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mardi 12 mai 2020

Lecture du Tenancier

Rien de récent (ou si peu), et comme ça lui chante.



« Je me souviens de votre visage si désolé quelques heures avant votre mort. Vingt-cinq ans après, vos larmes me révoltent encore. Vous étiez épuisé d’avoir espéré trop longtemps quelque chose qui ne vous sera jamais arrivé. Une vraie reconnaissance. Il se trouve que vous me l’avez dit dans ce bistrot de la place Desnouettes. Vous répétiez “Je suis foutu, je suis foutu…” J’avais en face de moi un homme éperdu de solitude et d’angoisse. Je suis la dernière personne à qui vous avez parlé. Puis ce fut le moment de se séparer. J’avais des enfants à coucher, un travail d’ouvreuse à prendre vers huit heures du soir. Vous aviez du mal à me quitter »