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samedi 31 août 2024

Et vous achetez encore ces merdes ?

Un postillonneur de chroniques radiophoniques — quand il ne produit pas du vérisme emmerdant chez des éditeurs paresseux — s’est mis dans la tête de rédiger un « roman » de politique-fiction, genre qu’ici nous avions cru obsolète, tant il a été mis à mal par les showrunners hollywoodiens qui s’y connaissent un tantinet dans le « thrill » politicard. Bé non, ça ne semble pas effleurer l’auteur et l’éditeur, qui a accepté le manuscrit, sans doute friands de récupérer à bon compte une insatisfaction à l’égard de la médiocrité gouvernementale et oppositionnelle. Voici donc une merdouille sans intérêt qui va investir les rayons avec diverses recommandations suscitées ou téléguidées par un attaché de presse. Nous avions croisé ce genre de production lorsque l’on travaillait en librairie de neuf, bon à renvoyer au distributeur passé la première semaine d’engouement de critiques soi-disant littéraires. Pour ce qui concernait la librairie d’occasion, que je connaissais aussi bien, et peut-être mieux, en fin de compte, ces conneries finissaient à la benne.
Puisse le recyclage opérer un saut qualitatif en court-circuitant ces saloperies dès la conception. Pour cela, une seule solution, se passer de la médiocrité de certains rédacteurs, ceux qui lisent et rendent compte et ceux qui écrivent…

mercredi 24 juillet 2024

Le titre khon du jour

«Je ne pourrai jamais plus commander un œuf mayonnaise sans penser à lui» : l’hommage émouvant de Michel Houellebecq à Benoît Duteurtre

Le Figaro, 19 juillet 2024

mercredi 12 juillet 2023

Le Baratin des magiciens

Doit-on s’en réjouir, ou doit-on s’en inquiéter, lors d’une pendaison de crémaillère récente, je conversais avec deux amis, l’une libraire et l’autre bibliothécaire et je constatais leur ignorance complète de l’existence du Matin des magiciens de Pauwels et Bergier.
Le motif de se réjouir se trouverait alors dans le fait que les conneries sexagénaires finissent par s’estomper les bibliothèques contemporaines puisque dans leur carrière ces amis n’ont pas croisé ce livre (ils ont entre 40 et 50 ans). Cela induirait également qu’il n’a pas tant que cela perduré, mais à imprimé sa marque sur quelques générations seulement, ce qui ne serait pas un mal.
En revanche, l’on pourrait s’inquiéter de cette ignorance puisque ce livre est en quelque sorte à l’origine de toutes les élucubrations en cours sans compter quelques révisionnismes historiques qui mènent bien souvent à des opinions douteuses ou fascistes. La méconnaissance de ce passé (le bouquin est paru en 1960) pourrait laisser accroire que les théories fumeuses se parent des attraits de la nouveauté, en résumé que l’on fait du neuf avec du rance à destination des descendants de ces gogos adeptes du « réalisme fantastique ». Bien entendu, le sondage sur deux personnes ne vaut pas une généralité, mais cela intrigue : le souvenir dans le monde du livre est-il devenu si volatile, même concernant une débilité éditoriale ? Que penser de cette perte de mémoire ? De ce côté du clavier, on possède sa petite idée sur le sujet… 
Ou alors, dernière hypothèse : ces deux amis sont des petits veinards qui ont échappé à cela.

mercredi 13 janvier 2021

Vieilles lunes et jeunes cons

Une tendance naturelle voudrait que nous attribuions aux effets de la nouveauté certains travers bien plus anciens. C’est le cas des « Fake News » dont la forme anglomaniaque semble garantir la novation, alors que nous nous trouvons confrontés à une vieille lune de la connerie humaine. En effet, dès l’apparition du papier et de celle de l’imprimerie, une production abondante de littérature de colportage et de canards va se diffuser dans les villages d’Europe. À ce titre d’ailleurs, une historienne comme Elizabeth L. Eiseinstein nous rappelle dans son ouvrage La révolution de l’imprimé, que nous ne devons pas sous-évaluer l’alphabétisation de la population aux xive et xve siècles, au moment de la révolution de l’imprimerie. Canards et almanachs (qui contiennent souvent des nouvelles très exagérées) nous content des événements extraordinaires : apparitions de comètes, prodiges, monstres et contes moraux sont reproduits sur des brochures, voire des placards, dont les illustrations sont souvent des réemplois d’autres documents (Il en va de même avec la production de livres à la même époque, comme le souligne encore Eiseinstein…) La pratique du canard perdure jusqu’au xixe siècle. L’éditeur Pierre Horay a publié en 1969 un recueil in-folio (Canards du siècle passé) pour cette époque. Bien entendu de tels documents originaux sont d’une rareté insigne, car leur fragilité et leur nature éphémère ne garantit pas leur pérennité. 


Feuille imprimée en 1712
(Tiré du livre chez Pierre Horay)

Nous faisions allusion à la terrible connerie humaine au début de ce billet. Atténuons notre jugement au sujet du lectorat ancien, pas encore intégré à notre vision du monde, inspirée de Descartes (*). La pensée magique y règne et ne se révèle pas choquante. De même la pénétration d’idées nouvelles poursuit toujours un cheminement lent, d’autant que le livre reste également un média lent…
La pensée magique perdure dans notre société, ce qui nous pousse de ce côté de l’écran à songer que la faute ne provient pas d’un média trop prompt à fasciner mais bel et bien de l’inculture crasse et de la sottise de nos contemporains. Et de cela, aucune raison et aucun média ne peut y remédier. Le Tenancier est misanthrope aujourd’hui. Il fatigue. On reviendra un jour sur ces publications.
Pour le plaisir de la documentation et par perversité aussi, on se reportera à la page de Gallica pour approfondir ses connaissances sur le sujet.
 
(*) Lisons Descartes et soyons surpris par la « banalité » du raisonnement, pour une simple raison : nous l’avons intégré dans notre système de pensée, ce qui n’est pas le cas de la plupart de ses contemporains.

lundi 4 mai 2020

Fable-express un peu khon

« Ch'sais pas ce que j'ai, aujourd'hui, mais j'ai la tête vide.
— Eh bien comme ça, les zombies te foutront la paix... »
(Désolé...)

mercredi 18 septembre 2019

Le Tenancier au Pays des Soviets

À l’instar du proverbe de Lao-tseu qui commande de rester assis à bord de la rivière en attendant le cadavre de l’offenseur, il nous suffit, à nous, de prendre la même posture pour contempler l'écoulement des filaments putrides d’un certain vieux monde. En son temps, votre Tenancier, peu féru de littérature russe, et encore moins de dissidents (question de goût littéraire, c'est tout...), se laissa aller à bouquiner La tête de Lénine, de Nicola Bokov, dans son édition de chez Laffont. La lecture (1982) en est devenue lointaine, mais il se souvient tout de même du mode ironique du récit, pérégrination d’un type ayant volé la tête de Lénine dans son mausolée. On le répète, votre serviteur peu amateur de samizdats des années 70 goûta toutefois le ton et la concision de l’auteur, sans ressentir pour autant l’envie d’y revenir. Mieux vaut parfois une saveur imparfaite que des fragrances fanées. Faudra-t-il retrouver ce bouquet perdu afin de décrire notre monde actuel qui, à l’instar d’un régime soviétique repu, saccage la nature par son productivisme forcené tandis qu’il interpelle quelques fabricants d’écrevisse géante en carton, sous l’inculpation « d’association de malfaiteurs » ? Faudra-t-il désormais jouer avec la censure politique qui procède à l’inspection de la littérature « séditieuse » — déjà expérimentée du temps de l’affaire de Tarnac — et fait incarcérer trois jeunes Allemands de passage qui en sont les détenteurs ? Faudra-t-il bientôt rendre notre écriture transparente, de crainte de voir débouler les auxiliaires en uniforme d’une oligarchie (peu importe sa couleur) afin d’inventorier nos bibliothèques ? Faudra-t-il décrocher des portraits et partir avec sous le bras, à l’instar de la tête de Lénine, réécrire le roman de Bokov avec ce qui se passe sous nos yeux ?
Craignons que le sens de l’histoire ne s’inverse et que la farce tourne au drame. Pour l’humour et la dérision, l’on doit jouer à deux, et l’adversaire est un irréfragable con.

mardi 17 juin 2014

Spinoza et la connerie

« Spinoza soutient que le Mal n’est rien, pure négation, comme l’Erreur, du moins sous le regard de Dieu. Il ne parle pas de la connerie, je le regrette, sinon sous une forme diluée. Tout Spinoza qu’il fut, il passa à côté de ce problème capital. Une lecture approfondie de l’Éthique montrerait que cette œuvre-miroir recèle un angle mort, un point aveugle. Où est le point de vue du con ? Où le regard qui ne se voit pas lui-même et ne se voit pas se voir ? La Substance, cette grosse baudruche. Il faudrait reprendre ça. Je ne me porte pas candidat. »
 
Georges Picard : De la Connerie (José Corti, 1994)