Le Tenancier applique en ce moment un rythme rigoureux dans
l’ordre de ses lectures. Ainsi alterne-t-il la lecture d’un ouvrage souvent
inédit (pourtant, il relit beaucoup) et celle d’un San Antonio. Cela fait la
troisième fois qu’il observe ce cycle. On notera toutefois que :
— Cette lecture systématique reste espacée d’une
dizaine d’années.
— À presque soixante ans, il ne s’est livré que trois
fois, donc, à cette pratique concernant les San Antonio, ce qui préserve la
fraîcheur de ces relectures.
— Ce n’est pas le seul cycle auquel il s’est essayé. Celui
du Commander de GJ. Arnaud y a eu
droit par deux fois.
— Il possède également d’autres séries, collections ou
œuvres étendues d’un auteur, mais dont la lecture ne relève pas du même plaisir
ou de la même pratique.
— Toutefois, cette disposition ne peut, en aucun cas,
s’analyser comme un dénigrement, qui voudrait montrer votre Tenancier
s’adonnant à des lectures faciles comme une catégorie du snobisme. Le Tenancier
montre sa sincérité dans ses affections comme dans ses dégoûts.
— À cette récurrence, s’insinue le plaisir pervers de
la complétude, qui s’étend à d’autres auteurs, comme une construction en cours.
L’édifice à peine érigé, il faut le démonter pièce par pièce par la lecture.
— Cette systématisation… n’est pas systématique, et
l’absence d’une réitération ne signifie en rien la traversée d’un désert. En
réalité, elle appartient à une catégorie des modes de lectures ; celle-ci
s’apparente à la déconstruction chronologique, d’autres se contentent de
l’unicité d’une visite (parce que c’est mauvais ou bien que le Tenancier se le
tient pour dit). Autrement et d’habitude, on lit sans préméditation, ou
presque.
— Presque toujours, le plaisir paraît essentiel. On
verrait mal le Tenancier s’adonner à des perversions masochistes en se gaufrant
des auteurs sans intérêt pour lui et a fortiori des séries entières.
— Ces séries appartiennent en majorité au genre
populaire et restent des romans courts ou des nouvelles. On déteste ici les
boursouflures qui prennent leur source dans l’adoption d’un traitement de
texte, incitant au dépassement de la mesure, et du kilogramme pour sa partie
matérielle.
— Le Tenancier clame son affection pour la littérature
populaire. C’est un enfant de la science-fiction (on y reviendra un jour).
— Les lectures qui s’insèrent dans ces cycles ne se
révèlent pas, par on ne sait quelle opposition dialectique, des œuvres dites « sérieuses »
ou de « littérature générale ». Le Tenancier lit tout ce qui lui plaît, des
textes variés, mais certainement pas des nouveautés (d’avoir été libraire dans
le neuf assez longtemps le dispense de s’emmerder à ce petit jeu).
— Le Tenancier ne ressent aucun besoin de vous fournir
une liste à l’appui. Mais il fait confiance en votre imagination. Toutefois, il
peut vous indiquer qu’après La rage de
vivre de Mezz Mezzrow et Wolfe, il lira Mange
et tais-toi de San Antonio. Après, il ne sait pas.
— Des approches plus longues s’opèrent : la
lecture de la Comédie humaine ne
respecte pas un cycle alternatif, mais une progression.
— Après toutes ces considérations (il doit bien en
manquer…), votre Tenancier suppose que vous tenez cela comme banalités. Et vous
aurez raison. Ce blog tourne au banal. Ça le rassure…