Votre Tenancier a de nouveau été confronté à une erreur
courante chez nombre de personnes, confusion qui touche également quelques
professionnels du livre — enfin presque exclusivement dans le secteur du livre
neuf pour être plus précis. Le sujet avait déjà été évoqué il y a des années
dans les colonnes de notre blog précédent. Ainsi, pour une description, il est
parfois important de se repérer et avoir un langage commun. Or, il est encore
courant d’entendre parler d’un dos
alors qu’il s’agit d’un 2e plat
de couverture, d’une tranche au
lieu d’un dos, etc. Tant il est vrai
qu’une erreur de ce genre n’empêchera jamais quiconque de prendre plaisir à la
lecture d’un livre en papier, il est toutefois fâcheux que cela soit transmis
en toute bonne conscience. Voici donc une illustration qui permettra, on l’espère,
de se repérer. C’est volontairement, que l’on se limite à trois notions. Le
curieux qui voudrait aller plus avant n’a désormais que l’embarras du choix
pour trouver un glossaire des termes techniques du livre…
On a pris comme modèle le Dictionnaire d’argot de Lorédan Larchey, dont vous êtes coutumiers ici…
On a pris comme modèle le Dictionnaire d’argot de Lorédan Larchey, dont vous êtes coutumiers ici…
La logique opère au moins pour une des appellations, à
savoir la tranche. Tout le monde a au
moins lu une fois l’expression « tranche dorée » ou « dorée sur
tranche ». On conviendra qu’un tel ouvrage serait assez kitsch dans une
bibliothèque si sa partie visible ressemblait à la déco d’un oligarque
pétrolier. En réalité la tranche est la partie que l’on massicote pour égaliser
les pages. On les tranche, d’où le mot, et on les recouvre parfois, en
bibliophilie, d’une couche dorée ou d’une décoration jaspée ou granitée afin de
préserver les pages de la poussière. En général, la dorure s’applique sur la
tranche supérieur (de tête) mais rien n’interdit qu’elle s’étende au deux
autres car, oui, il y a trois tranches dans un livre. Si la tranche n’est pas
ce que l’on croit, le dos n’est pas
ce que l’on appelle aussi la « 4e de couverture » —
appellation vraisemblablement héritée de la presse — ou 2e plat de
couverture. Le dos est donc la partie visible du livre une fois serré dans un
rayonnage. Donc le dos ne comporte ni résumé, ni biographie succincte de l’auteur.
Tout au plus y trouvera-t-on les informations essentielles que sont le titre,
le nom de l’auteur et l’éditeur. Dans les reliures, on y trouvera à la place
une petite vignette assez souvent en cuir appelée pièce de titre, comme sur cette illustration.
On pourrait éventuellement penser que ces informations sont inutiles pour celui qui ne s’intéresse qu’au texte. On donnerait éventuellement raison à ces personnes si nous ne nous souvenions pas que par le passé et même encore à l’heure actuelle la forme et la composition d’un livre peu conditionner son contenu. Que le néophyte ou le désinvolte suspende son indifférence et jette un coup d’œil dans certains catalogues, il verra que l’enchantement d’un livre se prolonge parfois dans sa matérialité…
On pourrait éventuellement penser que ces informations sont inutiles pour celui qui ne s’intéresse qu’au texte. On donnerait éventuellement raison à ces personnes si nous ne nous souvenions pas que par le passé et même encore à l’heure actuelle la forme et la composition d’un livre peu conditionner son contenu. Que le néophyte ou le désinvolte suspende son indifférence et jette un coup d’œil dans certains catalogues, il verra que l’enchantement d’un livre se prolonge parfois dans sa matérialité…