Armando
Alvarez
Bravo
Les Trahisons
du souvenir
Traduction
:
Agnès Boonefaes
Illustrations :
Ramón Alejandro
Angers —
Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages,
dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995
sur
les presses de Deleatur pour le compte de quelques êtres premiers ou
derniers
Le Tenancier : Une
nouvelle dans les Minilivres ne
compte pas énormément de signes. L’enjeu consiste à rendre une idée
intelligible en peu de mots. Ici, il faut rendre compte du terminus
d’une
existence, de l’accumulation et de la futilité de tout cela. J’ai la
vive
impression que ce très court récit s’ancre dans quelque chose de vécu,
sans
savoir vraiment à quoi se rapporte cette dite expérience, partielle, ou
totale ? La question prend de
l’intérêt avec ce soupçon, et sans doute parce que cela se rapporte à
tout
processus créatif…
Armando Alvarez Bravo semblait un auteur important de
l’émigration cubaine, comment son texte est-il parvenu dans cette
collection ? A-t-il apporté les
dessins d’Alejandro dans ses bagages ?
Pierre Laurendeau : Que de
questions ! qui touchent à la
dimension internationale de Deleatur. En 1995, Ramón Alejandro décida
de s’installer
à Miami, au plus près des amateurs de sa peinture à la fois onirique et
descriptive (également truffée de références à la
santeria –
religion à
mystère très présente à Cuba et dans l’émigration floridienne). Avant
de
partir, il me confia : « Ce que je regrette le plus en
quittant la France,
c’est notre complicité… Mais je réfléchis à poursuivre notre
collaboration. »
Le résultat : un projet transatlantique fou, avec deux
collections consacrées à des auteurs cubains, en langue espagnole
(Baralanube
et Mañunga). Ramón m’adressait les manuscrits et les dessins par Poste
(c’était
avant Internet). Je faisais relire les textes par une amie, Martine
Roux,
excellente hispanisante, puis j’envoyais – toujours par Poste – les
épreuves à
Ramón. Enfin, l’impression était confiée à Ivan Davy, un ami imprimeur
près d’Angers.
Puis j’expédiais les ouvrages à Miami. Le premier auteur publié dans
Baralanube
(en 1996) fut Armando, à l’époque journaliste dans un quotidien de
Miami en
langue espagnole :
Trenos, un recueil de poèmes, illustré
de
magnifiques dessins au trait de Ramón Alejandro.
Je ne sais plus si
Les Trahisons du souvenir fut
antérieur ou postérieur à
Trenos – peut-être Armando me
confia-t-il le
texte lors de mon séjour à Miami en 1997… Il existe une version en
espagnol,
Las
traiciones del recuerdo, disponible en minilivre également.
Cette aventure angevino-cubaine donna lieu à une dizaine d’ouvrages,
dont deux livres d’Antonio José Ponte, qui vivait alors à Cuba. Le
premier,
Las
Comidas profundas, eut un écho international bien au-delà de la
confidentialité
de notre aventure : le livre de Ponte fut publié en anglais par
City
Lights Books à San Francisco, et l’auteur invité dans de nombreuses
universités
américaines, ce qui le contraignit à quitter Cuba (il fut rayé des
listes de l’Uneac,
le syndicat des écrivains cubains) et à s’installer en Espagne, où il
vit
toujours. Martine Roux, ma relectrice en espagnol, me signala l’intérêt
de l’ouvrage,
que je fis traduire par Liliane Hasson ; il parut en 2000 en
français,
toujours à l’enseigne de Deleatur, sous le titre
Les Nourritures
lointaines
(le livre est toujours disponible). Ramón m’avoua plus tard que son
projet
éditorial était avant tout de publier Ponte, dont un second ouvrage,
Cuentos de todas
partes del Imperio,
parut dans la collection Baralanube (non traduit).
La plupart des ouvrages des deux collections sont encore
disponibles chez Deleatur… Avis aux amateurs !