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jeudi 24 août 2023

Sur les « Points de vente »

[…] En sus, la vente des livres est conditionnée par la librairie. Or on ne dit plus librairie car il y a de moins en moins de librairies, maintenant on dit « point de vente ». Ces points de vente dont le propriétaire répond à un client qui lui demande un Guy de Pourtalès : « Je n’en possède pas mais j’ai des guides Michelin. »
On passe commande chez Budé de « Liliane est au Lycée », transcription phonétique de L’Iliade et l’Odyssée, demande qui est l’éditeur de « Guignol bande » ou encore les titres de deux auteurs qui écrivent en collaboration et dont l’un s’appelle Chopin et l’autre Auer.

Éric Losfeld
 : Endetté comme une mule ou la passion d’éditer (1979)

vendredi 19 novembre 2021

mercredi 8 septembre 2021

Jeu

Allons allons, nous n'avons jamais prétendu de ce côté-ci de l'écran que les jeux que nous proposons devaient se déclarer difficiles ou même s'abstenir de se répéter. Ainsi l'on vous demande de quel film provient cette image de librairie. On peut même se contenter d'une réponse évasive, comme la dernière fois, ce qui avait amusé votre Tenancier.


mercredi 1 septembre 2021

Le livre de l'entre-deux-guerres — III (et fin)

Voici le mécanisme de la hausses des « premières » éditions : un livre nouveau, épuisé en originale chez l’éditeur, n’est pas forcément épuisé chez tous les libraires. Une maison qui a souscrit cent grands papiers les écoule moins vite qu’une maison qui s’en est fait réserver cinq ou six. D’où résultent, presque à la sortie, pour les livres à succès, des différences de prix entre les détaillants. Si vous vous adressez à un libraire qui a souscrit un gros paquet, il a encore de nombreux exemplaires sur ses rayons et vous vend le volume au prix de l’édition. Si vous commandez à son voisin, qui n’a pas eu confiance et a passé ses commandes sur vente assurée, celui-ci est obligé de rechercher votre volume, c'est-à-dire de le racheter à un confrère ou à un amateur. Le confrère qui, lui, a couru le risque de souscrire en quantité, vendra l’ouvrage au prix fort, et l’amateur entendra réaliser lui aussi un bénéfice. D’où l’inévitable majoration et hausse instantanée du libre demandé. La Musique intérieure de Maurras, en « cahier vert » fut vendue, à la sortie, 80 francs au lieu de 10.
Certains s’imaginent assez naïvement que le métier de libraire de luxe est facile : « Le commerçant, se disent-ils, achète à l’éditeur de beaux livres avec une remise ; il les revend au prix fort et empoche la différence ; ou bien il met “en cave” les auteurs qui doivent “monter” et, les ressortant (après un délai normal) au double ou au triple du prix marqué, réalise à coup sûr des bénéfices considérables. »
La réalité est un peu différente. En effet, tout libre numéroté est vendu à « compte ferme », c'est-à-dire sans possibilité de retour des invendus. Or aucun libraire ne peut savoir d’avance le nombre d’exemplaires qu’il écoulera. Les nouveautés d’auteurs cotés étant — au dire des éditeurs — entièrement souscrites le jour même où elles sont annoncées, le détaillant doit obligatoirement passer sa commande ferme avant d’avoir pris connaissance de l’œuvre nouvelle, de connaître la critique et d’avoir reçu aucun ordre de ses clients. Qu’arrive-t-il ? Ou le libraire est prudent et il s’engage au minimum, c'est-à-dire qu’il souscrit approximativement le nombre de volume correspondants à la demande habituelle. En ce cas, sitôt servis ses principaux clients, il manquera la vente pour tous les retardataires. Ou le libraire, audacieux, souscrit une quantité supérieure à son débit assuré, et si le livre n’est pas un succès, il lui restera une quantité d’invendus qui mettront des mois à s’écouler ou qui resteront pour compte alors qu’ils ont été payés cash à l’éditeur. Un des principaux libraires de luxe de Paris disait : « Nous réalisons un chiffre d’affaires très important, mais le bénéfice n’existe jamais en espèces, notre bénéfices, ce sont les livres qui nous restent. » Et il ajoutait : « Habituellement invendables ».
Aux amateurs qui, d’autre part, sont persuadés que tous les libraires de luxe spéculent en mettant « en cave » des milliers de volumes, je révélerai que le cas est peu fréquent, parce que cette méthode exige un coup d’œil presque infaillible, un goût du risque peu répandu et qu’elle nécessite des investissements considérables.
L’attribution des prix littéraires n’a qu’une influence temporaire sur la cote des livres. Il y a d’ailleurs dans ces opérations une cuisine assez bizarre : académies et jurys s’efforcent de faire le plus d’heureux possibles. Il y a donc ce qu’on appelle « les coups de chapeau » : les jurés, après s’être mis d’accord sur un nom, organisent en toute tranquillité des tours prétendus « précédents » pour distribuer aux divers postulants mentions honorables et accessits.
L’influence du Goncourt varie suivant les titres et les auteurs. Il a imposé au grand public Proust, qui ne pouvait espérer qu’une audience restreinte, donné des beaux tirages à Béraud et à Constantin-Weyer, mais on n’a jamais révélé les tirages de Lucien Fabre, de Maurice Bedel ou de Thierry Sandre. Et, en général, le prix ne fait vendre qu’un titre, pas un auteur.
Le plus curieux c’est que, sans aucun prix, certains livres d’inconnus sont lancés en quelques jours par la publicité orale : ce fut le cas du fameux Hôtel du Nord d’Eugène Dabit.
Une catégorie de spéculateurs disparut assez rapidement : tous les profanes qui, vers 1926, achetaient par tonnes des beaux papiers sans s’inquiéter des valeurs littéraires, les fervents de « poésie pure » et les gros malins qui entassaient Bazin sur japon ou Valéry sur héliotrope. Lorsqu’ils désirèrent « réaliser » ces amateurs s’adressèrent aux libraires, leur offrant leurs pannes au double de la valeur d’achat. En vain. Les amateurs baissèrent leurs prétentions, mais, même à moitié de la valeur d’achat, les libraires ne se laissèrent pas tenter. Alors, les stockeurs imprudents s’avouèrent vaincus et disparurent du marché, à la satisfaction générale, se retirant dans leur « Cimetière marin » ou à l’ombre de leur « Garçonne » sur papier hygiénique.
La librairie de luxe retrouva alors sa véritable clientèle, celle des amateurs de belles œuvres bien présentées, qu’ils retiennent à l’avance ou recherchent patiemment, sans fébrilité ni surenchère inutile. Les bibliophiles authentiques se retrouvèrent entre eux, enfin débarrassés des spéculateurs à la petite semaine. Tout se tassa. On fit la révision des valeurs et l’on se félicita de ne pas s’être laissé entraîner par contagion dans tel ou tel passager coup de bourse.
[…]

Jean Galtier-Boissière : Mémoires d'un Parisien, tome II (1961)
Chapitre XVII : Souvenirs de mon commerce

samedi 28 août 2021

Le livre dans l'entre-deux-guerres — II

Le développement de l’édition sur beau papier fur la conséquence des conditions économiques d’après-guerre. Si boulangers, bouchers et pompes funèbres n’hésitèrent pas à quintupler leur prix, sûrs qu’on achèterait toujours du pain, du bifteck et des cercueils, les éditeurs craignirent de perdre leur clientèle en suivant l’indice normal des prix, leur marchandise ne paraissant pas indispensable. Le livre courant vendu avant la guerre 3,50 fut timidement poussé à 6,75 ou 7,50, puis en 1926 à 12 francs. Il résulta te cette pusillanimité que les éditeurs durent imprimer leurs nouveautés sur des papiers de plus en plus médiocres. Or, toute une classe de Français a, par tradition, un goût de la bibliothèque qui se transmet de génération en génération. Sans être entiché de papiers extraordinaires ou de reliures de grand luxe, un sincère amateur de livres ne pouvait plus constituer de bibliothèque convenable avec les livres d’édition courante, dont le papier équivalait au torche-cul des livraisons populaires d’avant-guerre et ne manquerait pas d’être réduit en poussière au bout de quelques années. D’où l’habitude prise par un grand nombre de gens d’acheter leurs auteurs préférés en édition sur un papier supérieur, quitte si leur budget était restreint à n’acquérir que deux volumes au lieu de trois.
Avant la guerre, il était tiré pour de très rares amateurs trois Chine, cinq Japon et dix Hollande de certains ouvrages. Seules de grandes vedettes, tels Rostand, Loti ou France, connurent quelques tirages importants sur papier de luxe. Après la guerre, il devint normal de tirer certains ouvrages à plusieurs milliers d’exemplaires sur bon papier, destinés — non point comme certains l’ont cru — à des maniaques ou à des spéculateurs, mais à tout amateur désireux de conserver ses livres, l’édition courante devant être désormais réservée aux gens qui, dans le métro, coupent les livres avec leurs doigts ou les jettent par la fenêtre des trains après les avoir parcourus.
Le prodigieux développement de l’édition dans l’après-guerre, d’autre part, modifia la situation des éditeurs vis-à-vis des dépositaires de leurs marchandises. Jadis, le libraire, pour exercer son commerce, était trop heureux de recevoir des nouveautés. Du jour où, dans une véritable lutte au couteau, ils entreprirent de rivaliser dans le lancement de leurs « cracks », les éditeurs dépendirent beaucoup plus du détaillant, dont il fallait s’assurer à tout pris le concours. D’où assaut d’amabilités, surenchère de remises et de délais de règlement. Avec le succès de l’édition de luxe, le rôle du libraire devint capital. La clientèle, en effet, ne dispose pas de ressources illimitées. Un grand libraire sait exactement le budget que chacun de ses clients s’alloue par an pour sa bibliothèque. Ce budget n’étant pas extensible, le client qui achète telle grosse pièce n’achètera pas telle autre. D’où l’importance de plus en plus grande du libraire, sinon du commis qui conseille l’acheteur ; et handicap forcé de toute nouvelle firme qui, en naissant, n’augmente nullement la capacité générale d’achat de la clientèle, mais réclame simplement, avec une assez candide inconscience, un nouveau partage du gâteau. 
La baisse du franc et la ruée des acheteurs sur toutes sortes de marchandises eut une autre conséquence sur l’édition de luxe, qui parut devoir procurer très rapidement de gros bénéfices. Quantité d’individus complètement ignares se lancèrent dans l’édition tandis que certains écrivains, grisés par le succès, s’efforçaient de tirer parti avec un complet cynisme de la vogue du moment.
Côté éditeur, aurai-je la cruauté de citer certaines firmes montées en quinze jours pour éditer n’importe quoi sur n’importe quel papier, avec n’importe quelle typographie… mais pas à n’importer quel prix ?
Côté auteur, certains écrivains, après avoir rédigé en sept semaine un roman comportant sept chapitres, firent paraître de mois en mois, dans des maisons différentes, chaque chapitre en plaquette de luxe, illustrée ou non, puis rassemblèrent ensuite en un volume — avec de nombreux grands papiers — les sept chapitres de leur roman, déjà édités séparément.
C’étaient d’assez fâcheux procédés.
Bernard Grasset, qui dans La Chose littéraire a tracé une sorte de panorama de la librairie pleins d’aperçus ingénieux et avec un détachement apparent des contingences commerciales, déclare que les deux facteurs du succès de l’édition furent :
1° L’esprit de spéculation :
« Les Français, écrit-il, imaginèrent de monnayer en quelques sorte la postérité, en attribuant à tel ou tel livre, dès sa publication, une valeur qu’il aurait acquise, suivant la logique des choses, que deux ou trois cents ans après… »
Il oublie de dire que c’est lui-même qui organisa la spéculation chez les petits avec le lancement de ses fameux Cahiers verts à 5 francs l’édition originale tirée à 7 000 exemplaires.
2° Le snobisme :
« Dieu merci ! on n’achète pas seulement des livres pour les revendre : certains en achètent pour les montrer ! Et ici nous reconnaissons un autre trait de notre époque, la forme littéraire du snobisme. »

Jean Galtier-Boissière : Mémoires d'un Parisien, tome II (1961)
Chapitre XVII : Souvenirs de mon commerce

lundi 23 août 2021

Le livre dans l'entre-deux-guerres — I

La guerre avait appris à lire aux Français. Cinq années s’étaient passées à attendre : les uns attendaient de partir au front ou d’être relevés des tranchés ; les autres attendaient le retour des premiers. Pour tromper le temps, on lisait au front La Vie parisienne et des romans tristement gais, et à l’arrière des récits de guerre plus ou moins frelatés.
Lorsque la paix éclata, une multitude de quasi-illettrés avaient pris l’habitude de lire et la demande de papier imprimé, immédiatement, dépassa l’offre. Or le nombre de faiseurs de livres n’avait pas augmenté dans la même proportion que celui des amateurs de lecture, les nouveaux auteurs de la guerre remplaçant tout juste les tués de la corporation.
Certains éditeurs comprirent qu’avec l’appui d’une de ces publicités massives réservées jusque-là au lancement des spécialités pharmaceutiques, il devenait possible de rassembler sur leur seul nom un nombre immense de lecteurs. Alors que les maîtres de l’école naturaliste — Zola, par exemple — n’étaient arrivés en trente ans qu’à quelques tirages de 100 000 exemplaires, un Albin Michel, avec le coup de tam-tam approprié — « Regardez cet homme, il sera demain célèbre ! » — pur répandre les premiers romans d’aventure de Pierre Benoit à plusieurs centaine de mille. Et dans la suite, Maurice Dekobra surpassa sans doute Benoit.
Il est à remarquer que le nombre des acheteurs de livres est beaucoup plus grand en Allemagne qu’en France. Trois livres de Bonsels — dont le fameux Voyage aux Indes — furent tirés en langue allemande à plus de 800 000 exemplaires, et Tomas Mann à peur près les mêmes chiffres. Certains livres de guerre ont connu outre-Rhin, des tirages considérables : Classe 22, d’Ernst Glaeser, 800 000 ; Krieg (« Guerre ») de Ludwig Renn, 150 000 ; Le Débat au sujet du sergent Grischa, d’Arnold Zweig, 300 000 ; enfin l’œuvre d’Erich Maria Remarque, Im Westen nichts Neues (« À l’Ouest rien de nouveau ») a battu tous les records du monde avec 975 000 exemplaires vendus en Allemagne seulement (et 3 ou 4 millions en traductions).
Cet accroissement imprévu du nombre des acheteurs de livres en France explique les rapports nouveaux qui s’établirent entre auteurs, éditeurs et libraires.
Avant la guerre, le jeune écrivain faisait longuement antichambre chez l’éditeur. S’il avait quelques disponibilités, on lui proposait gentiment de l’imprimer à compte d’auteur. Proust, Mauriac, Maurois, et tant d’autres, commencèrent de la sorte. Si le débutant était pauvre, il fallait que le tout-puissant éditeur lui trouvât des qualités exceptionnelles pour le lancer à ses risques et périls.
Du jour ou, au lendemain de la guerre, la demande dépassa l’offre, la situation se trouva renversée. L’auteur ne se présenta plus en solliciteur honteux. C’est au contraire l’éditeur qui se mit à rechercher fébrilement tous les noircisseurs de papier capables de lui fournir la matière première de son commerce en plein essor.
Bien entendu, ce ne furent pas les « vieux lutteurs » blanchis sous le harnois qui profitèrent du changement d’atmosphère, mais les jeunes qui, ignorant les usages d’avant-guerre, posèrent leurs conditions. Parmi les éditeurs, les uns, discernant la capacité d’absorption sans cesse accrue du grand public, se plaignaient de ne pas trouver assez de copie à imprimer ; les autres étaient pris d’une terreur panique de se laisser chiper par quelque rival l’un de ces nouveaux génies en mesure de faire la fortune d’une maison.
L’affolement fut tel quel la trésorerie des principales maisons dut être totalement remaniée. Alors que jadis l’éditeur payait aux auteurs leurs droits une fois l’an après inventaire, toute maison « à la page », pour s’attacher les écrivains à succès, dut leur faire non seulement des avances, mais de véritables pensions. Ce fut surtout le cas des « poulains » de la N.R.F. (Drieu La Rochelle) et de Grasset (Radiguet). 
[…]

Jean Galtier-Boissière : Mémoires d'un Parisien, tome II (1961)
Chapitre XVII : Souvenirs de mon commerce

mardi 10 août 2021

Jeu

Eh oui, votre Tenancier sent bien une sorte de regret, à découvrir la récurrence de liens (colonne de droite) qui se rapportent aux jeux auxquels nous nous étions livrés à une époque. Est-ce un appel informulé ? On vous voit venir : on nous la fait à l'influence pour jouer les bêcheurs ensuite (trop facile, trop trivial, pas assez georgien !)
Tant pis. Allons-y quand même :

À quel film se rapporte donc cette image aux indices consternants de facilité?


Comme d'habitude, votre réponse en commentaires.

jeudi 4 mars 2021

« At Michaux's »


 
On s'interrogeait sans doute sur la location des deux images de la librairie prises par Jack Garofalo à Harlem, un certain été 1973 et que l'on retrouvera sur ce blogue. Il s'agit de la librairie de Lewis Michaux, pivot important de la communauté afro-américaine.
« Le magasin a été situé pendant 38 ans sur le boulevard Adam Clayton Powell Jr. à la 125e rue. Parmi les visiteurs et les clients figuraient Kwame Nkrumah, qui devint plus tard le premier président du Ghana, Malcolm X et de nombreux auteurs et universitaires, tels que W. E. B. DuBois, qui y rencontra sa femme, Shirley Graham.  » Source ici.
Pour en savoir plus (et si vous causez un peu l'anglais), c'est par .