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samedi 14 octobre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Diable, aurais-je l’intention de doubler, voire de tripler ma bibliothèque simenonienne en prenant ces quatre bouquins dans la boîte à livre et en les joignant à l’héritage maternel? La pêche reste pourtant simple, qui va peut-être s’ajouter aux cartonnages sous jaquette des romans de Simenon aux Presses de La Cité, que ma mère allait acheter, en faisant un crochet chez un bouquiniste au retour du marché des Lices, à Rennes. À détour plus modeste, résultat en rapport. On se contentera de ces merles au format poche. On l’a constaté déjà, Simenon n’est pas rare dans ce genre de gisement et pas le pire, à côté de conneries, comme les livres de Slaughter ou des trucs que notre dissonance cognitive se refuse à identifier comme des livres. Simenon convient bien à la Vie de Province et même à l’ambiance de sous-préfecture où je réside. Rentrer du marché avec de quoi faire un bœuf bourguignon et des bouquins de Simenon dans le cabas, c’est décider de se mettre au diapason. Cela revient à se plier également à un certain art de vivre et à une certaine façon de manger. La cuisine de ma mère me manque, sa bibliothèque me la rappelle…
Tiens donc! Je n’avais pas ce Mac Orlan! J’étais pourtant convaincu de le posséder dans une édition correcte… Il est vrai qu’à force de l’avoir croisé lorsque j’étais libraire, je me suis persuadé qu’il était à m’attendre parmi les autres livres de l’auteur, derrière moi, là, au moment où je vous écris. Bien, comme les Simenon, l’exemplaire est modeste, mais sympathique, comme le sont les bouquins de la collection Le Livre de Poche dans leur ancienne édition. En effet, la typo moins pâlotte rend leur lecture agréable. Celui-là comporte des rousseurs, pas rédhibitoires, toutefois. Je possède quelques bons exemplaires de livres de Mac Orlan, sans prétendre à la bibliophilie — parce que je n’en ai pas les moyens. Je vais tout de même tenter d’améliorer cette prise un de ces jours.
Bon sang, il me reste si peu de temps (je vais bien, rassurez-vous, mais la vie est trop courte)...

 

J’ai connu l’auteur dans mon enfance, par une de mes sœurs, qui en était l’amie. J’étais curieux d’apprendre les détails de l’épisode de son bref emprisonnement en raison de son implication avec Action Directe, de cet étrange manque de lucidité au nom d’un romantisme révolutionnaire qui a semblé traverser une certaine génération. Aussitôt acheté, aussitôt lu : je mesure l’effort consenti à ce retour de mémoire. Il est moins question de dialectique et de praxis que d’amitié trahie et d’emprise. Cela nous est tous arrivé, certes, mais cela ne nous a pas tous conduits à l’isolement en Préventive. Du reste, c’est-à-dire de la lucidité politique qui le fait mêler Makhno et Marx, jusqu’aux «bonnes œuvres» de la mitterrandie, on s’abstiendra de se prononcer. On a bien fréquenté de ce côté-ci du clavier des gens de gôche (Mitterrand, Lang, toussa) — dont une que j’avais sous les yeux — à Radio libertaire… Au moins, pour ce qui concerne Dan Franck, il semble en accord avec lui-même et n’a sans doute impliqué que lui par son obstination à respecter son éthique. Je n’avais pas lu de ses livres depuis longtemps. Celui-ci m’a renvoyé au temps où ma sœur — qui n’y est pas citée, comme dans certains de ses romans — était encore vivante.

 

Dites-donc, cette rubrique vire à la nostalgie…

Georges Simenon : Le haut mal — Arthème Fayard, 1955
Georges Simenon : Les 4 jours du pauvre homme — Presses de La Cité, 1954
Georges Simenon : Strip-tease — Presses de La Cité — 1986
Georges Simenon : Le coup de Lune — Presses Pocket — 1976
Pierre Mac Orlan : À bord de l'Étoile matutine — Le Livre de Poche, 1962
Dan Franck : L'arrestation — Grasset, 2023