« Soudain, une immense carrière rouge. Vu d’en haut,
c’est un cratère au fond duquel gît, dans une eau rougeâtre, une excavatrice
inutile, qui rouille. A côté, rouillant, un camion. Personne, pas âme qui vive,
silence oppressant. Mais, chose étrange, au milieu de tout cela brûle un feu,
allumé au pétrole. Il tremblote, feu fantôme, vent. En bas, dans la plaine
orangée, je vois les stries de la pluie et l’annonce de l’effondrement du monde
flamboyer dans le ciel. Un chemin de fer court a travers le pays, et traverse
les montagnes. Les roues flamboient. Un wagon prend feu. Le train s’arrête, on
essaie de l’éteindre, mais on ne peut plus. On décide de poursuivre vite, plus
loin. Le train repart, il repart tout droit dans le sombre cosmos. Dans
l’obscurité profonde de l’univers flamboient les roues, flamboie un unique
wagon. D’incroyables effondrements d’étoiles se produisent, des mondes entiers
s’écroulent sur eux-mêmes, à partir d’un point unique. La lumière ne veut plus
s’évader, même l’obscurité la plus profonde devrait ici être lumière, et le
silence, rugissement. L’univers est rempli de néant, c’est le vide béant le
plus noir. des voies lactées s’épaississent en non-étoiles. Une félicité se déploie,
et de cette félicité, naît une non-chose. Telle est la situation. Une nuée de
mouches et un tourbillon d’insectes ignobles bourdonnent autour de ma tête, si
acharnés que, malgré mes grands moulinets de bras, ils me poursuivent encore,
assoiffés de sang. […] »
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