jeudi 25 avril 2024

Une historiette de Béatrice

Il entre.
Les mains dans les poches, auréolé de son (très) entêtant parfum et le chemisier cintré ouvert à la BHL, il mâche son chewing-gum à s'en déboîter les mandibules. Il s'arrête à un mètre de la porte, regarde les rayonnages en faisant pivoter sa tête : malgré son mâchouillage compulsif, il m'évoque immédiatement un coq.
Il fait demi-tour et s'en va.

mardi 23 avril 2024

Nocturne

« C'est l'heure de la fermeture, vous n'êtes pas obligés 
de rentrer chez vous, mais vous ne pouvez pas lire ici."
(Tom Gauld)

mercredi 3 avril 2024

L'escalier


Pour la quatrième fois depuis 2013, votre Tenancier figure au sommaire du Visage Vert. Les autres nouvelles concernaient le Fleuve, son univers de prédilection. Celle-ci fait exception et aborde un autre registre. Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, Céline Brun-Picard a illustré cette histoire de concierge un peu spéciale...

mardi 2 avril 2024

lundi 11 mars 2024

Pause

Votre Tenancier chéri est de nouveau accaparé pour par des choses importantes.
D'ailleurs, vous en aurez des nouvelles assez rapidement.
De retour dans quelques jours...

samedi 9 mars 2024

Faune


Faune
de Alice Savoie, une commande publique d'un caractère typographique
(À regarder « plein écran »)


« Le caractère typographique Faune dessiné par Alice Savoie a été lancé en janvier 2018 au ministère de la Culture. Il résulte d’une commande du Centre national des arts plastiques en partenariat avec l’Imprimerie nationale. Un appel à candidature a été publié fin 2017 pour lequel une trentaine de dossiers ont été reçus. Trois ont été sélectionnés afin de proposer un projet de caractère typographique qui s’inspirait des savoir-faire et du patrimoine de l’atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale. Le projet d’Alice Savoie a été choisi par un jury de professionnels pour la qualité de sa proposition et pour sa cohérence globale. Le design du caractère typographique Faune s’inspire de deux ouvrages majeurs consultés lors de la visite de l’Atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale, de ses riches collections d’ouvrages et de son cabinet des poinçons : l’Histoire naturelle de Buffon et la Description de l'Égypte, commandés par l’Empereur Napoléon 1er. L’attention d’Alice Savoie s’est portée sur les reptiles, les oiseaux et les mammifères, trois classes d’animaux aux morphologies contrastées qui lui ont inspiré les formes typographiques du Faune. Ainsi, la vipère fine et sinueuse a inspiré le dessin d’une version très fine, le bélier trapu a dicté les formes du gras, tandis que l’ibis noir a fait naître le dessin très singulier de l’italique. Ces trois versions de titrage ont ensuite, grâce aux outils numériques été complétées par trois versions intermédiaires adaptées à la composition de textes. En résulte une famille de caractère hybride, inventive et singulière qui s’inscrit dans les usages les plus contemporains. Pour compléter ce projet résolument inspiré du règne animal et lui donner une dimension ludique l’illustratrice Marine Rivoal a dessiné avec la technique de la calligraphie, un bestiaire contemporain. Le caractère Faune, accompagné de toutes ses études préparatoires, croquis, dessins, maquettes et fichiers numériques a rejoint la collection du Cnap. Cet ensemble passionnant décrit pas à pas le processus qui a été celui d’Alice Savoie pour imaginer cette famille typographique. »
En téléchargement sur :
https://www.cnap.fr/sites/faune/
(Notice sur la chaîne Youtube)

jeudi 7 mars 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 32


Philippe Curval

La vie est courte,
la nature hostile,
et l'homme ridicule

Angers — Éditions Deleatur, 1998
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 32 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1998 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques baigneurs prudents



Le Tenancier : Nous avons en commun d’avoir publié Philippe Curval, ce qui n’étonne guère lorsque l’on considère son affection pour les petites publications (Il a même produit de ses propres nouvelles et sa bibliographie en plaquettes, j’en possède quelque part).
On oublie aussi volontiers qu’il s’adonnait au collage comme ici. On en retrouve dans les anciens numéros de Fiction et, bien sûr, sur la couverture du Petit Silence illustré.
Enfin, ce récit d’un homme sur une plage rappelle à quel point l’écrivain était doté d’humour et que son nom ne doit pas forcément être accolé à l’univers de la SF, même s’il en a été un acteur important.
Il me semble bien que c’est l’unique ouvrage avec une pagination doublée — 32 pages.
Au fait, comment est-il arrivé dans cette collection ?
 
Pierre Laurendeau : O Tenancier, tu évoques avec justesse un des grands écrivains français, récemment disparu…
J’ai fait la connaissance de Philippe Curval lorsque j’étais correcteur à l’agence de com’ d’EDF – Sodel Conseil –, qui regroupait les activités de com’ interne et la revue diffusée à tous les agents, La Vie électrique. Philippe y exerçait, sous son vrai nom, son métier de journaliste.
C’était en 1981-1982 et il avait entendu parler de Deleatur par Jacques Veuillet (voir Minilivres 7 et 21), qui était un de ses amis. Il était particulièrement enthousiasmé par la Nouvelle postale, la collection « d’entrée » de Deleatur qui a précédé les minilivres (de 1980 à 1987). Il me promettait sans cesse un texte, qui n’est jamais venu.
Après mon repli vers Angers à l’automne 1982, j’ai gardé contact avec lui. J’ai eu l’occasion de le faire intervenir deux fois dans le cadre de nos activités professionnelles du Polygraphe :
-      En octobre 1991, à l’occasion d’une performance que j’avais organisée pour la librairie Richer (le plus important libraire de la ville) : il s’agissait, dans la même journée, d’écrire un texte, de le mettre en pages et de le proposer aux clients de la librairie. Philippe avait accepté avec plaisir de relever le défi – cela a donné lieu à une jolie plaquette de 24 pages, Le Chant du Rossignol, sur vergé Conquéror 100 g, avec couverture Canson et son étiquette rapportée ; reliure au fil. Très chic. Il était venu à Angers avec sa femme, Anne Tronche, critique d’art réputée, qui nous avait dit son admiration pour Pierre Bettencourt.
-      Quelques années plus tard, pour la carte de vœux d’une entreprise autoroutière pour laquelle nous effectuions des travaux sporadiques (pas de réfection de bitume !). De mémoire (car je n’ai pas gardé ladite carte), il avait écrit un joli conte de Noël.
 
Finalement, Curval m’adressa en 1998 La vie est courte, la nature hostile et l’homme ridicule, qu’il avait autoédité un an plus tôt dans la Collection particulière – éditions du Pigeonnier. L’ouvrage, orné d’une « gravure originale sur ordinateur de l’auteur », était tiré à 10 exemplaires. Je possède le numéro 4. Je fus tout de suite emballé par ce conte philosophique risible, teinté de désespoir. J’avais tout de même un problème de taille : le texte débordait largement les capacités d’accueil du format standard : 16 pages A7. D’où la nécessité d’un volume double – cas effectivement unique dans la collection…
Philippe Curval m’adressa un deuxième texte, paru initialement dans la même « Collection particulière », La Moustache anglaise ; on en reparlera à l’occasion du numéro 54.
La dernière fois où j’ai croisé Curval, c’était aux Utopiales de Nantes, il y a une dizaine d’années. Il se promenait dans les coursives de ce grand paquebot de la SF comme l’habitant d’une planète extrasolaire débarqué là par une erreur d’aiguillage. Nous avions pris un verre ensemble au Bar de Madame Spock, tels deux cosmonautes à la dérive.
Pour l’anecdote, Philippe m’avait confié qu’il avait emprunté son pseudonyme à un des pires sacripants des Cent Vingt Journées de Sodome de Sade, le président de Curval. [Ce que le Tenancier savait également... NDLR]

mardi 5 mars 2024

Quelques domiciles de Jules Verne à Paris

24, rue de l’Ancienne-Comédie
11, boulevard Bonne-Nouvelle (n°11  — De la fin du XVIIIe siècle ; hautes fenêtres en arcade à fronton sculpté, mansardes — Hillairet )


18, boulevard Poissonnière, en 1875 (Hillairet indique 1857)
34, faubourg Montmartre (un peu avant 1860)
45, boulevard Magenta
18, passage Saulnier
30, rue La Fontaine à Auteuil, en 1863
2, rue de Sèvres, en 1868
 
D’après Jules Verne, images d’un mythe, par François Rivière (1978) & Dictionnaire historique des rue de Paris, par Jacques Hillairet (1963)

lundi 4 mars 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 31


Karl Marx

Éloge du Crime

Angers — Éditions Deleatur, 1998
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1998 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques délinquants amateurs



Le Tenancier : Un texte liminaire indique que cet éloge a été inséré dans la Théorie de la plus-value, au tome IV du Capital. Le raisonnement se révèle simple : le délinquant produit de la délinquance mais également tout une chaîne de « produits dérivés », comme l’appareil judiciaire, les sentiments moraux exprimés en littérature et au théâtre, etc. On se demande tout à coup si Darien a eu connaissance de ce texte-là en rédigeant Le Voleur
 
Pierre Laurendeau : Oui, Darien aurait pu s’inspirer du texte de Marx, comme Raymond Hesse, l’auteur de Vauriens, Voleurs et Assassins, paru chez Finitude : les truands se mettent en grève, c’est la panique absolue !
J’avais découvert la notule de Marx à la librairie Tschann, bd du Montparnasse (Paris, France), qui achetait de temps à autre des productions Deleatur… La librairie l’avait publiée en 1976, dans une traduction de D. Jon Grossman, au format A6 à l’italienne. Comme la libraire (Mme Tschann ?) aimait bien les minilivres, elle accepta que je reprenne le texte de Marx qui m’enchantait – ce que le traducteur autorisa également.
C’est le best-seller de la collection. J’ai dû en vendre plus de mille, une grande partie chez Tschann. Un jour, Yannick Poirier, qui est toujours à la tête de la librairie, m’appelle et me dit : « Un de nos clients, avocat, prépare sa candidature comme bâtonnier de Paris ; il est en train de constituer ses dossiers et il souhaite y intégrer le minilivre de Marx… Est-ce que c’est possible pour toi ? » « Euh… ça dépend… Combien d’exemplaires il lui faut et quel délai ? » « Il lui en faut 600 dans un mois. »
Je rappelle aux fidèles lecteurs du Tenancier que je tire les minilivres sur une imprimante laser – certes haut de gamme – puis façonne les ouvrages à la main, pliage + agrafage (par agrafeuse électrique, tout de même !). Je n’ai jamais devant moi plus de 10 exemplaires en stock, flux tendu oblige. J’ai accepté le défi (challenge en anglais) et j’ai passé de nombreuses soirées à imprimer, plier, agrafer, avec l’aide d’Agnès, mon épouse. J’ai pris le train Angers-Paris aller-retour dans la journée pour livrer la commande en main propre, craignant la perte du colis. J’ignore si cet avocat sympathique (un client de Deleatur est toujours sympathique) a obtenu son bâton, mais il l’aurait mérité !
Autre rebondissement : c’était l’époque où, avec Ramón Alejandro, on publiait les auteurs cubains en espagnol (voir Minilivre 22). J’avais envoyé à Ramón, qui habitait alors à Miami, un exemplaire de L’Éloge du Crime. Il en fit la traduction et le mit au catalogue de Mañunga, une des deux collections dont il s’occupait chez Deleatur – avec, bien sûr, des illustrations de son cru.

Ça aide

Certains lecteurs de passage sur ce blogue l’ignorent peut-être, mais je suis écrivain pour happy few : trop « fantastique » pour la lithérature, trop littéraire pour « l’imaginaire » et pas assez copain avec quiconque. Seuls quelques éditeurs m’apprécient assez pour me publier, on ne sait par quel motif nébuleux, sûrement en rapport avec une disposition masochiste étant donné les résultats des ventes. Remarquons au passage que ceux qui me publient ne semblent pas mieux placés que moi au niveau des finances… Nous sommes quelques-uns dans cette position étrange qui nous fait figurer dans des ouvrages très honorables, mais qui ne se vendent pas, sans doute parce que les couvertures ne sont pas gaufrées comme des boîtes de bonbons produites en série. Que l’on ne perçoive pas ceci comme une marque d’acrimonie quelconque. Cela fait un bail que j’ai pris conscience que je ferais partie de toute façon d’une certaine marge. L’intérêt demeure de pouvoir continuer à écrire, de persister à y prendre du plaisir, et de lire parfois un ou deux encouragements. Cinq livres ont été édités sous mon nom, c’est déjà plus que ce que j’aurais pu espérer en commençant à écrire sérieusement. J’ai rédigé plus de cent cinquante nouvelles dont la moitié a été également publiée en revues ou en plaquettes. Vous ne me verrez pas dans les festivals dits de « l’imaginaire », parce que je me figure mal figurer dans une manifestation où les mauvais bouquins sont aussi bien accueillis que les bons au prétexte qu’ils font partie de la même famille (Au plus dans des manifestations locales, pour serrer la main à des potes) . D’ailleurs, je ne crois pas me situer vraiment dans cette sphère, même si j’ai participé abondamment et activement au mouvement de la SF il y a une trentaine d’années, par exemple. Je suis un très mauvais « signeur » : les envois autographes signés m’embarrassent. Et puis, qui lit donc du Letort, à part mes éditeurs et quelques amis (et encore, ils n’ont pas tout lu) ? Non, tout va bien, à partir du moment que l’on décide de travailler pour un autre motif que la gloriole, c’est-à-dire avec l’ambition de faire bien les choses, même si c’est une existence assez solitaire. Alors, cela acquiert du sens. On se prend à percevoir des signes de confrères — de véritables confrères, ceux qui partagent également cette solitude. Tous n’écrivent pas, mais ils tentent de bien faire les choses, comme moi. Cela aide. N’est-ce pas, chers lecteurs de ce blogue ?

samedi 2 mars 2024

Une historiette de Béatrice

« Allô bonjour madame, en fait j'ai beaucoup de livres à vendre et comme je ne veux pas les transporter vous comprenez il y en a au moins 80 kg, j'ai pris une photo des tranches des livres pour que vous voyiez les titres, je peux vous envoyer ça par mél ? »

vendredi 1 mars 2024

Remarque

Vient de lire dans un commentaire de blog : « Ça fait mal au cul d'entendre ça... »
Je préfère ne pas vérifier l'état du Sonotone...

Télépathie


Nouvel opus de votre Tenancier, Télépathie reste très anecdotique dans ce numéro 7 de Lard-Frit qui s’étoffe et prend des allures de « Livrezine » (terme que je préfère à Mook). La tendance à concentrer les publications en une seule livraison se comprend eu égard à l’augmentation du prix du papier et des frais d’expédition. L’on vous encourage à souscrire et ainsi encourager ce travail, afin de cultiver la diversité dans les publications, parce que la « bollorisation » touche également ces secteurs.
Reste que Télépathie est une nouvelle humoristique avec un chat dedans. M’enfin, il n’y pas que le Fleuve dans les écrits de votre Tenancier chéri…

jeudi 29 février 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 30


Jean-Pierre Brisset

Le latin est artificiel

Angers — Éditions Deleatur, 1998
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1998 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques latinistes
Extrait de La Grammaire logique Résolvant toutes les difficultés Et faisant connaître Par l'analyse de la parole La formation des langues et Celle du genre humain, par Pierre Brisset, Ancien Professeur de Langues vivantes. Extrait de l'édition originale parue chez Ernest Leroux, Paris 1883



Le Tenancier : Revoici Brisset, déjà évoqué dans le volume 20, avec un nouvel extrait de sa Grammaire logique. Dans Les Fous littéraires d’André Blavier, on compte treize entrées le concernant, plus ou moins importantes…Pour Brisset, « le latin, c’est l’italien renversé », une sorte d’argot pour classe dirigeante, en poussant un peu. On renoue ici avec un système de pensée que ne renieraient pas certains complotistes. Tu avais prévu de nous en dire plus au sujet de l’auteur...
 
Pierre Laurendeau : Ah oui… Euh… À relire la notice du numéro 20, je trouve qu’il y a peu à ajouter à mes relations brissettiennes. Quant à analyser l’œuvre… il faudrait y consacrer une encyclopédie !
Peut-être attaquer un angle mort de l’histoire littéraire, alors. Quand les surréalistes découvrent Brisset, ils sont « fréquentés » par le jeune Lacan. Dans les années 80, quand je disais : « Lacan a tout piqué à Brisset », c’était inaudible – notamment par l’intelligentsia de gauche, qui vouait un culte à la piscanalyse (étude des poissons morts) lacanienne. J’ai toujours pensé que Lacan était un escroc – outre que sa méthode de décortication du langage, comme je continue de l’affirmer, est entièrement pompée sur Brisset –, il a dévasté bien des familles, dont la sienne.
Il y a quelques années, Michel Onfray a publié un ouvrage contre Freud, Crépuscule d’une idole. Mal lui en prit ! Il fut cloué au pilori par la gauche bien-pensante, ce qui accéléra je pense sa dérive vers la droite plus que droite. C’était pourtant un livre nécessaire, qui posait les bonnes questions, mais noyées dans un fatras d’approximations biographiques et d’erreurs de méthodologie : Onfray écrivait trop vite (et publiait trop).
Cinq points, cependant, auraient mérité d’être relevés :
-      Freud n’était pas le seul à travailler sur l’« inconscient » (quelque nom que l’on donne à cette zone floue où sont enfouis les souvenirs).
-      La psychanalyse n’a jamais guéri qui que ce soit, même si l’écoute thérapeutique, héritée entre autres de la confession auriculaire (je connais plusieurs curés en rupture de Vatican qui se sont reconvertis dans la psychanalyse), apporte un soulagement au mal-être.
-      Le fonctionnement sectaire. Le processus d’adoption relève des mêmes techniques que les autres sectes : le futur ou la future adepte doit se faire psychanalyser afin de parvenir au Graal de membre à part entière – je pense notamment aux pythagoriciens, et à la séparation entre acousmaticiens, qui écoutaient l’enseignement du maître derrière un rideau pendant 5 ans !, et adeptes à part entière.
-      Le parcours analytique du « patient » (mot qui porte ici pleinement sa signification, la « cure » pouvant se dérouler sur de nombreuses années, voire décennies !) obéit un rituel qui n’a rien à envier à ceux des religions à mystère – transfert, contre-transfert, etc.
-      Comme pour toute religion (ou secte), les écoles de psychanalyse sont aussi nombreuses que se détestant cordialement. À ce sujet, le film de Raoul Ruiz, Généalogies d’un Crime (1996), est une réjouissante satire de ce petit monde.
Ce qui est grave, à mon sens, c’est que cette secte est figée dans ses rituels archaïques sans tenir compte des avancées considérables dans la compréhension du fonctionnement du cerveau, notamment ce que l’on appelle la plasticité mémorielle : les souvenirs ne se constituent pas en strates figées ; quand on les convoque, la mémoire reconstitue les événements en piochant dans différents clusters, ce qui produit souvent des erreurs de restitution – et favorise les manipulations par des gourous (psychanalystes, hypnothérapeutes et autres « bioquanticiens »). Aux États-Unis se multiplient les procès de jeunes adultes persuadées d’avoir été violées ou maltraitées par leur père – ce qui peut arriver, certes – à la suite d’une cure psychanalytique orientée.
Brisset, lui, se livrait sans retenue aux associations d’idées que son cerveau produisait à jet continu ! Sa créativité linguistique était sans frein. « Le latin ne vient pas plus du Latium que l’argot de l’Argovie, le javanais, de Java. » C’est dit !

mardi 27 février 2024

Paf, dans ma bibliothèque !

 
 
J’avais rencontré Christian Oster à l’occasion d’une interview à mon émission à Radio Libertaire dans les années 1980. À l’époque, il avait publié quelques nouvelles de SF dans Libération et des romans dans la collection Engrenage au Fleuve Noir (La pause du tueur). Sa conversion vers les éditions de Minuit est assez exemplaire de cette génération happée par la vénérable maison, comme Antoine Volodine, qui démontre que les littératures dites de « l’imaginaire » possédaient une porosité avec la notabilité littéraire. J’avais suivi l’auteur avec une certaine assiduité à l’époque où je travaillais encore en librairie de neuf (sept bouquins de chez Minuit et l’Engrenage cité plus haut résident encore chez moi) et cette trouvaille dans cette solderie, un SP, en plus, était devenu une tentation. Avec le temps écoulé, l’auteur et son lecteur s’étant perdus de vue, qu’en sortira-t-il ? Je verrai bien…

 

Diable, Tenancier, vous n’avez donc pas lu le bouquin d’Orwell ? Mais pour qui me prenez-vous, bande de lecteurs ? Bien sûr que si et à plusieurs reprises ! Seulement, jusqu’à maintenant, je ne possédais que l’édition en Idées/Gallimard. La présente est propre et agréable. Je garderai l’autre qui sera transférée vers la bibliothèque historique. Je n’étais pas passé depuis un bail chez le bouquiniste local. Vertu de l’absence : au retour dans ces murs-là, l’on a envie de tout.


Gary : même motif que précédemment. On améliore sa bibliothèque et l’on se demande soudainement depuis combien de temps on n’a pas ouvert un bouquin de Gary : 10, 20, 30 ans ? Ouh la la ! Il était temps.

 

Si l’on aime la littérature, on ne peut passer à côté de Stevenson. Bon… si on peut, mais c’est bien dommage pour vous si vous êtes dans ce cas. Comme c’est un 10/18, vous retrouverez le volume un de ces jours dans la rubrique ad hoc. En attendant, je recherchais — mollement, certes — ce titre-là dans cette collection à cause du dernier article du recueil : Les romans d’aventures de Jules Verne. Votre Tenancier est un amateur de Verne depuis son enfance, relançant à chaque phase de son existence son intérêt sans toutefois en retrouver les saveurs juvéniles. Tant pis. En revanche, L’île au Trésor reste pour moi une jouvence. Quoi de plus tentant que de confronter deux admirations ? Vous faites erreur Tenancier, me répliquera-ton. Il existe d’autres romanciers sur ce genre avant Stevenson, tout de même ! Et de me citer Dumas, par exemple. Qu’à cela ne tienne, on trouvera également dans le recueil À propos du vicomte de Bragelonne. Et avec ceci, on aura un temps bâillonné les fâcheux et les ratiocineurs, quoique rien n’est sûr avec cette engeance. Le reste du sommaire, nous ne le connaissons pas (on a eu connaissance du texte sur Verne ailleurs, entretemps) et on éprouve un plaisir anticipé à le découvrir, d’autant que le résumé de 4e évoque ceci comme un complément au Voyage avec un âne dans les Cévennes
(L’ouvrage est correct, mais le pelliculage est un peu dégueu, surtout sur le dos et le second plat. Si vous êtes dans le cas — et si c’est bien un pelliculage — vous pouvez utiliser un chiffon imbibé de liquide pour les vitres. Faites gaffe tout de même, parce que le carton ou le papier peuvent être imbibés et changer de couleurs dans les petites scarifications qui manquent rarement dans les anciens volumes, surtout dans les angles.)

 

Et voici que les reproches vont continuer bon train, je le sens, en constant que mes acquisitions n’apportent pas vraiment leur lot de nouveautés. C’est vrai, je me suis montré frileux dans ces choix volontaires, voire très conservateur. C’est que la littérature actuelle m’ennuie un peu, voyez-vous ? De plus, je me suis déshabitué dès la fin de ma carrière de salarié en librairie de neuf de me tenir au courant de ce qui paraît. Cela peut paraître bizarre, mais cette désaccoutumance se révèle comme un sevrage au tabac. On respire bien mieux, l’esprit se dégage et l’on n’a pas à supporter des effets secondaires comme d’autres addictions. Cependant, l’encouragement, l’amitié et, tout de même, la curiosité m’amènent parfois à acquérir un livre neuf. Que le contenu soit un recueil de nouvelles érotico-gourmandes — avec un joli titre en sus ne peut qu’éveiller en moi de la concupiscence. Nous lirons à petites bouchées.
Un livre neuf dans les acquisitions récentes ? Ce n’est pas souvent.

 

On se trouve parfois au passage d’une circulation de livres propulsés par l’amitié, ainsi on a offert au Tenancier ce livre de Tom Kromer, inconnu de lui et qui évoque les hobos, cette fois-ci au cœur de la Grande dépression aux États-Unis. Comment ne pas songer aux Vagabonds du rail, de London, à L’empereur du Nord, d’Aldrich, etc. ? La curiosité l’emporte !

 

Cette même circulation amicale me met devant ce qui ressemble à un thriller politique. On tentera de le lire pour montrer de la bonne volonté. Encore un livre neuf, mais qui compte pour du beurre, en quelque sorte. Ce type de récit ne m’emballe jamais. S’il me déplaît au bout du compte, je le rendrai afin qu’il trouve des bras plus accueillants.

 

Retombons dans nos ornières avec un vieux machin : le numéro 202 (octobre 1970) de la revue Fiction. Au sommaire : Robert Bloch, Harlan Ellison, Philippe Curval et des seconds couteaux (le terme n’est pas si péjoratif chez moi, puisque j’en suis un ! — j’adore faire dans le chleuasme !) comme Edgard Pangborn ou Otis Kidwell Burger — celui-ci complètement inconnu pour moi. Un titre de nouvelle retient mon attention : Comment mater un chômeur, de Barry N. Malzberg, intention prometteuse, ou pas… Il reste un auteur intéressant, sans doute méconnu à l’heure actuelle, comme pas mal de confrères de sa génération, en particulier à cause de son éclectisme. Le problème du « genre » touche aussi la littérature, si je puis dire. En conclusion de ce numéro et de cette chronique on trouve un article de Jean-Pierre Andrevon : Un Marabout bien planté qui fait le point sur cette maison qui publia tant de titres fantastiques ou de SF repris ici et là à l’heure actuelle. Je lis très rarement des ces littératures, désormais et lorsque je m’y retrouve, je picore au-delà de la limite de péremption. Comme il faut toujours être à la pointe dans la littérature de genre, je préfère à l’avant-garde éclairé, demeurer un traînard à lumignon. On brille moins, mais l’on dure.
On a essayé de ne pas trop se montrer bavard, et puis vous savez ce que c’est…
 
Christian Oster : Sur la dune — Éditions de Minuit, 2007
George Orwell : Hommage à la Catalogne, traduction par Yvonne Davet — Éditions Champ Libre, 1982
Roman Gary : Les cerfs-volants — Éditions Gallimard, 1981
Robert-Louis Stevenson : La France que j’aime, ou le voyage sans âne, Textes réunis avec une préface et une bibliographie par Francis Lacassin, traduction de Léon Bocquet et Jacques Parsons — UGE, coll. 10/18 , série « l’Aventure insensée », 1978
Silène Edgar : Les moelleuses au chocolat et leurs recettes, Gephyre édition, 2023
Tome Kromer : Les vagabonds de la faim, traduction de Raoul de Roussy de Sales, préface de Philippe Garnier, Christian Bourgois, 2022
Thomas Bronnec : Collapsus — Folio policier, 2023
Revue Fiction, n°202, octobre 1970.

lundi 26 février 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 29


François Fasula

Cendres

Angers — Éditions Deleatur, 1997
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 199è sur les presses de Deleatur pour le compte des amis de la Loire et du Train réunis
Requiem in pace



Le Tenancier : Pourquoi beaucoup de textes publiés dans cette collection s’attachent à une sorte de sentiment géographique, comme ceux de Jacques-Élisée Veuillet déjà abordés ici ? Pourtant, Cendres se révèle si court ! En peu de mot beaucoup de sensations passent. Très beau texte, très touchant… « La terre brune avait une épaisseur de graisse »… diable, on aimerait être l’auteur de ça !
 
Pierre Laurendeau : Texte très très bref, en vérité ! J’ai dû utiliser au moins un corps 16 pour l’étendre sur le nombre de pages fixe de la collection…
J’ai rencontré François Fasula, qui habitait Angers, lors de manifestations littéraires – à la fois confidentielles et sympathiques – organisées par les « Traumfabrik », un couple très investi dans l’édition de poésie (ils furent les organisateurs du salon de Rochefort-sur-Loire). En 1997, François venait de publier son premier roman, La vallée nuageuse ou De l'influence du whiskey sur le comportement des anges, chez Alfil – après un recueil de nouvelles, Le Voleur de temps, paru chez le même éditeur. J’avais été séduit par la tonalité et l’étrangeté de ses textes.
François appréciait les minilivres et me proposa un jour ce très très court texte, dont tu as si bien parlé.
Pour l’anecdote, François Fasula avait adressé à Fayard deux manuscrits (de mémoire, un recueil de nouvelles et un roman), qui furent acceptés par Claude Durand, un des derniers « géants » de l’édition : Claude Durand regardait tout ce qui était adressé à Fayard. Lors de l’entretien que François eut avec lui, Claude Durand fit une remarque qui m’a obligé à changer de chaussettes : « J’ai vu dans votre bibliographie un ouvrage publié par Deleatur… Excellent éditeur ! »
J’ai perdu contact avec François Fasula, et je le regrette… Il semble poursuivre ses publications chez un éditeur angevin, le Petit Pavé.

samedi 24 février 2024

Dystopie

La fiction dystopique, c'est lorsqu'on prend les choses qui arrivent dans la vie réelle à des populations marginalisées et qu'on les applique à des privilégiés.
(Piqué sur le ouèbe)

vendredi 23 février 2024

Une historiette de Béatrice

— Bonjour, vous avez du d'Ormesson?
— Non, désolée
— Ah, et alors qu'est-ce que vous avez d'un peu culturel, en général ?

jeudi 22 février 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 28


Robert Vigneau

Contribution 63
au Congrès de psychanalystes

Angers — Éditions Deleatur, 1997
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques freudo-ébénistes



Le Tenancier : On s’amuse bien à la lecture de l’intervention d’un ébéniste à ce congrès. Le télescopage reste une technique efficace pour les récits sarcastiques et humoristiques et cela fonctionne très bien ici, y compris dans la petite touche autobiographique. Mais qui est Robert Vigneau ? Il a semblé discret jusqu’à sa disparition en 2022 et pourtant, il possède une bibliographie importante…
Qui a dessiné la vignette de couverture et le cul-de-lampe ?
 
Pierre Laurendeau. Ah zut ! Tu m’apprends le décès de Robert Vigneau, que j’ignorais… Je ne sais plus comment il avait pris contact, peut-être à la suite de l’achat d’un minilivre chez un libraire (au milieu des années 90, il y en avait qui présentaient la prestigieuse collection !). Je l’ai peu connu, mais sa critique subtile de la psychanalyse par le mobilier m’a tout de suite séduit ! J’ai eu l’occasion de parler de lui avec un de ses éditeurs, Xavier Dandoy de Casabianca (les éditions Éoliennes, installées à Bastia), lors d’un marché de la poésie (2021 ?). Il ne semblait pas avoir de nouvelles, lui non plus. Jusqu’au milieu des années 2000, on recevait chaque année une carte de vœux qu’il confectionnait sur le modèle des minilivres – toujours charmantes et souvent impertinentes.
Les vignettes ont été dessinées par Alain Le Corre, un graphiste angevin avec qui nous collaborions pour Le Polygraphe et qui aimait la collection. Je crois que ce sera sa seule contribution à Deleatur.

mercredi 21 février 2024

10/18 — Alexandre Soljénitsyne : Une journée d'Ivan Denissovitch




Alexandre Soljénitsyne
Une journée d'Ivan Denissovitch

Traduit du russe par Léon et André Robel
et Maurice Decaillot
Préface de Pierre Daix

n° 488


Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume double
191 pages (192 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1974
Achevé d'imprimer : 5 avril 1974


(Contribution du Tenancier)
Index
a


mardi 20 février 2024

Un refus

L’autre jour, on a proposé à votre serviteur de participer à un mini-festival — l’équivalent d’une fête de quartier ou en tout cas dans une sorte d’entre-soi — où l’on me conviait à travailler en public sur un mot choisi dans une sélection de trois, production qui serait lue ensuite devant tout le monde. L’invitation aurait pu me flatter si j’avais appartenu à ce genre de personne qui aime s’exhiber, me comparant à un Simenon dans sa cage en verre, par exemple. Cependant, un surcroît de prudence — entre autres — m’a poussé à refuser cette proposition, trop conscient que ma production ne concerne pas ce genre d’exercice spectaculaire. Non que je me prenne pour un « Grandécrivain », mais que l’on pense de moi que je sois un débiteur de texte à la demande et que je ferais fi également de la sorte d’intimité régissant toutes mes rédactions lorsque je me retrouve à ma table de travail, m’a quelque peu défrisé, si c’était encore possible de côté-là. Cette requête ne me paraît pas inconvenante, mais pose la question de ce que l’on entend par le labeur d’écriture, la confinant à une sorte d’exercice technique où ne rentrerait en jeu qu’une certaine aisance à manipuler des concepts, compétence qui se recrute d’ailleurs chez les premiers de la classe. Je ne fais pas partie de cet univers.
Je m’imagine à me débattre deux heures durant, puisqu’il semble qu’on m’allouait ce temps, avec un de ces mots, devant tout le monde. La lutte avec l’ange tomberait alors dans la catégorie poids mouche… ou à une piteuse débâcle. Cette proposition n’est pas exceptionnelle. J’ai déjà assisté à ce genre d’exercice, sous une forme ou une autre, où les auteurs sollicités s’en sortaient haut la main et où ils en tiraient même un surcroît de prestige auprès d’un public. Pour ma part, je m’attends toujours à ce que l’on fasse passer le chapeau pour remercier l’artiste. En tout cas, que l’on ne compte pas sur moi pour me prêter à ce genre d’attraction. Je ne me prends pas non plus pour un « créateur solitaire » ; je sais à quel point je demeure redevable à beaucoup de personnes, mais je refuse de devenir une bête à exhibitions. Cela ne signifie pas pour autant que je répugne à rencontrer des lecteurs et à converser, autant que possible. Du moins y a-t-on le choix du sujet sans l’injonction de la contrainte et de l’efficacité.
J’ai donc refusé.

lundi 19 février 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 27


Rikki Ducornet
Pierre Laurendeau

Mandrake
Les Fruits
de Ruben

Angers — Éditions Deleatur, 1997
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques exégètes



Le Tenancier : Beau livre que cette évocation de la mandragore, écrite et illustrée par Rikki Ducornet et suivie d’une notice rédigée semble-t-il par vos soins, cher éditeur. On y retrouve les illustrations de l’artiste, sensuelles, en même temps qu’un récit en anglais. Le texte non traduit est paraphrasé par la notice dont on se demande (méfiance induite par la collection) si le contenu n’en serait pas enjolivé. Comment s’est produite votre rencontre avec cette poétesse mystérieuse ?
 
Pierre Laurendeau : Cher Tenancier, tu as raison : le doute est toujours de saison lorsqu’il s’agit de Pierre Laurendeau, faussaire avéré, fabricant ou éditeur de supercheries en tous genres.
La rencontre avec Rikki Ducornet (et son compagnon de l’époque, Guy) se fit par l’intermédiaire de Jacques Abeille, bien qu’ils habitassent alors – on était au début des années 80 – tout près de chez moi : d’Angers au Puy-Notre-Dame – où Rikki et Guy avaient posé leurs valises au début des années 70 –, il y a seulement trois quarts d’heure de route. J’avais entendu parler d’eux par un ami libraire (« Il y a un couple franco-américain apparenté au surréalisme qui s’est installé dans le Saumurois, tu devrais les rencontrer »), mais c’est la publication, à l’enseigne de Deleatur, des Little Dirties for Rikki, une mini-enveloppe renfermant des variations dessinées de Jacques Abeille sur le thème de la chaussure et dédiées à Rikki) qui fut l’occasion d’une rencontre lors d’un séjour de Jacques et de sa petite famille à Angers. Nous fûmes tout de suite conquis, Agnès et moi, par cette femme au charme troublant, un peu magicienne, et à l’accent délicieux. Le courant passa également avec Guy, qui était devenu potier après une carrière universitaire en Amérique du Nord. Ils s’étaient installés dans le val de Loire – suivant en cela d’autres surréalistes – à la suite de la publication d’un album pour enfants qui avait été un succès en Amérique. Ils envisageaient de poursuivre cette activité avec des éditeurs français. Ils avaient notamment contacté Bayard, pour des aventures d’un charmant petit ours. Bayard déclina l’offre, puis publia, avec le succès qu’on connaît, la série des « Petit Ours brun »… dont le personnage ressemble étrangement à celui de Guy et Rikki… Curieuse coïncidence ! Ils comprirent assez vite que l’édition jeunesse, en France, fonctionnait sur d’autres critères que ceux des éditeurs outre-Atlantique.
Nous nous vîmes souvent. Même après la naissance de notre fils Olivier, que Rikki adopta.
Peu de temps après notre rencontre, Rikki publia en Angleterre un premier roman, The Stain, toujours inédit en français. Les publications s’enchaînèrent pour elle, avec un succès grandissant outre-Atlantique ; elle fut invitée par plusieurs universités, notamment à Denver, où elle finit par s’installer avec Jonathan Cohen, un psychiatre.
Rikki n’a pas eu de chance avec les lecteurs – et lectrices – français : son univers contrevient aux codes de la littérature nord-américaine telle qu’établis par le Comité de Vigilance des Bonnes Littératures, qui fait la loi sur ce que l’on doit lire. Guy, son premier compagnon, avait entrepris de traduire ses romans, d’abord comme exercice passionné, puis dans l’espoir qu’un éditeur français se déciderait plus facilement au vu du travail de traduction déjà fait. Rikki avait un agent chargé des ventes à l’international, mais les éditeurs restaient muets (il semble que son agent n’ait pas non plus montré un grand enthousiasme à la défendre). J’avais relu, à leur demande à tous les deux, la traduction – magnifique – d’Entering Fire, un roman monde, comme on dit aujourd’hui, se déroulant entre la France de l’Occupation, l’Amazonie et la côte est des États-Unis. J’étais très enthousiaste ! (Et le suis toujours…) Devant le peu d’empressement de la clique germanopratine, je décidai de le publier chez Deleatur, qui venait d’entrer chez l’infernal duo Ulysse-Distique. J’en vendis tout de même 200 exemplaires, ce qui pour Deleatur était presque un best-selleur, mais loin de couvrir les frais ! Un ami américain, vivant à Angers, m’avait conseillé d’envoyer le livre au jury du prix Maurice-Coindreau, qui couronne des traductions de l’américain. Je lui fis part de mon scepticisme sur les prix littéraires et les connivences connues des jurys avec les groupes éditoriaux. « Non, je t’assure, c’est un prix très sérieux. D’ailleurs, il n’est pas remis chaque année. » Je me laissai convaincre et adressai l’ouvrage au jury. Le hasard fit que la remise du prix se faisait cette année-là à Angers. Je ne pus y assister, étant à Paris pour des raisons professionnelles, mais Agnès, ma femme, et Guy y allèrent. Le jury se prononça pour une écrivaine américaine (enfin la traduction de son roman) en précisant : « On a eu du mal à se mettre d’accord… » Grosse déception pour Guy Ducornet, d’autant que le prix était doté. Puis, avant de passer aux petits fours, le porte-parole du jury ajouta : « Ah ! nous avons aussi décidé à l’unanimité d’une mention spéciale pour le roman de Rikki Ducornet, Les Feux de l’Orchidée, magnifiquement traduit par Guy Ducornet. » Et tous d’opiner : ‘Oui oui, superbe traduction ! »
Les mauvais esprits, j’en connais, se diront : « Je vous l’avais dit ! Connivence et compagnie ! » C’était bien cela… Pendant les petits fours, Guy eut l’occasion de converser avec l’universitaire porte-parole du jury (c’était tous des universitaires grand teint) et lui demanda par politesse sur quel sujet il travaillait. L’universitaire parisien (facteur aggravant) lui répondit, avec un rien de condescendance dans la voix : « Ma thèse porte sur un écrivain noir peu connu en France, qui a écrit un roman sur l’invisibilité des Noirs américains, Ralph Ellison… » Guy lui répond : « Ralph ? Je le connais bien, c’est un ami… Nous avons enseigné dans la même université, Amherst College. » Son vis-à-vis faillit s’étrangler avec ses petits-fours : le plouc provincial qu’ils avaient dédaigneusement écarté parce qu’inconnu au sérail se révélait autrement plus capé qu’eux, mais de l’autre côté de l’Atlantique. De plus, il pouvait saboter sa carrière (ce qui n’était évidemment pas dans les intentions de Guy) !
C’est la seule expérience de Deleatur avec l’engeance des prix littéraires. J’étais surtout triste pour Guy, qui vivait chichement.
En avril 1997, je rendis visite à Ramón Alejandro (que j’avais présenté à Rikki à Paris, et dont je repris un tableau pour illustrer la couverture des Feux de l’Orchidée) – voir numéro 22 – et prolongeai mon périple américain par un séjour à Denver chez Rikki et Jonathan, son nouveau compagnon. C’est à cette occasion que je lui proposai cette expérience à deux voix sur les « fruits » de Ruben – traduction volontairement fausse pour « mandragore ». Rikki écrivit un court texte, aussi raffiné qu’érudit sur le sujet – la mandragore l’a toujours fascinée –, que je complétai par une étude tout aussi inventée que vraisemblable.
 
*
 
Last but not least, les éditeurs qui prirent la suite de Deleatur pour la publication des romans de Rikki n’eurent guère plus d’écho que moi, malgré des moyens autrement plus efficaces que moi, que ce soit Le Serpent à Plumes ou Joëlle Losfeld.
Je viens de faire traduire, par Catherine Vasseur – spécialiste des textes impossibles, en castillan du xviie siècle ou en anglais contemporain – Trafik, le dernier roman de Rikki, que j’ai découvert chez elle, lors d’un séjour à Port-Townsend, près de Seattle, où elle réside. Sorte de dystopie cocasse où une humanoïde dialogue avec un robot sur la mystérieuse planète Terre, réduite en cendres… Avis aux éditeurs, la traduction est disponible !

vendredi 16 février 2024

Traduttore Traditore



Allez zou, les publications de 2024 démarrent par une collaboration à une entreprise amusante cornaquée par Pierre Laurendeau dans sa collection L’Ange du Bizarre aux éditions Ginkgo. Plutôt que de se perdre dans une explication, présentons le deuxième plat de couverture qui vous dévoilera le nécessaire et même plus.



On trouvera au sommaire : Jacques Adit, Alphonse Allais, Jean-Marie Audignon, Sandrine Blais-Deschênes, Patrick Boman, Marine Bourafa, Sylvain Erdepoinzé, Roger Lahu, Pierre Laurendeau, Jean-Louis Lejonc, Yves Letort, Jean-Paul Plaintive, Pauline Rey, Catherine Vasseur, Gilles Verdet et Alain Zalmanski.

jeudi 15 février 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 26


Patrick Boman

Crawford
l'Incorrigible

Angers — Éditions Deleatur, 1997
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques voyageurs intépides



Le Tenancier : Reproduisons l’exergue de la nouvelle de Patrick Boman, traduit de manière fort peu synthétique par Albert Savine dans l’exemplaire que nous possédons :
« Or l’Inde est, par-dessus tout, le pays où il ne faut pas prendre les choses trop au sérieux, sauf quand il s’agit du soleil de midi.
Un travail exagéré, une énergie trop grande tuent un homme aussi sûrement que les excès du vice ou ceux de la boisson. » (Rudyard Kipling : Lancé à l’aventure, in : Simples contes des collines).
Dès le début de ce conte anglo-indien, l’on s’attend à se retrouver à Simla et à croiser madame Hauksbee dans le témoignage d’un correcteur de presse du Daily Peigham, au sujet d’un certain Crawford. Patrick Boman se livre à un bel exercice de style et à un pastiche tout à fait maîtrisé (avec un poème « à la manière de » dedans). Ici, chez le Tenancier, on adore Patrick Boman…
 
Pierre Laurendeau : J’ai déjà narré (voir A Naïve Romance, numéro 19) comment j’ai rencontré Patrick Boman, qui deviendra un des piliers de Deleatur, puis de Sous la Cape.
Crawford l’Incorrigible fut d’abord publié, en 1985, dans la Petite Bibliothèque de littérature portative qui était animée par Agnès Jehier, mon épouse. Collection qui accueillit Un Cas de lucidité de Jacques Abeille – repris également dans les Minilivres (voir le numéro 23) –, puis deux nouvelles de Bettencourt…
Patrick est un fin connaisseur de l’Inde – il maîtrise le sanscrit, si j’en crois une rare confidence sur son passage aux Langues-O. Son récit Retour en Inde, paru en 2011 chez Arlea, témoigne de sa nostalgie à retrouver un pays qu’il ne comprend plus guère, vingt ans (ou plus) après ses premiers séjours. Je le vis peu de temps après son « retour » ; il me confia : « Pour une fois que je prenais une chambre avec balcon à Bénarès, ça donnait sur un bûcher funéraire ! »
En 2000, je venais de créer chez Ginkgo la collection Biloba – un temps coanimée par Christian Laucou. J’avais demandé à Patrick, alors sous contrat avec Le Serpent à plumes, un roman très particulier, lié à mon aventure universitaire : j’assurais alors un TD en fac d’histoire à Angers (les universitaires n’ont jamais compris le contenu de mon enseignement) lié à un cours sur l’histoire du livre – que j’assurais également. Pour le TD, je proposais aux étudiants – dont certains sont devenus des amis, avec lesquels je continue d’être en relation – de se mettre en petits groupes autour d’un projet éditorial. Je me souviens de la panique en début d’année : « Mais qu’est-ce qu’on doit faire ? » « Ce que vous voulez… En revanche, j’exige que le résultat soit professionnel. » « Argggg… » Puis, au fil du temps, les groupes se prenaient au jeu, parfois au point de négliger leurs cours ex cathedra, ce que l’on me reprocha, ainsi que mes notations trop élevées selon les critères en cours (sans jeu de mots), notations qui correspondaient à la réelle implication des étudiants dans les projets. L’un de ces groupes avait inventé un personnage trouble, Piotr Terikchenaltev (je me demande bien où ils étaient allés pêcher le nom de ce personnage !) dont ils avaient reconstitué la biographie d’une manière assez amusante. Pour rendre crédible le personnage, et épaissir leur « devoir », j’avais proposé de demander à des amis écrivains de témoigner de leur rencontre avec ce Piotr. Patrick fut un des premiers à répondre – il avait croisé fugacement ce demi-escroc un peu raté, ce qu’il raconta avec son humour en demi-teinte, pour le plus grand plaisir des étudiants. Un ou deux ans plus tard, il m’annonça que mes étudiants s’étaient trompés sur toute la ligne et qu’il avait écrit la véritable histoire de ce Piotr sous le titre La Méthode Piotr. Ce fut donc le premier livre de Biloba, fort joliment illustré par Pascal Jousselin. Le problème : Tania Capron, du Serpent, avait flashé sur Piotr ; mais elle accepta de se défausser à mon profit, par amitié, et sous condition que Patrick lui écrive un « vrai » polar pour le Serpent noir. Ce fut le début de la série des Peabody, dont le personnage central, un inspecteur de la police des Indes, très mal noté par ses supérieurs pour préférer se mêler au bas peuple plutôt que de fréquenter l’élite coloniale, résout des enquêtes aussi tordues que jubilatoires. Il y aura sept livres, plus un recueil de nouvelles (les deux derniers publiés Sous la Cape), qui connurent un beau succès, notamment par la description pleine de saveurs (et d’odeurs !) de l’Inde au tournant du xxe siècle, travaillée par les soubresauts d’un empire sur le déclin et les velléités d’indépendance du pays sous son joug.
Crawford se situe, bien sûr, dans ce registre de l’arrogance des colonisateurs – qu’il paiera chèrement !

mercredi 14 février 2024

Une historiette de Béatrice

— Dix-huit euros, s'il vous plaît monsieur.
— Vous me le faites à 15 ? Vous avez vu la pliure ici ? Et bon, l'état général…
— Le prix de dix-huit euros tient compte de ces défauts, monsieur.
 …
— Et voici 2 euros qui font vingt, merci monsieur.
— Vous êtes sûre que c'est une vraie pièce ? Elle est bizarre, je préfèrerais une autre pièce.

mercredi 7 février 2024

Abba les cadences infernales

Puisque des commentateurs du présent blogue font de la pub pour Joe Dassin et que, entre nous, c’est pas très standing, parce que d’autre part le Tenancier se voit obliger d’observer une courte pause et enfin reconnaissant le caractère dérisoire de toute activité humaine, surtout pour ce qui concerne le titrage des billets ici et même chez les confrères, le même a décidé de vous infliger un titre tartignole, gâchant ainsi une précieuse carte d’immunité, mais carpe diem, après tout, bordeyl, et puis il faut reconnaître que les thuriféraires de JD ont commencé — on est donc en légitime défense, quoi..

mardi 6 février 2024

Une historiette de Béatrice

Le minet qui me demande « où est le coin érotisme », et à la vue des livres, me dit « Ah mais non, je cherche des magazines ». Alors tu t'es trompé d'adresse, ducon.

vendredi 2 février 2024

Rien ! Rien ! Rien !

C’est une sottise que d’écrire des romans pour gagner sa vie. Je vous assure. C’est étrange. L’irréalité de la chose donne l’impression de pénétrer dans votre vie réelle, de vous entrer dans les os, de faire battre l’illusion dans les artères à chaque pulsation du cœur. La volonté se fait esclave des hallucinations, ne réagit qu’ à des élans fantomatiques, est au service de la seule imagination. État étrange, aventure éprouvante, cette sorte de brûlante ordalie par l’insincérité. Et on la traverse avec une exaltation aussi fausse que tout le reste. On la traverse et on n’a rien à montrer au bout du compte. Rien ! Rien ! Rien !
Joseph Conrad : Lettre à E.L. Sanders, 12 octobre 1899
Citée par Sylvère Monod dans la préface de Œuvres, dans la Pléiade.

jeudi 1 février 2024

Graines de Chouïa

Allons bon, me voici en panne provisoire de mes échanges avec Pierre Laurendeau au sujet de sa collection des Minilivres. « Qu’à cela ne tienne, mon p’tit Tenancier, nous avons de la ressource », clame mon alter ego ! Ainsi, signalons à votre sagacité bibliomane la continuation de la collection Samizdat par le même éditeur avec une quarantaine de titres publiés. Le petit dernier par Patrick Boutin joue sur les mots ou quelques à-peu-près devraient réjouir les commentateurs du présent blogue.
On se tient prêt par ici à commencer une série de commentaires autour de la collection Samizdat dès que s’achèvera celle sur les Minilivres… 

 


Patrick Boutin : Graines de Chouïa — Club Samizdat, hébergée par Deleatur (2024)

mercredi 31 janvier 2024

Paf, dans ma bibliothèque !

Pour 1 € on peut se procurer quatre exemplaires de la Série noire à la recyclerie de ma ville. On trouve toujours des choses intéressantes dans le lot. Ainsi, tout une quantité de Westlake m’est passée sous le nez, au profit d’un ami. Tant mieux pour lui. Comme je l’indiquais il y a peu, j’éprouve une légère lassitude à l’égard de celui-là (de Westlake, hein) et j’en possède de toute façon assez pour me contenter d’une exhumation…
Les trois ouvrages acquis dernièrement (pas réussi à trouver un quatrième qui m’intéresse, désolé) se révèlent assez disparates.

 

D’abord, Elmore Leonard reste l’un des auteurs de polars dont on connaît l’œuvre malgré tout sans pour autant l’avoir lu pour la bonne raison qu’énormément de ses romans ont été tournés au cinéma ou pour la téloche. Valdez est arrivé appartient à la série des westerns, et ne me dites pas que vous ignorez la contribution de Leonard au genre ! Il suffit de citer 3 h 10 pour Yuma (1957, Delmer Daves) pour éclairer votre lanterne. Rentré à la maison, je me suis aperçu que je possédais déjà ce volume. Je vais les comparer, garder le plus « mint », comme disent les disquaires et offrir le retoqué (mais en bon état) à quelqu’un qui aime ces petits romans nerveux.

 

Je demeure dubitatif au sujet de Vautrin, avec cette histoire de colleurs d’affiches voyous. Tout à coup, le style me semble suranné après avoir sondé les premières pages. Nous allons nous y remettre sérieusement sous peu, une fois que l’a priori se sera un peu dissipé.


Votre Tenancier éprouve une jouissance coupable à lire de temps à autre des espionnages du temps de la Guerre froide. Les aventures de Sam Durrell, agent de la CIA d’origine cajun répond à tous les clichés du genre et même plus si affinité puisque, crapahutant dans une république arabe au cours d’un de ces romans, on se croirait transplanté dans un film des années 30. Reste une phrase prémonitoire (je vous la retrouverai un jour), qui préfigurait le 11 septembre. Edward S. Aarons produisait très régulièrement ces espionnages standards qu’on lit avec une nostalgie amusée à cause de l’impérialisme occidental et son machisme. À noter que les titres originaux comportaient « assignment » à chaque volume. Assignment Tokyo et sa traduction, Virus-party, se complètent assez pour annoncer la couleur de l’histoire. Votre Tenancier possède une vingtaine de bouquins d’Aarons. Votre Tenancier assume sa perversion.

 

Ce Hillerman manquait à ma bibliothèque. Moi, j’aime, même si je trouve les enquêtes parfois inconsistantes, voire soporifiques selon mon humeur. En définitive, je pense lire les polars comme si c’était une mauvaise manie et j’ai tort, bien sûr. Se plonger dans Hillerman, c’est comme retrouver des vieux chaussons confortables ou rêver devant un catalogue de voyagiste. Je suis dur ? Dans ma bouche, c’est plutôt un compliment, concernant Jim Chee et consorts…

 

Voici un livre terrible. J’avoue avoir hésité à le prendre. Je sais d’avance ce que je vais y rencontrer et je me doute que ce sera pire que ce à quoi je m’attends. Les photos de l’encart central, habituel dans cette collection, sont malaisantes. Ai-je à en dire plus ? Je vous reproduis ci-dessous le résumé, ce qui vaut mieux que toute considération de ma part.


Elmore Leonard : Valdez est arrivé — Gallimard, Série noire (1979)

Jean Vautrin : À bulletins rouges — Gallimard, Série noire (1973)
Edward S. Aarons : Virus-party — Gallimard, Série noire espionnage (1972)
Tony Hillerman : Un homme est tombé — Rivages/noir (2000)
Patrick Declerck : Les naufragés, Avec les clochards de Paris — Plon, Terre humaine (2002)