-là ! Je m'engage à vous procurer un repas succulent aux dépens de cet animal. M. Kennedy va chasser pendant une heure ou deux, M. Samuel va passer l'inspection du Victoria et, pendant ce temps, je vais faire la cuisine.
— Voilà qui est bien ordonné, répondit le docteur. Fais à ta guise.
— Pour moi, dit le chasseur, je vais prendre les deux heures de liberté que Joe a daigné m'octroyer.
— Va, mon ami ; mais pas d'imprudence. Ne t'éloigne pas.
— Sois tranquille.
Et Dick, armé de son fusil, s'enfonça dans le bois.
Alors Joe s'occupa de ses fonctions. Il fit d'abord dans la terre un trou profond de deux pieds ; il le remplit de branches sèches qui couvraient le sol, et provenaient des trouées faites dans le bois par les éléphants dont on voyait les traces. Le trou rempli, il entassa au-dessus un bûcher haut de deux pieds, et il y mit le feu.
Ensuite, il retourna vers le cadavre de l'éléphant, tombé à dix toises du bois à peine ; il détacha adroitement la trompe qui mesurait près de deux pieds de largeur à sa naissance ; il en choisit la partie la plus délicate, et y joignit un des pieds spongieux de l'animal ; ce sont en effet les morceaux par excellence, comme la bosse du bison, la patte de l'ours ou la hure du sanglier.
Lorsque le bûcher fut entièrement consumé à l'intérieur et à l'extérieur, le trou, débarrassé des cendres et des charbons, offrit une température très élevée ; les morceaux de l'éléphant, entourés de feuilles aromatiques, furent déposés au fond de ce four improvisé, et recouvert de cendres chaudes ; puis, Joe éleva un second bûcher sur le tout, et quand le bois fut consumé, la viande était cuite à point.
Alors Joe retira le dîner de la fournaise ; il déposa cette viande appétissante sur des feuilles vertes, et disposa son repas au milieu d'une magnifique pelouse ; il apporta des biscuits, de l'eau-de-vie, du café, et puisa une eau fraîche et limpide à un ruisseau voisin.
Ce festin ainsi dressé faisait plaisir à voir, et Joe pensait, sans être trop fier, qu'il ferait encore plus de plaisir à manger.
« Un voyage sans fatigue et sans danger ! répétait-il. un repas à ses heures ! un hamac perpétuel ! qu'est-ce que l'on peut demander de plus ? Et ce bon M. Kennedy qui ne voulait pas venir ! »
De son côté, le docteur Fergusson se livrait à un examen sérieux de l'aérostat. Celui-ci ne paraissait pas avoir souffert de la tourmente ; le taffetas et la gutta-percha avaient merveilleusement résisté ; en prenant la hauteur actuelle du sol, et en calculant la force ascensionnelle du ballon, il vit avec satisfaction que l'hydrogène était en même quantité ; l'enveloppe jusque-là demeurait entièrement imperméable.
Depuis cinq jours seulement, les voyageurs avaient quitté Zanzibar ; le pemmican n'était pas encore entamé ; les provisions de biscuit et de viande conservée suffisaient pour un long voyage ; il n'y eut donc que la réserve d'eau à renouveler.
Les tuyaux et le serpentin paraissaient être en parfait état ; grâce à leurs articulations en caoutchouc, ils s'étaient prêtés à toutes les oscillations de l'aérostat.
Son examen terminé, le docteur s'occupa de mettre ses notes en ordre. il fit une esquisse très réussie de la campagne environnante, avec la longue prairie à perte de vue, la forêt de camaldores, et le ballon immobile sur le corps du monstrueux éléphant.
Au bout de deux heures, Kennedy revenait avec un chapelet de perdrix grasses, et un cuisseau d'oryx, sorte de gembok, appartenant à l'espèce la plus agile des antilopes. Joe se chargea de préparer ce surcroît de provisions.
« Le dîner est servi » s'écria-t-il bientôt de sa plus belle voix.
Et les trois voyageurs n'eurent qu'à s'asseoir sur la pelouse verte ; les pieds et la trmompe d'éléphant furent déclaré exquis ; on but à l'Angleterre comme toujours, et de délicieux havanes parfumèrent pour la première fois cette contrée charmante.
Kennedy mangeait, buvait et causait comme quatre ; il était enivré ; il proposa sérieusement à son ami le docteur de s'établir dans cette forêt, d'y construire une cabane de feuillage et d'y commencer la dynastie des Robinsons africains.
La suite n'eut pas autrement de suite, bien que Joe se fût proposé pour remplir le rôle de Vendredi. »
 
Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XVII 
(Sommaire)

 

(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

mercredi 8 avril 2015

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.


On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
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* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

vendredi 3 avril 2015

Mbenbu

Les cartes indiquaient de vastes mares sur le versant occidental de Jihoue-la-Mkoa. Joe s'y rendit seul avec un baril, qui pouvait contenir une dizaine de gallons ; il trouva sans peine l'endroit indiqué, non loin d'un petit village désert, fit sa provision d'eau, et revint en moins de trois quarts d'heure ; il n'avait rien vu de particulier, si ce n'est d'immenses trappes à éléphants ; il faillit même choir dans l'une d'elles, où gisait une carcasse à demi rongée.
Il rapporta de son excursion une sorte de nèfle, que des singes mangeaient avidement. Le docteur reconnut le fruit du « mbenbu », abres très abondant dans la partie occidentale de Jihoue-la-Mkoa. Fergusson attendait Joe avec une certaine impatience, car un séjour même rapide sur cette terre inhospitalière lui inspirait toujours des craintes.
L'eau fut embarquée sans difficulté, car la nacelle descendit presque au niveau du sol ; Joe put arracher l'ancre, et remonta lentement auprès de son maître. Aussitôt celui-ci raviva sa flamme, et le Victoria reprit la route des airs.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XIV
(Sommaire)


(Source de l'image The Illustrated Jules Verne)

mardi 10 mars 2015

On les coupe à Jules

Qu’on pardonne au Tenancier sa marotte qui consiste à remettre Verne sur la table à tout bout de champ. Promis, il s’amendera et réduira ses billets à son sujet. En attendant, et même si vous n’êtes pas vernistes pour deux ronds, la nouvelle vous concerne aussi un peu. On vient d’apprendre que la communauté Amiens métropole retirait sa subvention annuelle de 80 000 € allouée au Centre International Jules Verne (Anciennement Centre de Documentation Jules Verne). Certes, nous sommes au courant que la crise touche les budget locaux, que le report de certaines charges naguère assumées par l’état pèse sur ces mêmes budgets. Cette communauté a fait un choix ; on le regrette, mais on reste dubitatif. Pour notre part, nous pensons que se remettre dans les bras d’un organisme étatique ou semi étatique revient à ne plus être maître de sa destinée mais consiste à la soumettre aux décisions de personnes étrangères à cette entreprise culturelle. Cette communauté amiénoise avait repris les rênes du centre en 2011, il a fallu peu de temps pour que cette association vieille de presque 45 ans disparaisse. Il semble que le fonds documentaire sera transféré à l’Université de Picardie, ce dont on se réjouit pour les chercheurs. Reste tout de même le prétexte invoqué par Nathalie Devèze, la vice-président chargée de la culture, qui laisse rêveur. Voici ce qu’elle déclare à la journaliste du Courrier Picard :
«  Nous nous sommes en effet interrogé sur l’activité de cette association. La revue qu’elle publie pas forcément de manière très régulière s’adresse à un public averti. Ses animations à destination des scolaires sont inexistantes. Nous leur avons pourtant demandé de déposer une demande de contrat local d'éducation artistique pour les écoles maternelles et primaires  ».
Ainsi, le maintien du Centre de documentation était soumis à une obligation de résultat, attitude assez typique des édiles dans leur démarches productiviste de la culture. Cette idée de rentabilité à court terme fait comme d’habitude fi de ce qui avait été réalisé par le passé par l’association. Incidemment, le discours de cette personne renvoie de nouveau Verne à son statut d’écrivain pour la jeunesse, confirmant l’ignorance crasse qui règne dans le marigot de l’administration culturelle et notamment vis-à-vis du travail de ce Centre international et de ceux qui le fréquente. Oserait-on demander aux Amis de Pierre Louÿs de souscrire à un contrat avec les écoles ? Personnellement, la chose m’amuserait. On peut sans peine deviner que la raison invoquée était un prétexte pour une raison qui nous échappe puisque nous ne sommes pas familier avec ce genre de manœuvre (nous n’aimons ni les subventions ni les tutelles par chez nous !) Argument hypocrite, inconséquence budgétaire qui fait que l’association ayant récemment déménagé, elle devra sans doute fermer ses portes. Qui a donc avalisé ce déménagement pour couper ensuite les subventions ?
Il est de règle en ce moment de sabrer tout les budgets concernant la culture. Ce n’est qu’une étape de la précarisation de la population. La diminution générale des services publiques, des soutiens à l’activité culturelle ou sociale est une manière comme une autre de conditionner le corps social à l’inacceptable. Cette coupe budgétaire n’est qu’une péripétie dans le vaste repli opéré actuellement. Déjà, nombres d’activités culturelles sont touchées sous le prétexte qu’elles ne sont pas rentables. Nous avions déjà une ministre de la culture qui ne lisait pas. Sans doute faut-il déduire que nous méritons ce qui est en train de se passer.
 
(On vous renvoie au site du Centre de Documentation pour en savoir plus sur son activité passée. En illustration deux des productions de l'association.)

lundi 9 mars 2015

10/18 — Jules Verne : Les naufragés du « Jonathan »





Jules Verne

Les naufragés du « Jonathan »
Préface de Francis Lacassin

n° 1209
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »

444 pages (448 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978

Couverture de Pierre Bernard. Doc. DR
Volume sextuple

Sommaire :

Francis Lacassin : Pourquoi Jules Verne en 10/18 [5-6]
Jules Verne : Les naufragés du Jonathan [7-444]
Table des matières [445-446]


(Contribution du Tenancier)
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