Le Tenancier a passé l’autre côté du miroir. Oh, ne vous
attendez pas à un outing tonitruant.
Comme il le disait par ailleurs, votre serviteur est trop vieux pour changer
certains de ses vices. Ce qu’on veut vous dire par là, c’est que n’étant plus
libraire, il est devenu un client comme les autres et dans une ville de
province, où les gens qui ne se connaissent pas se disent bonjour lorsqu’ils se
croisent dans la rue. « Et alors, Tenancier, quel effet cela fait-il de
redevenir un vulgaire pékin ? »
Rien.
Je suis le premier déçu, croyez-le. Quittant ma défroque de libraire je m’attendais un an après à subir les affres du choix, l’avidité de la moindre nouveauté. Or me voici dans les mêmes ornières avec quelque fois, le lever d’une paupière découvrant un œil torve sur un livre qui n’est ni d’occasion ni une nouveauté. Risquer quelques sesterces sur un livre neuf, voici l’audace dont je me rétribue désormais. Ravissement rare et accompagné de scepticisme. On croit l’opération aisée. Votre serviteur aurait-il eu la témérité de s’installer dans un coin où il n’y aurait nulle librairie ? On vous rassure, il y en a. Enfin, la librairie du coin est une librairie-papeterie et nous avons frôlé de peu qu’elle fût également revendeuse de presse. Nous aurions eu à la fois, les torchons, les serviettes et la wassingue… sans préjugé de cette attribution métaphorique. Cette librairie de neuf n’a rien. On s’y attendait. Outre le fait que comme quatre-vingt dix pour cent de ses confrères ses rayons sont garnis d’offices de librairie sur le quel il ne doit pas avoir un grand pouvoir de choix, ses rayonnages sont garnis d’ouvrages courants. C’est bien normal aussi. Il est surprenant déjà qu’une telle boutique survive dans une agglomération atteignant avec peine dix mille habitants et possédant des supermarchés dotés d’un rayon « culture » que l’anglomanie régnante n’a pas encore changé en « entertainment », métamorphose pourtant méritée. Heureusement, on peut commander. C’est la mission et le devoir du libraire : répondre à toute demande pourvu que le livre soit accessible. On verra bien la suite de la commande passée dernièrement (un livre sur Circé, vous saurez peut être un jour pourquoi…) Donc, c’est possible, votre Tenancier chéri peut commander un livre chez un libraire au lieu d’engraisser des évadés fiscaux.
Non loin se tient un bouquiniste. Nul ne saura égaler la défunte librairie Entropie et l’amitié de Vincent. Le bouquiniste en question est poète, joueur d’échec et nous nous sommes laissé dire que ses talents ne s’arrêtent point là. On verra. Nous sommes en train de l’amadouer mais nous veillerons à rester à notre chaste place de client. Si l’on change de vie, on change de mœurs ou du moins on s’y essaye.
Voilà, le Tenancier est installé au loin, sans fuir les pertes, les morts de proches et d’amis mais avec le sentiment de la persistance ténue mais réelle (les statistiques du blog en témoignent) d’amitiés quelque part.
C’est réconfortant.
Ici le Tenancier suspend son pas et se tourne vers son alter ego :
« — Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
— On continue la mission…
Rien.
Je suis le premier déçu, croyez-le. Quittant ma défroque de libraire je m’attendais un an après à subir les affres du choix, l’avidité de la moindre nouveauté. Or me voici dans les mêmes ornières avec quelque fois, le lever d’une paupière découvrant un œil torve sur un livre qui n’est ni d’occasion ni une nouveauté. Risquer quelques sesterces sur un livre neuf, voici l’audace dont je me rétribue désormais. Ravissement rare et accompagné de scepticisme. On croit l’opération aisée. Votre serviteur aurait-il eu la témérité de s’installer dans un coin où il n’y aurait nulle librairie ? On vous rassure, il y en a. Enfin, la librairie du coin est une librairie-papeterie et nous avons frôlé de peu qu’elle fût également revendeuse de presse. Nous aurions eu à la fois, les torchons, les serviettes et la wassingue… sans préjugé de cette attribution métaphorique. Cette librairie de neuf n’a rien. On s’y attendait. Outre le fait que comme quatre-vingt dix pour cent de ses confrères ses rayons sont garnis d’offices de librairie sur le quel il ne doit pas avoir un grand pouvoir de choix, ses rayonnages sont garnis d’ouvrages courants. C’est bien normal aussi. Il est surprenant déjà qu’une telle boutique survive dans une agglomération atteignant avec peine dix mille habitants et possédant des supermarchés dotés d’un rayon « culture » que l’anglomanie régnante n’a pas encore changé en « entertainment », métamorphose pourtant méritée. Heureusement, on peut commander. C’est la mission et le devoir du libraire : répondre à toute demande pourvu que le livre soit accessible. On verra bien la suite de la commande passée dernièrement (un livre sur Circé, vous saurez peut être un jour pourquoi…) Donc, c’est possible, votre Tenancier chéri peut commander un livre chez un libraire au lieu d’engraisser des évadés fiscaux.
Non loin se tient un bouquiniste. Nul ne saura égaler la défunte librairie Entropie et l’amitié de Vincent. Le bouquiniste en question est poète, joueur d’échec et nous nous sommes laissé dire que ses talents ne s’arrêtent point là. On verra. Nous sommes en train de l’amadouer mais nous veillerons à rester à notre chaste place de client. Si l’on change de vie, on change de mœurs ou du moins on s’y essaye.
Voilà, le Tenancier est installé au loin, sans fuir les pertes, les morts de proches et d’amis mais avec le sentiment de la persistance ténue mais réelle (les statistiques du blog en témoignent) d’amitiés quelque part.
C’est réconfortant.
Ici le Tenancier suspend son pas et se tourne vers son alter ego :
« — Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
— On continue la mission…
Et donc, notre cher Tenancier va rester dans la position du missionnaire.
RépondreSupprimerOn n'en attendait pas moins de lui.
Otto Naumme