Bibliothèques et cinéma - Blow Up - ARTE
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mardi 24 septembre 2024
mardi 20 septembre 2022
Ah, c'est vous, l'écrivain ?
Heureux possesseurs de téloche qui ne manquent jamais les reportages
sur les autheurs… Le Tenancier qui ne se sert de ce fenestron que pour réviser
ses classiques cinématographiques tombe parfois d’un coup de zapette fortuit sur
ce type d’intermède où l’on découvre l’écrivain, l’essayiste ou tout autre
clampin le nez dans son bouquin, ce qui le fait doucement rigoler. Pourquoi pas
avec une plume dans le postère ou changé en fildefériste ? Eh bien non, le
journaliste se croyant inspiré, soulignera par l’image que le type, là, a
bien rédigé le bouquin puisqu’il est en
train de le lire sous vos yeux, tant il s’avère que tout auteur passe son
temps à retourner vers des textes déposés chez l’éditeur un ou deux ans
auparavant après en avoir eu ras-le-bol en écrivant le mot fin et après une longue
période d’écriture et de révisions. On sait que ce genre d’image correspond au
vocabulaire d’un certain journalisme paresseux, au même titre que les
micros-trottoirs ou l’interview d’un syndicaliste policier fasciste (je m'essaye au pléonasme) après un fait divers
plutôt qu’une investigation sérieuse.
Nous resterons tout de même surpris le jour où l’on abordera ce genre de chose d’une manière différente.
Nous resterons tout de même surpris le jour où l’on abordera ce genre de chose d’une manière différente.
samedi 23 janvier 2021
Magie de la retouche
Le lecteur du blog n’aura pu éviter le billet édité
dernièrement où l’on découvrait l’un de nos auteurs préférés dans les colonnes
d’un journal de téloche, une institution même.
Comme dit Jules dans son commentaire « Julien Gracq dans Télé 7
jours ! Et vous voudriez qu'on ne soit pas nostalgique. » On peu
évidemment analyser ce papier ainsi que la diffusion afférente d’Un beau ténébreux à l’ORTF comme une
incongruité à l’aune de l’indigence de la production télévisuelle actuelle.
Mais il ne rentre pas dans notre propos de vitupérer la connerie contemporaine.
On réserve cela pour nos vieux jours, si nous avons la possibilité d’en jouir et
de ne point faire trop souvent chabrot dans notre potage.
Un élément de la double page du journal a cependant attiré notre regard et a suscité une réminiscence : celle du visage du conférencier occidental représenté dans le chapitre Le visage écrit, dans L’Empire de signes de Roland Barthes. Si l’on ne détient pas le livre sous les yeux, on se souviendra toutefois des traits subtilement anamorphosés par le jeu de la typographie nippone qui laissait accroire à un une mutation du sujet… Par ailleurs, l’auteur s’exprime sur le visage et principalement sur le gommage des traits :
Contemplons maintenant le visage de Julien Gracq dans les colonnes de Télé 7 jours et comparons-là avec un cliché prit le même jour, c'est-à-dire au moment où il refuse le prix Goncourt, le 3 décembre 1951. On constate immédiatement la retouche excessive pratiquée par le journal, au point de rendre l’auteur méconnaissable, jusqu’à provoquer la réminiscence dont on vous parlait plus haut. À ce stade de notre digression, nous nous trouvons en droit de poser une question essentielle : Télé 7 jours ne serait-il pas un organe prochinois en pleine révolution culturelle (1973, date du papier) qui aurait, par aveuglement idéologique, malice militante, où conformisme culturel du retoucheur infiltré, transformé un auteur français en créature sinisée ? L’opération fut-elle avalisée par l’auteur lui-même, déçu de sa fréquentation des cénacles pompidoliens et en quête de nouveaux horizons ? Nous n’osons le croire.
Mais cela suscite quelques interrogations. Il nous faudra attendre 2027 pour connaître la vérité, date à laquelle certains carnets de Julien Gracq seront enfin libres de consultation…
Un élément de la double page du journal a cependant attiré notre regard et a suscité une réminiscence : celle du visage du conférencier occidental représenté dans le chapitre Le visage écrit, dans L’Empire de signes de Roland Barthes. Si l’on ne détient pas le livre sous les yeux, on se souviendra toutefois des traits subtilement anamorphosés par le jeu de la typographie nippone qui laissait accroire à un une mutation du sujet… Par ailleurs, l’auteur s’exprime sur le visage et principalement sur le gommage des traits :
La face est seulement la
chose à écrire, mais ce futur est déjà lui-même
écrit part la main qui a passé le blanc des sourcils, la protubérance du nez, les
méplats des joues, et donné à la page de chair la limite noire d’une chevelure
compacte comme de la pierre. La blancheur du visage, nullement candide, mais
lourde, dense jusqu’à l’écœurement, comme le sucre, signifie en même temps deux
mouvements contradictoires : l’immobilité (que nous appellerions « moralement »
impassibilité) et la fragilité (que nous appellerions de la même manière mais
sans plus de succès : émotivité).
Photo Télé 7 jours |
Photo de presse |
Contemplons maintenant le visage de Julien Gracq dans les colonnes de Télé 7 jours et comparons-là avec un cliché prit le même jour, c'est-à-dire au moment où il refuse le prix Goncourt, le 3 décembre 1951. On constate immédiatement la retouche excessive pratiquée par le journal, au point de rendre l’auteur méconnaissable, jusqu’à provoquer la réminiscence dont on vous parlait plus haut. À ce stade de notre digression, nous nous trouvons en droit de poser une question essentielle : Télé 7 jours ne serait-il pas un organe prochinois en pleine révolution culturelle (1973, date du papier) qui aurait, par aveuglement idéologique, malice militante, où conformisme culturel du retoucheur infiltré, transformé un auteur français en créature sinisée ? L’opération fut-elle avalisée par l’auteur lui-même, déçu de sa fréquentation des cénacles pompidoliens et en quête de nouveaux horizons ? Nous n’osons le croire.
Mais cela suscite quelques interrogations. Il nous faudra attendre 2027 pour connaître la vérité, date à laquelle certains carnets de Julien Gracq seront enfin libres de consultation…
(L'auteur de ce billet ne confond évidemment pas Japon et Chine et le rapprochement de ces deux cultures reste le pur produit des déductions de votre Tenancier dans ce cas précis.)
mercredi 20 janvier 2021
jeudi 23 août 2018
Un expert éminent
C’était l’époque des vidéocassettes et du doigt en embuscade
sur le magnétoscope pour déclencher l’enregistrement sans choper la pub. Nous
visitions alors un expert en série télé qui nous prodigua l’aumône du
visionnage d’un extrait en exclusivité où, un personnage en scaphandre sortait
d’échafaudages. Ceux-ci, après un suspense insoutenable entretenu par le maître
des lieux, se révélèrent quelques bribes, non habillées par les effets
spéciaux, d’un film de SF, dont notre cicérone ne manqua pas de souligner le
budget pharaonique (énoncé avec le phrasé d’un bonus de blockbuster : incrédibeule !). De sartrien, il en possédait
le regard, résultat hasardeux du magnétoscopage, qui veillait à la fois sur la
télécommande et les pages de Téléstar. Une pièce de son appartement était
emplie de rayonnages métalliques, garnis eux-mêmes de cassettes vidéo,
alignements noirs comme une bibliothèque de Borniol. Ainsi, l’on nous y
enseigna l’existence de séries télévisées complètes que ce vieux garçon énumérait
pour notre édification de béotien tout en nous versant un alcool infect… On
peut rester vieux garçon même en couple, le cas se révélait ici. Au moins, le
compagnon s’annonçait moins turbulent, plus aimable. Inchangés, les clichés
confèrent désormais à l'expert une aura attristée, comme l’expression d’un naufrage. Au
fait, la boisson était réellement dégueulasse. Le bar, érigé dans un coin de la
salle à manger, ressemblait à celui d’une paillote illégale, celle que l’on
trouve généralement près de la bouche du collecteur, pas loin de la baraque à
frites. Je ne peux plus voir une bouteille de Malibu sans y penser. Le garçon
vivait avec sa maman, dans un rapport que l’on peinerait à songer qu’il fut de
bonne intelligence, faute de son ingrédient essentiel. On ne rend jamais assez
hommage aux mères, même si les rejetons y reportent leurs turpitudes. C’était ici
le cas. Le Tenancier, un peu vicelard, demanda au garçon s’il avait regardé la
série complète des cassettes de Dallas qui occupait un sacré pan de mur de la
salle à manger. Que non, se récria-t-il, c’était pour sa maman… L’expert
continua ses énumérations, nous abreuva de projets cinématographiques et
télévisuels à coups de millions de dollars de budget. Ainsi endurai-je la
logorrhée, dont le vocabulaire allait devenir la matière des bonus des DVD de
films à deux balles : même la machine à café y était incroyable de talent. Du coin de l’œil, l’alignement des
vidéos de Dallas formait une masse ironique dans la lumière déclinante. Du
bourdonnement de notre hôte émergeaient encore des superlatifs,
l’engourdissement gagnait. Le soleil d’hiver posait son glacis sur la toile
cirée. Je m’ennuyais, ne trouvant aucun livre sur lequel détourner mon
attention ; le journal télé ne comptait pas. Autour de moi, on
s’intéressait, on s’extasiait et, pour ma détresse, on en redemandait. Du
malheur d’avoir été poli et, surtout, mal assorti…
Quelques jours plus tard, un réalisateur que j’appréciais pour sa la parole rare et précieuse, passa à la librairie où je travaillais et cette apparition me fit méditer sur le bonheur de se camper parfois au bon endroit, et sur l’intelligence.
La chance, en tout cas, ça va, ça vient.
Quelques jours plus tard, un réalisateur que j’appréciais pour sa la parole rare et précieuse, passa à la librairie où je travaillais et cette apparition me fit méditer sur le bonheur de se camper parfois au bon endroit, et sur l’intelligence.
La chance, en tout cas, ça va, ça vient.
mercredi 27 décembre 2017
Et maintenant, un peu de basket...
« Quelle
impression mes accusateurs ont faite sur
vous, Athéniens, je l’ignore. Pour moi, en les écoutant, j’ai presque
oublié
qui je suis, tant leurs discours étaient persuasifs. Et cependant, je
puis
l’assurer, ils n’ont pas dit un seul mot de vrai. Mais ce qui m’a le
plus
étonné parmi tant de mensonges, c’est quand ils ont dit que vous deviez
prendre
garde de vous laisser tromper par moi, parce que je suis habile à
parler.
Qu’ils n’aient point rougi à la pensée du démenti formel que je vais à
l’instant leur donner, cela m’a paru de leur part le comble de
l’impudence, à
moins qu’ils n’appellent habile à parler celui qui dit la vérité. Si
c’est là
ce qu’ils veulent dire, j’avouerai que je suis orateur, mais non à leur
manière. Quoi qu’il en soit, je vous répète qu’ils n’ont rien dit ou
presque
rien qui soit vrai. Moi, au contraire, je ne vous dirai que l’exacte
vérité.
Seulement, par Zeus, Athéniens, ce ne sont pas des discours parés de
locutions
et de termes choisis et savamment ordonnés que vous allez entendre,
mais des
discours sans art, faits avec les premiers mots venus. Je suis sûr de
ne rien
dire que de juste ; qu’aucun de vous n’attende de moi autre chose.»
Platon : Apologie de Socrate (Traduction Émile Chambry)
Louis Labeyrie, lecteur (authentique) de Platon.
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