Voici quelques mois, votre Tenancier arrêtait d’écrire des
histoires du Fleuve parce qu’il sentait le besoin d’observer une trêve avec cet
univers. Toutefois, l'on découvre une inertie inévitable dès lors que l’on se mêle
de vouloir être édité : les textes sortent bien après leur rédaction et il
subsiste un temps considérable entre l’élaboration d’une histoire et sa publication
en revue. Les premières lignes de
La
remontée du Fleuve, figurant dans ce sommaire du numéro trois du
Novelliste, datent de 2016. Ce constat est une leçon prodiguée avec beaucoup de
recul. Vingt-cinq ans plus tôt (et même plus que cela), votre serviteur
recevait l’écrivain de littérature fantastique Scott Baker à son émission de
radio pour un ouvrage qui venait d’être publié en France. Il était accompagné
d’André Ruellan, lecteur enthousiaste du roman et qui avait entamé un dialogue
assez fécond à l’antenne. Seulement, impossible de rentrer dans les péripéties
de l’histoire avec l’auteur. À la vérité, il en avait oublié certains aspects.
Évidemment, l’édition française avait suivi l’américaine de plusieurs années et
Scott Baker ne se souvenait plus de tout, ce qui n’avait d’ailleurs pas entamé
l’intérêt de cette émission. Risquera-t-on de rencontrer le même problème avec
votre serviteur ? Oui, c’est probable… parce que ce qui est rédigé est déjà du
passé. Ma rupture avec l’univers du Fleuve n’est certes pas consommée, des
synopsis sont encore dans mes tiroirs, mais je sens que pour y revenir il sera utile
de me relire et de prendre des notes, non pour observer une cohérence qui
demeure très lâche, mais pour en redessiner des contours convaincants.
L’entreprise se révèle aisée et nécessite seulement de revoir trente-deux
histoires dans la chronologie imaginée par mes soins. Et, si jamais je recommence
à explorer le Fleuve, vous ne lirez vraisemblablement des textes nouveaux que
dans un ou deux ans, voire plus. L’absence ne sera pas trop pénible, de toute
façon, ces histoires valant ce qu’elles valent… Un récit du Fleuve, long cette
fois-ci, paraîtra dans quelque temps, un autre, plus court, est en attente
(celui-ci est peut-être l’amorce d’une « relance »). Ensuite, on pensera à
rassembler en volume ce qui ne l’a pas été, et puis la béance… que nous
occuperons avec d’autres sujets, éventuellement. Il n’empêche, c’est la fin
d’un cycle commencé huit ans auparavant avec
Une partie de pêche sorti en 2010. Je la ressens fortement avec
cette publication dans les colonnes du Novelliste, elle consacre aussi
le terme d’un « apprentissage », même si ce n’est pas un accomplissement. Le
long récit en préparation appartient également à cet achèvement, mais d’une
autre façon. Il sera toujours temps d’y revenir lors de sa parution.
En attendant,
La remontée du Fleuve, toujours illustré par Céline Brun-Picard, vient de sortir en excellente
compagnie et le Tenancier vous remercie de remplir votre bon de commande pour
cette revue diablement courageuse puisqu’elle n’a vu aucun inconvénient à
publier votre serviteur…