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(lorsqu’il préface La Fontaine ou Mallarmé), expédie lui aussi ces
premières
œuvres en trois phrases : Je n’oublie pas, Monsieur, que vous n’avez pas commencé d’être des nôtres avec ce gros livre [Les Nuits d’Afrique] : de minuscules plaquettes l’avaient précédé, qui devraient bien, un jour, être rééditées. Vous vous y montriez, en vers et en prose, l’un de nos premiers symbolistes, un peu moins connu, mais un peu plus précoce, un peu plus tourmenté, un peu plus visionnaire que les autres. Ainsi, avant de vivre vos mille et une nuits d’Afrique, vous vous étiez payé le luxe d’une brève « nuit de l’enfer » et celui qui devait emprunter tant de voiliers et de cargos dans monde s’y rêvait joliment « bateau ivre »… […] |
Cette première page du livre de
Dominique Noguez pose d’emblée l’enjeu du livre. Rimbaud ne meurt pas dans les
circonstances que l’on connaît mais se survit à lui-même, rédige un roman
remarquable, Les Nuits d’Afrique, lui
valant l’amitié de Breton. Celui-ci l’excommunie — bien entendu — quelques
temps plus tard, lorsque Rimbaud prend la défense de Claudel dont il épouse la
sœur… Alors, Rimbaud deviendrait-il l’impensable, un poète chrétien, sanctifié
par l’Académie ? Le jeu de Noguez est plus subtil et dépasse le cadre habituel
de l’uchronie, qui emprunte habituellement des voies plus ludiques. Ici il nous
mène à un essai littéraire démontant le mécanisme de l’évolution du «
Grantécivain » (autre titre de Noguez). Curieusement (ou pas, selon votre
chapelle), le cheminement de Noguez reprend quelques jalons posés par Enid
Starkie, fort empreint de l’idée d’un Rimbaud chrétien. Pourquoi pas, si l’on
considère l’évolution de nombre d’écrivains de sa génération ou de celles
d’après dans des voies parfois plus tortueuses. Une véritable curiosité
littéraire, en tout cas, sur des traverses inaccoutumées.