Vous connaissez le
Tenancier : toujours à se dissiper dans des bouquins à la recherche de
petites choses sans rapport avec les infimes bonheurs du quotidien, comme la sieste, par exemple. Le voici donc à fourrer son nez dans le petit
bouquin que Le Goff publia jadis : Les
intellectuels au Moyen Âge (1960).
Il y rencontre au détour d’un paragraphe un personnage qu’il avait perdu de vue,
mais qu’il fréquente pourtant presque quotidiennement. Il est vrai que celui-ci
opère à notre insu !
Tittivillus, dit-on, fait un sac de ces lettres et mots omis et les restituera au Jugement dernier. Cela pèsera, paraît-il, dans la balance de nos fautes. Le Tenancier, si on peut lui permettre cette expression a déjà les miches qui lui chauffent. On vous reparlera dans quelque temps de la maline incarnation de la coquille et de l’étourderie. Nous aurons des prétextes.
Les moines qui les écrivent [les livres] laborieusement dans scriptoria des monastères ne s’intéressent que très secondairement à leur contenu — l’essentiel pour eux est l’application mise, le temps consommé, les fatigues subies à les écrire. C’est l’œuvre de pénitence qui leur vaudra le ciel. D’ailleurs, suivant ce goût pour l’évaluation tarifée des mérites et des peines que l’Église du Haut Moyen Âge a emprunté aux législations barbares, ils mesurent au nombre de pages, des lignes, des lettres, les années de purgatoire rachetées ou, à l’inverse, se lamentent de l’inattention qui leur a fait, en sautant telle lettre, accroître leur séjour en purgatoire. Ils légueront à leurs successeurs le nom de ce diable spécialisé à les taquiner, le démon Tittivillus des copistes, que retrouvera Anatole France.Ajoutons que ce diablotin, à l’égal des gremlins de la Seconde Guerre mondiale, s’ingénie à troubler la belle ordonnance de nos mécaniques morales. Souvenons-nous qu’il induisit au péché les lecteurs de la Bible imprimée en 1631, surtout les adeptes du 7e article du décalogue en certifiant : « Tu commettras l’adultère » ! Cela valu à cette infortunée publication le surnom de Bible perverse. On peut le concevoir dans l’Angleterre du xviie siècle.
Tittivillus, dit-on, fait un sac de ces lettres et mots omis et les restituera au Jugement dernier. Cela pèsera, paraît-il, dans la balance de nos fautes. Le Tenancier, si on peut lui permettre cette expression a déjà les miches qui lui chauffent. On vous reparlera dans quelque temps de la maline incarnation de la coquille et de l’étourderie. Nous aurons des prétextes.
Ah ah je comprends mieux la bonne raison d'être des coquilles qui parsèment cette reproduction.
RépondreSupprimerAvec tout cela le Paradis est à portée d'un Je vous salue Tenancier.
ArD
À l'évidence, chère ArD, ce n'était pas un volonté du Tenancier, un peu bousculé lors de la rédaction de ce billet. On a tenté de réparer les bévues. Les diableries ont leurs limites.
Supprimer