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lundi 12 février 2018

Trieste en sa lumière

La sollicitude de quelques voisins pousse votre Tenancier à renoncer à sa ligne de conduite. En effet, on a reçu quelques ouvrages ces derniers temps qu’il serait dommage de ne pas signaler. D’ordinaire, votre Tenancier ne tient pas plus que cela à jouer le rôle de critique. Alors, au plus, on mentionnera notre plaisir et une brève notule…

Ce récit existe certainement : au gré du hasard, un personnage croise à plusieurs reprises les traces d’une ville réelle qui se transforme en cité fantasmée, puisqu’il n’y a jamais mis les pieds. Le pressentiment tenace d’une issue fatale, ou d’un événement extraordinaire, si jamais le personnage s’y déplaçait, l’obséderait. Arrive le moment où, volontairement, ou par accident, il s’y retrouve, la menace au-dessus de lui. Qu’arriverait-il ? Pour ma part, je souhaiterais qu’il ne se passe rien, non par superstition personnelle, mais parce que le désenchantement, la déception, le lâche soulagement demeurent des sentiments intéressants à explorer bien plus, à mon gré, que l’événement extraordinaire qui reste à la portée de tout littérateur moyen ? Moi qui ne suis qu’un écrivaillon — et qui l’assume allégrement — je ne peux que confier cela à plus doué, me doutant bien par ailleurs que le sujet a été traité cinquante-douze-mille fois, au moins. Ceux qui suivent le blogue savent d’où vient cette idée, qui tourne autour de Trieste depuis pas mal de temps. C’est dans une de ses évocations que j’appris récemment par un ami (qu’il me permette cette familiarité !) la parution d'une livre de Patrick Boman sur le sujet. Non seulement j’étais avisé de l’existence de cet ouvrage, mais je le recevais anonymement. Trieste en sa lumière rassemble les notes de plusieurs séjours dans les murs de la ville, ponctués de promenades érudites et des stations dans les cafés fort nombreux. Évidemment, les écrivains de Trieste se profilent dans ces pages, comme Roberto Bazlen ou Umberto Saba et ceux qui s’y sont arrêtés comme, bien sûr, James Joyce, dont Boman aborde malicieusement le versant alcoolique, souvent négligé de la part des thuriféraires. Mais Trieste apparaît aussi comme une curiosité géographique, un vestige de l’Empire austro-hongrois, un port méditerranéen, une frontière évanescente et pourtant disputée autour d’un rideau de fer qui semble ici plus fusible qu’ailleurs. Combien de fois Trieste a-t-elle changé de drapeau et de fonctionnaires (les représentants de l’Empire se montraient, paraît-il, incorruptibles et sourcilleux !) et combien de langues y parle-t-on ? Combien de plats différents, également, retenant le gastronome Boman (son Palais des saveurs accumulées est un opuscule remarquable sur la cuisine chinoise !), et qu’y boirions-nous ? Les morts s’invitent aussi dans cette flânerie, et leurs traces portent témoignage de l’intrication de tous ces univers. Trieste possède la qualité de certains écrivains situés sur des limites, plus exactement sur les limes de l’Empire. Ici, l’empire est géographique, là, il sera littéraire. Il demeure toutefois un endroit privilégié pour voir passer les hommes, les événements, les navires et les drames. Patrick Boman se place idéalement à cheval sur toutes ces perspectives et ses notes de voyage dispensent le soussigné de se hâter d’aller vérifier par lui-même. Ce faisant, Patrick Boman aura peut-être sauvé la vie du Tenancier… 
Patrick Boman
Trieste en sa lumière
Ginkgo éditeur (2017)

mardi 9 janvier 2018

La pomme ne tombe pas loin du pommier

La sollicitude de quelques voisins pousse votre Tenancier à renoncer à sa ligne de conduite. En effet, on a reçu quelques ouvrages ces derniers temps qu’il serait dommage de ne pas mentionner. D’ordinaire, votre Tenancier ne tient pas plus que cela à jouer le rôle de critique. Alors, au plus, on mentionnera notre plaisir et une brève notule…

La pomme ne tombe pas loin du pommier fait partie de ces ouvrages qui nous aurait procuré quelques regrets de ne pas l’évoquer. Ce récit d’une vie en exil et puis d’un pèlerinage aux sources par la génération suivante est accompagné d’une âpreté et d’une violence intériorisée qui ne se résout pas seulement à la fin de l’ouvrage mais ultérieurement, à la décantation. Que l’on ne s’abuse pas sur l’apparente ruralité du décor qui, si elle existe bien dans le récit, n’est pas le support d’une pensée réactionnaire comme nous ont habitués de nombreux romans paysans. La terre, ici, peut mentir, la sueur des hommes n’y trouve pas forcément sa récompense, et ce que l’on y enterre devrait parfois y rester. Cet exil de deux Polonais en Charente Maritime, le retour du fils en Pologne, contiennent amertume et regrets finaux, aidés par l’apparente simplicité du style. Il faut savoir terminer une histoire. Bertrand Redonnet l’a subtilement négociée. Vous pouvez aussi retrouver les vigoureuses chroniques de Bertrand ici.


Éditions Cédalion

La maison ne fait d'ordinaire pas plus de pub qu'elle ne se livre à la critique, les ouvrages mentionnés ici sont arrivés par les soins de la complicité ou de l'amitié, ce qui ne doit pas vous empêcher de les apprécier si vous tombez dessus...

mercredi 3 janvier 2018

Alice à Zanzibar

La sollicitude de quelques voisins pousse votre Tenancier à renoncer à sa ligne de conduite. En effet, on a reçu quelques ouvrages ces derniers temps qu’il serait dommage de ne pas mentionner. D’ordinaire, votre Tenancier ne tient pas plus que cela à jouer le rôle de critique. Alors, au plus, on mentionnera notre plaisir et une brève notule…
 
J’avais déjà parlé de Jacques Barbaut à l’occasion de sa réminiscence pérecquienne d’une année, 1960, parue aux éditions nous. Voici qu’Alice à Zanzibar vient se déposer sous pli discret dans ma boîte au lettre. L’art du limerick s’avère une affaire délicate en ceci qu’elle tient à un humour sur le fil qui, mine de rien, nécessite un talent particulier pour la partie culière, entre autre. Barbaut, évoquant Muriel et sa barre de zan appartient à un ravissement intime et suscite un sourire que, pour ma part j’ai décidé quotidien. Un limerick et hop, au lit ! Merci, Jacques (j’ai bien relevé la correction typographique, en sus de l’envoi autographe…)
Des garçons plus doués que moi on pondu des limericks pour vanter l’ouvrage. J’en suis bien incapable. En revanche, la maison ne recule devant aucun sacrifice puisqu’elle vous dépêche l’auteur lui-même… Sinon, vous pouvez également le retrouver ici.


La maison ne fait d'ordinaire pas plus de pub qu'elle ne se livre à la critique, les ouvrages mentionnés ici sont arrivés par les soins de la complicité ou de l'amitié, ce qui ne doit pas vous empêcher de les apprécier si vous tombez dessus...