L’un des meilleurs blogs de ce côté-ci de la galaxie est
assurément Soli Loci, le blog de Grégory Haleux. C’est un garçon énervant :
il lui arrive de faire des dessins intéressants, des livres pas mal foutus, et
quelques billets qui nous réjouissent, dont le dernier. C’est déloyal, il en
reste peu aux autres pour briller. Parlons-en, tiens, du dernier billet. Son
titre est : Rimbaud à l’épreuve de
la biométrique de similarité.
On sait que la récente découverte d’un
nouveau cliché a déclenché une nouvelle polémique sur son
authentification. On
a cru lever le doute par le recours à des moyens scientifiques pour
corréler
plusieurs portraits de Rimbaud à celui qui était en question. Cette
méthode, la
biométrique, semblait aux dires des expérimentateurs et de ceux qui
s’en firent
l’écho — dont nombre de journalistes —un procédé infaillible. Grégory
en démontre les faiblesses dans un long article fort bien garni. On n'ajoutera rien ici à sa démonstration
magistrale propre à réintroduire un doute sur la légitimité de l’identité du
personnage photographié. La méthodologie qui a présidé à « l’authentification »
est lacunaire en en devient douteuse. Petite cerise sur le gâteau,
mais cerise fort goûteuse, un certain Arthur complète le billet par un
commentaire qui évoque la personnalité des découvreur dont il semble que l’inédit
photographique soit devenu un sorte de spécialité (Le « vrai »
portrait de Lautréamont, par exemple). Curieuse, cette récurrence de découverte
qui tombe à chaque fois sur les mêmes personnes…
Pour notre part, nous nous moquons éperdument du visage de
Rimbaud comme celui de Lautréamont. Seule leur poésie nous importe, ce en quoi
nous tombons d’accord avec Grégory.
Sans vouloir inférer une quelconque malice sur les
intentions des découvreurs, il nous revient en tête que la découverte de toiles
de Vermeer à motif biblique survint juste au moment où les historiens de l’art
se posaient la question de leur existence. Seulement ces toiles étaient d’un
certain Van Meegeren. A force de trop attendre certaines choses, il ne faut
guère s’étonner qu’elles nous persuadent de leur apparition,
quitte à ce qu’on leur donne un coup de main pour expliquer le mystère de leur existence.
Ah, tout s'explique. Elle avait cru voir le loup. Et voilà qui éclaire 2 000 ans d'histoire...
RépondreSupprimerOtto Naumme (d'un parfait bon goût)
Mieux que Lourdes, la boutique de ces découvreurs.
RépondreSupprimerBéatrice
A Béatrice :
RépondreSupprimerCette boutique vous pouvez la visiter, c'est une librairie située au 3 rue Pierre l'Ermite, Paris 18e
Comme cela vous pourrez en parler en connaissance de cause...
En parlant de "connaissance de cause", renseignez-vous sur qui est cette chère Béatrice avant de ronchonner, (peu) cher Anonyme (de Marseille, forcément). Vous seriez surpris.
SupprimerAh, j'oubliais : avant d'entrer chez autrui, on s'essuie les pieds... Avant...
Otto Naumme
Madame ou Monsieur Anonyme, ma tentative d'humour matinal ne semble pas vous convenir, vous m'en voyez désolée.
RépondreSupprimerBéatrice
On aimerait (voir la recommandation ci-contre) que les commentaires soient signés, même d'un pseudo, ce qui procure l'avantage de savoir à quel anonyme on répond.
RépondreSupprimerAprès la gueule de Rimbaud, voici… l'oreille de Van Gogh :
RépondreSupprimer« Le musée ZKM en Allemagne expose "Sugababe", une réplique de l'oreille coupée de Vincent van Gogh. L'histoire raconte que le peintre, gagné par la folie, l'aurait tranchée lui-même. Diemut Strebe a recréé cette oreille à partir du matériel génétique de l'artiste, relate l'agence de presse Associated Press. Lieuwe Van Gogh, l'arrière-arrière-petit-fils du frère de Vincent Van Gogh a en effet donné des échantillons de ses cellules vivantes. Les deux hommes partageraient environ 1/16e de leurs gênes, dont le chromosome Y transmis de père en fils, selon le musée. Diemut Strebe mêle l'art à la science et compte exposer cette oreille à New York l'an prochain. »
http://www.lexpress.fr/24henimage/on-a-retrouve-l-oreille-coupee-de-vincent-van-gogh-enfin-presque_1548617.html
Cher Arthur, vos propos me remémorent une manipulation tout aussi ragoûtante se passant de l'autre côté de l'Atlantique. Vous le savez sans doute, la population amérindienne (ainsi qu'elle est aujourd'hui nommée) a quelque peu décrue depuis 2-300 ans. Et, pour regonfler le chiffre "officiel" d'amérindiens actuels (qui devrait être de quelques dizaines de milliers au lieu des quelques dizaines de millions d'il y a deux ou trois siècles, et pardon pour mes approximations historiques...), il a été décidé (par je ne sais plus qui, pardon bis, mais au niveau gouvernemental...) que toute personne pouvant justifier de 1/16e de "sang amérindien" (autrement dit un arrière-arrière-grand-parent amérindien) était considérée comme amérindien. Et, dès lors, on est passé de quelques milliers à plus d'un million d'amérindiens.
SupprimerAu 1/256e, je parie que nous sommes tous africains. Mais ça va en embêter pas mal...
Otto Naumme
Il y avait un très intéressant et plaisant article sur ce sujet dans le n° 29 de mai 2013 du mensuel le Tigre. On peut difficilement le lire ici, car les caractères sont petits, à moins qu'on connaisse un moyen technique pour agrandir tout ça. Moi, si la poésie me transporte, la légende et le mystère font aussi voyager rocambolesquement mon imagination, même si au fond je me doute bien que la réalité (de la vie de Rimbaud en l'occurrence) est inatteignable, et serait certainement décevante, comme ce pauvre gars qu'on voit avec ces margoulins impérialistes.
RépondreSupprimerNormalement, Wrob, ton navigateur propose dans l'onglet "Affichage" un zoom qui te permet d'agrandir à volonté la page (je ne connais pas le raccourci-clavier sur PC : sur Mac c'est "Commande +").
SupprimerMais là, la définition d'origine des caractères est tellement basse que ça devient tout flou…
Cher George, dans l'univers "windowsien", la commande en question est Ctrl +.
SupprimerMais il faut avouer que le gras de cette typo est quelque peu "léger", si j'ose dire...
Otto Naumme
PS : il y a des liens sur "ici" et "gars", ci-dessus. Comme je ne les vois pas à l'écran et que ça peut peut-être intéresser quelqu'un, je vous le précise...
RépondreSupprimerArthur, j'en profite pour vous remercier directement de votre intervention chez Grégory et maintenant ici. Tout cela fleure bon "Le crâne de Voltaire enfant"...
RépondreSupprimerWroblewski, quand bien même la photo serait celle de Rimbaud, quand bien même elle serait le support d'une rêverie romanesque, c'est surtout le curieux fétichisme qui s'attache à la pratique de la "découverte" qui m'interroge. Verra-t-on bientôt un trafic de reliques de nos chers grands disparus, puisque le marché du manuscrit autographe commence à s'épuiser de son auto-spéculation ? On en prend la voie, si j'en crois les propos d'Arthur. Le mal serait moindre si cela ne débordait sur la naïveté de ceux qui s'en font l'écho. Après tout, un acquéreur a le droit de se faire plaisir avec des reliques laïques puisque le marché du religieux est définitivement frelaté depuis quelques siècles en la matière. On demeure cependant intrigué des engouements de la presse sur cette marchandise spectaculaire. On sait à quel point ce genre d'engouement favorise la spéculation. Sans nul doute que, dans le même registre, nous entendrons de nouveau parler du portrait de Flaubert :
http://flaubert.univ-rouen.fr/iconographie/ined_debat.php
Mais de tout cela, Wroblewski, je songe que nous sommes d'accord...
A partir de l'étui des Cent Vingt Journées, on pourrait peut-être reconstituer l'anus de Sade ?
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