mercredi 9 juillet 2014

Une historiette de Béatrice


La dame avec sa tenue griffée et sa bague « mon revenu annuel » passe 20 minutes à me détailler les défauts du livre ancien qui l’intéresse. Ah la la quel dommage, le relieur va me coûter plus cher que le livre. Et oui madame.
Je reste ferme, avec le sourire.
Ses 15€ elle me les a réglés avec son reste de monnaie, en comptant à voix haute, il me manque un euro, pièces jaunes, il me manque 20 cents.
Pas de cadeau, et mon plus beau sourire. Je suis de bonne humeur.

 Cette historiette a été publiée pour la première fois en septembre 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Eau à ressort

Eau à ressort : Siphon à l'eau de Seltz.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

lundi 7 juillet 2014

Enigme

Puisque ce sont les vacances, on ressort les jeux.
Et comme nous sommes en quelque sorte un salon aimable fréquenté par de gentes personnes, nous allons verser dans la distraction d'ancien régime, comme les énigmes.
Celle-ci est de Voltaire :
Cinq voyelles, une consonne
En français composent mon nom
Et je porte sur ma personne
De quoi l'écrire sans crayon.
Bien évidemment, elle est fort réputée et le Tenancier demande à ceux qui la connaissent de réfréner leur ardeur jusqu'à demain soir pour en donner la clef...

samedi 5 juillet 2014

Une historiette de George

Une petite dame assez mal fagotée me demande :
— « Dites voir, combien vous achetez le genre de livres que vous avez là, sur les étagères juste derrière vous ? parce que j'en ai tout un tas chez moi et il faut que je fasse de la place.
— Ah, vous parlez de la Bibliothèque de La Pléiade ? Eh bien, ça dépend de l'état et des auteurs : disons qu'en général, c'est entre dix et quinze euros pièce.
— Parfait, dans ce cas je reviendrai demain vous en apporter. »

Le lendemain, en effet, la dame revient, traînant un caddie de marché empli à ras-bord… de «Sélection du Reader's Digest» cartonnés.

dimanche 22 juin 2014

Annie Le Brun sur Jarry



Conférence d'Annie Le Brun sur Alfred Jarry au Banquet de Lagrasse le 11 novembre 2012

Hongre

Hongre : Homme châtré.

Marie-François Le Pennec : Petit glossaire du langage érotique aux XVIIe et XVIIIe siècles (1979)

The Strongest of the Strange



On peut trouver le texte du poème ici,
et la traduction .

Rouleur

Rouleur, s. m. Ouvrier typographe qui roule d'imprimerie en imprimerie sans rester dans aucune, et qui, par suite de son inconduite et de sa paresse, est plutôt un mendiant qu'un ouvrier. Aucune corporation, croyons-nous, ne possède un type aussi fertile en singularités que celui dont nous allons essayer d'esquisser les principaux traits. Les rouleurs sont les juifs errants de la typographie, ou plutôt ils constituent cet ordre mendiant qui, ennemi juré de tout travail, trouve que vivre aux crochets d'autrui est la chose la plus naturelle du monde. Il en est même qui considèrent comme leur étant due la caristade que leur alloue la commisération. Nous ne leur assimilons pas, bien entendu, les camarades besogneux dont le dénuement ne peut être attribué à leur faute : à ceux-ci, chacun a le devoir de venir en aide, dignes qu'ils sont du plus grand intérêt.
Les rouleurs peuvent se diviser en deux catégories : ceux qui travaillent rarement, et ceux qui ne travaillent jamais. Des premiers nous dirons peu de chose : leur tempérament ne saurait leur permettre un long séjour dans la même maison; mais enfin ils ne cherchent pas de préférence, pour offrir leurs services, les imprimeries où ils sont certains de ne pas être embauchés. Si l'on a besoin de monde là où ils se présentent, c'est une déveine, mais ils subissent la malchance sans trop récriminer. De plus, détail caractéristique, ils ont un saint-jean, ils sont possesseurs d'un peu de linge et comptent jusqu'à deux ou trois mouchoirs de rechange. Afin que leur bagage ne soit pour eux un trop grand embarras dans leurs pérégrinations réitérées, ils le portent sur le dos au moyen de ficelles, quelquefois renfermée dans ce sac de soldat qui, en style imagé, s'appelle azor ou as de carreau. Un des plus industrieux avait imaginé de se servir d'un tabouret qui, retenu aux reins par des bretelles, lui permettait d'accomplir allègrement les itinéraires qu'il s'imposait. Ce tabouret, s'il ne portait pas César, portait du moins sa fortune.
Mais passons à la seconde catégorie. Ceux-là ont une horreur telle du travail, que les imprimeries où ils soupçonnent qu'ils en trouveront peu ou prou leur font l'effet d'établissements pestilentiels ; aussi s'en éloignent-ils avec effroi, bien à tort souvent ; car le dehors de quelques-uns est de nature à préserver les protes de toute velléité d'embauchage à leur endroit. D'ailleurs, si les premiers ne se présentent pas souvent en toilette de cérémonie, les seconds, en revanche, exposent aux regards l'accoutrement le plus fantaisiste. C'est principalement l'article chaussure qui atteste l'inépuisable fécondité de leur imagination. L'anecdote suivante, qui est de la plus scrupuleuse exactitude, pourra en donner une idée : deux individus, venant s'assurer dans une maison de banlieue que l'ouvrage manquait complètement et toucher l'allocation qu'on accordait aux passagers, étaient, l'un chaussé d'une botte et d'un soulier napolitain, l'autre porteur de souliers de bal dont le satin jadis blanc avait dû contenir les doigts de quelque Berthe aux grands pieds. Des vestiges de rosette s'apercevaient encore sur ces débris souillés d'une élégance disparue.
Au physique, le rouleur, n'a rien d'absolument rassurant. La paresse perpétuelle dans laquelle il vit l'a stigmatisé. Il pourrait poser pour le lazzarone napolitain, si poser n'était pas une occupation. Sa physionomie offre une particularité remarquable, due à la conversion en spiritueux d'une grande partie des collectes faites en sa faveur : c'est son nez rouge et boursouflé.
Lorsque, contre son attente, le rouleur est embauché, il n'est sorte de moyens qu'il n'emploie pour sortir de la souricière dans laquelle il s'est si malencontreusement fourvoyé : le plus souvent, il prétexte une grande fatigue et se retire en promettant de revenir le lendemain. Il serait superflu de dire qu'on ne le revoit plus.
Il est un de ces personnages qu'on avait surnommé le roi des rouleurs, et que connaissaient tous les compositeurs de France et de Navarre. Celui-là n'y allait pas par trente-six chemins. Au lieu de perdre son temps à de fastidieuses demandes d'occupation, il s'avançait carrément au milieu de la galerie, et, d'une voix qui ne trahissait aucune émotion, il prononçait ces paroles dignes d'être burinées sur l'airain : « Voyons! y-a-t-il mèche ici de faire quelque chose pour un confrère nécessiteux ? » Souvent une collecte au chapeau venait récompenser de sa hardiesse ce roi fainéant ; souvent aussi ce cynisme était accueilli par des huées et des injures capables d'exaspérer tout autre qu'un rouleur. Mais cette espèce est peu sensible aux mortifications et n'a jamais fait montre d'un amour-propre exagéré.
Pour terminer, disons que le rouleur tend à disparaître et que le typo laborieux, si prompt à soulager les infortunes imméritées, réserve pour elles les deniers de ses caisses de secours, et se détourne avec dégoût du parasite sans pudeur, dont l'existence se passe à mendier quand il devrait produire.

Eugène Boutmy - Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

Une historiette de Béatrice


A propos des petits cadres, posés par-ci par-là parmi les livres.
« — Quel joli dessin! c'est votre boutique ?
— Oui, ma nièce l'a dessinée quand elle avait 8 ans.
— Et ce dinosaure est très drôle !
— Mon neveu, vous voyez ma famille regorge d'artistes en herbe !
— Et ce monsieur sur la photo ici, c'est votre père ?
— Ah non, lui c'est Samuel Beckett. »

 Cette historiette a été publiée pour la première fois en août 2011 sur le blog Feuilles d'automne

Cubilo

Cubilo : Poële.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)