Un commentaire dans le dernier billet
de la part de notre
cher George revient sur le sujet du super-héros : « Tenancier,
jetez donc un œil sur la série The
Boys, qui au rebours de Leni Rifenstahl présente les
super-héros comme
des nazis (et non l’inverse). »
Or, je ne vois pas ce qui distinguerait ceux-là des autres puisque le
super-héros est précisément d’essence fasciste ou en tout cas qu’il
recoupe
assez de suspicions en ce sens. La typologie du héros que la « populace
» tente de
faire
descendre de sa retraite pour mettre de l’ordre dans la cité, la
description de
ses actes qui le coupe justement de la polis,
l’exacerbation de ses pouvoirs qui ne font pas du personnage un héros
gréco-latin
comme Jason ou Ulysse portés par les caprices de l’Olympe, mais bien
plutôt l’image
du guerrier solitaire, le Berseker, transcendé par l’amok, dénué
d’empathie,
toute cette somme de signes peuvent s’interpréter dans le sens du
prototype de
héros fasciste. Bien entendu, tout amateur des histoires DC Comics,
Marvel, ou
d’autres n'est pas un nazi en puissance, loin de là (je ne tiens
pas à me
faire casser la gueule par Pierre!).
On se pose néanmoins la question de l’envahissement de l’image d’un
certain
type de sauveur à la fois sur les écrans et dans les livres ; pour ces
derniers, des
traces existent depuis longtemps, comme dans les romans d’Abraham
Merritt dans
le domaine des littératures dites de « l’imaginaire ». Or,
cher
George, on a tendance à trouver dans notre coin que votre remarque nous
semble
furieusement pléonastique puisque nous considérons que tout détenteur
d’une
puissance extraordinaire pourrait céder à la tentation du fascisme, que
ce
pouvoir se révèle métaphorique comme dans les comics ou dans la
réalité…
Bah, la gueule des super-héros rentrant de Stalingrad ! (rôôh, on avait dit "pas le physique).
RépondreSupprimerIls ne sont pas vraiment des super héros, mais bon, posons-nous quand même la question : le personnage de Fantômas est-il fasciste ? Et celui d'Arsène Lupin ? De Rocambole ?
RépondreSupprimerLeurs histoires et agissements obéissent-ils aux mêmes canevas des créatures de DC comics et alii ?
N'en seraient-ils pas justement le modèle contraire puisque le super-héros est censé défendre la société (bourgeoise), ce qui semble être moins le cas des susnommés ?
Des anars (un peu cocardier dans le cas de l'Arsène) ?
Je m'interroge...
Pierrot
PS : Ne pourrait-on pas faire une distinction semblable à celle que fit l'estimé JP Manchette au sujet du roman policier versus le polar ? Dans les premiers, le détective réduisait l'anomalie qu'est le crime en ramenant, in fine, le calme dans la société (bourgeoise), dans le polar (et le néo polar), le détective lutte contre les émanations d'une société corrompue (capitaliste). En gros.
Mais je m'égare peut-être.
Le premier mérite d'un débat reste toujours celui de susciter des questions, même si elles divergent du sujet de départ. Ni Fantômas ni Lupin ne sont dotés de capacités extra-humaine, contrairement aux héros de comics ; après, oui, en effet, on les retrouve en général gardiens de l'ordre social. N'est pas Georges Randal qui veut.
SupprimerCher Tenancier, vous vous gaussez avec une mauvaise foi éhontément idéologique, comme quoi j'enfoncerais allègrement des portes ouvertes : nous savons bien, nous autres, que toute créature présentée comme surhumaine est par essence fascisto-nazie.
RépondreSupprimer"Ni César, ni tribun, ni Sauveur Suprême", cela va de soi pour qui a un tantinet de jugeotte. Mais croyez-vous que cela soit le cas de tous ces gamins (ou ex-gamins) qui font que les productions Marvel ou DC cartonnent en BD ou au box-office ?
L'intérêt de la série The Boys est précisément de présenter sans charre à tous ces fans leurs super-héros adulés comme des êtres profondément répugnants, et combien le pouvoir déshumanise celui qui le détient et autrui à ses yeux.
Mais ce truisme, c'est dans la première saison : après, ça se complique, évidemment.
Diable, George, vous me prêtez beaucoup de malice et une aptitude à la moquerie que je ne suis pas certains de posséder. Nous sommes d'accord de toute façon, mais quel besoin d'en faire une série télévisée pour nous prouver que le super-héros est un prototype fasciste ? J'insinue que le remède ne se situe pas forcément dans la démonstration de leur nature, mais de réfléchir à une autre représentation qui a d'ailleurs façonné une partie de notre littérature, la ruse d'Ulysse, par exemple.
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