Un étrange sentiment veille toujours chez votre Tenancier
lorsqu’il passe au large des correspondances littéraires ou historiques. Il ne
réside pas dans l’incomplétude souvent présente dans ces recueil, souvent
amputés de leurs réponses, parcellaires, perdus, détruits, etc. Ce qui
prévaut, au contraire est l’envie que toutes les correspondances s’articulent sur
un registre temporel. Ainsi l’on verrait qui a écrit quoi, par exemple, le 17 décembre 1867,
toutes correspondances ou extraits de journaux intimes confondus. Ce registre
renverrait aux volumes qui le renferment. Ce serait un vaste travail de
recollement, une entreprise monstrueuse et colossale… une tentative de saisir
un moment perdu, une date sans signification particulière, seulement parce qu’un
personnage, un jour, a écrit une missive, laissé une pensée. On organiserait des
chasses qui courraient d’un volume à l’autre pour reconstituer un segment de
temps : 17 décembre et son lendemain — puisque la poste à cette époque
permettait de se répondre un jour sur l’autre… Tous ces écrits ne concernent
pas forcément un fait précis, un événement historique. Ce serait surtout une
curieuse polyphonie, diffuse, qui subsisterait d’un air du temps, disparu, un 17
décembre ou un autre jour, une autre année.
Qui ferait cela ? Seul un fou…