Un
jour, un livre vous a permis d’accéder à l’âge adulte,
qui ne se compte pas en nombre d’années, mais dans l’intelligence des
mots et
des sentiments. Tant mieux s’ils ont été plusieurs et variés, des voix
multiples forment la raison.
Floréal, dont on aurait raison de
suivre ses propos
de blog,
a eu l’excellente idée de cette évocation. Il invente et inaugure ici
une
rubrique…
Quand on
est né dans une famille dont la mère, sans emploi, a déjà de quoi
s’occuper grandement avec trois enfants sur les bras à l’âge de 24 ans,
un père réfugié politique baragouinant son français « comme une vache
espagnole » dans notre deux-pièces de banlieue et sur les chantiers où
il exerce son métier de maçon, grandes sont les possibilités qu’il n’y
ait pas de livres à la maison. Ce fut le cas. Quand, de plus, à l’âge
de l’adolescence, on n’est pas franchement à l’aise dans sa famille, à
l’école et ailleurs, à part les copains il n’y a guère de possibilités
d’évasion.
Heureusement, en une époque où n’existaient pas les réseaux sociaux
pour perdre son temps dans des conneries, il y avait le Livre de poche,
extraordinaire création pour qui avait peu de moyens, le goût de la
lecture et de la tranquillité solitaire.
« Les livres de poche sont-ils de vrais livres ? », se demandait le
bourgeois Jean-Paul Sartre. Pour ma part, je serais presque tenté de
dire aujourd’hui qu’avec les chansons de Brassens ces petits bouquins
m’ont sauvé la vie. J’emmerde Sartre !
Floréal