Continuons donc notre chronique,
devenue abondante par le
don d’un ami, touché par la félicité amoureuse. L’homme heureux et
apaisé
voyage-t-il léger ? En tout cas, nous avons découvert précédemment
qu’il s’était séparé d’ouvrages alléchants. Ce billet paraîtra alors un
peu
terne : pas de curiosité bibliophilique ou de reprint prestigieux.
Oui, certes, cette moisson noire date un peu, mais je ne suis plus taraudé par l’obsession de la nouveauté littéraire, même au sujet de la « littérature de genre ». Je confesse quelques wagons de retard pour ce qui concerne le roman et la nouvelle, noirs et sans sucre. Voici donc de quoi entretenir quelques lectures vespérales variées, selon le rythme établi il y a quelque temps : une nouvelle, une nouvelle d’un autre recueil et d’un autre auteur puis enfin un roman, dans un registre différent, encore. Les habitués ici le savent, votre serviteur a commis quelques dizaines de nouvelles et l’intérêt reste toujours vif vis-à-vis de cette catégorie.
Mais bien entendu que je possède déjà ce Jack London ! C’est d’ailleurs une épine dans mon flanc, car après l’amour fou il peut exister des séparations déchirantes (ce que je ne souhaite pas à cet ami !) qui nous obligent à disperser une bibliothèque : des milliers de bouquins de SF dont je ne souffre pas trop de l’absence, mais aussi de livres de London en Crès ou en Hachette, bon sang ! Rien ne consolera de cette disparition. Je possédais également cette série, dans la collection 10/18, presque complète et que je reconstitue peu à peu, ne négligeant pas les doublons afin d’améliorer mes exemplaires. Je réserve les titres excédentaires à quelques amis de passage. Il ferait beau voir que je me livre à de la rétention ! Ce serait également contredire mes propos dans La main d’Émeline, au sujet de Jack. En tout cas, je me fais une raison, dommage collatéral de la sénescence : je ne reverrai pas mes vieux London. (On retrouvera ce volume un de ces jours dans la liste des 10/18 dressée dans ce blogue).
Eh bien oui, Copi ! Je n’en ai pas assez lu. Quelle drôle d’idée de s’en séparer. Je vais bouquiner celui-ci, que je ne connais pas, et peut-être relancerais-je cet ami pour qu’il le récupère, selon l’adage qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Ce sont des sentiments fâcheux. Après tout et après réflexion, je ne vais peut-être pas l’interpeller…
Ce petit livre fut offert par l’éditrice à tout acheteur, je devine, de volumes provenant de chez elle. Chemin balisé d’un certain humour qui a occupé les deux rives de l’Atlantique, avec, par exemple, Benchley ou Runyon (pour ce dernier, je voudrais bien un de ces jours me procurer ses chroniques de Broadway qui ont été publiées chez Gallimard…) Le sourire aux lèvres devient une denrée rare.
Oui, bon, scrogneugneu c’est du Saint-John Perse ! Je m’amuse par avance d’entendre ou de lire quelques amis poètes m’en faire le reproche, d’autant que, me portant volontaire pour cette acquisition, je ne professe pas du tout l’esprit de découverte. J’en avais déjà lu et n’avais pas détesté (ouh ! ouh !), sans doute parce que je reste assez obtus en matière de poésie : « Pas de sensibilité », « Pas la maîtrise », tout ce que vous voulez… pas grave. Je vous aime quand même, les gars.
L’ami en question cultive un côté Saint-bernard dès qu’il s’agit de récupérer des livres. On peut lui reprocher parfois son manque de discernement dans le « sauvetage » d’exemplaires d’occase, même pour combler une lacune. Celui-ci est vraiment dégueu : gauchi, bruni, avec des rousseurs, il n’a pour lui que de ne pas figurer dans la bibliothèque consacrée à Westlake. Est-ce bien raisonnable ? Je n’en lis plus trop (et là, tous les zélotes vont me tomber sur le râble), je fatigue un peu à la longue. Vous croyez qu’on peut devenir blasé de Westlake ? J’en frémis. C’est sans doute passager. Je l’espère, parce qu’Otto et George m’attendent au tournant. Allez, je garde ce volume-là, ne serait-ce que par prudence.
Je faisais allusion à la SF plus haut et vous n’en verrez pas trop dans cette chronique. Je dois admettre que je n’ai plus trop d’appétence pour une littérature dont une grande partie coure après son obsolescence — c’est dans sa nature. Bien sûr quelques auteurs surnagent et ce ne sont sans doute pas les mêmes que les vôtres. D’ailleurs, cet ami ne m’en a pas proposé. J’aurais toutefois succombé à la nostalgie des Chute Libre et Titres/SF alignés dans un coin de sa bibliothèque. On n’est pas de bois. Mais cette cession n’était pas à l’ordre du jour. Et puis, où vais-je entreposer tout ça ?
— Michael Connelly présente : Moisson noire — Rivage/noir, 2006
— Jack London : L’amour de la vie — 10/18, 1974
— Copi : Une langouste pour deux — Christian Bourgois, 1999
— P.G. Wodehouse: Webster le chat — Joëlle Losfeld, 1999
— Saint-John Perse : Éloges — Poésie/Gallimard, 1967
— Donald Westlake: Drôles de frères — Rivages/noir, 1991
Oui, certes, cette moisson noire date un peu, mais je ne suis plus taraudé par l’obsession de la nouveauté littéraire, même au sujet de la « littérature de genre ». Je confesse quelques wagons de retard pour ce qui concerne le roman et la nouvelle, noirs et sans sucre. Voici donc de quoi entretenir quelques lectures vespérales variées, selon le rythme établi il y a quelque temps : une nouvelle, une nouvelle d’un autre recueil et d’un autre auteur puis enfin un roman, dans un registre différent, encore. Les habitués ici le savent, votre serviteur a commis quelques dizaines de nouvelles et l’intérêt reste toujours vif vis-à-vis de cette catégorie.
Mais bien entendu que je possède déjà ce Jack London ! C’est d’ailleurs une épine dans mon flanc, car après l’amour fou il peut exister des séparations déchirantes (ce que je ne souhaite pas à cet ami !) qui nous obligent à disperser une bibliothèque : des milliers de bouquins de SF dont je ne souffre pas trop de l’absence, mais aussi de livres de London en Crès ou en Hachette, bon sang ! Rien ne consolera de cette disparition. Je possédais également cette série, dans la collection 10/18, presque complète et que je reconstitue peu à peu, ne négligeant pas les doublons afin d’améliorer mes exemplaires. Je réserve les titres excédentaires à quelques amis de passage. Il ferait beau voir que je me livre à de la rétention ! Ce serait également contredire mes propos dans La main d’Émeline, au sujet de Jack. En tout cas, je me fais une raison, dommage collatéral de la sénescence : je ne reverrai pas mes vieux London. (On retrouvera ce volume un de ces jours dans la liste des 10/18 dressée dans ce blogue).
Eh bien oui, Copi ! Je n’en ai pas assez lu. Quelle drôle d’idée de s’en séparer. Je vais bouquiner celui-ci, que je ne connais pas, et peut-être relancerais-je cet ami pour qu’il le récupère, selon l’adage qu’il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Ce sont des sentiments fâcheux. Après tout et après réflexion, je ne vais peut-être pas l’interpeller…
Ce petit livre fut offert par l’éditrice à tout acheteur, je devine, de volumes provenant de chez elle. Chemin balisé d’un certain humour qui a occupé les deux rives de l’Atlantique, avec, par exemple, Benchley ou Runyon (pour ce dernier, je voudrais bien un de ces jours me procurer ses chroniques de Broadway qui ont été publiées chez Gallimard…) Le sourire aux lèvres devient une denrée rare.
Oui, bon, scrogneugneu c’est du Saint-John Perse ! Je m’amuse par avance d’entendre ou de lire quelques amis poètes m’en faire le reproche, d’autant que, me portant volontaire pour cette acquisition, je ne professe pas du tout l’esprit de découverte. J’en avais déjà lu et n’avais pas détesté (ouh ! ouh !), sans doute parce que je reste assez obtus en matière de poésie : « Pas de sensibilité », « Pas la maîtrise », tout ce que vous voulez… pas grave. Je vous aime quand même, les gars.
L’ami en question cultive un côté Saint-bernard dès qu’il s’agit de récupérer des livres. On peut lui reprocher parfois son manque de discernement dans le « sauvetage » d’exemplaires d’occase, même pour combler une lacune. Celui-ci est vraiment dégueu : gauchi, bruni, avec des rousseurs, il n’a pour lui que de ne pas figurer dans la bibliothèque consacrée à Westlake. Est-ce bien raisonnable ? Je n’en lis plus trop (et là, tous les zélotes vont me tomber sur le râble), je fatigue un peu à la longue. Vous croyez qu’on peut devenir blasé de Westlake ? J’en frémis. C’est sans doute passager. Je l’espère, parce qu’Otto et George m’attendent au tournant. Allez, je garde ce volume-là, ne serait-ce que par prudence.
Je faisais allusion à la SF plus haut et vous n’en verrez pas trop dans cette chronique. Je dois admettre que je n’ai plus trop d’appétence pour une littérature dont une grande partie coure après son obsolescence — c’est dans sa nature. Bien sûr quelques auteurs surnagent et ce ne sont sans doute pas les mêmes que les vôtres. D’ailleurs, cet ami ne m’en a pas proposé. J’aurais toutefois succombé à la nostalgie des Chute Libre et Titres/SF alignés dans un coin de sa bibliothèque. On n’est pas de bois. Mais cette cession n’était pas à l’ordre du jour. Et puis, où vais-je entreposer tout ça ?
— Michael Connelly présente : Moisson noire — Rivage/noir, 2006
— Jack London : L’amour de la vie — 10/18, 1974
— Copi : Une langouste pour deux — Christian Bourgois, 1999
— P.G. Wodehouse: Webster le chat — Joëlle Losfeld, 1999
— Saint-John Perse : Éloges — Poésie/Gallimard, 1967
— Donald Westlake: Drôles de frères — Rivages/noir, 1991