lundi 4 mars 2024

Ça aide

Certains lecteurs de passage sur ce blogue l’ignorent peut-être, mais je suis écrivain pour happy few : trop « fantastique » pour la lithérature, trop littéraire pour « l’imaginaire » et pas assez copain avec quiconque. Seuls quelques éditeurs m’apprécient assez pour me publier, on ne sait par quel motif nébuleux, sûrement en rapport avec une disposition masochiste étant donné les résultats des ventes. Remarquons au passage que ceux qui me publient ne semblent pas mieux placés que moi au niveau des finances… Nous sommes quelques-uns dans cette position étrange qui nous fait figurer dans des ouvrages très honorables, mais qui ne se vendent pas, sans doute parce que les couvertures ne sont pas gaufrées comme des boîtes de bonbons produites en série. Que l’on ne perçoive pas ceci comme une marque d’acrimonie quelconque. Cela fait un bail que j’ai pris conscience que je ferais partie de toute façon d’une certaine marge. L’intérêt demeure de pouvoir continuer à écrire, de persister à y prendre du plaisir, et de lire parfois un ou deux encouragements. Cinq livres ont été édités sous mon nom, c’est déjà plus que ce que j’aurais pu espérer en commençant à écrire sérieusement. J’ai rédigé plus de cent cinquante nouvelles dont la moitié a été également publiée en revues ou en plaquettes. Vous ne me verrez pas dans les festivals dits de « l’imaginaire », parce que je me figure mal figurer dans une manifestation où les mauvais bouquins sont aussi bien accueillis que les bons au prétexte qu’ils font partie de la même famille (Au plus dans des manifestations locales, pour serrer la main à des potes) . D’ailleurs, je ne crois pas me situer vraiment dans cette sphère, même si j’ai participé abondamment et activement au mouvement de la SF il y a une trentaine d’années, par exemple. Je suis un très mauvais « signeur » : les envois autographes signés m’embarrassent. Et puis, qui lit donc du Letort, à part mes éditeurs et quelques amis (et encore, ils n’ont pas tout lu) ? Non, tout va bien, à partir du moment que l’on décide de travailler pour un autre motif que la gloriole, c’est-à-dire avec l’ambition de faire bien les choses, même si c’est une existence assez solitaire. Alors, cela acquiert du sens. On se prend à percevoir des signes de confrères — de véritables confrères, ceux qui partagent également cette solitude. Tous n’écrivent pas, mais ils tentent de bien faire les choses, comme moi. Cela aide. N’est-ce pas, chers lecteurs de ce blogue ?

4 commentaires:

  1. J'abonde autant que James !

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  2. Anonyme08:31

    Bien faire les choses, être exigeant, c'est la base du plaisir que l'on prend à écrire.
    Je ne vois pas où pourrait se trouver le plaisir de pondre de la merde...
    Et c'est pour cela que le Tenancier est beau !

    Otto Naumme

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  3. Jules08:34

    Amusant paradoxe que pointe le Tenancier : être dans les marges et faire partie de l'immense majorité de la confrérie car la plupart des écrivains qui ont "la chance" d'être publiés restent cantonnés à pas grand chose.
    Il fut un temps où j'en voulais aux libraires peu curieux. Mais face à la diarrhée éditoriale consistant à inonder le commerce pour en pilonner les trois quart au plus vite, on a un peu d'indulgence.

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  4. Didier10:05

    Oui, ça aide.

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