samedi 21 décembre 2019

Une historiette de Béatrice

Il entre dans la boutique tout en parlant au téléphone, et fort. Il regarde autour de lui, du côté des murs, toujours aussi fort.
Et il sort. Il parle toujours.

dimanche 24 novembre 2019

Une réponse

À vrai dire, je m’attendais à des réactions plus nombreuses et plus véhémentes au billet produit dernièrement qui causait de la destruction de livres politicards et que vous pouvez retrouver ici. La faute m’en incombe, car ce blogue part un peu en déshérence et incite peu à son suivi du fait de son caractère erratique. J’ai éprouvé un double plaisir à lire l’unique réaction (pour le moment) de Mikaël que nous n’avions pas lu dans les parages depuis fort longtemps et également dans la teneur de son message qui reflète l’idée que je me fais de lui. Pour les lecteurs pressés, voici son message ci-dessous :
« Cher Tenancier,
Un livre, me semble-t-il, est un livre. Il y a plutôt de bons ou de mauvais livres ; ou plus justement encore de bons ou de mauvais lecteurs. Ne pas lire un livre est le meilleur moyen d’accompagner son auteur vers l’oubli. Détériorer publiquement un livre, c’est au contraire donner à son auteur l’importance que l’acte voudrait nier. Je n’ai rien contre l’idée de renverser ma tasse de café matinale sur un livre, à condition que ce livre me déplaise ou m’ennuie profondément. Mais cela suppose que je l’aurai lu, intégralement ou partiellement, en dépit de la personnalité de son auteur, et que je m’en serai fait une opinion, en dépit toujours de la personnalité de son auteur. L’idée ne me viendrait pas de gâcher du café sur le seul nom d’un homme. On publie trop de livres — qui sont tous des livres — mais c’est parce qu’il y a trop de mauvais lecteurs. »
En somme, Mikaël approuve la nature de livre à cette production, parce que c’est sous cette appellation qu’elle a été maltraitée. Je reprends ma question : a-t-on affaire à un livre, vraiment ? Ce genre d’ineptie, forcément éphémère ne devrait-elle pas être lié à un autre mode de reproduction, éphémère lui aussi : le périodique, que ce soit sous forme de magazine, de quotidien. Pourquoi produire une profession de foi sous forme de livre ? Notre mémoire se révèle souvent courte et je ne saurais affirmer avec certitude que ce genre de pratique existait avant-guerre. En tout cas, personne n’a l’air d’en avoir gardé la trace. Si cela a existé, on aimerait bien le savoir, certaines perspectives en seraient peut-être changées. Quoique…
Ce genre d’ouvrage, écrit par des nègres qui n’y croient pas un seul instant, commandité par un politicard qui n’y croit pas plus, fait partie de la panoplie habituelle de la propagande contemporaine. Ce secteur, même s’il subit les mêmes avatars que l’édition (réduction des tirages, etc.), se porte fort bien et quelques éditeurs sont friands de ce genre d’opération. Ils recourent souvent à des équipes de marketing. Tout cela pour une durée de vie en librairie qui se compte en semaines, parfois beaucoup moins. J’avais raconté en son temps ma visite dans un entrepôt de livres, de la surface d’un millier de mètres carrés et d’une épaisseur d’un mètre à peu près. Ces ouvrages provenaient de récupérations après décès, les livres dataient tous à peu près des années 1970 à 1980. Savez-vous, mon cher Mikaël le titre que je croisais le plus souvent ? C’était Le mal français de Peyrefitte. Ce fut, curieusement, le seul livre de ce genre que je voyais surnager au milieu d’autres insignifiances. Mais où se trouvaient donc les livres de Valéry Giscard d’Estaing, de François Mitterrand et de toute la cohorte des courtisans, porte-cotons et porte-flingues ? Même au milieu de ce fatras sans intérêt (après quelques heures, je ressortais de ce stock avec à peine deux caisses de livres relativement courants), ils restaient introuvables. La raison s’en révélait fort simple : ils étaient balancés à la poubelle dès la lecture accomplie, au lieu de traîner dans la bibliothèque et, ipso facto, dans l’Himalaya de merdouilles de cet entrepôt. Lorsque l’on sait le contenu de ces ouvrages politicard, nous nous accordons tous sur le fait qu’ils pourraient ne pas faire autant de signes, se retrouver condensés de manière à ce qu’ils soient publiés dans un quelconque organe de presse, parce que ce mode de production reste approprié pour ce genre de communication. Il existe à l’heure actuelle une autre alternative : la liseuse. Mais pourquoi donc, ces chers politicards, toujours modernes, si férocement modernes, n’emploient-ils pas ce moyen ? Ce serait alors penser que le contenu de ce qu’ils racontent possède une réelle importance ! Croyez-vous sérieusement que c’est le cas, qu’il soit nécessaire de lire le contenu de ces trucs-là pour se faire une opinion ? En fait, la liseuse interdit la pratique courante de la signature en librairie, ou dans un autre lieu. Quel intérêt de signer avec un stylet sur un écran numérique (allez-y, petits malins piquez l’idée, je m’en fous !) ? Le livre édité sert principalement à exhiber l’auteur, à lui procurer un prétexte de paraître dépouillé de ses attributs, afin qu’il soit rédimé après une mauvaise passe. La signature prend alors la valeur d’une incarnation. Mieux que « Vu à la télé », nous obtenons « Paraphera son livre chez Tartempion », à la bonne franquette, plus efficace à l’heure actuelle que le toucher des écrouelles. Mikaël, est-ce que le livre sert à ça ? Est-ce la véritable nature d’un livre ? Ces productions procèdent d’un certain mimétisme : couverture, pages, lieu de vente. Vous pensez croiser une fourmi innocente, mais non, l’Évolution vous a mis devant une fourmi-araignée, ce n’est pas le même animal, malgré des attributs similaires et grâce à des détails bien cachés. Vous croyez tenir un livre, parce que vous pensez qu’il vous apportera joie, tristesse ou culture, parce que vous admettez sa sincérité. Mais qu’y a-t-il dans ces « livres » ? Peu importe qu’ils soient interchangeables, ce ne sont que des prétextes et des machines à cash. Souffrez que je m’indiffère face à cet épisode de « destruction » du bouquin de Hollande et surtout des réactions de ceux qui ont pris cela pour un sacrilège. Je crois, au bout du compte, que nous avons la même opinion, au fond, mais que vous avez encore la naïveté de croire que ces productions ont une raison d’être (« s’en faire une opinion » !), hors la propagande.
Votre mot arrive précisément où j’achève de relire Les mémoires d’un traducteur, de Maurice-Edgar Coindreau (1974). Le rapport ne paraîtrait pas si évident si nous ne partagions pas, en de nombreux points, une certaine mystique du livre (votre bibliophilie fait partie des nombreux charmes de votre personnalité). Je n’ai pas pu m’empêcher de rapprocher ce passage à nos propres croyances pour le livre et à ce que vous avez écrit :
« Elle (Flannery O’Connor) n’avait même jamais entendu prêcher un évangéliste. Et cependant on aurait pu penser qu’elle se fourvoyait dans tous les mauvais lieux et qu’elle y coudoyait la pire engeance armée d’un magnétophone pour ne rien perdre de ce qu’elle entendait. Mais remarquez bien qu’elle n’a pas lancé ses dards sur les fidèles de religions sérieuses autres que la sienne. Cela, J.-M.-G. Le Clézio l’a tout de suite compris comme le prouve le début de l’excellente préface qu’il écrivit pour ma traduction de Et ce sont les violents qui l’emportent : “Pour l’être religieux, dit-il, il y a pire que l’athée : c’est le faux prophète. La superstition, le mensonge, l’exploitation de la crédulité sont véritablement l’œuvre du diable, tandis que l’indifférence est le fait des hommes… Ce n’est donc pas la foi que nous devons juger mais plutôt ceux qui la portent.” »
Ces productions (notez que j’évite d'écrire « livre» autant que possible), seraient donc les déchets produits par ces faux prophètes du livre et pour dire les choses comme elles sont : de la merde.
Je voudrais poursuivre ma longue digression par une remarque à votre propos : je crois que vous croyez à la bonté native de l’homme, que si vous étiez un religieux — puisque l’on y fait allusion abondamment ici —, votre pensée se rapprocherait du quiétisme et de la consolation qu’il contient. Tel n’est pas mon cas, bien que j’apprécie Fénelon. Mon scepticisme m’empêche souvent d’obéir à mes premières émotions. Je me rappelle vous avoir ennuyé par le fait que, soudainement, « je n’étais plus Charlie », m’apercevant des petites manœuvres dégoûtantes qui se déroulaient dans les arrière-cuisines politiciennes sur le dos des victimes. Vous ne les regardiez pas, non par volonté délibérée, mais parce que je crois que votre éthique, votre indignation, votre douleur réelle à ce moment, vous empêchaient de vous en apercevoir. Quel rapport avec notre sujet ? Il se situe dans vos scrupules. Scrupules à penser que le mal s’insinue, que son règne emprunte des attributs banals. Pensez-vous que tout livre mérite un examen approfondi avant de décider de l’éliminer ? Je vous raconte une dernière histoire et je vous laisse tranquille, mon cher Mikaël :
Vous savez comme beaucoup ici que j’ai été libraire en chambre, vendant mes bouquins principalement par correspondance. Un jour, une personne que j’aime bien, qui avait l’habitude de vendre pas mal de choses sur le net m’apporte un lot de livres. « Je ne sais pas trop quoi en faire, toi qui vends aussi des livres d’histoire, ça pourrait t’intéresser. Je te les file. » J’avoue ne pas avoir pris garde à ce geste de générosité et j’ai mis le petit carton de livre en attente d’être catalogué. J’ai compris le jour où j’ai ouvert ce carton, constituée d’une dizaine de saloperies révisionnistes. Ce copain d’origine juive polonaise avait renoncé à les détruire (et cette attitude est compréhensible si l’on garde en mémoire l’importance du livre et du traumatisme de sa destruction dans cette culture). Je n’ai pas eu la même hésitation, bien sûr. Ils furent démembrés, déchirés et dispersés même dans plusieurs sacs-poubelle, presque comme une pratique antique de défixition, de « dispersion du corps » du délit afin qu’ils ne reviennent pas hanter les lieux. J’ai détruit des livres sur leur simple nom et je ne le regrette pas un seul instant. Parce que je n’avais pas besoin d’en approfondir le contenu. Vous voyez bien qu’il existe des cas impératifs où l’éthique penche aussi pour la destruction. Certes, cette anecdote fait état d’un paroxysme et je ne crois pas (à part les fachos, mais je les emmerde) que cela empêche quiconque de dormir. Bonus, même, puisque je me conformais à la loi en ne diffusant pas de la propagande nazie. Mais a-t-on besoin de celle-ci pour se conformer à une morale dont les premiers préceptes résident (nous nous y essayons sans grâce) dans l’harmonie et la beauté ?
Bien évidemment, la piteuse affaire de la dégradation des livres de Hollande reste une vaguelette, un phénomène marginal, mais ce monde-là vient parfois empiéter sur le nôtre et semer le trouble dans les consciences. Nous croyons assister à un sacrilège (l’autodafé !) sur un livre et au fond l’on assiste à un triste épisode de surproduction marchande au service d’une propagande médiocre (vous savez, cette fameuse médiocritas bourgeoise…)
Mon cher Mikaël, je vous envoie mes amitiés et vous présente mes excuses pour le style hâtif de ma réponse, mais je ne voulais pas traîner.

vendredi 22 novembre 2019

Une historiette de Béatrice

— Et si je vous en prends plusieurs ?
— C'est 2 euros aussi, c'est déjà peu cher.
— Peu cher, peu cher, c'est vous qui le dites.

jeudi 21 novembre 2019

Oui, eh bien, il y a livre et livre, hein...

Il y a peu, dans des circonstances que je ne me suis pas donné vraiment la peine d’approfondir, un groupe d’étudiants a déchiré ou abîmé un certain nombre de livres dont l’auteur était François Hollande. Le nom de ce dernier importe peu, d’ailleurs, tant la médiocrité d’un personnage politique se révèle interchangeable… Je ne me pencherai pas non plus sur la revendication étudiante qui, si elle me semblait justifiée, ne s’en prenait en réalité qu’au piètre représentant d’un système au bout de sa représentation. Bien évidemment, votre serviteur s’est posé des questions sur cette histoire de destruction de livres. D’abord, qu’un libraire put se plaindre que l’on s’en prenne à la marchandise, mise à disposition par l’éditeur en prévision de la signature de l’insignifiant pantin politique, pourrait paraître logique. Tout volume endommagé n’est par forcément remboursé par les assurances, et il semble bien que le libraire, en effet, fasse tintin, à ce sujet. Nous sommes quelques-uns à estimer que la librairie est devenue un métier encore plus périlleux avec la généralisation des sites sur internet. Pour autant, la survie impose-t-elle qu’on s’autorise à vendre n’importe quoi sans en risquer le contrecoup ? Si le libraire en question est en accord avec les idées exprimées par l’auteur, espérons qu’il assumera les effets de la colère étudiante par solidarité militante. S’il est en désaccord et qu’il a tenté de vendre ces ouvrages par pur esprit mercenaire, on songera alors que se plaindre d’un tel incident est certes de bonne guerre pour s’assurer de la sympathie… hors ceux qui réprouvent la logique marchande consistant à vendre n’importe quoi. Enfin persiste la question de l’acte de destruction du livre, procédé qui suscite l’anathème en raison de ses réminiscences historiques. Il faudra tout de même un jour s’interroger, savoir si ce genre de merde fait partie des livres. De ce côté du clavier, l’on a fait son camp depuis pas mal de temps. Ce gâchis de papier est voué à l’obsolescence rapide et les étudiants ont seulement accéléré le processus. L’on agrée également que le métier de libraire s’arrange de quelques compromis, que l’on soit obligé de vanter des livres avec lesquels on se trouve en désaccord. Mais le curseur entre le compromis et la compromission réside dans l’éthique de la profession : celui de promouvoir des œuvres, de favoriser la culture, même si celle-ci peut se trouver en désaccord avec soi-même. Il nous est arrivé de proposer des saloperies déplaisantes, de réprouver les livres qui figuraient dans les rayonnages. On débitait tout de même ces écrivains puants, comme Céline, parce qu’il n’est pas du ressort d’un vendeur de faire un choix, tout au plus d’orienter sa clientèle. Celui-ci est devenu plus facile dès lors que l’on s’est retrouvé à son compte, et d’en payer éventuellement les conséquences. Mais ces « livres politiques », ces professions de foi à la con, cette duperie mise en page par le moindre homoncule politicard, pourquoi les appelle-t-on des livres ? Cette logorrhée dégoûtante — de quelque bord que ce soit —, parfois écrite avec les ressources lexicales d’un clébard, se révèle des « coups » opérés par des éditeurs qui ont pris la place des organes de presse. Rassurons-nous : la dévalorisation du livre va bon train. Bientôt, ces sinistres personnages s’apercevront que leurs mensonges publiés sous cette forme ne recèlent plus aucun prestige. Enfin, l’on sait bien que cet épisode de destruction, comme on l’a dit plus haut, rappelle d’autres faits plus inquiétants, plus fâcheux — plus fachos, aussi —, mais j’aurais quelques scrupules personnels à comparer le sort d’une caisse de merdes politicardes arrosées de café avec le bûcher confectionné à l’aide de livres de Zweig, Walter Benjamin, Heinrich et Klaus Mann, etc.
Mais je suis sûrement de mauvaise foi.

mardi 8 octobre 2019

Papa !

« Je me suis mis sous le patronage d’un nom que vous auriez voulu, depuis longtemps, avoir l’occasion d’honorer et que vous ne pouviez plus honorer qu’en moi. Aussi, est-ce le plus modestement du monde, croyez-le, que je viens aujourd’hui recevoir une récompense qui ne m’a été si spontanément accordée que parce qu’elle était réservée à une autre. »

Alexandre Dumas fils : Discours de réception à l’Académie française

dimanche 6 octobre 2019

mardi 1 octobre 2019

Une historiette de Béatrice

Après avoir quitté la boutique avec quelques livres, elle repasse la tête à l'entrée.
— « Dites, la dernière fois que nous sommes venus, vous mangiez un énorme beignet, et vous nous aviez indiqué l'adresse. Et nous ne retrouvons pas la boulangerie. »

lundi 30 septembre 2019

samedi 28 septembre 2019

Du bruit et des odeurs

Tous le monde y pue,
Y sent la charogne,
Y a que l'grand Babu
Qui sent l'eau d'cologne
Tous le monde y pue,
Y fait mal au cœur,
Y a que l'grand Babu qu'a la bonne odeur

(Hymne des Babus)

dimanche 22 septembre 2019

Une historiette de Didier

En juin, j’ai acheté dans une brocante un choix de poèmes de Paul Eluard, publié par le Livre de poche en 1963. « Les Sept Poèmes d’amour en guerre » (dans Au rendez-vous allemand ) sont interrompus (ou se terminent) page 292, à quoi succède, d’une page 289 jusqu’à la page 320, un passage du Lolita  de Nabokov. Eluard reprend page 325 avec  Poésie ininterrompue  et l’incipit « Rien ne peut déranger… ». J’ouvrais le livre ce soir pour la première fois.

samedi 21 septembre 2019

Les allures de Diane



Diane et Satellite


Images tirées des illustrations d'Émile-Antoine Bayard et Alphonse de Neuville pour
Autour de la Lune
de
Jules Verne
(Source)

jeudi 19 septembre 2019

Une historiette de Grégory

Sur un stand de livres, en brocante.
— Bonjour. C'est combien ? (ce petit catalogue d'expo diffusé gratuitement il y a dix ans).
— Hm. C'est quoi ? (il regarde) Trois euros.
— Non ! (dit avec une fermeté qui m'a échappée). Merci (un sourire).
— (alors que je m'éloigne) C'est trop cher ? Vous aimeriez pas qu'on vous le donne, des fois ?
— Si vous voulez !
— Eh ben, prenez-le ! C'est le plus intelligent qui gagne ! (je fais demi-tour pour aller prendre l'objet). Vous seriez pas prof ?
— Si.
— Ça se voit !
Je m'éloigne, tout en feuilletant le catalogue et en entendant derrière moi des propos confus sur les profs.

mercredi 18 septembre 2019

Le Tenancier au Pays des Soviets

À l’instar du proverbe de Lao-tseu qui commande de rester assis à bord de la rivière en attendant le cadavre de l’offenseur, il nous suffit, à nous, de prendre la même posture pour contempler l'écoulement des filaments putrides d’un certain vieux monde. En son temps, votre Tenancier, peu féru de littérature russe, et encore moins de dissidents (question de goût littéraire, c'est tout...), se laissa aller à bouquiner La tête de Lénine, de Nicola Bokov, dans son édition de chez Laffont. La lecture (1982) en est devenue lointaine, mais il se souvient tout de même du mode ironique du récit, pérégrination d’un type ayant volé la tête de Lénine dans son mausolée. On le répète, votre serviteur peu amateur de samizdats des années 70 goûta toutefois le ton et la concision de l’auteur, sans ressentir pour autant l’envie d’y revenir. Mieux vaut parfois une saveur imparfaite que des fragrances fanées. Faudra-t-il retrouver ce bouquet perdu afin de décrire notre monde actuel qui, à l’instar d’un régime soviétique repu, saccage la nature par son productivisme forcené tandis qu’il interpelle quelques fabricants d’écrevisse géante en carton, sous l’inculpation « d’association de malfaiteurs » ? Faudra-t-il désormais jouer avec la censure politique qui procède à l’inspection de la littérature « séditieuse » — déjà expérimentée du temps de l’affaire de Tarnac — et fait incarcérer trois jeunes Allemands de passage qui en sont les détenteurs ? Faudra-t-il bientôt rendre notre écriture transparente, de crainte de voir débouler les auxiliaires en uniforme d’une oligarchie (peu importe sa couleur) afin d’inventorier nos bibliothèques ? Faudra-t-il décrocher des portraits et partir avec sous le bras, à l’instar de la tête de Lénine, réécrire le roman de Bokov avec ce qui se passe sous nos yeux ?
Craignons que le sens de l’histoire ne s’inverse et que la farce tourne au drame. Pour l’humour et la dérision, l’on doit jouer à deux, et l’adversaire est un irréfragable con.

Le lieux littéraires — Épilogue

Vous avez presque tout trouvé à notre petit jeu de cet été, qui consistait à identifier des lieux célèbres de la littérature. Comme de ce côté de l'écran, l'on a pas la science infuse, le recours à un ouvrage de référence s'est révélé nécessaire. Il s'agit du Guide de Nulle Part et d'Ailleurs, de Gianni Gaudalupi et Alberto Manguel, dans lequel tout littérateur ambitieux devrait souhaiter figurer. On croit savoir qu'une réédition existe de ce livre publié en France pour la première fois en 1981. Elle semble hélas moins fastueuse que celle que nous possédons.
Ah oui... Le texte que vous deviez identifier avec la ville de Mézunpeutard (Jura) est
Signé Furax : Le Gruyère qui tue. Le Tenancier est déçu que personne n'ait trouvé cela, seule énigme qui n'était pas tirée du livre précité.


 
1er lieu : Camelot
2e lieu : Shangri-la
3e lieu : La Grande Garabagne
4e lieu : Midwich
5e lieu : Farghestan
6e lieu : L'ombilic des limbes
7e lieu : L'île Lincoln
8e lieu : Terremer
9e lieu : (Signé Furax : Le gruyère qui tue)
10e lieu : Arkham

samedi 7 septembre 2019

P

 
Félicien Challaye
Contes et légendes du Japon
Fernand Nathan
Lettrine de Kuhn-Régnier

jeudi 5 septembre 2019

Bientôt sur vos écrans



La Mobile présente : 
Quatre récits de la Saga du Ténébreux 
Dessins et réalisation de Ferid Khalifat et Nicolas Plateau 
Textes de Yves Letort 
Bande annonce

lundi 2 septembre 2019

Anniversaire

On se reportera avec intérêt vers le blogue de Floréal dont le dernier billet fête un anniversaire, celui-de la création de Radio-Libertaire. Il fait partie des cofondateurs de cet organe de la Fédération anarchiste, que votre serviteur rejoignit quelques mois plus tard, au cours de l’année 1982. Votre Tenancier chéri en partira en 2000. Dix-huit années — avec des interruptions — amusantes, passionnées et parfois chaotiques... On recommencerait bien, parfois
Pour en savoir plus, Flo met en lien dans ce même blogue un long entretien au sujet de la création de la radio… 
 

(Notez avec délices l'accent parigot de Flo...)

dimanche 1 septembre 2019

Les lieux littéraires X

Nous clôturons ici ce jeu des lieux littéraires où vous avez été perspicaces, excepté pour la huitième question qui, il est vrai, se révèle moins publiée que les précédentes... mais fut très écoutée. On attend toujours vos suggestions. Pour cette dernière, vous allez voir, c'est assez fastoche.

Neuvième lieu :

 
Vieille ville du Massachusetts, traversée par le Miskatonic, un fleuve aux eaux fangeuses. Fondée au XVIIe siècle, elle a très peu changé depuis. La rumeur circule, selon laquelle, depuis son origine, d'effroyables cérémonies se déroulent dans les sombres collines voisines et sur l'île déserte du Miskatonic...
 
Ne vous embarrassez pas à cher un titre, le nom de cette ville et de l'auteur nous suffira bien.
 
1er lieu : Camelot
2e lieu : Shangri-la
3e lieu : La Grande Garabagne
4e lieu : Midwich
5e lieu : Farghestan
6e lieu : L'ombilic des limbes
7e lieu : L'île Lincoln
8e lieu : Terremer
9e lieu : ?