lundi 26 février 2018

Devinette cinématograhique

Grégory nous propose une nouvelle énigme à partir du photogramme ci-dessous :


— Dans quel film voit-on ce livre recouvert d'un papier journal ?

— Et à quelles conséquences étonnantes aboutit la découverte de cette pratique hautement — à moins que le Tenancier me contredise —bibliophilique ?

Eh bien non, Grégory, ce n'est pas trop bibliophilique, ce sera l'occasion d'en causer dans un prochain billet... En tout cas, on vous convie à répondre, si vous trouvez, dans les commentaires de ce présent billet. Le Tenancier a séché, ce qui ne semble pas le cas de ce lecteur-là.

Aller (faire)

Aller (faire) : Tromper.. — « Te v'la charbonnier, de malheur. Quoi ! il y a là une voie de charbon ? Tu nous fais aller. » (Fort en gueule, Imprimerie Stahl, 20.) — « Essaie d'en faire aller d'autres que Florine, mon petit. » (Balzac.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

jeudi 22 février 2018

10/18 — John Ruskin : La Bible d'Amiens



 



John Ruskin

La Bible d'Amiens

Traduction, notes et préface de Marcel Proust
Préface d’Hubert Juin


n° 1815

Paris, Union Générale d’Éditions

Coll. 10/18
Série « Fins de siècles »
dirigée par Hubert Juin

256 pages
+
20 pages (extrait du catalogue)
Dépôt légal : novembre 1986
Couverture : John Ruskin à Glenfinlas (détail) par J.E. Millais
ISBN : 2-264-01008-8


(Contribution de SPiRitus)
Index

Aller son petit bonhomme de chemin

Aller son petit bonhomme de chemin : Aller doucement.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

...

mercredi 21 février 2018

Aller se faire fiche

Aller se faire fiche : V. Ficher.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mardi 20 février 2018

Une historiette de Béatrice

«  Bonjour madame.
— Bonjour madame.
— À tout hasard, auriez-vous des Delly ?
— Désolée, non.
— Oh non ! J'essaie de reconstituer l'intégralité de cette œuvre pour mes petits-enfants, mais c'est difficile. Enfin, j'en ai retrouvé deux à Besançon. C'est très rare.  »

Aller où le roi ne va qu'à pied

Aller où le roi ne va qu'à pied : Faire ses besoins. — Ce rappel à l'égalité est de tous temps. Se disait au dix-septième siècle : « Aller où le roi ne va qu'à pied. C'est à mots couverts le lieu où l'on va se décharger du superflu de la mangeaille... » (Scarron.) V. Numéro 100.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

lundi 19 février 2018

Devinette cinématographique

Vous connaissez George, vous qui fréquentez ce présent blogue et surtout celui dont il s'occupe de temps à autre, c'est-à-dire pas trop souvent en ce moment, ce que nous regrettons... donc, je disais : vous connaissez George, dès qu'il s'agit de jouer, il frétille de partout. Enthousiasmé par la proposition de Grégory dans notre précédent jeu, voici qu'il nous propose à son tour de deviner de quel film sont tirées ces images, volontairement altérées pour vous compliquer un peu l'existence.





Votre Tenancier a trouvé et George n'a rien trouvé de mieux que s'exclamer  : 
Je me disais bien que c'était trop facile...
Vous savez quoi ? Eh bien le George, le Tenancier l'aime quand même.

Comme d'habitude, fournissez la réponse dans les commentaires...

Aller gaiment (y)

Aller gaiment (y) : Agir sans se faire prier, sans que la gaîté soit précisément de la partie. Allons-y gaiment ne signifie rien de plus que allons-y. — Les amateurs du langage en mar ont imaginé de varier en disant allons-y gaimar. V. Mar.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

dimanche 18 février 2018

Arriver à bon port...

Aller au diable au vert

Aller au diable au vert :  — Faire une excursion aventureuse.
M. Rozan explique ainsi ce mot « Auvert est une corruption de Vauvert ; on disait autrefois : Aller au diable Vauvert. Le V a été mangé dans la rapidité du discours, et il a fini par disparaître si bien, qu'on a été amené à couper en deux, pour lui donner une sorte de sens, le reste du mot : auvert. — Le château de Vauvert ou Val-Vert, situé près de Paris, du côté de la barrière d'Enfer, avait été habité par Philippe-Auguste après son excommunication ; il passait depuis cette époque pour être hanté par des revenants et des démons. Saint-Louis, pour désensorceler ce château, le donna aux chartreux en 1257. »
Rabelais parle encore de ce diable fameux : — « Je vous chiquaneray en diable de Vauvert » dit le chiquanous Rouge-Muzeau, dans le chapitre 16 du livre IV de Pantagruel.
On dit maintenant au diable vert, ce qui s'éloigne encore plus de la forme primitive. « J'ai déjà parlé de celui d'Alexandre Dumas, qu'on veut reléguer à Charonne, au diable vert. » (Liberté, 26 juillet 1872.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

samedi 17 février 2018

Vous aussi, grâce à notre méthode, remettez de l'ordre dans vos affaires et touchez rapidement de l'argent

Robert Crumb : La vie religieuse de Philip K. Dick
Métal Hurlant n° 120, juin 1986
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Aller à Niort

Aller à Niort :  — Nier. — Jeu de mots. — « Je vois bien qu'il n'y a pas moyen d'aller à Niort. » (Canler.) V. Flacul.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

Une théorie (non-marxiste, encore que... ou alors psychanalytique, à bien réfléchir) de l'accumulation

Billet écrit sur le blog Feuilles d'automne en juin 2009, quand votre Tenancier était encore libraire.


Les collections populaires regorgent d'images saisissantes et parfois très stylées. Du reste nombre de ces images font l'objet de convoitise de la part des amateurs. Eh bien tant pis pour vous, les potes, vous n'aurez pas celui-ci, nananère ! Ce marque-page a été trouvé dans une acquisition récente, un exemplaire assez propre du premier tome des Contemporains de Jules Lemaître. On le voit, aucun rapport avec le sujet. Mais ces télescopages ne sont pas rares.
La question va finir par se poser. Est-on libraire parce que l'on accumule ces milliers de petits bouts de papiers : tickets de métro, de cinéma, marque-pages, étiquettes de toutes sortes, affiches de librairie, de cinéma, de concert, etc ?
Ou bien est-ce par vice que l'on fait ce métier ?
Ou encore, l'accumulation est-elle un vice complémentaire ?


(Pardon pour la reproduction assez dégueu de ces bouts de carton. Mais, après tout, vous n'avez qu'à posséder le vôtre.)

Aller (y)

Aller (y) : Se laisser tromper. — Fallait pas qu'il y aille ! dit-on d'un homme malheureux par sa faute. V. Faire aller.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mercredi 14 février 2018

« Bon à donner aux cochons »

LA SATIRE est une sorte de miroir où, d’ordinaire, chacun reconnaît le visage de tous hormis le sien ; ce qui est la principale raison de la réception qu’elle a dans le monde, où elle n’offense que fort peu de gens. Cependant, s’il en advenait autrement, le danger n’est pas grand ; et j’ai appris par une longue expérience à ne jamais craindre des méfaits, de la part des intelligences que j’ai su provoquer ; car si la colère et la furie ajoutent de la force aux nerfs et du corps, on a pu voir qu’elles relâchent ceux de l’esprit, rendant ses efforts faibles et impuissants.
IL EST  un cerveau qu’on ne saurait faire mousser plus d’une fois : son possesseur fera bien de le rassembler à bon escient et d’user  de sa faible réserve avec parcimonie ; mais avant toute chose, qu’il évite de l’exposer au fouet de ceux qui valent mieux que lui, car cela le fera monter, tout écumant, jusqu’à l’impertinence, et il épuisera rapidement sa réserve ; l’esprit dépourvu de savoir est une sorte de crème, qui en une nuit se rassemble à la surface, et par une main habile sera rapidement fouettée en mousse ; mais, une fois cette mousse écumée et jetée, ce qui apparaît en dessous ne sera bon à rien, qu’à donner aux cochons.

Préface de l’auteur au
RÉCIT
Complet et Véridique
de la
BATAILLE
qui se fit V E N D R E D I dernier
entre les
LIVRES
A N C I E N S et M O D E R N E S
en la
BIBLIOTHÈQUE
Saint-James
par
Jonathan Swift
(Traduction de Jeannie Carlier)
Paris
Les Belles Lettres
1993

Aller de (y)

Aller de (y) : — Fournir. — « On y va de ses cinq francs ou de sa larme. » (Monselet.) — « Elle a tourné de l'oeil sans dire : ouf !... Pauvre vieille ! j'y ai été de ma larme.. » (About.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

Avertissement

Les personnages de ce livre ont été
conçus uniquement pour vous distraire.
S'ils ressemblent à quelqu'un de
votre connaissance, c'est uniquement
par hasard.
Les Éditeurs.

San Antonio : Des clientes pour la morgue (1954)

Aligner (s')

Aligner (s') : — Tomber en garde pour se battre. Mot à mot : se mettre sur la même ligne que son adversaire. — « Ils mettent parfois le sabre à la main et s'alignent. » (R. de La Barre.) — « À la suite d'un bisbille, ils sont descendus pour s'aligner. » (J.Arago, 38.) V. Aplomb.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mardi 13 février 2018

Devinette cinématographique (suite)

Comme le quiz cinématographique, proposé il y a quelques jours à été vite résolu, Grégory nous propose une question subsidiaire :
« La Corde contient, dans ses dialogues, au moins trois blagues sur l'univers des livres : disons une sur l'édition, une sur la bibliomanie et une sur la lecture. Quelles sont-elles ? »
Nous allons devoir revoir le film...

Alentoir

Alentoir : — Alentour. — Changement arbitraire de la finale.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

lundi 12 février 2018

Trieste en sa lumière

La sollicitude de quelques voisins pousse votre Tenancier à renoncer à sa ligne de conduite. En effet, on a reçu quelques ouvrages ces derniers temps qu’il serait dommage de ne pas signaler. D’ordinaire, votre Tenancier ne tient pas plus que cela à jouer le rôle de critique. Alors, au plus, on mentionnera notre plaisir et une brève notule…

Ce récit existe certainement : au gré du hasard, un personnage croise à plusieurs reprises les traces d’une ville réelle qui se transforme en cité fantasmée, puisqu’il n’y a jamais mis les pieds. Le pressentiment tenace d’une issue fatale, ou d’un événement extraordinaire, si jamais le personnage s’y déplaçait, l’obséderait. Arrive le moment où, volontairement, ou par accident, il s’y retrouve, la menace au-dessus de lui. Qu’arriverait-il ? Pour ma part, je souhaiterais qu’il ne se passe rien, non par superstition personnelle, mais parce que le désenchantement, la déception, le lâche soulagement demeurent des sentiments intéressants à explorer bien plus, à mon gré, que l’événement extraordinaire qui reste à la portée de tout littérateur moyen ? Moi qui ne suis qu’un écrivaillon — et qui l’assume allégrement — je ne peux que confier cela à plus doué, me doutant bien par ailleurs que le sujet a été traité cinquante-douze-mille fois, au moins. Ceux qui suivent le blogue savent d’où vient cette idée, qui tourne autour de Trieste depuis pas mal de temps. C’est dans une de ses évocations que j’appris récemment par un ami (qu’il me permette cette familiarité !) la parution d'une livre de Patrick Boman sur le sujet. Non seulement j’étais avisé de l’existence de cet ouvrage, mais je le recevais anonymement. Trieste en sa lumière rassemble les notes de plusieurs séjours dans les murs de la ville, ponctués de promenades érudites et des stations dans les cafés fort nombreux. Évidemment, les écrivains de Trieste se profilent dans ces pages, comme Roberto Bazlen ou Umberto Saba et ceux qui s’y sont arrêtés comme, bien sûr, James Joyce, dont Boman aborde malicieusement le versant alcoolique, souvent négligé de la part des thuriféraires. Mais Trieste apparaît aussi comme une curiosité géographique, un vestige de l’Empire austro-hongrois, un port méditerranéen, une frontière évanescente et pourtant disputée autour d’un rideau de fer qui semble ici plus fusible qu’ailleurs. Combien de fois Trieste a-t-elle changé de drapeau et de fonctionnaires (les représentants de l’Empire se montraient, paraît-il, incorruptibles et sourcilleux !) et combien de langues y parle-t-on ? Combien de plats différents, également, retenant le gastronome Boman (son Palais des saveurs accumulées est un opuscule remarquable sur la cuisine chinoise !), et qu’y boirions-nous ? Les morts s’invitent aussi dans cette flânerie, et leurs traces portent témoignage de l’intrication de tous ces univers. Trieste possède la qualité de certains écrivains situés sur des limites, plus exactement sur les limes de l’Empire. Ici, l’empire est géographique, là, il sera littéraire. Il demeure toutefois un endroit privilégié pour voir passer les hommes, les événements, les navires et les drames. Patrick Boman se place idéalement à cheval sur toutes ces perspectives et ses notes de voyage dispensent le soussigné de se hâter d’aller vérifier par lui-même. Ce faisant, Patrick Boman aura peut-être sauvé la vie du Tenancier… 
Patrick Boman
Trieste en sa lumière
Ginkgo éditeur (2017)

Alea jacta est

Alea jacta est : — Le sort en est jeté. — Phrase prononcée par César lorsqu'il passa le Rubicon pour marcher sur Rome. — « Le fameux alea jacta est qu'on a répété tant de fois depuis César. » (Rozan.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

jeudi 8 février 2018

« Vous ne croyez quand même pas que je lis ces conneries ? »

— Voyez les choses en face, reprit-il. Je n’augmente pas votre loyer parce que je veux votre peau. Croyez-moi, ça n’a rien de personnel. Même avant que vous preniez ce magasin, son loyer était ridicule. Votre petit copain, Litzauer… mais c’est un crétin qui lui a refilé ce magasin ! Un bail de trente et un an ! Jamais les augmentations des baux de cet immeuble n’ont même seulement essayé de suivre les réalités de l’immobilier commercial en période d’inflation ! Dès que je vous aurai foutu dehors, je démolirai vos étagères et je loue à un restaurant thaï ou à un épicier coréen… Vous avez une idée du loyer que je vais encaisser pour un si bel espace ? Dix mille cinq cents ? Vous rigolez. Dites plutôt quinze mille par mois et le locataire sera heureux de les payer.
— Mais… et moi là-dedans ? Qu’est-ce que je fais ?
— Ce n’est pas mon problème. Je suis bien sûr qu’il y a des coins de Brooklyn ou dans le Queens où vous trouverez le même genre de superficie pour un prix abordable.
— Et qui ira m’y acheter des livres ?
— Qui vient vous en acheter ici ?  Vous êtes un anachronisme ambulant, mon ami. Un dinosaure qui remonte à l’époque où tout le monde savait que la Quatrième Avenue était le paradis du livre. Ces douzaines de librairies, que sont-elles devenues ? Le business a changé. Le poche a miné le livre d’occasion. Les librairies d’occasion sont devenues des reliques du passé, et leurs propriétaires des gens qui partent en retraite ou qui meurent. Les rares qui sont encore en activité arrivent au bout de leurs baux, ou bien alors ce sont de vieux radins qui ont eu la sagesse d’acheter tout l’immeuble dès le début. Vous faites partie d’un monde en voie de disparition, monsieur Rhodenbarr. regardez ! Nous sommes en septembre, l’après-midi est superbe et je suis votre seul client. Ça vous dit quoi, ça, sur votre affaire ?
— Sans doute que je devrais vendre des kiwis, ou des nouilles froides à la sauce de sésame.
— Rendre ce commerce profitable n’est peut-être pas infaisable, dit-il. Vous balancez quatre-vingt-quinze pour cent de ces cochonneries et vous vous spécialisez dans le haut de gamme pour collectionneurs. Un dixième de cette surface vous suffirait. Vous n’auriez plus besoin d’une boutique et pourriez diriger tout ça d’un bureau, voire de chez vous. Mais bon… je ne voudrais surtout pas vous dire comment gérer votre affaire.
— Vous me dites déjà de dégager.
— Parce qu’il faudrait que je vous encourage à poursuivre alors que vous êtes condamné ? Je ne fais pas des affaires pour la beauté de l’art, moi.
— Mais…
— Mais quoi ?
— Vous ne protégez donc pas les arts ? La semaine dernière pourtant, j’ai lu votre nom dans le New York Times. Vous avez fait don d’un tableau lors d’une collecte de fonds au bénéfice de la bibliothèque de New York.
— Sur les conseils de mon comptable, dit-il. Il m’avait expliqué que je paierais ainsi moins d’argent au fisc qu’en le vendant.
— Peut-être, mais vous avez des goût littéraires. Les librairies de ce genres constituent un bien culturel et sont, à leur manière, aussi importantes que la Bibliothèque de New York. Je ne vois pas comment ce point pourrait vous échapper. Collectionneur comme vous l’êtes…
— Investisseur.
— Ça, un investissement ? lui demandai-je en lui montrant C comme Cambrioleur.
— Évidemment, et un bon encore. Les reines  du crime font un malheur en ce moment. A comme Alibi valait moins de quinze dollars quand il a été publié il y a une douzaine d’année de ça. Et vous savez combien, en parfait état et avec sa jaquette, va chercher un exemplaire de ce livre aujourd’hui ?
— De tête, non.
— Dans les quatre-vingt-quinze dollars. Voilà pourquoi j’achète du Sue Grafton, du Nancy Pikard et du Linda Barnes. À la librairie Murder Ink, j’ai un bon de commande permanent pour tous les premiers romans policiers écrits par des femmes. Comment savoir laquelle va décoller ? Les trois quarts d’entre elles n’arriveront jamais à rien, mais en procédant de la sorte, je suis sûr de ne pas rater la perle qui passera de vingt à mille dollars en quelques années.
— En somme, il n’y a que l’investissement qui vous intéresse.
— Exactement. Vous ne croyez quand même pas que je lis ces conneries ?
Je lui tendis sa carte de crédit et son permis, puis je pris son chèque et le déchirai en deux, puis encore en deux.
— Sortez d’ici !
— Qu’est-ce qui vous prend ?
— Rien. Je vends des livres aux gens qui aiment les lire. C’est anachronique, je sais, mais c’est ce que je fais. J’en vends aussi à ceux qui aiment collectionner des éditions rares de leurs auteurs préférés, et sans doute à quelques autres qui, plus intéressés par le visuel, apprécient de beaux ouvrages rangés sur une étagère à côté de la cheminée ? Il n’est même pas impossible que certains de mes clients pensent au côté investissement de la chose, quoique ça ne me paraisse pas être la meilleurs façon de s’assurer une vieillesse confortable. Mais c’est bien la première fois que je tombe sur quelqu’un qui se moque aussi ouvertement de ce qu’il achète et ce quelqu’un, je ne cois pas en vouloir comme client. Il se peut que je n’arrive pas à payer mon loyer, monsieur Stopplegard, mais tant que je tiendrai ce magasin, je sera le seul à dire à qui j’accepte un chèque.
— Vous préférez du liquide.
— Je n’en veux pas non plus.
Je tendis la main vers le livre, mais il s’en saisit avant moi.
— Ah mais non ! s’écria-t-il. Je l’ai trouvé, je le veux. Et vous êtes tenu de me le vendre.
— Mon œil.
— C’est la loi. Je vous colle un procès si vous refusez. Mais nous n’en viendrons pas là, n’est-ce pas ?
Il sortit un billet de cent dollars de son portefeuille et le posa bruyamment sur le comptoir.
— Gardez la monnaie, dit-il. Ce livre, je le prends. Et si vous tentez de m’en empêcher, je vous accuse d’agression.
— Pour l’amour de Dieu, m’exclamai-je, je ne vais pas me battre pour ça ! Attendez un instant que je vous rende la monnaie.
— Je vous ai dit de la garder. Qu’est-ce que vous voulez que j’en fasse ? C’est un livre à cinq cent dollars que je viens de vous acheter ! Pauvre idiot ! Vous ne savez même pas la valeur que vous avez en stock ! Pas étonnant que vous n’arriviez pas à payer votre loyer !

Lawrence Block : Le blues du libraire, une enquête de Bernie Rhodenbarr (1994)
Traduit de l'américain par Robert Pépin

Alarmiste

Alarmiste : — Chien de garde. (Vidocq.) — Il donne l'alarme.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

Quizz cinématographique

Grégory a tiré ces quatre images d'un film... Duquel s'agit-il ?
Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.
Merci à Grégory Haleux.

Airs (être à plusieurs)

Airs (être à plusieurs) : — Être hypocrite, jouer plusieurs rôles à la fois.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mercredi 7 février 2018

Flipbooks

On apprend dans le numéro 241 de la revue Positif (Avril 1981) que Martin Scorsese faisait des Flipbooks dans sa jeunesse. On aimerait bien savoir quel fut le point d'aboutissement de ces petits travaux, s'il en reste et enfin si quelqu'un d'avisé avait pu les éditer.

Depuis la parution de cet avis en mai 2009 sur Feuilles d'automne, le Tenancier n'en sait pas plus...

Air du temps (vivre de l')

Air du temps (vivre de l') : — Être sans moyens d'existence. Terme ironique. — « Tous deux vivaient de l'air du temps. » (Balzac.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

mardi 6 février 2018

Greta

Air (se donner de l', se pousser de l', jouer la fille de l')

Air (se donner de l', se pousser de l', jouer la fille d') : Fuir. — Les deux premiers termes font image ; le troisième date de la Fille de l'air, une ancienne pièce du boulevard du Temple. — « La particulière voulait se donner de l'air. » (Vidal, 33.) — « Dépêchez-vous et jouez-moi la fille de l'air avec accompagnement de guibolles. » (Montépin.) V. Ballon. — « C'est donc gentil de faire des poufs au monde et de se pousser de l'air ! Ah ! mais, on ne me monte pas le coup. » (Almanach du hanneton, 67.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

lundi 5 février 2018

10/18 — Jules Verne : L'invasion de la mer




Jules Verne

L'invasion de la mer

suivi de
Martin Paz
Préface de Léon Blum
Introduction de Francis Lacassin

n° 1239

Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »
Volume quintuple

314 page (320 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1978
Achevé d'imprimer : 19 mai 1978
ISBN : 2.264-00894-6

TABLE DES MATIÈRES

Jules Verne, par Léon Blum [7-8]
Jules Verne et les « majorités opprimées » (1852-1905), par Francis Lacassin [9-14]
L'invasion de la mer (1905) [17-224]
Notes de la rédacion du « Musée des familles », par Pitre-Chevalier [227-231]
Martin Paz, nouvelle historique (1852) [233-309]
Table [311-312]
Annonce « Jules Verne à Cerisy-La-Salle, du 11 au 21 juillet 1978 » [313-315]


(Contribution du Tenancier)
Index

Aimer comme ses petits boyaux

Aimer comme ses petits boyaux : Aimer comme soi-même : « Elle m'aimait ! Autant que ses petits boyaux. » (Parodie de Zaïre, 1732.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)

dimanche 4 février 2018

La loi sur le prix du livre

Ce billet, publié sur l'ancien blog Feuilles d'automne en juin 2009, mérite d'être republié ici, car la remise en question du prix du livre est un serpent de mer qui resurgit de temps en temps...

Il y a quelque temps, certains lobbies tentaient de remettre en question la loi sur le prix du livre promulguée en 1981. Sous divers prétextes, il ne s'agissait rien moins que de revenir à des pratiques anciennes qui présidaient alors à la désertification des librairies de détail au profit des grands groupes. Le retour de cette dernière notion est incarné par l'apparition de mastodontes de la vente sur le net. Il va de soi que les récentes tentatives de remise en cause avaient cette provenance pour une bonne part. Ces timides manœuvres, gageons-le, reviendront avec force dès que "les incertitudes" économiques seront un peu éloignées. Là, le discours technocratique reviendra avec quelque force, insistant sur les bienfaits de la concurrence sur le lectorat. On l'a du reste vu chaque fois qu'un groupe d'édition ou de librairie atteignait une certaine taille, n'est-ce pas ?
Mais, qui connait cette loi, appelée improprement "la loi Lang", car des personnes autrement prestigieuses et plus impliquées dans le livre en furent également à l'origine, comme Jérôme Lindon, par exemple ? Durant le très grand nombre d'années où j'ai travaillé dans la librairie de neuf, il m'est souvent arrivé de rencontrer des clients ou même des proches ignorer le contenu de cette loi et, subséquemment, pour quelles raisons elle fut appliquée. Il serait fastidieux d'en énoncer les raisons ici. On le fera sans doute un de ces jours. Ce que je puis dire, c'est que cette loi a donné ses chances à la librairie de neuf traditionnelle. En revanche, si ce métier est exsangue désormais, c'est que la corporation s'est endormie dans une espèce de béatitude malsaine en s'abstenant de développer ses potentialités : sa force de vente, ses réseaux, son implantation, etc. Là aussi, cela fera l'objet d'un autre billet. Une chose encore, j'ai fait mes débuts dans le métier avant cette loi, et je connais la situation avant et après sa promulgation. Je puis dire qu'elle a tout de même sauvé les meubles pendant un certain temps. Je suis pour qu'elle perdure. Je sais également de quoi je parle, ce qui n'est pas souvent le cas lorsque l'on évoque son abolition.
En attendant, voici la loi. Pour une fois que je vous tiens, vous allez finir par la connaître. Il serait temps.
Faites-en votre miel...

La loi n° 81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre (modifiée par la loi n° 85-500 du 13 mai 1985)

L'Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Art. 1er - Toute personne physique ou morale qui édite ou importe des livres est tenue de fixer, pour les livres qu'elle édite ou qu'elle importe, un prix de vente au public.

Ce prix est porté à la connaissance du public. Un décret précisera, notamment, les conditions dans lesquelles il sera indiqué sur le livre et déterminera également les obligations de l'éditeur ou de l'importateur en ce qui concerne les mentions permettant l'identification du livre et le calcul des délais prévus par la présente loi.

Tout détaillant doit offrir le service gratuit de commande à l'unité. Toutefois, et dans ce seul cas, le détaillant peut ajouter au prix effectif de vente au public qu'il pratique les frais ou rémunérations correspondant à des prestations supplémentaires exceptionnelles expressément réclamées par l'acheteur et dont le coût a fait l'objet d'un accord préalable.

Les détaillants doivent pratiquer un prix effectif de vente au public compris entre 95 % et 100 % du prix fixé par l'éditeur ou l'importateur.

Dans le cas où l'importation concerne des livres édités en France, le prix de vente au public fixé par l'importateur est au moins égal à celui qui a été fixé par l'éditeur.

[Loi du n° 85-500 du 13 mai 1985] "Les dispositions de l'alinéa précédent ne sont pas applicables aux livres importés en provenance d'un État membre de la Communauté économique européenne, sauf si des éléments objectifs, notamment l'absence de commercialisation effective dans cet État, établissent que l'opération a eu pour objet de soustraire la vente au public aux dispositions du quatrième alinéa du présent article."

Art. 2 - Par dérogation aux dispositions de l'article 37 (1°) de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 modifiée, les conditions de vente établies par l'éditeur ou l'importateur, en appliquant un barème d'écart sur le prix de vente au public hors taxes, prennent en compte la qualité des services rendus par les détaillants en faveur de la diffusion du livre. Les remises correspondantes doivent être supérieures à celles résultant de l'importance des quantités acquises par les détaillants.

Art. 3 - Les dispositions du quatrième alinéa de l'article 1er ci-dessus ne sont pas applicables aux associations facilitant l'acquisition des livres scolaires pour leurs membres.

Elles ne sont pas non plus applicables au prix de vente des livres facturés pour leurs besoins propres, excluant la revente, à l'État, aux collectivités locales, aux établissements d'enseignement, de formation professionnelle ou de recherche, aux syndicats représentatifs, aux comités d'entreprise, aux bibliothèques accueillant du public pour la lecture ou pour le prêt, notamment celles des associations régies par la loi du 1er juillet 1901.

Art. 4 - Toute personne qui publie un livre en vue de sa diffusion par courtage, abonnement ou par correspondance moins de neuf mois après la mise en vente de la première édition fixe, pour ce livre, un prix de vente au public au moins égal à celui de cette première édition.

Art. 5 - Les détaillants peuvent pratiquer des prix inférieurs au prix de vente au public mentionné à l'article 1er sur les livres édités ou importés depuis plus de deux ans, et dont le dernier approvisionnement remonte à plus de six mois.

Art. 6 - Les ventes à prime ne sont autorisées, sous réserve des dispositions de la loi n° 51-356 du 20 mars 1951 modifiée et de la loi n° 73-1193 du 27 décembre 1973 modifiée, que si elles sont proposées, par l'éditeur ou l'importateur, simultanément et dans les mêmes conditions à l'ensemble des détaillants ou si elles portent sur des livres faisant l'objet d'une édition exclusivement réservée à la vente par courtage, par abonnement ou par correspondance.

Art. 7 - Toute publicité annonçant des prix inférieurs au prix de vente au public mentionné à l'article 1er (alinéa 1er) est interdite hors des lieux de vente.

Art. 8 - En cas d'infraction aux dispositions de la présente loi, les actions en cessation ou en réparation peuvent être engagées, notamment par tout concurrent, association agréée de défense des consommateurs ou syndicat des professionnels de l'édition ou de la diffusion de livres ainsi que par l'auteur ou toute organisation de défense des auteurs.

Art. 9 - Les dispositions de la présente loi ne font pas obstacle à l'application, le cas échéant, de l'ordonnance n° 45-1483 du 30 juin 1945 modifiée relative aux prix, à l'exception toutefois des premier et deuxième alinéas du 4° de l'article 37 de ladite ordonnance.

Art. 10 - Un décret détermine les modalités d'application de la présente loi aux départements d'outre-mer compte tenu des sujétions dues à l'éloignement de ces départements.

[Loi du n° 85-500 du 13 mai 1985] Art. 10 bis - "Un décret en Conseil d'État déterminera les peines d'amendes contraventionnelles applicables en cas d'infraction aux dispositions de la présente loi."

Art. 11 - La présente loi entrera en vigueur à la date du 1er janvier 1982, y compris pour l'ensemble des livres édités ou importés antérieurement à cette date.

Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 1er juin 1983, un rapport sur l'application de la loi ainsi que sur les mesures prises en faveur du livre et de la lecture publique.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.
Fait à Paris, le 10 août 1981.
Journal Officiel (11 août 1981 ; 14 mai 1985)

Aille (terminaison en)

Aille (terminaison en) : « Le plus souvent afin de dérouter les écouteurs, l'argot se borne à ajouter indistinctement à tous les mots de la langue une sorte de queue, une trerminaison en aille, en orgue, en iergue ou en uche ; exemple : "Vouziergue trouvaille bonorgue ce gigotmuche." (Trouvez-vous bon ce gigot ?) Phrase adressé par Cartouche à un guichetier, afin de savoir si la somme offerte pour l'évasion lui convenait. La terminaison en indre est aujourd'hui fort usitée. » (Moreau Christophe, 64.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)