Piqué dans Les cahiers de la bande dessinée n°60 (1984)
mardi 15 janvier 2019
jeudi 10 janvier 2019
Où le Tenancier est fier de sa fille
Le Tenancier, à une époque ou le népotisme et le favoritisme
font rage, ne voit pas pour quelle raison il se priverait d’en faire autant. C’est
donc avec une certaine fierté qu’il vous présente un court-métrage de sa fille
et qu’il vous enjoint sans plus tarder à montrer votre approbation (mais on ne
vous force pas, on vous suggère !).
Merci.mercredi 9 janvier 2019
Neuf ans plus tard, votre Tenancier a percuté (c'est pas trop tôt !)
Il y a neuf ans de cela, je faisais part sur le blog
précédent celui-ci de la trouvaille d’une étiquette de vin dans un ouvrage de
Verne, en guise de marque-page. J’avais reproduit ce billet il y a un an ici même.
Restait tout de même une sensation étrange en retrouvant l’image de cette
étiquette qui, mine de rien tentait de lui rappeler autre chose. Neuf ans pour
réaliser : on pourra dire que votre serviteur a le cerveau un peu lambin,
mais quel brasillement face à la réalité ! L’étiquette fait penser à la
couverture d’un classique Vaubourdolle, publié dans le temps chez Hachette et
que le curieux peut de temps à autre retrouver chez les bouquinistes dans le
rayon des petits classiques. Diable, boire un Barsac comme on se lit un
Vaubourdolle, ça ne manque pas de pertinence : liquoreux comme un
classique, classique comme un liquoreux ? À votre santé !
lundi 7 janvier 2019
Tout pour la picole mondaine
Rien à voir avec le billet précédent sinon dans le fait que
le Tenancier vous en fait part et qu’il s’agit ici aussi d’un site. Le EUVS Vintage
cocktails rassemble une collection d’ouvrages consacrés à la confection de
boissons alcoolisées. Parfois, les ouvrages spécialisés recèlent de l’originalité
tant sur la forme que sur le fond. Inutile de vous dire que ces ouvrages en témoignent…
et aussi ce qui constitue l’agrément d’une civilisation : s’emmerder à
doser différents breuvages pour exciter les papilles dans une cérémonie
mondaine. Cela nous change du gorgeon sur le coin de la table (nous aimons
aussi). On attirera l’attention du lecteur de passage sur Here’s How Again, par un certain Judge Jr. Dont le glossaire, page
12, donne une définition du scotch, seulement explicable par le contexte de la
publication de l’ouvrage :
On aura la solution de cette étrange définition en regardant la date et le lieu de publication de cet ouvrage : New York en 1929, c'est-à-dire en pleine Prohibition. D’ailleurs, à propos de ce régime sec outre-Atlantique, on se demande soudainement si la grande migration des auteurs et mécène étasuniens dans les années 20/30 à Paris ne trouve pas là une cause probable. En tout cas, constatons que la mode des ouvrages de « Boisson américaines » publiés en France, à partir des années 10, fit en sorte que le pèlerin impénitent ne se trouvait point dépaysé…
Scotch : This is also a liquid and
comes from Scotland and sometimes from Hoboken !
On aura la solution de cette étrange définition en regardant la date et le lieu de publication de cet ouvrage : New York en 1929, c'est-à-dire en pleine Prohibition. D’ailleurs, à propos de ce régime sec outre-Atlantique, on se demande soudainement si la grande migration des auteurs et mécène étasuniens dans les années 20/30 à Paris ne trouve pas là une cause probable. En tout cas, constatons que la mode des ouvrages de « Boisson américaines » publiés en France, à partir des années 10, fit en sorte que le pèlerin impénitent ne se trouvait point dépaysé…
On trouve des exemplaires de ce titre vendus en ligne entre 500 et 1 500 dollars...
samedi 5 janvier 2019
Céline Brun-Picard
Signalons ici le nouveau site de
Céline Brun-Picard. Pour
ceux qui ignoreraient qui elle est et pourquoi nous en parlons ici,
c’est parce qu’elle illustre depuis pas mal de temps les histoires
du
Fleuve rédigées par votre Tenancier. Pour contempler son travail autour
des
nouvelles, allez à cette adresse.
Sinon, regardez et vous comprendrez
peut-être ce qui m’a attaché à cette artiste !
vendredi 4 janvier 2019
Les quatre cercles
QUATRE
CERCLES SUCCESSIFS de reconnaissance sont traversés
par l’artiste exceptionnel engagé sur la voie du succès. Je les
appellerai la
reconnaissance des pairs, celles des critiques, celle de la clientèle
des
marchands et des collectionneurs et, pour finir, le triomphe auprès du
grand
public. La reconnaissance des pairs est la première et à maints égards la plus significative. Par pairs, j’entends les égaux du jeune artiste, ceux qui sont ses exacts contemporains, puis le cercle plus large des artistes en exercice. Ces derniers sont en général capables d’une très grande perspicacité bien qu’il leur arrive à l’occasion de se montrer obtus, et parfois jaloux du succès d’un artiste plus jeune. Dans tout groupe d’artiste, certains se démarquent. On le voit avec les étudiants en art et, parfois, la personnalité joue au départ un rôle aussi déterminant que les réalisations. Bien sûr, l’émergence d’un talent exceptionnel n’est pas un phénomène réservé au monde de l’art, mais il peut s’observer dans tous les domaines. |
Alan Bowness : Les Conditions du succès
Comment l’artiste moderne devient-il célèbre ? (1989)
Traduit de l’anglais par Catherine Wermester – Allia (2011)
mercredi 2 janvier 2019
Question de sémantique, ou d'orthographe, ou d'esgourde pas nettoyée
En 1975, alors qu’à peine politisé, votre Tenancier faisait
l’apprentissage de la scansion manifestante, il se confronta à un problème
sémantique délicat. En effet, lors de la promulgation de la très controversée
Loi Haby qui concernait l’Éducation nationale, on le surprit à reprendre le
slogan « Haby, salaud, le peuple en
ratapo ! » Il chercha un temps la signification de ce mot et, désormais, à l’occasion,
ne manque pas de le reprendre malgré l’abandon de toute innocence sur ce que
voulait signifier ses co-manifestants de l’époque.
Quand même, se mettre en ratapo, il considérait cela comme
grave et mystérieux, presque le début de l’utopie…
mardi 1 janvier 2019
lundi 17 décembre 2018
L'assemblage de l'ingénieur Canti
Le Tenancier n’avait pas vu paraître une des ses histoires
sur papier depuis quelques temps et il lui tardait de renouer avec la
publication en périodique voire plus si affinités. Ouvrons le bal avec un
nouvel opus dans une revue qui nous devient familière, le numéro hors-série de
l’Ampoule, parution annuelle où l’on trouvera la signature de votre serviteur.
La région de Bordeaux porte chance au Tenancier et, peut-être, le sujet de cette
histoire n’a sans doute pas laissé la rédaction de cette revue indifférente
puisqu’il est en partie question... d’œnologie. Quant à la chance, elle se
manifestera bientôt dans cette région sous une autre forme. Qu’on nous pardonne
de ne pas en délivrer plus pour l’instant, il nous arrive de céder à la superstition —
nous en parlerons plus tard, vers les beaux jours. En attendant, dégustez donc
cette histoire intitulée L’assemblage de
l’ingénieur Canti. Hélas, le texte n’a pas bénéficié de l’illustration de
Céline Brun-Picard, mais la sobriété du cliché de Charlie Ambrose convient
également à l’esprit de ce que nous avons voulu conter.
samedi 8 décembre 2018
lundi 3 décembre 2018
Keepsakes
[...] Il y avait au couvent une
vieille fille qui venait tous les mois, pendant huit jours, travailler à
la lingerie. Protégée par l'archevêché comme appartenant à une ancienne
famille de gentilshommes ruinés sous la Révolution, elle mangeait au
réfectoire à la table des bonnes soeurs, et faisait avec elles, après le
repas, un petit bout de causette avant de remonter à son ouvrage.
Souvent les pensionnaires s'échappaient de l'étude pour l'aller voir.
Elle savait par coeur des chansons galantes du siècle passé, qu'elle
chantait à demi-voix, tout en poussant son aiguille. Elle contait des
histoires, vous apprenait des nouvelles, faisait en ville vos
commissions, et prêtait aux grandes, en cachette, quelque roman qu'elle
avait toujours dans les poches de son tablier, et dont la bonne
demoiselle elle-même avalait de longs chapitres, dans les intervalles de
sa besogne. Ce n'étaient qu'amours, amants, amantes, dames persécutées
s'évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu'on tue à
tous les relais, chevaux qu'on crève à toutes les pages, forêts sombres,
troubles du coeur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au
clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des
lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l'est pas, toujours
bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze
ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets
de lecture. Avec Walter Scott, plus tard, elle s'éprit de choses
historiques, rêva bahuts, salle des gardes et ménestrels. Elle aurait
voulu vivre dans quelque vieux manoir, comme ces châtelaines au long
corsage, qui, sous le trèfle des ogives, passaient leurs jours, le coude
sur la pierre et le menton dans la main, à regarder venir du fond de la
campagne un cavalier à plume blanche qui galope sur un cheval noir.
Elle eut dans ce temps-là le culte de Marie Stuart, et des vénérations
enthousiastes à l'endroit des femmes illustres ou infortunées. Jeanne
d'Arc, Héloïse, Agnès Sorel, la belle Ferronnière et Clémence Isaure,
pour elle, se détachaient comme des comètes sur l'immensité ténébreuse
de l'histoire, où saillissaient encore çà et là, mais plus perdus dans
l'ombre et sans aucun rapport entre eux, saint Louis avec son chêne,
Bayard mourant, quelques férocités de Louis XI, un peu de
Saint-Barthélemy, le panache du Béarnais, et toujours le souvenir des
assiettes peintes où Louis XIV était vanté.
À la classe de musique, dans les romances qu'elle chantait, il
n'était question que de petits anges aux ailes d'or, de madones, de
lagunes, de gondoliers, pacifiques compositions qui lui laissaient
entrevoir, à travers la niaiserie du style et les imprudences de la
note, l'attirante fantasmagorie des réalités sentimentales.
Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes
qu'elles avaient reçus en étrennes. Il les fallait cacher, c'était une
affaire ; on les lisait au dortoir. Maniant délicatement leurs belles
reliures de satin, Emma fixait ses regards éblouis sur le nom des
auteurs inconnus qui avaient signé, le plus souvent, comtes ou vicomtes,
au bas de leurs pièces.
Elle frémissait, en soulevant de son haleine le papier de soie des
gravures, qui se levait à demi plié et retombait doucement contre la
page. C'était, derrière la balustrade d'un balcon, un jeune homme en
court manteau qui serrait dans ses bras une jeune fille en robe blanche,
portant une aumônière à sa ceinture ; ou bien les portraits anonymes
des ladies anglaises à boucles blondes, qui, sous leur chapeau de paille
rond, vous regardent avec leurs grands yeux clairs. On en voyait
d'étalées dans des voitures, glissant au milieu des parcs, où un lévrier
sautait devant l'attelage que conduisaient au trot deux petits
postillons en culotte blanche. D'autres, rêvant sur des sofas près d'un
billet décacheté, contemplaient la lune, par la fenêtre entrouverte, à
demi drapée d'un rideau noir. Les naïves, une larme sur la joue,
becquetaient une tourterelle à travers les barreaux d'une cage gothique,
ou, souriant la tête sur l'épaule, effeuillaient une marguerite de
leurs doigts pointus, retroussés comme des souliers à la poulaine. Et
vous y étiez aussi, sultans à longues pipes, pâmés sous des tonnelles,
aux bras des bayadères, djiaours, sabres turcs, bonnets grecs, et vous
surtout, paysages blafards des contrées dithyrambiques, qui souvent nous
montrez à la fois des palmiers, des sapins, des tigres à droite, un
lion à gauche, des minarets tartares à l'horizon, au premier plan des
ruines romaines, puis des chameaux accroupis ; – le tout encadré d'une
forêt vierge bien nettoyée, et avec un grand rayon de soleil
perpendiculaire tremblotant dans l'eau, où se détachent en écorchures
blanches, sur un fond d'acier gris, de loin en loin, des cygnes qui
nagent.
Et l'abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tête d'Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns après les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards.
Et l'abat-jour du quinquet, accroché dans la muraille au-dessus de la tête d'Emma, éclairait tous ces tableaux du monde, qui passaient devant elle les uns après les autres, dans le silence du dortoir et au bruit lointain de quelque fiacre attardé qui roulait encore sur les boulevards.
Gustave Flaubert : Madame Bovary
Illustration : Célestin Nanteuil
Le Keepsake était un type d'ouvrage collectif offert en étrennes ou pour les anniversaires à la période romantique. Certains de ces volumes étaient illustrés par des artistes connus : Achille Devéria, Celestin Nanteuil, Gavarni, Gustave Doré, Grandville, etc. Les grands auteurs romantiques - et de moins célèbres désormais - s'y sont essayés. Beaucoup furent imprimés chez Mame, à Tours et fréquemment habillés de cartonnages polychromes. Ils sont fort prisés encore à notre époque. Tous ne concernaient pas la littérature ou la poésie mais également les sciences naturelles et la géographie... Le papier de soie auquel fait allusion Gustave Flaubert était intercalé entre les pages qui contenaient des gravures. Le libraire nomme cela une serpente.
Billet originellement paru sur le blog Feuilles d'automne en juillet 2009
jeudi 29 novembre 2018
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