jeudi 25 novembre 2021

Et toc

« J’ai remarqué, en observant ce soir la numérotation des pages, que j’avais commencé à écrire sur le feuillet numéro treize — et cela m’inspire une vague insatisfaction. J’ai lu, au passage, un paragraphe dans un journal qui parle d’écrivains moitié fous. Zola, dit l’auteur, était l’un d’eux. On le considère comme moitié fou parce qu’il additionnait les nombres à l’arrière des fiacres qui passaient devant lui dans la rue. Personnellement, c’est une chose que je fais sans cesse — et je sais très bien que je le fais pour m’apaiser l’esprit. C’est une pratique narcotique, en quelque sorte. Johnson, nous le savons, touchait les poteaux de sa rue dans un certain ordre : cela était encore une manière d’échapper à de tristes pensées. Et nous savons tous comment, étant enfants, nous avons obéi à l’injonction mystérieuse nous intimant de marcher sur les lignes entre les pavés de la rue… Mais les enfants ont un avenir. Il est bon qu’ils rendent propice le mystérieux Tout-Puissant. En leur temps, Johnson et Zola avaient eux aussi un avenir. Il était bon que Johnson fît ses “touches” contre la malchance, que Zola mît son esprit à l’abri de nouveaux problèmes. Chez moi, c’est simplement le fruit de l’idiotie. Car je n’ai pas d’avenir. »
 
Joseph Conrad — Ford Madox Ford : La nature d’un crime (1909)
(Trad : Maxime Rovere)

mercredi 24 novembre 2021

Une historiette de Béatrice

Le tout jeune couple qui entre, jette un regard souriant et aimant sur les rayonnages.
« S'il vous plaît, auriez-vous de la poésie quelque part ? Et de la philosophie ? »
Je les aime direct.

vendredi 19 novembre 2021

jeudi 18 novembre 2021

Une historiette de Béatrice

Il pleut à verse. Un ciré dégoulinant entre, avec un sac à dos en vrac et des pieds nus dans des tongs.
« Bonjour madame, auriez-vous des livres sur la plongée sous-marine, ou alors sur les abdominaux ?»

mercredi 17 novembre 2021

001

Tous les Politiques sont d’accord, que si les peuples étaient trop à leur aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir.
Leur fondement est, qu’ayant moins de connaissance que les autres ordres de l’État beaucoup plus cultivés ou plus instruits, s’ils n’étaient retenus par quelque nécessité, difficilement demeureraient-ils dans les règles qui leur sont prescrites par la raison et par les Lois.
La raison ne permet pas de les exempter de toutes charges, parce qu’en perdant en tel cas la marque de leur sujétion, ils perdraient aussi la mémoire de leur condition ; et que s’ils étaient libres de tribut, ils penseraient l’être de l’obéissance.

Cardinal de Richelieu : Testament politique