Il en parlait plus tôt ce midi :
ces derniers matins,
le Tenancier retourne à une volupté ancienne qui consiste à ne plus se
lever et
à rester dans le lit à bouquiner, même s’il se trouve à jeun, les bras
refroidis
hors de la couette parce qu’il faut bien tenir le bouquin et tourner
les pages.
Bref, l’on retourne à la paresse et à un certain délice qui désire
ne plus
se presser, commencer la journée en douceur et même envie de repiquer
dans le
sommeil, ce qui est également arrivé, mais non sans avoir terminé le
chapitre,
car rien n’est plus irritant à nos yeux que d’interrompre le rythme
d’une
lecture. Dans ces conditions, impossible de replonger. L’on raconte
ceci
histoire de dire merde à ceux qui voudraient nous faire obéir. La
résistance commence
par le plumard, aussi dangereux d’ailleurs que de s’engager dans
l’armée puisqu’on
y meurt également souvent… Quelques fois, le Tenancier ne lit pas, il
rêvasse
et cela aboutit parfois à des récits à écrire. Le monde se porterait
mieux si
on restait quelques heures de plus au chaud, des bouquins à portée de
main et p’têt
ben des hauts à manches longues pour ne pas se refroidir les avant-bras.
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samedi 29 novembre 2025
lundi 11 mai 2015
« Soudain, une immense carrière rouge... »
« Soudain, une immense carrière rouge. Vu d’en haut,
c’est un cratère au fond duquel gît, dans une eau rougeâtre, une excavatrice
inutile, qui rouille. A côté, rouillant, un camion. Personne, pas âme qui vive,
silence oppressant. Mais, chose étrange, au milieu de tout cela brûle un feu,
allumé au pétrole. Il tremblote, feu fantôme, vent. En bas, dans la plaine
orangée, je vois les stries de la pluie et l’annonce de l’effondrement du monde
flamboyer dans le ciel. Un chemin de fer court a travers le pays, et traverse
les montagnes. Les roues flamboient. Un wagon prend feu. Le train s’arrête, on
essaie de l’éteindre, mais on ne peut plus. On décide de poursuivre vite, plus
loin. Le train repart, il repart tout droit dans le sombre cosmos. Dans
l’obscurité profonde de l’univers flamboient les roues, flamboie un unique
wagon. D’incroyables effondrements d’étoiles se produisent, des mondes entiers
s’écroulent sur eux-mêmes, à partir d’un point unique. La lumière ne veut plus
s’évader, même l’obscurité la plus profonde devrait ici être lumière, et le
silence, rugissement. L’univers est rempli de néant, c’est le vide béant le
plus noir. des voies lactées s’épaississent en non-étoiles. Une félicité se déploie,
et de cette félicité, naît une non-chose. Telle est la situation. Une nuée de
mouches et un tourbillon d’insectes ignobles bourdonnent autour de ma tête, si
acharnés que, malgré mes grands moulinets de bras, ils me poursuivent encore,
assoiffés de sang. […] »
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