dimanche 23 mars 2025

Réponse à George sur les super-héros

Un commentaire dans le dernier billet de la part de notre cher George revient sur le sujet du super-héros : « Tenancier, jetez donc un œil sur la série The Boys, qui au rebours de Leni Rifenstahl présente les super-héros comme des nazis (et non l’inverse). » Or, je ne vois pas ce qui distinguerait ceux-là des autres puisque le super-héros est précisément d’essence fasciste ou en tout cas qu’il recoupe assez de suspicions en ce sens. La typologie du héros que la « populace » tente de faire descendre de sa retraite pour mettre de l’ordre dans la cité, la description de ses actes qui le coupe justement de la polis, l’exacerbation de ses pouvoirs qui ne font pas du personnage un héros gréco-latin comme Jason ou Ulysse portés par les caprices de l’Olympe, mais bien plutôt l’image du guerrier solitaire, le Berseker, transcendé par l’amok, dénué d’empathie, toute cette somme de signes peuvent s’interpréter dans le sens du prototype de héros fasciste. Bien entendu, tout amateur des histoires DC Comics, Marvel, ou d’autres n'est pas un nazi en puissance, loin de là (je ne tiens pas à me faire casser la gueule par Pierre!). On se pose néanmoins la question de l’envahissement de l’image d’un certain type de sauveur à la fois sur les écrans et dans les livres ; pour ces derniers, des traces existent depuis longtemps, comme dans les romans d’Abraham Merritt dans le domaine des littératures dites de « l’imaginaire ». Or, cher George, on a tendance à trouver dans notre coin que votre remarque nous semble furieusement pléonastique puisque nous considérons que tout détenteur d’une puissance extraordinaire pourrait céder à la tentation du fascisme, que ce pouvoir se révèle métaphorique comme dans les comics ou dans la réalité…


  Javier Ruiz Caldera : Superlópez (2018)

5 commentaires:

  1. Jules19:47

    Bah, la gueule des super-héros rentrant de Stalingrad ! (rôôh, on avait dit "pas le physique).

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  2. Anonyme16:15

    Ils ne sont pas vraiment des super héros, mais bon, posons-nous quand même la question : le personnage de Fantômas est-il fasciste ? Et celui d'Arsène Lupin ? De Rocambole ?
    Leurs histoires et agissements obéissent-ils aux mêmes canevas des créatures de DC comics et alii ?
    N'en seraient-ils pas justement le modèle contraire puisque le super-héros est censé défendre la société (bourgeoise), ce qui semble être moins le cas des susnommés ?
    Des anars (un peu cocardier dans le cas de l'Arsène) ?
    Je m'interroge...

    Pierrot

    PS : Ne pourrait-on pas faire une distinction semblable à celle que fit l'estimé JP Manchette au sujet du roman policier versus le polar ? Dans les premiers, le détective réduisait l'anomalie qu'est le crime en ramenant, in fine, le calme dans la société (bourgeoise), dans le polar (et le néo polar), le détective lutte contre les émanations d'une société corrompue (capitaliste). En gros.
    Mais je m'égare peut-être.

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    1. Le premier mérite d'un débat reste toujours celui de susciter des questions, même si elles divergent du sujet de départ. Ni Fantômas ni Lupin ne sont dotés de capacités extra-humaine, contrairement aux héros de comics ; après, oui, en effet, on les retrouve en général gardiens de l'ordre social. N'est pas Georges Randal qui veut.

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  3. Cher Tenancier, vous vous gaussez avec une mauvaise foi éhontément idéologique, comme quoi j'enfoncerais allègrement des portes ouvertes : nous savons bien, nous autres, que toute créature présentée comme surhumaine est par essence fascisto-nazie.
    "Ni César, ni tribun, ni Sauveur Suprême", cela va de soi pour qui a un tantinet de jugeotte. Mais croyez-vous que cela soit le cas de tous ces gamins (ou ex-gamins) qui font que les productions Marvel ou DC cartonnent en BD ou au box-office ?
    L'intérêt de la série The Boys est précisément de présenter sans charre à tous ces fans leurs super-héros adulés comme des êtres profondément répugnants, et combien le pouvoir déshumanise celui qui le détient et autrui à ses yeux.
    Mais ce truisme, c'est dans la première saison : après, ça se complique, évidemment.

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    1. Diable, George, vous me prêtez beaucoup de malice et une aptitude à la moquerie que je ne suis pas certains de posséder. Nous sommes d'accord de toute façon, mais quel besoin d'en faire une série télévisée pour nous prouver que le super-héros est un prototype fasciste ? J'insinue que le remède ne se situe pas forcément dans la démonstration de leur nature, mais de réfléchir à une autre représentation qui a d'ailleurs façonné une partie de notre littérature, la ruse d'Ulysse, par exemple.

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