dimanche 29 décembre 2024

Un p'tit coup sur le pare-brise puis dans le rétro

Ceux qui fréquentent les blogs ressentent cette désertion qui s’opère depuis des années, laissant une arrière-garde qui s’ingénie encore à fournir de la substance… Le Tenancier à cet égard, plaide coupable, mais il existe des circonstances atténuantes à ses productions sporadiques et à ses absences : il écrit beaucoup et l’énergie dépensée à ses entreprises archaïques (puisqu’elles se réalisent sur papier, pensez donc!) contraint votre serviteur à se consacrer à l’essentiel, occurence imprévue lorsque des années plus tôt, on décida de créer un blog puis celui-ci pour lui faire suite. En effet, on avait commencé cette activité comme une volonté de converser sur ce qui nous passionnait, comme le livre et tout ce qui tournait autour. La vie a voulu que de libraire médiocre je passais au statut d’écrivain très moyen. Ce changement s’est réalisé lentement et le blog a tenté de raccrocher à cette nouvelle activité, non sans atermoiements et non plus sans regrets au sujet de l’ancien exercice de la librairie. Affirmons tout de même que se mêler d’écrire des fictions comporte bien des satisfactions, car on ne s’envisage pas assez masochiste pour continuer dans un domaine où la déception régnerait. À cet égard, votre Tenancier considère qu’il a du bol, si vous lui autorisez l’expression : quelques éditeurs depuis 2010 ont consenti à l’imprimer, notamment dans un domaine pas si populaire qu’on veut bien le croire, c’est-à-dire la nouvelle…
Un site existe, qui récapitule la bibliographie de votre Tenancier. Le nombre de publications explique en partie les fréquentes lacunes de ce blog. On ne peut être au four et au moulin et la fiction devient parfois une activité exclusive qui empêche de se mobiliser ailleurs. On regrette cette contrainte qui éloigne d’un dialogue qui avait cours dans les commentaires et surtout la verve qui s’y exprimait. De ce point de vue, l’écriture de fiction dans ces bonnes vieilles revues ou recueil, etc., procure peu de satisfactions. Tant pis, on tente de se résoudre à cette distance que l’on ne parvient plus à combler, même si l’on «s’y remet» de temps à autre, sachant qu’au détour d’un manuscrit, on se résigne à délaisser le reste. Alors quoi, on abandonne le blog et on passe à autre chose? Votre Tenancier n’en a pas envie, pas plus qu’il ne peut livrer d’effort supplémentaire pour densifier la production de billets. On se contentera donc à l’avenir d’un écoulement prostatique de quelques considérations ici même.
Par le passé, nombre de billets n’étaient pas tous signés du Tenancier. Quelques intervenants en ont fourni, réjouissants et stimulants. Ce temps-là semble également révolu, même si là aussi, cela est dû au désintérêt général. Puis que l’on s’est montré largement indécis sur la ligne éditoriale du blog depuis que l’on a changé de métier, on pourrait désormais réorienter sa teneur à l’aide de critiques ou de considérations similaires. Pour quoi faire? D’autres personnes le font de façon brillante… on continuera à avoir le cul entre deux chaises, à quêter la chimère d’un dialogue avec un lecteur de passage.
 
L’année 2024 s’achève, moment idéal pour vous assommer avec un récapitulatif. Bien fait pour vous :
(cliquez sur les couvertures, vous aurez un descriptif complet)
 

On a commencé en douceur avec vingt-trois contributions au recueil Taduttore Tradittore dirigé par ce cher Pierre Laurendeau aux éditions Ginkgo, où les participants reprenaient des citations plus ou moins classiques de façon littérale, comme Ex Nihilo = «Ancien amant nihiliste», suivi d’une explication pour le moins malhonnête.


On vous l’a signalé, votre serviteur est un auteur de nouvelles et publie volontiers dans certaines revues. Il l’est par Lard-Frit (nouvelle version) depuis son début, c’est-à-dire le n° 1 en 2022. Avec Télépathie, paru dans le n° 7, on a trouvé que ça manquait de chat. On a réparé cette lacune…
 

Beaucoup moins facétieuse, voici une nouvelle à laquelle on tient particulièrement, parue le n° 34 de la revue Le Visage Vert, L’escalier est orné d’une superbe illustration de Céline Brun-Picard — et je réalise à chaque fois la chance d’être si bien accompagné. La revue et la maison d’édition avaient publié jusque là des histoires du Fleuve. Ce récit bref n’en fait pas partie et il recèle pour son auteur de curieuses résonnances. On regrette qu’il soit passé inaperçu…


Premier recueil de nouvelles de l’année 2024, Fins de siècle comporte deux inédits et deux textes plus anciens, rédigés lorsque l’on doutait d’une vocation pour l’écriture. Ces quatre «rétrocipations» constituent une sorte de jalon pour ce qui concerne l’évolution du style, mais plus encore sur la conception d’une histoire, votre serviteur constate qu’il est redescendu à la hauteur de l’humain et c’est tant mieux. Quelques critiques ont bien accueilli l’ouvrage sorti aux éditions Flatland avec des dessins de Fabrice Le Minier repris en couverture sous la maquette habile de l’éditeur.


L’on n’a pas traîné : un deuxième recueil paraissait dans la foulée : Vues des rives continuait le cycle du Fleuve, après un premier volume de nouvelles (Le Fleuve) et un roman (Le fort). La plupart de ces histoires n’étaient pas inédites, puisque parues dans diverses revues, comme le Novelliste, L’Ampoule et le Visage Vert. Seuls deux textes sont inédits sur vingt et un. La plupart sont illustrés par Céline Brun-Picard. La fidélité à un artiste est essentielle et son travail fait aussi partie de ce projet qui regroupe à ce jour une cinquantaine de récits (quelques un son attente de publications). Également cruciale à ce travail au long-cours, Armelle Domenach exerce sa vigilance sur la cohérence des écrits. Que dire d’autre sur le Fleuve? Eh bien, il vous suffira de lire la très élogieuse préface de Mikaël Lugan qui a saisi l’essence de cette entreprise littéraire avec beaucoup de finesse. Signalons que Mikaël fut l’un des premiers à avoir publié des histoires de ce cycle. Le Fleuve est un univers difficile et dont le style peut paraître ardu pour les lecteurs de petits martiens ou d’elfes aux pattes poilues. Le soussigné reconnaît sa répugnance à la facilité dès qu’il s’agit de ce domaine-là). On lui pardonnera, enfin, on l’espère… Que l’on sache que son fantasme le plus fou (et un peu mégalo) serait qu’une édition posthume regroupe toutes les nouvelles et le(s) roman(s) en un seul volume — intitulé de nouveau Le Fleuve — à moins que cela se fasse de son vivant, car trop gâteux pour remettre ça sur le métier. Ne comptez pas sur votre Tenancier chéri pour passer la main trop vite, tout de même.
 

Avec Troupeaux mélancoliques bondissant dans les prés, l’auteur témoignait de changements physiologiques chez quelques humains, tout ceci, paru dans la revue L’Ampoule, n° 15. Texte court, desservi par une illustration médiocre qui suscite encore des regrets. Pouvait-on y remédier? Hélas, l’on n’a pas demandé son avis à l’auteur qui se serait fait une joie de proposer une alternative, comme cela peut lui arriver. Bref…


On vous l’a dit, votre serviteur a pratiquement son rond de serviette chez Lard-Frit! Pourvu que ça dure! Dans le n° 8, on a commis L’invention du professeur Lambeke, qui étudie les propriétés mélomanes de la grenouille. Ne vous plaignez plus de l’étang du voisin, mais éduquez ses pensionnaires!


Diable, un troisième recueil? Eh oui, on s’est montré intarissable en 2024… Mais Charles & moi (on tient à l’esperluette) ne serait-il pas plutôt un court roman aux huit chapitres très marqués, puisque l’on y retrouve les mêmes protagonistes dans un monde assez noir? On s’est d’ailleurs complu à le dépeindre avec une certaine jubilation. À vrai dire, on s’est surtout amusé tant il est vrai que l’apocalypse lente est assez stimulante à décrire. Après avoir été uchronique avec Fins de siècle, et «balzacien» au petit pied avec Vues des rives, nous voici dystopique avec ce volume. La parution a été remarquée ici et là. L’un des plaisirs annexes de ce genre de publication tient également à ce qui paraît en même temps que soi dans la collection et je ne pouvais que me féliciter de voir le live de Didier Pemerle, Débandades, sortir en même temps que le mien. On ne peut que vous conseiller d’acquérir les deux, chez Flatland.


L’on a fini l’année en novembre avec Le tricot de corps, histoire qui vous cause d’hygiène et de botanique dans le n° 9 de Lard-Frit. On professe tout de même un sacré regret pour ce qui concerne cette revue, celui de ne pas avoir figuré dans sa première version, comme on aurait voulu aussi être publié chez Deleatur ou dans d’autres revues ou maisons d’édition. Votre Tenancier fait tout en retard, pfff. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
 
Nous en avons terminé avec ce récapitulatif, qui vous explique assez bien le manque d’assiduité à la rédaction de billets dans ce blog. Prenons date l’année pour prochaine dans le même exercice, si rien ne nous pète à la figure d’ici là… On fera tout de même paraître des choses ici bien avant, tout de même.

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