Peu de gens le savent, tant la chose semble incongrue, mais la grue du Tonkin — Marguerite Duras — se fit l’intime d'Antonin Artaud (« Un gron cul », comme elle aimait à le qualifier de façon assez immonde, forcément immonde).
À son retour du Mexique, lorsque gavé de peyotl il avait flippé à mort dans d’horribles visions, elle lui susurrait doucement :
« Modère, Artaud, quand t’as bilé »
(Ce qui incidemment lui inspira le titre d’un récit, dix ans après le décès de l’art tôt).
Affichage des articles dont le libellé est Duras (Marguerite). Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Duras (Marguerite). Afficher tous les articles
mercredi 6 décembre 2023
mardi 8 août 2023
Duras
Je n'ai pas réussi à identifier l'illustrateur, si quelqu'un dans l'assistance le sait, je me ferais un plaisir de le mentionner...
Merci à Paul qui a mentionné l'auteur : Denis Pessin.
Merci à Paul qui a mentionné l'auteur : Denis Pessin.
samedi 7 juin 2014
Pour saluer un centenaire
« L’apologiste sénile des infanticides ruraux »
Pierre Desproges
« Mme Duras démontre comment il est possible, voire inéluctable, que l'on devienne Médée parce que l'on s'ennuie le dimanche et que l'on s'embête les autres jours de la semaine. Voici donc une inculpée accédant au sublime par le biais de la mythologie, et dédouanée de ce fait : Mme Duras en admire la sauvage grandeur, et tartine sur des pages et des pages un jargon néo-analytique, de facture contemporaine en apparence, mais dont l'inspiration, en réalité, remonte à 1900. Un écrivain de cette époque, le "décadent" Pierre Louÿs, a glorifié dans une nouvelle l'attitude d'un sculpteur d'Athènes, bourreau de ses esclaves, qui, un beau matin, reçut une délégation de ses compatriotes venue protester. En guise d'excuse, il présenta la belle statue d'un moribond qu'il avait pu créer grâce à une observation directe de la douleur, suppléant à la panne de son inspiration. Que saignent les corps et les coeurs, pourvu que l'on signe! Ainsi, grosso modo, procède Mme Duras, dont l'esthétisme chichiteux, qu'elle transforme en morale, n'aboutit qu'à desservir son héroïne auprès d'une opinion divisée et troublée. Car bien peu seront sensibles à la poésie de l'infanticide considéré comme l'un des beaux-arts ou comme une récréation dominicale. Et beaucoup ne retiendront qu'une certitude de culpabilité de cette compréhension décrétée par avance, en attendant les conclusions de la justice. »
Angelo Rinaldi : Article dans l’Express (1985)
« Je ne verrai jamais François et Roselyne L. Je ne l’ai pas vue non plus, leur émission où ils disaient le chômage. Je ne reçois plus la cinquième chaîne parce que l’orage a cassé mon antenne, en décembre, je crois. On m’a quand même raconté le lendemain. C’était un couple. Je les devine. Ils étaient deux, c’est sûr. Il y avait lui et elle. On les avait assis là, devant la caméra qui les filmait. Elle devait avoir son manteau de lapin. Lui il était en cuir, de l’agneau du Yorkshire dans doute. Il disait : « C’est l’argent qui manque. Je vais donner l’enfant qu’elle porte encore, elle, Roselyne » Il donnait l’enfant pour travailler. En face il y avait un public. C’était un jury qui les condamnait. Déjà, ils étaient en prison.
[…]
C’était là, dans cet immeuble. Je l’ai ressenti d’abord. Au troisième étage, sûrement. On voyait bien les fenêtres. J’ai crié quand j’ai vu la fenêtre de la cuisine. C’était là, dans la cuisine, qu’ils ont pris la décision.
Ça devait être le matin, ou peut-être le soir, sans doute, quand elle, elle rentrée de chez le médecin. Elle a dû payer le médecin pour qu’il lui apprenne l’horrible nouvelle. « Ces vomissements, c’est un enfant. » Il a dit ça, le médecin. Je l’entends. Un enfant, ça commence toujours par un malaise. On va vomir. On a envie de chocolat. Il paraît que ça se passe toujours comme ça. Toujours. Toujours ce malaise-là. Il faut comprendre comme ça ces choses. »
Patrick Rambaud : Virginie Q. (1988)
« J'ai le souvenir, pour ma part, d'avoir eu connaissance du passé collaborationniste de Duras par une note en bas de page figurant dans la biographie de Gaston Gallimard, due à Pierre Assouline. C'était en 1984. Il y était fait allusion à l'existence de cette commission de la Propaganda Staffel où avait officié la jeune Marguerite Donnadieu, épouse Antelme, commission mise en place par un décret du maréchal, après la préalable aryanisation des maisons d'édition juives (Nathan, Calmann-Levy), puis prise en mains par les nazis. Son attribution : le contrôle du papier d'édition. Elle constituait ainsi un véritable organisme de censure qui épluchait les manuscrits reçus et avait la charge de distribuer le papier aux seuls "bons" éditeurs (entendons ceux qui avaient accepté, de leur plein gré, de retirer de la vente et ne plus publier les auteurs inscrits sur les listes dites "Otto" et "Bernhard", à savoir les auteurs juifs, communistes, ou ceux ayant eu par le passé une attitude critique à l'égard de l'Allemagne et de sa culture). " Marguerite, écrit Laure Adler dans la biographie qu'elle lui a consacrée, ne pouvait ignorer le degré de collaboration de cet organisme constamment surveillé par la Propaganda ". Paul Morand eut des responsabilités dans cette commission dirigée par un collaborateur notoire. Les noms de Ramon Fernandez, Brice Parain, Dionys Mascolo figurent dans la liste de la quarantaine de lecteurs accrédités par ladite commission. Quand à la secrétaire de celle-ci, c'était notre Marguerite Donnadieu-Antelme, qui deviendra plus tard l'intraitable résistante Marguerite Duras, l'impitoyable tortionnaire de collabos, puis la militante communiste (stalinienne, forcément stalinienne ?) pure et dure. Ne manquant pas d'aplomb, à la Libération, l'incorruptible communiste s'en prendra avec une farouche énergie à tous ces veaux de Français qui n'avaient pas ouvertement pris parti contre Pétain [...]. »
Jacques Henric : Politique (2007)
« L’homosexualité est, comme la mort, l’unique domaine exclusif de Dieu, celui sur lequel ni l’homme, ni la psychanalyse, ni la raison ne peuvent intervenir. L’impossibilité de la procréation rapproche beaucoup l’homosexualité de la mort… Il manque à l’amour entre semblables cette dimension mythique et universelle qui n’appartient qu’aux sexes opposés : plus encore que son amant, l’homosexuel aime l’homosexualité… Je l’ai déjà dit, c’est la raison pour laquelle je ne peux considérer Roland Barthes comme un grand écrivain : quelque chose l’a toujours limité, comme si lui avait manqué l’expérience la plus antique de la vie, la connaissance sexuelle de la femme ».
Marguerite Duras
« Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé… »
Pierre Desproges
« Au fil de la conversation, un autre sujet se fait jour ; d'abord dans la confusion, puis de façon de plus en plus obstinée. Marguerite Duras veut parler politique : la politique française, la politique internationale. En particulier, elle veut parler de Reagan, dire sa fascination et affirmer son soutien aux bombardements américains en Libye. Mitterrand fait la moue, Duras revient à la charge une fois, deux fois et, finalement, le sujet occupe la totalité du dernier entretien. « Moi, j'aime l'Amérique, je suis reaganienne.» Mitterrand : « Je crois m'en être aperçu ». Duras : « (Reagan) incarne une sorte de pouvoir primaire, presque archaïque.» C'est après cette ultime discussion que Mitterrand, excédé, décida d'arrêter les frais, tandis que Michel Butel, fondateur de l'Autre Journal et maître d’œuvre des entretiens, s'en prit dans les colonnes de son hebdomadaire au proaméricanisme compulsif de l'intervieweuse de luxe. Pour ou contre l'Amérique, pour ou contre les bombardements : vingt ans plus tard, ce point de cassure résonne avec une familiarité presque effrayante. »
Éric Aeschimann : Article dans Libération (2006)
Pierre Desproges
« Mme Duras démontre comment il est possible, voire inéluctable, que l'on devienne Médée parce que l'on s'ennuie le dimanche et que l'on s'embête les autres jours de la semaine. Voici donc une inculpée accédant au sublime par le biais de la mythologie, et dédouanée de ce fait : Mme Duras en admire la sauvage grandeur, et tartine sur des pages et des pages un jargon néo-analytique, de facture contemporaine en apparence, mais dont l'inspiration, en réalité, remonte à 1900. Un écrivain de cette époque, le "décadent" Pierre Louÿs, a glorifié dans une nouvelle l'attitude d'un sculpteur d'Athènes, bourreau de ses esclaves, qui, un beau matin, reçut une délégation de ses compatriotes venue protester. En guise d'excuse, il présenta la belle statue d'un moribond qu'il avait pu créer grâce à une observation directe de la douleur, suppléant à la panne de son inspiration. Que saignent les corps et les coeurs, pourvu que l'on signe! Ainsi, grosso modo, procède Mme Duras, dont l'esthétisme chichiteux, qu'elle transforme en morale, n'aboutit qu'à desservir son héroïne auprès d'une opinion divisée et troublée. Car bien peu seront sensibles à la poésie de l'infanticide considéré comme l'un des beaux-arts ou comme une récréation dominicale. Et beaucoup ne retiendront qu'une certitude de culpabilité de cette compréhension décrétée par avance, en attendant les conclusions de la justice. »
Angelo Rinaldi : Article dans l’Express (1985)
« Je ne verrai jamais François et Roselyne L. Je ne l’ai pas vue non plus, leur émission où ils disaient le chômage. Je ne reçois plus la cinquième chaîne parce que l’orage a cassé mon antenne, en décembre, je crois. On m’a quand même raconté le lendemain. C’était un couple. Je les devine. Ils étaient deux, c’est sûr. Il y avait lui et elle. On les avait assis là, devant la caméra qui les filmait. Elle devait avoir son manteau de lapin. Lui il était en cuir, de l’agneau du Yorkshire dans doute. Il disait : « C’est l’argent qui manque. Je vais donner l’enfant qu’elle porte encore, elle, Roselyne » Il donnait l’enfant pour travailler. En face il y avait un public. C’était un jury qui les condamnait. Déjà, ils étaient en prison.
[…]
C’était là, dans cet immeuble. Je l’ai ressenti d’abord. Au troisième étage, sûrement. On voyait bien les fenêtres. J’ai crié quand j’ai vu la fenêtre de la cuisine. C’était là, dans la cuisine, qu’ils ont pris la décision.
Ça devait être le matin, ou peut-être le soir, sans doute, quand elle, elle rentrée de chez le médecin. Elle a dû payer le médecin pour qu’il lui apprenne l’horrible nouvelle. « Ces vomissements, c’est un enfant. » Il a dit ça, le médecin. Je l’entends. Un enfant, ça commence toujours par un malaise. On va vomir. On a envie de chocolat. Il paraît que ça se passe toujours comme ça. Toujours. Toujours ce malaise-là. Il faut comprendre comme ça ces choses. »
Patrick Rambaud : Virginie Q. (1988)
« J'ai le souvenir, pour ma part, d'avoir eu connaissance du passé collaborationniste de Duras par une note en bas de page figurant dans la biographie de Gaston Gallimard, due à Pierre Assouline. C'était en 1984. Il y était fait allusion à l'existence de cette commission de la Propaganda Staffel où avait officié la jeune Marguerite Donnadieu, épouse Antelme, commission mise en place par un décret du maréchal, après la préalable aryanisation des maisons d'édition juives (Nathan, Calmann-Levy), puis prise en mains par les nazis. Son attribution : le contrôle du papier d'édition. Elle constituait ainsi un véritable organisme de censure qui épluchait les manuscrits reçus et avait la charge de distribuer le papier aux seuls "bons" éditeurs (entendons ceux qui avaient accepté, de leur plein gré, de retirer de la vente et ne plus publier les auteurs inscrits sur les listes dites "Otto" et "Bernhard", à savoir les auteurs juifs, communistes, ou ceux ayant eu par le passé une attitude critique à l'égard de l'Allemagne et de sa culture). " Marguerite, écrit Laure Adler dans la biographie qu'elle lui a consacrée, ne pouvait ignorer le degré de collaboration de cet organisme constamment surveillé par la Propaganda ". Paul Morand eut des responsabilités dans cette commission dirigée par un collaborateur notoire. Les noms de Ramon Fernandez, Brice Parain, Dionys Mascolo figurent dans la liste de la quarantaine de lecteurs accrédités par ladite commission. Quand à la secrétaire de celle-ci, c'était notre Marguerite Donnadieu-Antelme, qui deviendra plus tard l'intraitable résistante Marguerite Duras, l'impitoyable tortionnaire de collabos, puis la militante communiste (stalinienne, forcément stalinienne ?) pure et dure. Ne manquant pas d'aplomb, à la Libération, l'incorruptible communiste s'en prendra avec une farouche énergie à tous ces veaux de Français qui n'avaient pas ouvertement pris parti contre Pétain [...]. »
Jacques Henric : Politique (2007)
« L’homosexualité est, comme la mort, l’unique domaine exclusif de Dieu, celui sur lequel ni l’homme, ni la psychanalyse, ni la raison ne peuvent intervenir. L’impossibilité de la procréation rapproche beaucoup l’homosexualité de la mort… Il manque à l’amour entre semblables cette dimension mythique et universelle qui n’appartient qu’aux sexes opposés : plus encore que son amant, l’homosexuel aime l’homosexualité… Je l’ai déjà dit, c’est la raison pour laquelle je ne peux considérer Roland Barthes comme un grand écrivain : quelque chose l’a toujours limité, comme si lui avait manqué l’expérience la plus antique de la vie, la connaissance sexuelle de la femme ».
Marguerite Duras
« Marguerite Duras n'a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé… »
Pierre Desproges
« Au fil de la conversation, un autre sujet se fait jour ; d'abord dans la confusion, puis de façon de plus en plus obstinée. Marguerite Duras veut parler politique : la politique française, la politique internationale. En particulier, elle veut parler de Reagan, dire sa fascination et affirmer son soutien aux bombardements américains en Libye. Mitterrand fait la moue, Duras revient à la charge une fois, deux fois et, finalement, le sujet occupe la totalité du dernier entretien. « Moi, j'aime l'Amérique, je suis reaganienne.» Mitterrand : « Je crois m'en être aperçu ». Duras : « (Reagan) incarne une sorte de pouvoir primaire, presque archaïque.» C'est après cette ultime discussion que Mitterrand, excédé, décida d'arrêter les frais, tandis que Michel Butel, fondateur de l'Autre Journal et maître d’œuvre des entretiens, s'en prit dans les colonnes de son hebdomadaire au proaméricanisme compulsif de l'intervieweuse de luxe. Pour ou contre l'Amérique, pour ou contre les bombardements : vingt ans plus tard, ce point de cassure résonne avec une familiarité presque effrayante. »
Éric Aeschimann : Article dans Libération (2006)
Inscription à :
Articles (Atom)