Le
marché de la culture (et de la sous-culture) a
massivement offert au public, pendant cette période [des années 20 aux
années
50 où triomphe la contre-révolution] la représentation de tout ce dont
les gens
étaient privés pratiquement (l’amour, la liberté, etc.). Justement
parce qu’elle
était victorieuse partout, la contre-révolution pouvait offrir impunément sur le marché cet ensemble de
représentations. À présent que le gens ont recommencé de vouloir
posséder
réellement ce dont ils ne possédaient que le rêve, le Capital, pour se
défendre, ne diffuse plus que des représentations plaisantes, mais
principalement des lamentations réformistes, angoissées, sur la douleur
d’être
homme, femme, enfant, nègre, pédé, veau, vache, cochon, couvée, etc. Je
n’aime pas
ces productions en général. Jean-Patrick Manchette Propos recueillis par Michèle Costa Magna (À suivre) n°22, novembre 1979, repris dans Derrière les lignes ennemies, entretiens 1973-1993 (2023) |
mardi 21 janvier 2025
Veau, vache, cochon, couvée
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Manchette était tout sauf un optimiste. C'est donc bien au "À présent que le gens ont recommencé de vouloir posséder réellement ce dont ils ne possédaient que le rêve " qu'on constate à nouveau à quel point on a changé d'époque. Parce que dans le genre époque qui VEND du rêve, elle se pose un peu là, la nôtre.
RépondreSupprimerCe sont les représentations plaisantes dont il parle justement, l'époque n'a pas tant changé, et lorsque l'on parle de "lamentations réformiste", il suffit de regarder la production éditoriale actuelle. J'ai bien l'impression, quant à moi, que nous sommes en plein dedans...
SupprimerCôté représentations, ça aurait même tendance à empirer, c'est certain.
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