mardi 10 mars 2015

On les coupe à Jules

Qu’on pardonne au Tenancier sa marotte qui consiste à remettre Verne sur la table à tout bout de champ. Promis, il s’amendera et réduira ses billets à son sujet. En attendant, et même si vous n’êtes pas vernistes pour deux ronds, la nouvelle vous concerne aussi un peu. On vient d’apprendre que la communauté Amiens métropole retirait sa subvention annuelle de 80 000 € allouée au Centre International Jules Verne (Anciennement Centre de Documentation Jules Verne). Certes, nous sommes au courant que la crise touche les budget locaux, que le report de certaines charges naguère assumées par l’état pèse sur ces mêmes budgets. Cette communauté a fait un choix ; on le regrette, mais on reste dubitatif. Pour notre part, nous pensons que se remettre dans les bras d’un organisme étatique ou semi étatique revient à ne plus être maître de sa destinée mais consiste à la soumettre aux décisions de personnes étrangères à cette entreprise culturelle. Cette communauté amiénoise avait repris les rênes du centre en 2011, il a fallu peu de temps pour que cette association vieille de presque 45 ans disparaisse. Il semble que le fonds documentaire sera transféré à l’Université de Picardie, ce dont on se réjouit pour les chercheurs. Reste tout de même le prétexte invoqué par Nathalie Devèze, la vice-président chargée de la culture, qui laisse rêveur. Voici ce qu’elle déclare à la journaliste du Courrier Picard :
«  Nous nous sommes en effet interrogé sur l’activité de cette association. La revue qu’elle publie pas forcément de manière très régulière s’adresse à un public averti. Ses animations à destination des scolaires sont inexistantes. Nous leur avons pourtant demandé de déposer une demande de contrat local d'éducation artistique pour les écoles maternelles et primaires  ».
Ainsi, le maintien du Centre de documentation était soumis à une obligation de résultat, attitude assez typique des édiles dans leur démarches productiviste de la culture. Cette idée de rentabilité à court terme fait comme d’habitude fi de ce qui avait été réalisé par le passé par l’association. Incidemment, le discours de cette personne renvoie de nouveau Verne à son statut d’écrivain pour la jeunesse, confirmant l’ignorance crasse qui règne dans le marigot de l’administration culturelle et notamment vis-à-vis du travail de ce Centre international et de ceux qui le fréquente. Oserait-on demander aux Amis de Pierre Louÿs de souscrire à un contrat avec les écoles ? Personnellement, la chose m’amuserait. On peut sans peine deviner que la raison invoquée était un prétexte pour une raison qui nous échappe puisque nous ne sommes pas familier avec ce genre de manœuvre (nous n’aimons ni les subventions ni les tutelles par chez nous !) Argument hypocrite, inconséquence budgétaire qui fait que l’association ayant récemment déménagé, elle devra sans doute fermer ses portes. Qui a donc avalisé ce déménagement pour couper ensuite les subventions ?
Il est de règle en ce moment de sabrer tout les budgets concernant la culture. Ce n’est qu’une étape de la précarisation de la population. La diminution générale des services publiques, des soutiens à l’activité culturelle ou sociale est une manière comme une autre de conditionner le corps social à l’inacceptable. Cette coupe budgétaire n’est qu’une péripétie dans le vaste repli opéré actuellement. Déjà, nombres d’activités culturelles sont touchées sous le prétexte qu’elles ne sont pas rentables. Nous avions déjà une ministre de la culture qui ne lisait pas. Sans doute faut-il déduire que nous méritons ce qui est en train de se passer.
 
(On vous renvoie au site du Centre de Documentation pour en savoir plus sur son activité passée. En illustration deux des productions de l'association.)

lundi 9 mars 2015

Contrepet proustien censurable

On sait que Proust aimait fricoter avec de jeunes godelureaux bien membrés.
Son mignon préféré était un certain Albert, à qui il ne pouvait s'empêcher de déclarer, admiratif, chaque fois qu'il glissait la main dans sa culotte : « Albert, ta pine durçit !… »

George WF Weaver

Embaucher

Embaucher, v. a. Admettre un compositeur dans un atelier.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Jules Verne : Les naufragés du « Jonathan »





Jules Verne

Les naufragés du « Jonathan »
Préface de Francis Lacassin

n° 1209
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »

444 pages (448 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978

Couverture de Pierre Bernard. Doc. DR
Volume sextuple

Sommaire :

Francis Lacassin : Pourquoi Jules Verne en 10/18 [5-6]
Jules Verne : Les naufragés du Jonathan [7-444]
Table des matières [445-446]


(Contribution du Tenancier)
Index

Débinance, Débiner

Débinance, s. f. Action de débiner, de dire du mal de quelqu'un.

Débiner, v. Dénigrer, dire du mal de quelqu'un. N'est pas particulier au langage typographique.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

Antilope

Kennedy fit signe à son compagnon de se taire et de s’arrêter. Il fallait savoir se passer de chien, et, quelle que fût l’agilité de Joe, il ne pouvait avoir le nez d’un braque ou d’un lévrier.
Dans le lit d’un torrent où stagnaient encore quelques mares, se désaltéraient une troupe d’une dizaine d’antilopes. Ces gracieux animaux, flairant un danger, paraissaient inquiets ; entre chaque lampée, leur jolie tête se redressait avec vivacité, humant de ses narines mobiles l’air au vent des chasseurs.
Kennedy contourna quelques massifs, tandis que Joe demeurait immobile. ; il parvint à portée de fusil et fit feu. La troupe disparut en un clin d’œil ; seule une antilope mâle, frappée au défaut de l’épaule, tombait foudroyée. Kennedy se précipita sur sa proie.
C’était un blawe-bock, un magnifique animal d’un bleu pâle tirant sur le gris avec le ventre et l’intérieur des jambes d’une blancheur de neige.
« Le beau coup de fusil ! s’écria le chasseur. C’est une espèce très rare d’antilope, et j’espère bien préparer sa peau de manière à la conserver.
— Par exemple ! y pensez-vous, monsieur Dick ?
— Sans doute ! Regarde donc ce splendide pelage.
— Mais le docteur Fergusson n’admettra jamais une pareille surcharge.
— Tu as raison, Joe ! Il est pourtant fâcheux d’abandonner tout entier un si bel animal !
— Tout entier ! non pas, monsieur Dick ; nous allons en tirer tous les avantages nutritifs qu’il possède, et si vous le permettez, je vais m’en acquitter aussi bien que le syndic de l’honorable corporation des bouchers de Londres.
— A ton aise, mon ami ; tu sais pourtant qu’en ma qualité de chasseur, je ne suis pas plus embarrassé de dépouiller une pièce de gibier que de l’abattre.
— J’en suis sûr, monsieur Dick ; alors ne vous gênez pas pour établir un fourneau sur trois pierres ; vous aurez du bois mort en quantité, et je ne vous demande que quelques minutes pour utiliser vos charbons ardents.
— Ce ne sera pas long », répliqua Kennedy.
Il procéda aussitôt à la construction de son foyer, qui flambait quelques instants plus tard.
Joe avait retiré du corps de l’antilope une douzaine de côtelettes et les morceaux les plus tendres du filet, qui se transformèrent bientôt en grillades savoureuses.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XIV
(Sommaire)

Cabot

Cabot, s. m. Chien, et surtout Chien de petite taille.
Ce mot n'est pas particulier à l'argot typographique.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Arno Schmidt : Scènes de la vie d'un faune





Arno Schmidt
Scènes de la vie d’un faune

10/18
collection dirigée par Christian Bourgois
n° 1068

UNION GENERALE D’EDITIONS
8, rue Garancière — Paris VIe

LES LETTRES NOUVELLES
collection dirigée par Maurice Nadeau

traduit de l’allemand par Jean-Claude Hémery
avec la collaboration de Martine Vallette

postface du traducteur (p. 185 à 188)

Le titre original de cet ouvrage est :
Aus dem Leben Eines Fauns
Rowohlt Verlag, Hamburg 1953.

première traduction française : René Julliard, 1962

couverture de Pierre Bernard (doc. Roger-Viollet)

achevé d’imprimer le 15 juin 1976

192 p.


(Contribution de Am Lepiq (monsieuye)
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dimanche 8 mars 2015

Une historiette de Béatrice

— « Tu as vu ? Il est dédicacé à Jacques Chancel !
— Penses-tu, c’est quelqu’un qui a fait une blague. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en février 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Aller en Germanie

Aller en Germanie, v. Remanier. Cette expression, d'allure si preste, s'applique pourtant, comme on voit, à une chose très désagréable pour le compositeur. Lorsqu'il qu'il a commis un bourdon ou un doublon et qu'il est forcé de remanier un long alinéa, on dit qu'il va en Germanie. Cette locution, récemment introduite dans quelques ateliers, vient-elle des nombreux remaniements que la Prusse a fait subir, depuis 1866, à la carte d'Allemagne, et même, hélas! à la carte de France ?
Un vieux typographe nous fait remarquer que cette locution: Aller en Germanie, dont on n'aperçoit pas distinctement l'origine, que nous venons tout à l'heure de chercher au delà du Rhin, est purement et simplement une corruption. Quand un compositeur a commis un bourdon, il s'écrie de mauvaise humeur: Allons ! bon! Il faut que je remanie. D'où aller en JE REMANIE, puis en Germanie.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)