Tom Gauld : La revanche des bibliothécaires, 2042 éditions
jeudi 15 mai 2025
mercredi 14 mai 2025
Être poète à ses heures
Je vous
mets au défi de trouver un Bourgeois qui ne soit pas
poète à ses heures. Ils le sont tous, sans exception. Le Bourgeois qui
ne
serait pas poète à ses heures serait indigne de la confrérie et devait
être
renvoyé ignominieusement aux artistes, à ces espèces d’esclaves qui
sont poètes
aux heures des autres.
Par exemple, il est un peu difficile de comprendre et d’expliquer ce que peut bien être cette poésie aux heures du Bourgeois. Supposer un instant que cet huissier se repose des fatigues de son ministère en taquinant la muse, qu’il se console du trop petit nombre de ses exploits en exécutant des cantates ou des élégies, serait évidemment se moquer de ce qui mérite le respect. Ce serait, si j’ose dire, une idée basse. Le Bourgeois n’est pas un imbécile, ni un voyou, et on sait que les vrais poètes, ceux qui ne sont que cela et qui le sont à toutes les heures, doivent être qualifiés ainsi. Lui est poète en la manière qui convient à un homme sérieux, c'est-à-dire quand il lui plaît, comme il lui plaît et sans y tenir le moins du monde. Il n’a même pas besoin d’y toucher. Il y a des domestiques pour ça. Inutile de lire, ni d’avoir lu, ni seulement d’être informé de quoi que ce soit. Il suffit à cet homme de s’exhaler. L’immensité de son âme fait craquer l’azur. Mais il y a des heures pour ça, des heures qui sont les siennes, celle de la digestion, entre autres. Quand sonne l’heure des affaires, qui est l’heure grave, les couillonnades sont immédiatement congédiées. — Être poète à ses heures, rien qu’à ses heures, voilà le secret de la grandeur des nations, me disait dans mon enfance, un bourgeois de la grande époque. |
Léon Bloy : Exégèse des lieux communs (1902) |
mardi 13 mai 2025
Tacatacatacatacatacatacatacatacatacatacatacatacatacatacatac (ter)
NPR Tiny Desk Concert 2023 Submission : Left Blank — Boston Typewriter Orchestra
lundi 12 mai 2025
dimanche 11 mai 2025
Tacatacatacatac...
NPR Tiny Desk Concert 2024 Submission : Selectric Funeral — Boston Typewriter Orchestra
samedi 10 mai 2025
Une historiette de Béatrice
vendredi 9 mai 2025
Pénurie
(Janvier
1945) Ce qui prouve aujourd’hui qu’un livre a du succès, c’est qu’il ne figure à aucun étalage. Par suite de tirages restreints, les libraires n’exposent en montre que les pannes et vendent les livres recherchés aux meilleurs de leurs clients, en douce, à l’intérieur. |
Jean Galtier-Boissière : Mon journal depuis la Libération (1945) |
jeudi 8 mai 2025
mercredi 7 mai 2025
Le Tenancier est un vieux
Dans notre manie d’accumuler les sources bibliographiques, quelques unes se révèlent inutiles ou insignifiantes pour ce qui concerne la pertinence des informations, souvent à cause de leur obsolescence. Reste le plaisir de relever quelques détails amusants, comme le fait de constater que, dans ce répertoire des auteurs publié en Grande Bretagne, Charteris, n’est pas loin de Chase et que ce dernier a créché à Neuilly sur Seine dans les années 1960, date de publication de cette quatrième édition. On y croise également Arthur C. Clarke, Somerset Maugham, Aldous Huxley, etc.
L’amusement s’étend également au récipiendaire de cet exemplaire, que le Tenancier découvrit bien après acquisition dans un lot, et à vrai dire assez à son corps défendant (et pour cause !), en découvrant la facture insérée à la fin du volume. Certes, le Tenancier ne passe pas ses dimanches entre les pages de cet ouvrage un peu sec du côté suspens. Néanmoins, sentant arriver son grand âge, et comme il me mentionna il y a peu, il se livre à cette habitude de vieux qui consiste à feuilleter les dictionnaires…
Quant à Michel Droit, je l'ai vu une seul fois, en coup de vent, à la libraire dans le XVIe où je travaillais, occasion pour mon patron de s'exclamer après coup : On a eu la visite du représentant le plus plus con de l'Académie française ! Pour ma part, je l'ignore, car j'ai peu croisé d'académiciens, deux ou trois seulement dans cette même librairie d'ailleurs, mais il faut reconnaître que l'échantillonnage n'était pas en faveur de celui-là, malgré le fait que...
lundi 5 mai 2025
Jeu
Notre ami George s'ennuie quand on
néglige un peu trop les intermèdes ludiques dans ce blogue. Comme on
n'est jamais mieux servi que par soi-même, il m'a envoyé la photo
ci-dessous, avec la question :
De quel film provient cette image volée à une époque plus heureuse que la nôtre, où les bouquinistes étaient tenus en plus haute estime qu'aujourd'hui ? (Le visage central est flouté pour corser un tantinet le jeu) ?
De quel film provient cette image volée à une époque plus heureuse que la nôtre, où les bouquinistes étaient tenus en plus haute estime qu'aujourd'hui ? (Le visage central est flouté pour corser un tantinet le jeu) ?
Comme le présent article a été programmé deux jours auparavant et que votre
Tenancier s'absente une partie de la journée, on espère que notre bon
George suppléera à nos lamentables carences en aidant nos lecteurs.
Merci George.
dimanche 4 mai 2025
Loueur de livres
Usés,
sales, déchirés, ces livres en cet état attestent qu’ils
sont les meilleurs de tous ; et le critique hautain qui s’épuise
en
réflexions superflues, devrait aller chez le loueur de
livres, et là voir les brochures que l’on demande, que l’on
emporte et auxquelles on revient de préférence. Il s’instruirait
beaucoup mieux
dans cette étroite boutique que dans les poétiques inutiles dont il
étaie les
frêles conceptions. Les ouvrages qui peignent les mœurs, qui sont simples, naïfs et touchants, qui n’ont ni apprêt, ni morgue, ni jargon académique, voilà ceux que l’on vient chercher de tous les quartiers de la ville, et de tous les étages des maisons. Mais dites à ce loueur de livres : Donnez-moi en lecture les œuvres de M. de La Harpe ; il se fera répéter deux fois la demande, puis vous enverra chez un marchand de musique, confondant (sous le vestibule même de l’Académie) l’auteur et l’instrument. Grands auteurs ! allez examiner furtivement si vos ouvrages ont été bien salis par les mains avides de la multitude ; si vous ne vous trouvez pas sur les ais de la boutique du loueur de livres ; ou si vous y trouvant, vous êtes encore bien propres, bien reliés, bien intacts, faits pour figurer dans une bibliothèque vierge, dites-vous à vous-même : J’ai trop de génie, ou je n’en ai pas assez. Il y a des ouvrages qui excitent une telle fermentation, que le bouquiniste est obligé de couper le volume en trois parts, afin de pouvoir fournir à l’empressement des nombreux lecteurs ; alors vous payez non par jour, mais par heure. À qui appartiennent de tels succès ? Ce n’est guère aux gens tenant le fauteuil académique. Ces loueurs de livres n’en connaissent que les dos et ils ressemblent en cela à plusieurs bibliothécaires et à quelques princes, qui ont une bibliothèque ordinairement assez utile aux autres. Une mère dit à sa fille, je ne veux point que vous lisiez. Le désir de lecture augmente en elle : son imagination dévore toutes les brochures qu’on lui dérobe ; elle sort furtivement, entre chez un libraire, lui demande la Nouvelle Héloïse, dont elle a entendu prononcer le nom : le garçon sourit ; elle paie, et va s’enfermer dans sa chambre. Quel est le résultat de cette jouissance clandestine ? Je dois mon cœur à mon amant : quand je serai mariée je serai toute à mon époux. |
Louis-Sébastien Mercier : Tableau de Paris — Chapitre CCCLXXVII |
samedi 3 mai 2025
Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 38
An 2000
L'an zéro de
Jésus-Christ
Angers — Éditions Deleatur, 1999
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en novembre 1999 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques Millénaristes
Le Tenancier : L’on découvre ici les conséquences d’un oubli dans le comput des années qui nous séparent de la naissance du Christ. La lacune évoquée par un convive et ses conséquences trouvent un épilogue archéologique lors du réveillon de l’an 2000. On aurait aimé un plus long développement à cette histoire, qui aurait pu se transformer en un récit orgiaque amusant et de bonne humeur, comme le tenancier de Deleatur sait faire… D’ailleurs, est-ce de lui ?
Pierre Laurendeau : Hum… Tout cela est très loin et ma mémoire n’est plus aussi affûtée qu’elle le fut au tournant du « début du troisième millénaire », comme les journalistes (si je précise « incultes », cela frise la redondance ?) de l’époque en rebattaient les oreilles de leurs écoutants. Disons que ce texte est de moi, ce qui me crédite d’un énième pseudonyme !
L’idée, amusante, mais troublante : si un moine médiéval a escamoté une année par ignorance du zéro, qu’adviendra-t-il d’un monde qui confond l’an 2000 avec le début du troisième millénaire ?
Je ne sais pas si j’aurais eu l’énergie suffisante pour pousser la narration jusqu’à un volume romanesque « dystopique » comme on dit maintenant… J’avoue ne pas y avoir pensé.
Si l’idée tente le Tenancier, je lui prête volontiers Denys le Petit (le moine médiéval), Jonathan, Judith, Martha et les autres !
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