Est-ce que vous vous souvenez des barils de lessive ?
C’étaient des grands cylindres de cartons qui contenaient une quantité
invraisemblable de poudre à laver, obturés par un couvercle en plastique. On
récupérait le couvercle après usage, souvent pour jouer au frisbee. Ça ne
marchait pas aussi bien que les vrais, d’ailleurs, et à moi ça me raclait
l’intérieur du pouce droit, à cause des rebords un peu aigus, quand on le
lançait. Mais c’était bien. Sinon, on utilisait le baril lui-même comme coffre
à jouets, ou plutôt comme réservoir à saloperies en plastiques souvent cassées
mais dont l’utilité était avérée dans notre imaginaire. On trouvait même dans
certains canards pour mômes des conseils pour les décorer — je me demande après
coup si je n’avais pas vu ça dans un
Pif
Gadget... Le baril de lessive était un élément de notre mômerie et il
arrivait —
merci Bonux — qu’on y
trouve un gadget pas trop nul. Il m’est même arrivé d’y trouver un Astérix.
J’étais très jeune, mais le souvenir est vif : c’était
Astérix et Cléopâtre, avec ses coloris
chaudement cuivrés, sa parodie de générique à grand spectacle sur la couverture
que je prenais alors au sérieux, et
ce
nez, par Jupiter,
ce nez… Est-il
vrai, ce souvenir d’ailleurs ? C’est une chose tellement forte encore que
j’y crois. Des Cléopâtre, on en a vu d’autres avant et depuis. Ma préférée est
bien Claudette Colbert, tiens, lorsqu’elle émerge du tapis dans le film de 1934…
Revenons à nos moutons : Claud… euh, Cléopâtre dans un baril de lessive,
est-ce bien raisonnable ? On trouvait bien des médailles antiques dans les
stations service, des livres de poche pour un plein (dont Verne, offert par les
stations Total), des queues de tigre, des gloups, des figurines de chez
Mokarex, du trivial en sachet, et du commémoratif en présentoir, un flot
prodigieux et ininterrompu de merdouilles et de machin promotionnels dans
les paquets, les barils, les cornets — et dans
Pif Gadget, bien sûr. Ça côtoyait nos jouets ordinaires, les pistolets qui tiraient de
minuscules billes en plastique rouge, les pistolets à fléchettes dont on
enlevait l’embout et caoutchouc pour que ça aille plus loin (étonnant qu'il n'y ait pas eu d’œil crevé dans l'affaire !), les minus (et
vous, vous avez aussi « tiqué les minus » ?), les fusées à
pétard, les Globos et les Malabars. Il y avait des moments de grâce comme cet
Astérix dans le baril de lessive. Je suis sûr qu’on peut vérifier sur le net si
c’est avéré. Je m’en fous, après tout. Je me souviens de cette lecture-là, je m’en
souviens !
Quand je lisais
Astérix
et Cléopâtre, ça sentait la lessive…