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Moi que le mois passé, distançait la tortue
Aujourd'hui je détiens les plus âpres records
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Et ferme sur ma selle, ainsi qu'une statue —
De Mayeux — ma bécane et moi n'avons qu'un
Par quelle miracle ou par quelle sévère études corps.
Poursuivie ardemment — même en rêve — ai-je pu.
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Domptant à tout jamais ma coquette habitude
De me flanquer par terre, être à la fin repu
De gloire triomphale à vélo ? C'est la chose,
Mesdames et Messieurs, que je viens vous crier.
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Vous allez tout savoir comment, sans ecchymose
Je chevauche à présent garni de pneus, l'acier !
Un jour je vis un chien — l'épargne de la fourrière —
Qui grattait follement l'asphalte d'un trottoir,
Avec des mouvements de pattes en arrière !
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« Ciel, me dis-je, Euréka ! » Soyons ça dès ce soir
Et le soir, oubliant que plus que la vaisselle,
L'homme est fragile, hélas. Avec un gai fredon,
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J'enfourchai hardiment l'as de cœur de ma selle,
L'orteil à la pédale et la paume au guidon.
Admirable départ ! J'entrai dans la carrière
Bien avant nos ainés.
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... Courbé sur mon vélo,
Sans jamais rien voir et de mes pieds de derrière,
Grattant, grattant, grattant ! Quel ravissant tableau !
Je filai d'un train à déconcerter la brise
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Et tels des voyageurs mordus par un cobra,
Les passants s'arrêtaient figés dans leur surprise,
Ma bécane, étonnée, un instant se cabra :
Mais son maître était né ! Volcan rempli de lave !
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Et sous mes durs mollets — charmants dans leurs tricots —
Elle plia, vaincue en silence, l'esclave,
Et le bravo public enroua les échos.
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C'est ainsi que, parti de mon illustre rue
Arsène-Houssaye six, je suis allé jusqu'à
Belfort, Saint-Petersbourg, bornant toujours ma vue
Aux boudins de mes pneus... et jusqu'à Kamstchatka.
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J'eusse atterri sans voir une fois, une seule,
Le Zénith !! À quoi bon, chevalier du jarret !
Ne rien voir et tourner, tourner toujours la meule,
Le voilà le fin mot de notre beau secret.
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Je vous livre le truc. Ah ! de toute mon âme,
Mesdames et Messieurs ! Usez-en dès ce soir.
Mais il faut le Rayon ! et le Muscle ! et la Flamme !!!
Avec mon coup du chien qui gratte le trottoir.
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Récité et mimé par Coquelin Cadet, de la Comédie Française
Poésie de M. Ernest d'Hervilly
Photographhies de M. da Cunha
La Vie au Grand Air
n° 42 — 2 juillet 1899