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samedi 29 novembre 2025

Restons couchés

Il en parlait plus tôt ce midi : ces derniers matins, le Tenancier retourne à une volupté ancienne qui consiste à ne plus se lever et à rester dans le lit à bouquiner, même s’il se trouve à jeun, les bras refroidis hors de la couette parce qu’il faut bien tenir le bouquin et tourner les pages. Bref, l’on retourne à la paresse et à un certain délice qui désire ne plus se presser, commencer la journée en douceur et même envie de repiquer dans le sommeil, ce qui est également arrivé, mais non sans avoir terminé le chapitre, car rien n’est plus irritant à nos yeux que d’interrompre le rythme d’une lecture. Dans ces conditions, impossible de replonger. L’on raconte ceci histoire de dire merde à ceux qui voudraient nous faire obéir. La résistance commence par le plumard, aussi dangereux d’ailleurs que de s’engager dans l’armée puisqu’on y meurt également souvent… Quelques fois, le Tenancier ne lit pas, il rêvasse et cela aboutit parfois à des récits à écrire. Le monde se porterait mieux si on restait quelques heures de plus au chaud, des bouquins à portée de main et p’têt ben des hauts à manches longues pour ne pas se refroidir les avant-bras.

lundi 11 mai 2015

« Soudain, une immense carrière rouge... »

« Soudain, une immense carrière rouge. Vu d’en haut, c’est un cratère au fond duquel gît, dans une eau rougeâtre, une excavatrice inutile, qui rouille. A côté, rouillant, un camion. Personne, pas âme qui vive, silence oppressant. Mais, chose étrange, au milieu de tout cela brûle un feu, allumé au pétrole. Il tremblote, feu fantôme, vent. En bas, dans la plaine orangée, je vois les stries de la pluie et l’annonce de l’effondrement du monde flamboyer dans le ciel. Un chemin de fer court a travers le pays, et traverse les montagnes. Les roues flamboient. Un wagon prend feu. Le train s’arrête, on essaie de l’éteindre, mais on ne peut plus. On décide de poursuivre vite, plus loin. Le train repart, il repart tout droit dans le sombre cosmos. Dans l’obscurité profonde de l’univers flamboient les roues, flamboie un unique wagon. D’incroyables effondrements d’étoiles se produisent, des mondes entiers s’écroulent sur eux-mêmes, à partir d’un point unique. La lumière ne veut plus s’évader, même l’obscurité la plus profonde devrait ici être lumière, et le silence, rugissement. L’univers est rempli de néant, c’est le vide béant le plus noir. des voies lactées s’épaississent en non-étoiles. Une félicité se déploie, et de cette félicité, naît une non-chose. Telle est la situation. Une nuée de mouches et un tourbillon d’insectes ignobles bourdonnent autour de ma tête, si acharnés que, malgré mes grands moulinets de bras, ils me poursuivent encore, assoiffés de sang. […] »