samedi 31 janvier 2015

Une historiette de Béatrice

— « 15, 16, 17... tu peux me dépanner de 2 euros, je ne vais pas avoir assez ?
— Ah non, débrouille-toi et vite, tu vas nous mettre en retard !
— C’est que nous allons à la messe madame, je garde ma monnaie pour la quête. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en janvier 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Sabord (Coup de)

Sabord (Coup de) loc. Regard scrutateur, jeté dans le but de s'assurer de l'identité des personnages présents dans un lieu ○ EXEMPLE : Au premier coup de sabord, je ne gaffais pas de frime inquiétante dans ce tapis, ni malfat, ni poulet.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Barbarella

Piqué dans la revue Fascination n° 30 (1986)

Rabat

Rabat : Manteau. — Allusion au grand collet des manteaux anciens qui se rabattait à volonté sur la tête et les épaules.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Rabat : Il rabat. Baisser piteusement la tête ou le nez. (En amour, s'entend)..

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)



Rabat n.m. Rabatteur. Personne généralement polyglotte qui oriente moyennant une commission les étrangers cossus vers les boîtes de nuit, les maisons galantes ou les tripots. ○ EXEMPLE : Maintenant que sa taule était bourrée tous les soirs, Léone virait les rabats. Elle voyait pas la nécessité de se mouiller de bouquets pour des clilles qui rallégeaient d'autor.
Synonyme d'« inter » (voir ce mot).

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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vendredi 30 janvier 2015

Voltaire, mon cul !...

On connaît tous la citation : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » attribuée à Voltaire et qui se révèle apocryphe. On se reportera si l’on veut à l’article de Wikipédia qui éclaircit un peu l’affaire de ce côté-là...
Il se trouve que votre Tenancier, par l’effet d’un inexplicable masochisme, s’est retrouvé dans ce qui aurait dû être un débat avec la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme — en réalité sept personnes autour d’une table et dont votre serviteur était le seul étranger — consacré à « l’après Charlie » semble-t-il. En fait, ce fut le déroulé d’un quasi-monologue d’un des membres qui avec une voix de stentor couvrait les propos plus intéressants d’un de mes voisins, ou d’autres objections fort raisonnables. Parmi les pires conneries qu’on puisse entendre d’un cuistre infatué de sa suffisance* on releva la citation apocryphe citée plus haut, signalée comme telle par votre Tenancier. Il lui fut répondu « qu’un mensonge était après tout très acceptable si cela pouvait servir la cause ». Le même, quelques temps après, alors que le Tenancier s’opposait sur certains points à ses analyses de bistrot lui fut rétorqué par le même que « dans un débat il y en a toujours un qui a raison et un autre qui a tort » avec un plaisir que nous n’avons pas voulu troubler plus avant. Nous sommes partis presque sur la pointe des pieds en nous demandant toutefois où nous avions bien pu tomber (Il faut dire que, par son passé militant, le Tenancier avait des souvenirs d’échanges d’une autre qualité avec la LDH…) Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps et un con ne résume pas forcément une volonté commune. Il se peut que le Tenancier soit tombé sur un îlot, propice aux impasses évolutives ou bien sous l’effet d’une endogamie alpestre. Mais la soirée fut bien longue…
Moralité : La prochaine fois qu’on lui fera le coup de la démocratie en danger, le Tenancier montrera son cul, ce qui vaut mieux que subir les Beria de sous-préfecture.
Du reste, on le sait, le Tenancier n'est pas « démocrate ».
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: Justifiant une éventuelle intervention militaire française en Syrie, par exemple ce qui est assez baroque en soi et qui l’est encore plus quand cette assertion n’est même pas modérée par la présidente de la section locale…

Toasts

Le 20, un grand dîner d’adieu fut donné au docteur Fergusson et à Kennedy par la Société Royale de Géographie. Le commandant Pennet et ses officiers assistaient à ce repas, qui fut très animé et très fourni en libations flatteuses ; les santés y  furent portées en assez grand nombre pour assurer à tous les convives une existence de centenaires. Sir Francis M… présidait avec une émotion contenue, mais pleine de dignité.
A sa grande confusion, Dick Kennedy eut une large part dans les félicitations bachiques. Après avoir bu « à l’intrépide Fergusson, la gloire de l’Angleterre », on dut boire « au non moins courageux Kennedy, son audacieux compagnon ».
Dick rougit beaucoup, ce qui passa pour de la modestie : les applaudissements redoublèrent. Dick rougit encore davantage.
Un message de la reine arriva au dessert ; elle présentait ses compliments aux deux voyageurs et faisait des vœux pour la réussite de l’entreprise.
Ce qui nécessita de nouveaux toasts « à sa Très Gracieuse Majesté ».
A minuit, après des adieux émouvants et de chaleureuses poignées de main, les convives se séparèrent.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre VIII
(Sommaire) 

Quart

Quart n.m. Commissariat de police (voir « lardu »). Découle de « quart d'œil », dont on donne deux étymologies possibles. Selon Lorédan-Larchey (1872), ce mot composé serait un rappel, dans une orthographe en forme de rébus, de l'ancienne robe des commissaires de police, appelée « cardeuil ». Un autre auteur soutient que « quart d'œil » aurait été formé à l'époque où chaque arrondissement de Paris, venant d'être doté de quatre commissariats, chaque commissaire assurait le « quart » de la surveillance (?) ○ EXEMPLE : Depuis la liaison radio entre le quart et les tires de patrouille, les braquage est devenu très glandilleux.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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jeudi 29 janvier 2015

Quand le Tenancier emballait comme une bête...

Du temps où votre serviteur était encore en pleine activité pour sa librairie, il faisait des paquets quotidiennement, ou presque. Voici un billet exhumé du feu blog Feuilles d'automne qui date du mois d'août 2008. Une occasion pour chacun de faire des travaux pratiques. On voudra bien noter que le chat est encore là et qu'il est toujours aussi collant !

Ah la la ! Si vous imaginez que gagner sa croûte de libraire en chambre, c’est facile tous les jours… Moi aussi, je fais ma comptabilité et toutes ces menues choses qui font le délice du petit commerçant. Rassurez-vous, tout de même, je ne vais pas vous faire le couplet « Ah mon bon Monsieur, c’est ben difficile de nos jours, allez ! ».
Non, aujourd’hui, je vais vous montrer des travaux pratiques : l’art de faire les paquets à la librairie Feuilles d’automne (bonsoir, quelle librairie !).
L’emballage des livres est le passage obligatoire pour mon activité. Quelques envois sont expédiés sous « enveloppe-bulle », mais les trois-quarts le sont selon la méthode que je vais vous décrire ci dessous, pour ma plus grande délectation…


Tout d'abord, il faut bien vérifier que l'ouvrage que vous allez emballer est bien celui que vous destiniez à votre client. Au bout d'une dizaine de paquets, il arrive que l'on s'emmêle quelque peu. La facture et les documents doivent être insérés à cheval sur la couverture pour que la personne qui les reçoit ne les rate pas. (Argol, pousse-toi, le chat !)


Ensuite, vous découpez un morceau de papier kraft aux dimensions de l'ouvrage, ici un in-12° assez facile à emballer, ma foi. (Bon, le chat, t'es gentil, mais tu vas ailleurs, hein ?)


Emballage du livre... (Pff...)


Ne pleurons pas sur le ruban adhésif. Ce n'est pas qu'une question d'esthétique. (La vache, y'a des morceaux de poils de chats coincés dans le scotch, maintenant, purée !)


On passe ensuite à la deuxième couche. Le kraft sert essentiellement à protéger le livre de l'encre du papier journal. Le journal, lui, va servir à rembourrer et rigidifier le paquet. (Un quart de table pour ma pomme et le reste pour le greffier, oh !)


Suite de l'opération...


Découpage d'un morceau de carton aux dimensions du livre emballé. Pour plus de précision, on le fera avec une solide paire de ciseaux et non un cutter dont la coupe est assez erratique et peut toujours taillader vos belles mains d'artistes. (Moi, c'est pas le cutter, c'est les griffes de chats)


Toujours faire en sorte que le crénelage du carton soit dans le sens du pli. Cela permet de plier plus facilement le bout de carton et de l'ajuster au livre. (Pousse-toi, Argol !)


On maintient le carton par de l'adhésif brun. Choisissez une marque assez solide et, si possible, équipez vous d'un dévidoir comme le modèle ci-dessus, qui permet quelques économies, notamment en énervements. (C'est le chat qui a repris le flambeau...)


Consolidation des extrémités. A noter que pour les paquets importants, on peut glisser un bout de carton plié dans cet espace et ensuite le consolider avec de l'adhésif. Les paquets doivent résister aux chocs. La taille du livre implique ipso facto une plus grande proportion de carton et de bourrage. Ainsi, un dictionnaire sera emballé avec du carton à double crénelage et le journal sera remplacé par des feuilles plastiques à bulles. En fait, la quantité de matériel utilisé pour un fort in-4° n'est pas proportionnelle à ce que vous utiliseriez pour un in-12°.


Avant-dernière opération : on recouvre (si le chat veut bien...) le tout d'une autre feuille de kraft, elle aussi découpée sur mesure.


Suite de l'opération...


Un coup d'adhésif pour fermer la feuille. (C'est une impression, ou il prend de plus en plus de place ?)


Idem pour fermer les extrémités...


Il n'y a plus qu'a coller l'étiquette. (Bon, maintenant, c'est le bâton de colle blanche qui est plein de poils de chat. C'est plus un bâton, c'est un bonnet à poils !)


Le paquet est terminé. Il n'y a plus qu'à remplir le bordereau d'expédition qui sera collé par le vaillant guichetier de la Poste à la réception de mes colis.
L'opération peut sembler longue et elle est à déconseiller lorsque l'on expédie des livres de poche ou de peu de valeur. Mais la plupart des livres que je vends ont besoin de cette protection. Il est parfois dommage que, sous prétexte d'économie - cela se joue parfois sur 2,00 € - on renonce à ce type d'emballage et que l'on fasse courir des risques aux livres que l'on a commandé. Il me faut en moyenne un quart d'heure pour traiter une commande, entre la sortie du bordereau et le collage de l'étiquette d'expédition. Il va de soi que mes confrères qui s'occupent de livres de poche ou d'ouvrages courants aient recours aux enveloppes-bulles ou bien aux emballages tout-prêts... La vitesse d'exécution et d'expédition est importante.
Mais, par ailleurs, j'ai la faiblesse de tenir encore à ce type d'emballage qui est un lien entre vous et moi, une manière de vous passer un message, puisque je ne suis qu'un "libraire virtuel" : "merci", et "continuez d'aimer les livres comme je les aime". J'ai remarqué que l'on appréciait.

Euh...

Ah oui ! Si vous trouvez un jour un chartreux dans votre paquet, soyez gentils, renvoyez le. C'est que j'aurais été à la bourre, ce jour là.

Pacqsif

Pacqsif n. m. 1. Paquet. ○ EXEMPLE : La noire était là. Dix pacqsifs d'un kilo, bien alignés. On attendait le potard qu'allait la chanstiquer en morphine-base, puis en héroïne.
2. « Mettre le pacqsif » : déployer toutes sa force, employer tous les moyens.○ EXEMPLE : Pour contraindre la tierce de la Popinque à cesser son contrecarre, y allait falloir mettre le pacqsif.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

(Voir aussi Pacson)

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mercredi 28 janvier 2015

Anglicisme

Tysbers s’estut une grande pose.
Si vous dit que ce fu la cose
Qui plus le mat et plus le donte.
Li cuers li dist qu’il avra honte
Et grant anui et grant vergoigne.
Tant doute Renart et resoigne
Qu’il n’ose entrer en sa maison.
Par defors contre sa raison,
Mais il n’iavra ja gaing :
« Renars, fait-il, biaus dous conpains,
Di moi, es tu donc la dedens ? »
Ce dist Renars entre ses dens
Tout coiement que nuls ne l’oie :
« Tysbers, par vostre male joie
Et par vostre male aventure
Soiés entrés en ma pasture !
Si serés vous, s’engiens n’i faut. »
Et puis a respondu en haut :
« Tysbert, fait Renars, Villecome,
Comme se vous veniés de Roùme
Ou de Saint Gile novelement,
Bien soié venus hautement,
Et s’il fust jours de Pentecouste ! »
Que bials parlers rien ne li couste,
Ains le salue humelement.

Tibert s’arrêta un bon moment. Je vous assure que c’est là ce qui l’abat et le mate le plus. Son cœur lui dit qu’il va connaître la honte, de grands tourments et un terrible déshonneur. Il redoute et craint tellement Renart qu’il n’ose pénétrer dans sa demeure. Il lui tient son discours de l’extérieur, mais il n’y gagnera rien : « Renart, dit-il, très cher compagnon, dis-moi es-tu donc là ? » Renart marmonna entre ses dents, à voix basse pour n’être entendu de personne : «  Tibert, puissiez-vous être entré sur mon territoire pour votre tristesse et pour votre malheur ! C’est ce qui vous arrivera si j’ai assez d’habileté. » Puis il répond à haute voix : « Tibert, welcome ! comme si vous reveniez tout juste de Rome ou de Saint-Gilles, ou comme si c’était le jour de la Pentecôte, soyez le très bienvenu ! » car il ne lui coûtait rien de faire le beau parleur, et il le salue avec humilité.

Le Jugement de Renart
 
in : Le Roman de Renart
ed. publiée sous la direction d’Armand Strubel

Obligado

Obligado adv. Obligatoire. Impératif. ○ EXEMPLE : Chez Bébé d'Amiens, les julots qui venaient le samedi relever les comptées de leurs dames mettaient, obligado, une roteuse sur la carante. C'était le bon genre.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Une historiette de George

Un jeune homme élégant, fine moustache et regard vif, entre et demande avec un fort accent italien :
— Bonjour, auriez-vous un livre de Victor Hugo qui s'appelle Le sourire, ou quelque chose comme ça ?
— […] Euh… Hugo… Le sourire, vous êtes sûr ?
— Non, en italien le titre est Il Sorriso mais en français je ne sais pas…
— Et… vous savez de quoi ça parle ?
— Euh… un garçon qui sourit…
— Ah ! l'histoire de Gwynplaine ! Le titre original français, c'est L'homme qui rit. Très beau roman… Mais désolé, non, je ne l'ai pas pour l'instant.
(Fierté et pointe d'orgueil du libraire d'abord un tantinet désarçonné mais qui remet fissa sa cervelle sur les rails)

Nana

Nana n.f. Primitivement fille galante exerçant sous l'autorité d'un jules. Tend de nos jours à désigner n'importe quelle femme jeune et séduisante. ○ EXEMPLE : A droite, les voyous. A gauche, les nanas. Au centre, entourés de cierges aussi mastards que de jeunes arbres, les deux cercueils drapés de noir. (Auguste Le Breton, Du rififi chez les hommes.)

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Gaston Leroux

(Je Sais Tout, 1910)

lundi 26 janvier 2015

Où le Tenancier a du chien...

Lâche-nous (La mère)

Lâche-nous (La mère) loc. Expression signifiant à un radoteur, un raseur, d'avoir à se taire. ○ EXEMPLE : Au rade de Charlot le fort, Pepito commençait :
— C'était sur la frontière de l'Uruguay...
Pour la millième fois on allait avoir droit aux débuts de ce pante aux Amériques. Pas résigné, le taulier demanda :
— Dis... tu la connais la mère lâche nous?...


Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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Une historiette de Béatrice

— « Oh le Seigneur des Anneaux !
— Mais ma fille, tu ne vas rien comprendre, c’est en italien. »
— Euh non madame, c’est en basque. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en janvier 2012 sur le blog Feuilles d'automne

dimanche 25 janvier 2015

La Saint Barthélémy des Clebs

« En un sens, la bonne petite Lucette avait quelque chose d’une souris innocente, avec ses yeux ronds, ses dents de petite rongeuse qui semblaient déborder un peu sur sa lèvre inférieure. Elle était fraîche, sentimentale, elle aimait tout… Sauf les clébars !
Alors là, c’était une allergie profonde, un permanent conflit inter espèces, où il n’y avait qu’une solution : la mort !
Elle l’expliquait à son Ciss distrait. Là-bas, dans sa cambrousse, elle avait passé toute son enfance à proximité immédiate d’un chenil, avec gueulements quasi continus de quinze à vingt horribles cannibales qui fonçaient ébranler les grilles de tout ce qui ne leur apportait pas la bidoche.
— Les voisins ne râlent pas ?
— Non, tous les pécores, ils ont des clébars encore plus cons !
Dans une moleskine gris clair, résidu d’un imper, la bonne Lulu avait taillé, cousu et liseré un petit calot avec le sigle « Air France ». Elle s’en coiffait un peu de travers. Elle se voyait sur la ligne Roissy-Los Angeles, survolant la Terre de Baffin. Elle cambrait son petit cul.
— Cher Monsieur Ciss, il fait soixante degrés sous zéro, dehors ? Vous désirez casser la graine ?
— Monsieur Ciss désire baiser l’hôtesse, sans supplément.
— Ho, Monsieur ! Les Français pas sérieux !
Deux mômes heureux ! Et lorsque l’affreux Ciss flagada, se constatait l’éjaculation molle, il se mettaient doucettement à la confection des boulettes de mort subite. Gants plastique et petits sachets de feuille d’aluminium, ils avaient la même joie du bon boulot que les mecs et les gonzesses en blouse blanche préparant la bonne guerre biologique  « dans l’intérêt supérieur de la Nation. »
Ca enfin c’était bien une croisade, et autrement valable que le mignotage de ces connes de guerres destinées à exterminer des humains innocents. Le bon toutou est le toutou crevé, un point, c’est tout ! On voit ça tous les jours, mais il est vrai qu’il s’agit seulement de gens qui n’ont pas le même bon Dieu…
Mort aux clébars, donc !
La caractéristique des ces horribles bestioles, c’est qu’elles n’étaient bonnes à rien d’autre qu’à bouffer. Dudule et Mimir en étaient un bel exemple. A part ça, ils cacataient, pissotaient, dans les courtes promenades où il fallait les tenir, les prier, parfois supplier de lâcher leurs lourdes crottes lorsque le régime du Bistro les constipaient.
— Fais ton gros caca, mon trésor ! encourageait la Tata.
Et Ciss ne pouvait s’empêcher de penser aux centaines de millions, aux milliards de trésors qui bouffaient ainsi le pain du pauvre pour aller le chier plus loin.
On était envahi jusqu’aux intermèdes pubs d’une super télé. Que voyait-on entre les mérites d’un tampon périodique, d’une pastille à bulles gazeuses pour l’hygiène des râteliers, ou d’un produit à récurer les vécés dégueulasses ? Mais voyons il n’y en avait que pour les « trésors » ! La bouffe Oua-oua rendait à fond, en coquilles, en crottes compressées. On voyait d’ignobles clebs se farcir en trois secondes des plâtrées garanties pur bœuf et céréales enrichies, avec bruits de déglutition qui auraient valu la paire de mornifles au môme ordinaire pour lui apprendre les bonnes manières.
— Il adore ça à tous les repas ! Voyez comme il en rote de satisfaction !
Et sans doute toutes les mémères devaient fondre dans leur slip, car le commerce Oua-oua prenait une ampleur phénomène. Les rayons s’agrandissaient, se multipliaient dans les grands magasins, mais aussi jusqu’aux plus humbles boutiques. Et pour quoi faire, tout ce tintouin ? Pour aller redéposer ces ingrédients digérés sous la semelle des promeneurs indulgents, qui auraient par contre trouvé scandaleux qu’un môme se débraguette au long d’un arbre.
Asservissement ! Il n’y avait pas d’autre mot. Les seigneurs et maîtres à quatre pattes pouvaient publiquement, stupidement aboyer, ça faisait simplement partie d’un paysage, c’était admis et reconnu. Ces bestioles étaient des êtres supérieurs !
Même les grandes dames aux noms à rotules des temps jadis, où les palais ignoraient les latrines devaient pissoter sous elles dans les couloirs, à l’abri de leur robe à vertugadin. Là, vertugadin nib ! Pas même l’ombre d’un tutu ! La gueule, le pénis, la vulve, les crottes, tout à l’air !
Le Roi est nu ! Le Roi se répand !
Pourquoi s’étonner de ce qu’il y ait que des mômes innocents pour le constater ? »
 
Jean Amila : Le chien de Montargis
 

Jacot

Jacot n. m. Pince à pied-de-biche, dite pince-monseigneur, servant à l'effraction des portes. ○ EXEMPLE : Le vieux Tintin paume la mémoire. Le v'là qui monte sur un casse en emportant son jacot, mais il oublie les encoinstas dans sa table de nuit.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 24 janvier 2015

Aphorisme

Tous les cannibales vous le diront :
C'est dans les vieux potes qu'on fait la meilleure soupe.

jeudi 22 janvier 2015

Ils (sont pas là)

Ils (sont pas là) loc. verb. Signifie : je manque d'argent. Rapprocher comme construction de « aller les chercher », « ils » et « les » étant employés à la place du synonyme masculin d'argent monnayé ou de monnaie, difficile à identifier ( « sous », « biffetons », « talbins », etc. ). ○ EXEMPLE : Je monterais bien avec vous à Deauville, seulement ils sont pas là !

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 17 janvier 2015

H (De l')

H (De l') loc. Héroïne (stupéfiant). ○ EXEMPLE : C'est vers 1930 que les trafiquants de stup's constatant que les camés à la blanche se désintoxiquaient à la rigolade, ont, sur le marché, introduit l'H, qui donne un manque insupportable.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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mardi 13 janvier 2015

Mathilde

Le Tenancier continue ses frasques dans la fiction et dans un catalogue qui comporte ma foi du beau linge. Cet opus-ci est plutôt noir et un peu finiséculaire. Il faut varier dans les plaisirs. Déjà trois titres à Sous La Cape. Le Tenancier se rengorge...


Yves Letort 
Mathilde
  Édition numérique ou papier à commander sur le site de
 Sous La Cape.

Pour les autres textes du Tenancier, allez donc voir .

Ébouzer

Ébouzer p.a. Abattre, terrasser, anéantir. ○ EXEMPLE : Milo de Plaisance s'était fait ébouzer une belle noye, d'une seule giclée de P. 38 par un petit barbiquet qu'ignorait sa cote de caïd.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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lundi 12 janvier 2015

Rendons service à Fabrice...

« Les confidences de Lucchini », L'Obs n° 2648 du 8 janvier 2015

Oui, rendons-lui service en l'orientant vers un endroit où il aura quelques éléments de compréhension, c'est-à-dire ici, par exemple. Nous comptons sur nos lecteurs pour lui en indiquer d'autres et surtout sur ce qui devrait être compris d'un poème. Enfin bref...
Autrement, je m'interroge sérieusement sur l'intérêt de déclarer que son chauffeur de taxi était Marocain. Était-ce pour souligner l'exceptionnelle attention du chauffeur en qualité de taxi, de Marocain, ou de transporteur de cabot ?
Hasard des hasards, se pointait en couverture du même canard un autre de ceux que nous avions représenté dans nos « vœux », avec la « une » la plus sombrement hilarante de ces derniers jours :


Comme quoi on devrait se méfier : quand on évoque la sottise, on prend le risque d'être très tendance...

dimanche 11 janvier 2015

Ce qu'on voudrait de l'avenir

 
Plutôt Étant donné que des méta-données.

Cabane

Cabane n.f. 1. Domicile. ○ EXEMPLE : Si Fredo vient me voir, dis-lui qu'il passe à la cabane, je décarre jamais avant deux plombes.
2. Maison de tolérance. ○ EXEMPLE : Les frangines qu'Arthur avait filées en cabane se comptaient plus. Il les levait dans les gares, aux durs du matin, arrivant de leur campagne pour se placarder chez les bourgeois. En moins de jouge, au baratin, il chanstiquait leur vocation.
3. Prison ○ EXEMPLE : A trente piges, Léonce les petits pieds en avait déjà passé dix en cabane.

Albert Simonin : Petit Simonin illustré par l'exemple (1968)

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samedi 10 janvier 2015

Je ne suis pas Charlie

Sans avoir pu le contacter, je m'autorise tout de même à reproduire l'article de Claude Guillon à partir de son site, puisqu'il a été repris au moins six fois par d'autres blogs. Je ne me doutais pas qu'en lisant La Terrorisation démocratique dont il est l'auteur, je me retrouverais à en éprouver rapidement les effets qu'il y décrit si bien. 


Je ne doute pas qu’il existe des « Charlie » sympathiques et plein(e)s de bonnes intentions. Je suis inondé, comme tout le monde, de leurs courriels indignés. Je n’en suis pas.
Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que l’immense majorité de ces Charlie n’ont jamais été ni Mohamed ni Zouad, autrement dit aucun de ces centaines de jeunes assassinés dans les banlieues par « nos » policiers (de toutes confessions, les flics !) payés avec « nos » impôts. Si je recours aux outils du sociologue, je comprends pourquoi il est plus immédiatement facile pour des petits bourgeois blancs de s’identifier avec un dessinateur connu, intellectuel et blanc, qu’avec un enfant d’immigrés ouvriers du Maghreb. Comprendre n’est ni excuser ni adhérer.

Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de me « rassembler », sur l’injonction du locataire de l’Élysée, avec des politicards, des flics et des militants d’extrême droite. Je ne parle pas en l’air : une connaissance m’explique que sur son lieu de travail, ce sont des militants cathos homophobes de la dite « Manif pour tous » qui s’impliquent dans l’organisation d’une minute de silence pour l’équipe de Charlie Hebdo.

Je ne suis pas Charlie, parce que je refuse de pleurer sur les cadavres de Charlie Hebdo avec un François Hollande qui vient d’annoncer que l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera construit, autrement dit qu’il y aura d’autres blessé(e)s graves par balles en caoutchouc, et sans doute d’autres Rémi Fraisse.

Je ne suis pas Charlie, parce que je suis viscéralement — et culturellement — hostile à toute espèce d’ « Union sacrée ». Même les plus sots des journalistes du Monde ont compris qu’il s’agit bien de cela ; ils se demandent simplement combien de temps cette « union » peut durer. Se « rassembler » derrière François Hollande contre la « barbarie islamiste » n’est pas moins stupide que de faire l’union sacrée contre la « barbarie allemande » en 1914. Quelques anarchistes s’y sont laissés prendre à l’époque ; ça va bien comme ça, on a donné !

Je ne suis pas Charlie, parce que le « rassemblement » est l’appellation néo-libérale de la collaboration de classes. Certain(e)s d’entre vous s’imaginent peut-être qu’il n’existe plus de classes et moins encore de lutte entre elles. Si vous êtes patron ou chef de quelque chose (bureau, atelier…), il est normal que vous prétendiez ça (et encore ! il y a des exceptions) ou que vous puissiez le croire. Si vous êtes ouvrier, ouvrière, contraint(e) à des tâches d’exécution ou chômeur/chômeuse, je vous conseille de vous renseigner.

Je ne suis pas Charlie, parce que si je partage la peine des proches des personnes assassinées, je ne me reconnais en aucune façon dans ce qu’était devenu, et depuis quelques dizaines d’années, le journal Charlie Hebdo. Après avoir commencé comme brûlot anarchisant, ce journal s’était retourné — notamment sous la direction de Philippe Val — contre son public des débuts. Il demeurait anticlérical. Est-ce que ça compte ? Oui. Est-ce que ça suffit ? Certainement pas. J’apprends que Houellebecq et Bernard Maris s’étaient pris d’une grande amitié, et que le premier a « suspendu » la promotion de son livre Soumission (ça ne lui coûtera rien) en hommage au second. Cela prouve que même dans les pires situations, il reste des occasions de rigoler.

Je ne suis pas Charlie, parce que je suis un militant révolutionnaire qui essaie de se tenir au courant de la marche du monde capitaliste dans lequel il vit. De ce fait, je n’ignore pas que le pays dont je suis ressortissant est en guerre, certes sur des « théâtres d’opération » lointains et changeants. De la pire manière qui soit, puisque partout dans le monde et jusque dans mon quartier, des ennemis de la France peuvent me considérer comme leur ennemi. Ce qui est parfois exact, et parfois non. Au moins, sachant que la France est en guerre, je n’éprouve pas le même étonnement que beaucoup de Charlie à apprendre qu’un acte de guerre a été commis en plein Paris contre des humoristes irrespectueux envers les religions.

Je ne suis pas Charlie, parce que faute de précisions, et du fait même de l’anonymisation que produit la formule « Je suis Charlie », cette formule s’entend nécessairement, et au-delà des positions sans doute différentes de tel ou telle, comme un unanimisme « antiterroriste ». Autrement dit : comme un plébiscite de l’appareil législatif dit « antiterroriste », instrument de ce que j’ai appelé terrorisation démocratique.

Je ne suis pas Charlie. Je suis Claude. Révolutionnaire anarchiste, anticapitaliste, partisan du projet communiste libertaire, ennemi mortel de tous les monothéismes — mais je sacrifie à Aphrodite ! — et de tout État. Cela suffit à faire de moi une cible pour les fanatiques religieux et pour les flics (j’ai payé pour le savoir).

Je suis disposé à débattre avec celles et ceux pour qui la tuerie de Charlie Hebdo est une des horreurs de ce monde, auxquelles il est inutile d’ajouter encore de la confusion, à forme d’émotion grégaire.

Claude Guillon.
C'est la dernière fois avant longtemps que j'aborde le sujet sur ce blog, ne voulant pas participer à l’obscénité générale ni à la validation de ce que je réprouve : la guerre, la répression et le racisme entre autres. Mais la date du 7 janvier 2015 sera un marqueur, celui qui consacrera le retour d'un esprit critique que j'avais un peu trop tendance à mettre sous le boisseau, et sans doute, aussi, un engagement que j'ai trop différé par le passé.

vendredi 9 janvier 2015

Où Grégoire écrit à sa Tata...

[...] « Ensuite j'ai filé m'inscrire chez Paul Emp', après ma préinscription sur internet. Et là, tantine, là ! devine sur qui je tombe ??
Un conseiller pôle-emploi-tout-en-cravate-blanche, tant qu'on se serait dit à un mariage antillais, qui en visionnant mon C.V. relève la tête et me dit : "vous avez publié un livre ?"
— Oui m'sieur. En 2013, éditions L'Harmattan, ma tante est orhtophonistopédiatricotypographologue, on a fait du super boulot.
— J'adore la littérature, que me répond l'encravaté, j'écris moi aussi, des polars, en auto-édition seulement, mais j'ai quand même gagné le prix de la bibliothèque de Rumilly (un coin perdu à côté d'Annecy, je ne savais même pas qu'ils z'avaient une bibliothèque dans ce trou.)
— Bravo, dis-je.
— Je vais commander votre livre. Je lis trente pages tous les soirs, sinon je dors pas.
— Moi je dors pas tout court, trente pages ou non.
Bref, la moitié du rendez-vous, on a parlé littérature, polar, Fajardie, Stephen King, puis classique, Camus, Henri Michaux, qu'il affectionne...
À la fin, je lui dis que pour la recherche active d'emploi, bon, faut pas trop non plus compter sur bibi, j'essaie d'écrire.
— Oui, je comprends bien. je vais m'occuper de votre cas et mettre ce qu'il faut en termes de recherches pour que ça cible difficilement, ça vous laissera du temps pour écrire. Continuez, c'est cool des jeunes qui écrivent !
 
Ah, merci Paul Emp'. »

jeudi 8 janvier 2015

Gueule de bois.

J'ai réagi hier à la tuerie qui s'était déroulée à Charlie Hebdo. J'ai aussi contemplé en peu de temps l'instrumentalisation de ce crime à des fins qui ne me concernent pas. La mort de ces gens me concernait, pas la pantalonnade qu'on nous prépare et ses suites répressives.
Ci joint un communiqué de gens qui me sont proches dans les idées :

Nous ne hurlerons pas avec les loups !

publié le : 8 Jan 2015

L’attentat commis à Charlie Hebdo ce mercredi 7 janvier dans la matinée par quelques individus se réclamant de l’Islam ne doit pas nous faire perdre toute raison, malgré l’émotion bien compréhensible de nombre de nos camarades que nous partageons. Si à une époque le milieu libertaire, tout particulièrement notre organisation, a été proche de ces héritiers d’Hara Kiri, leur émanation contemporaine a cessé de nous faire rire depuis longtemps.
Nous n’avons pas choisis et nous ne choisirons pas entre des intégristes et des désinhibiteurs d’un racisme « de gauche ». Nous ne choisirons pas entre des réactionnaires religieux dont nous connaissons bien les pratiques quelle que soit leur secte et un journal véhiculant l’islamophobie sous couvert de lutte en faveur de la laïcité et de la liberté d’expression. Depuis son origine notre organisation combat toutes les religions et leurs émanations intégristes d’où qu’elles viennent. Nous ne tomberons pas dans le piège grossier de l’unité nationale contre « l’ennemi commun ».
Notre solidarité va vers ceux qui vont subir le contrecoup de cet assassinat imbécile et criminel à plus d’un titre. L’hallali a déjà sonné et tout ce qui retient le pouvoir « socialiste » de s’y joindre pleinement c’est la crainte de ne pas être ceux qui en récolteront les fruits aux prochaines élections. Nous voyons déjà fleurir les discours sur la guerre civile, quelques heures à peine après cet attentat.
Nous ne choisissons pas non plus le camp d’une extrême-gauche qui confond dans sa connerie essentialiste et politicienne des réalités aussi diverses que le prolétariat, l’Islam, le racisme, les sans-papiers ou les « jeunes de banlieue », fantasmant sur un soi-disant potentiel révolutionnaire des musulmans.
Cet attentat intervient dans une période de stigmatisation vis à vis des musulmans ou assimilés comme tel. Il faut rappeler que l’islamophobie est un outil du pouvoir visant à diviser notre classe et ses luttes. Elle ne se développe pas en réaction à un soit disant « problème musulman ». Le mouvement anti-Islam allemand « Pegida » qui prend de l’ampleur est ici caractéristique de cette psychose, la population « musulmane » de ce pays représentant moins de cinq pour cent de la population.
C’est pourtant principalement sur ce sentiment d’invasion, « d’islamisation », que l’extrême droite se structure depuis ces dernières années. Nul doute que la tuerie réactionnaire de Charlie Hebdo renforcera ce phénomène et donnera au FN et ses satellites, une plus grande légitimité à prôner le conflit ethnique comme problème de fond, et la préférence nationale comme solution.
Dans cette période troublée, nous anarchistes devons garder la tête froide et maintenir une ligne de démarcation claire entre nous et nos ennemis : intégristes de toutes les chapelles, xénophobes de gauche comme de droite, sexistes de tous horizons, et soi-disant communistes versant dans la réconciliation nationale et l’inter-classisme.
 Le groupe Regard noir – Fédération anarchiste
 J'adhère à cette position.

vendredi 2 janvier 2015

Vache

Vache : Prostituée avachie. — « Les jours de dispute, elle traitait très-bien sa mère de chameau et de vache. » (Zola.) V. Blagueur, Veau.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

jeudi 1 janvier 2015

2015

Pour la nouvelle année, le Tenancier a le plaisir de vous présenter tous ces vieux :


 Allez, bonne année quand même, hein...