Il ne faut pas non plus que tu trouves étrange que je ne
recommande à personne des livres de papier pour y apprendre le début de la
médecine. Car la cause en est qu’il n’est pas besoin des les prendre en
considération. Les bons et les méchants écrivent pêle-mêle, les gens épineux et
les rêveurs, pêle-mêle, à la fois du bon et du mauvais ; ils falsifient le
bon par le mauvais ; ils trouvent et prônent plutôt le mauvais que le bon ;
et ils font pêle-mêle une telle panade qu’on se trouve tout désorienté et qu’on
ne peut plus trouver la paix. Et chacun veut distinguer son nom des autres
plumes et apporter quelque chose de neuf. Et la médecine a été totalement
brisée par de tels écrivailleurs. Et il ne faut absolument pas faire confiance
aux livres de papier. Et bien que tel ou tel ait eu une expérience et de l’expérience,
etc., cela s’est produit pour lui, et au fond il a été lui-même égaré. Car le
style indique qu’une grande simplicité a régné avec l’ignorance dans la
médecine.
Paracelse, extrait de : Labyrinthus medicorum
errantium, 1538
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Exergue à La lumière et la clef, d’Adolf Muschg (1984)