F.T. […] Vos
scrupules par rapport à O’Casey expliquent votre répugnance à adapter
les
chefs-d’œuvre de la littérature. Il y a un très grand nombre
d’adaptations dans
votre œuvre, mais il s’agit le plus souvent d’une littérature
strictement
récréative, de romans populaires que vous remaniez à votre guise
jusqu’à ce que
cela devienne des films d’Hitchcock. Parmi les gens qui vous admirent,
certains
souhaiteraient que vous entrepreniez des adaptations d’œuvres
importantes et ambitieuses.
« Crime et Châtiment » de Dostoïevski, par exemple.
A.H. Oui, mais je ne le ferai jamais parce que « Crime et Châtiment », c’est l’œuvre de quelqu’un d’autre justement. On parle souvent des cinéastes qui, à Hollywood, déforment l’œuvre originale. Mon intention est de ne jamais faire cela. Je lis une histoire seulement une fois. Quand l’idée de base me convient, je l’adopte, j’oublie complètement le livre et je fabrique du cinéma. Je serai incapable de vous raconter « les Oiseaux » de Daphné du Maurier. Je ne l’ai lu qu’une fois, rapidement.
Ce que je ne comprends pas, c’est que l’on s’empare réellement d’une œuvre, d’un bon roman que l’auteur a mis trois ou quatre ans à écrire et qui est toute sa vie. On tripote cela, on s’entoure d’artisans et de techniciens de qualité et on se retrouve candidat aux oscars alors que l’auteur se dissout dans l’arrière-plan. On ne pense plus à lui.
Hichcock Truffaut (1966)
A.H. Oui, mais je ne le ferai jamais parce que « Crime et Châtiment », c’est l’œuvre de quelqu’un d’autre justement. On parle souvent des cinéastes qui, à Hollywood, déforment l’œuvre originale. Mon intention est de ne jamais faire cela. Je lis une histoire seulement une fois. Quand l’idée de base me convient, je l’adopte, j’oublie complètement le livre et je fabrique du cinéma. Je serai incapable de vous raconter « les Oiseaux » de Daphné du Maurier. Je ne l’ai lu qu’une fois, rapidement.
Ce que je ne comprends pas, c’est que l’on s’empare réellement d’une œuvre, d’un bon roman que l’auteur a mis trois ou quatre ans à écrire et qui est toute sa vie. On tripote cela, on s’entoure d’artisans et de techniciens de qualité et on se retrouve candidat aux oscars alors que l’auteur se dissout dans l’arrière-plan. On ne pense plus à lui.
Hichcock Truffaut (1966)