[...] « Il accepte de donner à Manuel, non des conseils, mais des indications élémentaires sur la manière dont il faut s’y prendre pour imprimer des livres. La leçon ne dure pas plus d’un quart d’heure. Il débite très vite quelques généralités sur le plomb et l’offset, qualifiant le premier de noble et de tyrannique, le second de cochonnerie de l’avenir. Il montre ses casses, plonge les mains dans les tiroirs et joue avec les caractères : il parle de l’œil et de la graisse. Manuel ne sait pas encore, mais il va apprendre, ce qu’est le plaisir, parfois même le trouble charnel que procure le contact du plomb, son poids, sa douceur, quand il se réchauffe comme un corps vivant et pourtant résistant sous la paume : quand son toucher, insensiblement, devient caresse. FG lui montre des formes, prêtes au tirage, des lignes de linotypie, qu’il a fait composer à façon pour des livres trop importants dont il ne pouvait assurer seul la composition. Manuel ne sait pas encore, mais il va apprendre, ce qu’est une linotype, cette énorme machine à écrire aux touches innombrables larges comme des dominos, cet orgue de l’écriture où le plomb en fusion circule comme l’air dans les tuyaux de l’instrument de musique pour tomber en lignes brûlantes dans un bruit bref et déchirant d’arc électrique. Il ne sait pas encore que le bon linotypiste, comme l’organiste, connaît des moments de maîtrise et de plénitude, une jouissance incommunicable, qui l’élèvent au-dessus du commun et le rendent, pour le reste, fermé, indulgent et souverain. FG lui explique le registre et la mise, le clichage et le galvano, et les différents types de machines, les presses à plat, à cylindre et à retiration, les formats de papier et pourquoi il y a des demi-jésus et des doubles-raisins ; c’est tout juste s’il ne lui récite pas les dangers du saturnisme.
Pour finir, il lui lance un catalogue d’imprimeur, comme il existe des milliers, un de ces cahiers de spécimens et où l’on trouve, répétées à chaque page, dans tous les caractères, les corps et les graisses disponibles, la même phrase insipide et tronquée, ainsi qu’un bref mémento des signes de correction dont, pour la majorité, on ne se sert jamais.
— Avec ce qu’il y a là-dedans, vous en saurez largement assez. Rappelez-vous qu’il n’y a que trois familles de caractères, et pour faire des livres vous n’aurez à en utiliser que deux, les elzévirs et les didots, tout le reste en est plus ou moins dérivé. De toute manière, vous serez bien forcé de prendre les polices que vous trouverez chez votre imprimeur. Il y a peu de caractères vraiment laids, il n’y a que des caractères qui ne vont pas ensemble. Et aussi quelques caractères prétentieux. Rappelez-vous encore que pour les titres, comme pour les affiches, vous aurez à vous défendre de tous les imbéciles que l’on rencontre dans ce métier : ce n’est pas parce que c’est écrit gros que ça se voit.
» Maintenant, vous en savez autant que moi. Tout le reste est affaire de bon sens personnel, d’habitude et, bien entendu, d’étude attentive des devis des imprimeurs. Vous me les montrerez.
Son sourire tourne à la jubilation farceuse. Muni de ses bonnes paroles, comme d’une bénédiction, Manuel, décontenancé, se retrouve une fois de plus dans le froid de la rue déserte. Aucun de ses conseils ne lui sera d’une quelconque utilité pratique. Mais c’est pourtant à cet instant-là que Manuel devient éditeur. Trois mois plus tard, au printemps commençant, il apporte à FG un exemplaire de son premier livre.
— Je croyais, dit FG, que vous vouliez éditer de la poésie. »
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samedi 28 janvier 2017
Un quart d'heure de typographie
dimanche 4 décembre 2016
L'affaire de « la Joie de Lire »
Le document reproduit ci-dessous demeure depuis des années
dans les archives du Tenancier. Anonyme, il ne craint pas de faire état de
menaces physiques à l’encontre de Jean-Edern Hallier. Nonobstant cette
violence, ce tract montre que déjà, à l’époque, certaines personnes
n’étaient pas dupes de ses manœuvres, ce qu’une certaine presse a tendance à
vouloir occulter voire à laisser sous le boisseau à l’heure actuelle. Ce tract
a été publié dans le contexte de la vente de la librairie militante de François
Maspero, « la Joie de Lire » vers 1976.
(On a tenté tant bien que mal de respecter la composition de ce tract imprimé en offset de bureau).
(On a tenté tant bien que mal de respecter la composition de ce tract imprimé en offset de bureau).
La librairie la Joie de Lire
Du combat à l’imposture La grande librairie de combat du Quartier Latin « la Joie de lire » a été fondée en 1956 par François MASPERO, éditeur révolutionnaire qui a bien failli y laisser sa peau. Aussitôt l’électricité est passée entre ce centre de culture devenu forum et la jeunesse du quartier. Par ses vitrines, ses revues, ses libelles, ses tracts, elle est devenue la grande sœur nourricière et conseillère de plusieurs générations d’étudiants, notamment des pays du tiers monde. Les fascistes ont essayé à maintes reprises de la démolir, en vain. En 1976, pour des raisons diverses où chacun de nous porte une part de responsabilité, « la Joie de lire » a dû être vendue, mise aux enchères. Des escrocs, car nous sommes à l’ère des escrocs, s’en sont emparé. En tête l’imposteur N° un de mai 1968, Jean-Edern HALLIER.QUI EST HALLIER ? Un quadragénaire, fils de général, célèbre dans les salons littéraires pour sa paranoïa roublarde. Cet homme de lettres qui essaie de cacher son esprit sordide dans une prose enveloppée, a commencé comme militant d’extrême-droite, avant de trouver sa voie : l’imposture. Son imposture consiste à camoufler le culte délirant de sa personnalité derrière le masque du gauchisme. Ce châtelain, cet aristocrate inscrit dans le Bottin Mondain, cet ex-mari d’une riche fille de maître de forges italien, n’hésite pas à intituler et sous-titrer ses livres : la Cause des peuples ! Ce claqueur de fric dans les brasseries célèbres qui refusent désormais ses ardoises, lance avec l’argent d’une riche héritière protestante un journal que Sartre et Simone de Beauvoir dénoncent (le Monde du 15 mai 1971) comme une tentative de « néo-professionnalisme qui utilise le mouvement révolutionnaire comme valeur marchande. »Comme HALLIER se prend, en plus d’un grand écrivain, pour un homme d’affaires de génie (il le répète sans pudeur), il fonde une maison d’édition, mais comme toujours, avec l’argent des autres, en payant ses fournisseurs avec des traites-fantômes. Récemment, il vient de se faire virer de la présidence par son conseil d’administration et il est barré dans toutes les banques. Il ne peut plus émettre de chèques. En 1975, après avoir servilement sollicité le prix Goncourt, il part en guerre contre l’académie des Dix. Il offre de l’argent à des jeunes pour lancer des cocktails Molotov et couvrir les murs de graffiti. Il s’associe à Jack THIEULOY, écrivain authentique, lui, et prolétaire, qui, auteur d’un tract brûlant contre les éditeurs-escrocs, se retrouve en prison. Alors HALLIER entre en scène à la radio, à la TV : il récupère l’événement, décerne un prix « l’antigoncourt » à THIEULOY et lui fait remettre publiquement un chèque de cinq millions d’anciens francs. Ce chèque s’avère sans provisions. THIEULOY, volé, porte plainte. IMPOSTURE ET ESCROQUERIE QUI SONT BIEN DANS LA NATURE DE HALLIER ! Cet homme qui a fondé ses éditions en dénonçant publiquement les escroqueries des grands éditeurs, de Gallimard entre autres, se révèle un négrier. Non seulement il ne paie pas ses collaborateurs et ses auteurs, mais encore il veut les faire travailler à l’imprimerie, à la promotion de leurs livres, et maintenant comme libraires à « la Joie de Lire ».« CET HOMME EST DANGEREUX EN TOUS POINTS » a dit Sartre qui le connaît bien. Est-il besoin de rappeler le détournement de l’argent récolté en Europe pour les émigrés du Chili, à la suite d’une tentative de mainmise sur une agence de presse démocratique ? De même, cet homme qui a déclaré vouloir devenir le maître à penser, après Sartre de sa génération, avait voulu s’emparer du journal « Libération ». ce journal l’ayant traité de voleur, d’imposteur, HALLIER fit mine de lui faire un procès, mais au dernier moment, il se dégonfla et ne se présenta pas au tribunal. L’avocat de LIBÉ était Me Henri LECLERC, ex (et pour cause !) ami et défenseur de HALLIER ! Bien entendu, HALLIER ne paie pas plus ses avocats que ses auteurs ou ses libraires. Il estime que la notoriété de son nom est un paiement suffisant… HALLIER aurait voulu que THIEULOY, son écrivain-« vedette » reste en prison, il l’a dit. Et pour ce, il le délaisse, il le calomnie, lui fait une réputation de pyromane (Daniel GUÉRIN est témoin) et il refuse d’avancer la caution de sa liberté provisoire. Et quand THIEULOY sort de prison, HALLIER prend peur… Voilà HALLIER : si cet homme dangereux ne bénéficiait pas de certaines protections, il serait déjà en prison. Ses ennemis irréductibles sont innombrables. Il reçoit chaque jour des menaces téléphoniques et de purs militants (on lui a déjà cassé la gueule) ont juré de prendre leur revanche. C’est ce mythomane, escroc et imposteur rusé, qui prétend maintenant dans son état-majour de « la Joie de Lire » représenter les esprits du Quartier-Latin.« La Joie de Lire » appartient à la jeunesse progressiste du Quartier-Latin. Nous débusquerons l’imposteur HALLIER. LA JOIE DE LIRE APPARTIENT À UN VOLEUR.FORMONS DES PIQUETS DE SURVEILLANCE. Soyons en permanence présents et vigilants rue saint-Séverin. A cette seule condition, le renard enfumé sortira de sa tanière. Démasqué. DÉNONÇONS-LE DANS SA LIBRAIRIE MÊME… Des Amis de « la Joie de Lire » |
En complément, on trouvera ici l’extrait d’un entretien avec
François Maspero en 1976 pour le Nouvel Observateur, peu de temps après la
cession de « la Joie de Lire » et qui donne une extension aux furieuses
déclarations du tract, avec un fond cruel de lucidité :
[…] Le 8 octobre 1974, j’ai annoncé au personnel que je projetais de vendre la librairie à Claude Nedjar, dans des conditions qui préserveraient l’emploi. Claude Nedjar, producteur, propriétaire de « la Pagode », souhaitait rassembler plusieurs activités audiovisuelles : films, livres, disques (les disques de Pierre Barouh). La cession a eu lieu en décembre. Sur plus de quarante personnes, pas une seule, pendant ce délai de deux mois ne m’a dit : « Attention, tu fais peut-être une connerie !... » Il y avait à l’époque quatre délégués du personnel, quatre membres du comité d’entreprise, des délégués, une section syndicale ; l’ouverture des livres de comptes était totale…
Les difficultés financières angoissaient tout le monde. Mon absence, ma maladie avaient été ressenties comme une trahison. Dans une atmosphère différente, l’expérience l’a montré, j’aurais pu trouver des ressources pour apurer la situation financière et repartir. Oui mais voilà, il fallait repartir. La crise était profonde. « La Joie de Lire » était devenue un lieu de spectacle où chacun venait représenter ses phantasmes. Visiteurs — clients ou voleurs —, travailleurs, tous étaient comme intoxiqués par un psychodrame permanent qui créait une tension difficile à vivre… Tout cela, il était possible de le redresser ; mais avec un regard neuf, une attitude nouvelle, en prenant de la distance. C’est pour ça que je pensais que l’arrivée de Claude Nedjar pouvait être positive.
L’accord avec Claude Nedjar prévoyait davantage une collaboration qu’une vente. Il apportait des capitaux, réorganisait la gestion économique et me laissait un contrôle professionnel et politique. Le jour de la signature de l’acte, en décembre 1974, il est venu avec un « associé » imprévu, un certain Bernard Lallement, qui s’est révélé être le véritable bailleur de fonds, auréolé d’un passé de gestionnaire à « Libération ». Mais alors quel gestionnaire ! Toujours est-il que de ma présence et de mon travail à « la Joie de Lire », il n’a plus été question.
Il faut bien comprendre que j’avais vendu la librairie nette de tout passif. Le prix de vente suffisait à régler ce qui restait dû aux fournisseurs eu jour de la cession, y compris le stock de livres. Bref, Lallement n’a jamais payé le prix de vente. Il a fait traîner les actes, n’a pas honoré ses traites. Je le répète, c’est tout simple : il n’a pas payé. Là où ça a mal tourné, c’est quand il s’est mis à ne pas payer non plus les relevés des éditeurs à qui il achetait des livres. En juillet, nous l’attaquions devant le tribunal de commerce. De son côté, le personnel de la librairie, d’abord rassuré (« tous les patrons se valent ») s’est mis en grève. Un administrateur judiciaire a été nommé. Au début de 1976, « la Joie de Lire » était liquidée. Les locaux et les livres ont été vendus en juillet, aux enchères. M. Jean-Edern Hallier s’est présenté pour les racheter. Accompagné de qui, bras dessus, bras dessous ? De M. Bernard Lallement !...
Ainsi, Jean-Edern Hallier achète aux enchères, très légalement, à bas prix, des librairies qui n’ont pas été payées, contenant des livres non payés à leurs éditeurs, et après que tous les travailleurs ont été licenciés. Et savez-vous ce qu’il dit dans la presse, M. Hallier ? « Je me considère comme l’héritier moral de “ la Joie de Lire ”. » Moral, bien sûr. C’est une sage précaution d’ajouter cet adjectif. Mais c’est encore trop, car la morale dans cette histoire… Si M. Hallier est l’héritier de quelque chose, c’est d’une escroquerie. Quant à la librairie Maspero, elle existe toujours, et il y en a qu’une : elle se trouve à mon adresse, 1, place Paul-Painlevé. Bien entendu, nous continuons, de même que les éditeurs lésés dans cette affaire, à poursuivre Claude Nedjar et Bernard Lallement. »
Cette longue citation est extraite des archives du Nouvel observateur et se poursuit sur
deux pages que vous trouverez ici et
là.
Au terme de ces deux citations fort sévères pour les protagonistes, on est en droit de se demander à qui peut bien « profiter le crime ». S’il ne fait pas de doute que la librairie « la Joie de Lire » ait été victime d’une certaine impéritie et de larcins répétés de « camarades » conscientisés, François Maspero a précisé que la situation n’était pas aussi désespérée qu’il y paraissait. Par la suite, il avouera sa lassitude, cette même lassitude qui allait décider la passation de sa maison d’édition à d’autres mains… ce qui rend cette cession plus compréhensible.
En revanche les autres acteurs de la braderie de la librairie présentent un curieux point commun qui, sans nous inciter à élaborer une stupide théorie du complot, donne un caractère d’aubaine à toute l’opération. Hallier, Nedjar (sans doute dans une moindre mesure) et Lallement étaient des satellites de la mitterrandie. On connaît la relation passionnelle, pour le moins, qui lia Hallier à Mitterrand. On sait l’activité militante d’un Nedjar qui le rendait proche de ces milieux et enfin le fait que Bernard Lallement se retrouva dans le staff électoral du futur élu de mai 81. On émet la possibilité que cette opération fût effectuée avec l’aval du milieu, sinon du maître. L’extrême-gauche encore puissante au milieu des années 70 embarrasse les calculs électoraux de la gauche réformiste. L’élimination d’un foyer officiel de contestation n’était pas pour déplaire à un Mitterrand qui allait par la suite continuer sa stratégie avec une gauche de moins en moins radicale jusque vers les communistes, pratiquement réduits désormais au rôle de supplétifs, comme il vient d’être fait, du reste, avec les écologistes. Accuserait-on les socialistes de l’époque de complicité d’escroquerie ? C’est aller trop loin sur la base d’une présomption. À tout le moins peut-on supposer un laisser-faire qui arrangeait tout le monde, politiquement… ou bien « mégalomaniaquement » pour ce qui concerne Hallier. Pourquoi pas la droite, me dira-t-on ? Celle-ci a toujours besoin d’un ennemi intérieur. C’était à l’époque le « gauchiste ». Cela n’a pas changé jusqu’à Tarnac. Le repoussoir est utile à ceux-là et est intégré dans le système politique qui utilise les extrêmes des bords opposés pour canaliser les velléités autonomes. La fable est tenace parce qu'elle démontre son efficacité depuis des lustres, elle enferme la population dans le paradigme du marchandage électoral. En fait, la violence du tract qui ouvre ce billet, si elle est bien datée dans son style, demeure un document intéressant. Tout cela dévoile ironiquement d’où partait l’apparente pureté d’un soi-disant changement de régime au début des années 80. Plus de cinq auparavant, le fric et les hâbleurs étaient déjà en place pour le grand cirque. Le mensonge continue.
Au terme de ces deux citations fort sévères pour les protagonistes, on est en droit de se demander à qui peut bien « profiter le crime ». S’il ne fait pas de doute que la librairie « la Joie de Lire » ait été victime d’une certaine impéritie et de larcins répétés de « camarades » conscientisés, François Maspero a précisé que la situation n’était pas aussi désespérée qu’il y paraissait. Par la suite, il avouera sa lassitude, cette même lassitude qui allait décider la passation de sa maison d’édition à d’autres mains… ce qui rend cette cession plus compréhensible.
En revanche les autres acteurs de la braderie de la librairie présentent un curieux point commun qui, sans nous inciter à élaborer une stupide théorie du complot, donne un caractère d’aubaine à toute l’opération. Hallier, Nedjar (sans doute dans une moindre mesure) et Lallement étaient des satellites de la mitterrandie. On connaît la relation passionnelle, pour le moins, qui lia Hallier à Mitterrand. On sait l’activité militante d’un Nedjar qui le rendait proche de ces milieux et enfin le fait que Bernard Lallement se retrouva dans le staff électoral du futur élu de mai 81. On émet la possibilité que cette opération fût effectuée avec l’aval du milieu, sinon du maître. L’extrême-gauche encore puissante au milieu des années 70 embarrasse les calculs électoraux de la gauche réformiste. L’élimination d’un foyer officiel de contestation n’était pas pour déplaire à un Mitterrand qui allait par la suite continuer sa stratégie avec une gauche de moins en moins radicale jusque vers les communistes, pratiquement réduits désormais au rôle de supplétifs, comme il vient d’être fait, du reste, avec les écologistes. Accuserait-on les socialistes de l’époque de complicité d’escroquerie ? C’est aller trop loin sur la base d’une présomption. À tout le moins peut-on supposer un laisser-faire qui arrangeait tout le monde, politiquement… ou bien « mégalomaniaquement » pour ce qui concerne Hallier. Pourquoi pas la droite, me dira-t-on ? Celle-ci a toujours besoin d’un ennemi intérieur. C’était à l’époque le « gauchiste ». Cela n’a pas changé jusqu’à Tarnac. Le repoussoir est utile à ceux-là et est intégré dans le système politique qui utilise les extrêmes des bords opposés pour canaliser les velléités autonomes. La fable est tenace parce qu'elle démontre son efficacité depuis des lustres, elle enferme la population dans le paradigme du marchandage électoral. En fait, la violence du tract qui ouvre ce billet, si elle est bien datée dans son style, demeure un document intéressant. Tout cela dévoile ironiquement d’où partait l’apparente pureté d’un soi-disant changement de régime au début des années 80. Plus de cinq auparavant, le fric et les hâbleurs étaient déjà en place pour le grand cirque. Le mensonge continue.
samedi 16 juillet 2016
mardi 14 avril 2015
François Maspero, encore.
François Maspero par Chris Marker
(On peut se rendre également
sur Youtube
pour pêcher d'autres de ses productions...)
On ne pouvait décidément expédier la
disparition de François Maspero par un hommage en passant. On peut
certes ne pas partager toutes ses idées — mais si vous n'en partagez
aucune, on se demande bien ce que vous foutez ici... —, on appréciera
néanmoins la justesse des remarques de l'éditeur et du libraire. On
notera également que Maspero fut un écrivain appréciable, aussi bien
dans l'évocation d'une traversée au long-cours (Les Passagers du Roissy-Express)
que dans celle d'une remembrance qui ne lui appartenait pas totalement (Le Figuier).
Là où le militant a toujours semblé en accord avec ses actes,
l'écrivain s'amusait à brouiller les pistes. On rouvrira un bouquin de
la PCM (Petite Collection Maspero) et on veillera à goûter de nouveau
les bruits et les fureurs dont beaucoup ne sont pas si obsolètes...
lundi 13 avril 2015
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