lundi 16 mars 2015

Une historiette de Béatrice

— « Mais il a un défaut ce livre ! Je vais devoir couper les pages pour le lire moi ! Vous me faites un prix ? »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en mars 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Macchabée

Macchabée, s. m. Un mort. V. Macabre.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

mercredi 11 mars 2015

10/18 — Franco Basaglia & Franca Basaglia-Ongaro : La majorité déviante




Franco Basaglia et Franca Basaglia-Ongaro

La Majorité déviante - L'idéologie du contrôle social total
Traduit par Michel Makarius
(Einaudi Editore)

n° 1111
Volume triple

192 p
1974
« La composition, l'impression et le brochage de ce livre ont été effectués par Firmin-Didot S.A., pour le compte des éditions U.G.E.»
Achevé d'imprimer le 27 octobre 1976
N° d'édition : 922 - N° d'impression : 9505 - Dépôt légal : 4e trimestre 1975
ISBN 2.264-00041-4

Couverture de Pierre Bernard, Photo du film La tête contre les murs de Georges Franju, Cahiers du Cinéma
Collection dirigée par Christian Bourgois

« On trouvera réunis dans le présent ouvrage les textes suivants :
Jurgen RUESCH, Social Disability : the Problem of Misfits in Society. Rapport présenté au Congrès « Towards a Healthy Communauty » organisé par la « World Federation for Mental Health and Social Psychiatry », Edimbourg, mai 1969.
Edwin LAMBERT, Paranoia and the Dynamics of Exclusion, extrait de l'ouvrage Human Deviance, Social Problems and Social Problems and Social Control, Prentice Hall Inc., Englewood Cliffs, New Jersey, 1967.
Gianni SCALIA, La Ragione della follia, publié dans une première version dans « Classe e stato », n°5, décembre 1968.
Les interviews des participants du Network de Londres ont été recueillies en septembre 1969 pan [sic] Paolo Tranchina, Mario Mariani et les auteurs.
Cet ouvrage est paru pour la première fois en 1971 chez Einaudi Editore sous le titre la Maggioranza deviante. »

4e de couv. :
« Un ouvrage fondamental sur le rôle politique et social des asiles psychiatriques. Les auteurs y démontrent que la folie ne peut plus être considérée comme un problème purement médical, et que l'origine des maladies appelées mentales doit être cherchée dans la société. »

TABLE DES MATIERES :

L'habit étroit
L'idéologie de la différence
Les cols noirs
L'objectivité au pouvoir
La majorité déviante
L'impossible stratégie
La maladie et son double
La raison de la folie

(Contribution de Grégory Haleux)
Index

Lapin (Manger un)

Lapin (Manger un), v. Aller à l'enterrement d'un camarade. Cette locution vient sans doute de ce que, à l'issue de la cérémonie funèbre, les assistants se réunissaient autrefois dans quelque restaurant avoisinant le cimetière et, en guise de repas des funérailles, mangeaient un lapin plus ou moins authentique. Cette coutume tend à disparaître ; aujourd'hui, le lapin est remplacé par un morceau de fromage ou de la charcuterie et quelques litres de vin.
Nous avons connu un compositeur philosophe, le meilleur garçon du monde, qui, avec raison, se croyait atteint d'une maladie dont la terminaison lui paraissait devoir être fatale et prochaine. Or, une chose surtout le chiffonnait: c'était la pensée attristante qu'il n'assisterait pas au repas de ses funérailles; en un mot, qu'il ne mangerait pas son propre lapin. Aussi, à l'automne d'antan, par un beau dimanche lendemain de banque, lui et ses amis s'envolèrent vers le bas Meudon et s'abattirent dans une guinguette au bord de l'eau. On fit fête à la friture, au lapin et au vin bleu. Le repas, assaisonné de sortes et de bonne humeur, fut très gai, et le moins gai de tous ne fut pas le futur macchabée. N'est-ce pas gentil ça (1) ?
C'est jeudi. Il est midi; une trentaine de personnes attendent à la porte de l'Hôtel-Dieu que l'heure de la visite aux parents ou aux amis malades ait sonné. Pénétrons avec l'une d'elles, un typographe, « dans l'asile de la souffrance. » Après avoir traversé une cour étroite, gravi un large escalier, respiré ces odeurs douceâtres et écoeurantes qu'on ne trouve que dans les hôpitaux, nous entrons dans la salle Saint-Jean, et nous nous arrêtons au lit n° 35. Là gît un homme encore jeune, la figure hâve, les traits amaigris, râlant déjà. Dans quelques heures, la mort va le saisir; c'est le faux noyé dont il a été question à l'article Attrape-science. Au bruit que fait le visiteur en s'approchant de son lit, le moribond tourne la tête, ébauche un sourire et presse légèrement la main qui cherche la sienne. Aux paroles de consolation et d'espoir que murmure son ami, il répond en hochant la tête: « N-i-ni, c'est fini, mon vieux. Le docteur a dit que je ne passerais pas la journée. Ça m'ennuie... Je tâcherai d'aller jusqu'à demain soir... parce que les amis auraient ainsi samedi et dimanche pour boulotter mon lapin.» Cela ne vaut-il pas le Plaudite ! de l'empereur Auguste, ou le « Baissez le rideau la farce est jouée ! » de notre vieux Rabelais ?

(1) Le typographe auquel il est fait allusion ici s'appelait Genty ; il est mort depuis que ces lignes ont été écrites.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Joris-Karl Huysmans : L'art moderne / Certain




Joris-Karl Huysmans

L'art moderne / Certain
Préface d'Hubert Juin

n° 1054

Série « Fins de siècles »
1986

Couverture : Pornocrates (détail) par Félicien Rops



(Contribution de SPiRitus)
Index

Justification

Justification, s. f. Longueur de la ligne, variable suivant les formats.
Au figuré, Prendre sa justification, c'est prendre ses mesures pour faire quelque chose.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Joris-Karl Huysmans : A rebours / Le drageoir aux épices




Joris-Karl Huysmans

A rebours / Le drageoir aux épices
Préface d'Hubert Juin

n° 975

Série « Fins de siècles »
1991

Couverture : Le rêve (détail) par Odilon Redon


(Contribution de SPiRitus)
Index

Il pleut !

Il pleut ! v. unipers. Exclamation par laquelle un compositeur avertit ses camarades de l'irruption intempestive dans la galerie du prote, du patron ou d'un étranger. Dans quelques maisons, il pleut ! est remplacé par Vingt-deux. Pourquoi vingt-deux ? On n'a jamais pu le savoir.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

Lettres Nouvelles — Arno Schmidt : Scènes de la vie d'un faune

Christophe, qui anime le très intéressant blog L’autre Hidalgo, se pique au jeu de la bibliographie. C’est visiblement l’exposition du titre d’Arno Schmidt dans notre recension des 10/18 qui suscite son enthousiasme. Voici sa glane pour l’édition originale française :
 
in-8°, 192 pages, broché.
— 1 page de garde
— 1 page de titre
— Poème pp 7-8
— Roman pp 9-183
— Postface p 189
— Table p 192
 
Et maintenant, voici les images du livre, qui remplacent en grande partie la notice bibliographique :


L'idée d'établir une bibliographie autour des Lettres Nouvelles est ma foi fort tentante, en parallèle avec ce que nous faisons à propos des 10/18, sachant que ces entreprises éditoriales étaient plutôt complémentaires. On s'en remet à la bonne volonté des habitués du blog à ce sujet...

Hanneton

Hanneton, s. m. Idée fixe et quelquefois saugrenue.
Avoir un hanneton dans le plafond, c'est avoir le cerveau un peu détraqué. On dit aussi, mais plus rarement Avoir une sauterelle dans la guitare et une araignée dans la coloquinte.
Le hanneton le plus répandu parmi les typographes c'est, nous l'avons déjà dit, la passion de l'art dramatique. Dans chaque compositeur il y a un acteur. Ce hanneton-là, il ne faut ni le blâmer ni même plaisanter à son sujet; car il tourne au profit de l'humanité. Combien de veuves, combien d'orphelins, combien de pauvres vieillards ou d'infirmes doivent au hanneton dramatique quelque bien-être et un adoucissement à leurs maux ! Mais il en est d'autres dont il est permis de rire. Ils sont si nombreux et si variés, qu'il serait impossible de les décrire ou même de les énumérer; comme la fantaisie, ils échappent à toute analyse. On peut seulement en prendre quelques-uns sur le fait. Citons, par exemple, celui-ci: Un bon typographe, connu de tout Paris, d'humeur égale, de moeurs douces avait le hanneton de l'improvisation. Quand il était pris d'un coup de feu, sa manie le talonnant, il improvisait des vers de toute mesure, de rimes plus ou moins riches, et quels vers ! Mais la pièce était toujours pathétique et l'aventure tragique ; il ne manquait jamais de terminer par un coup de poignard, à la suite duquel il s'étendait lourdement sur le parquet. Un jour qu'il avait improvisé de cette façon et qu'il était tombé mort au milieu de la galerie de composition, un frère, peu touché, se saisit d'une bouteille pleine d'eau et en versa le contenu sur la tête du pseudo Pradel. Le pauvre poète se releva tout ruisselant et prétendit à juste raison que « la sorte était mauvaise. » C'est le hanneton le plus corsé que nous ayons rencontré et on avouera qu'il frise le coup de marteau.
Un autre a le hanneton de l'agriculture : tout en composant, il rêve qu'il vit au milieu des champs ; il soigne ses vergers, échenille ses arbres, émonde, sarcle, arrache, bêche, plante, récolte. Le O rus, quando ego te aspiciam ? d'Horace est sa devise. Parmi les livres, ceux qu'il préfère sont la Maison rustique et le Parfait Jardinier. Il a d'ailleurs réalisé en partie ses désirs. Sa conduite rangée lui a permis de faire quelques économies, et il a acquis, en dehors des fortifications, un terrain qu'il cultive; malheureusement ce terrain, soumis à la servitude militaire, a été saccagé par le génie à l'approche du siège de Paris. Vous voyez d'ici la chèvre !
Un troisième a une singulière manie. Quand il se trouve un peu en barbe, il s'en va, et, s'arrêtant à un endroit convenable, se parangonne à l'angle d'un mur; puis, d'une voix caverneuse, il se contente de répéter de minute en minute: « Une voiture ! une voiture ! » jusqu'à ce qu'un passant charitable, comprenant son désir, ait fait approcher le véhicule demandé.
Autre hanneton. Celui-ci se croit malade, consulte les ouvrages de médecine et expérimente in anima sua les méthodes qu'il croit applicables à son affection. Nous l'avons vu se promener en plein soleil, au mois de juillet, la tête nue, et s'exposer à une insolation pour guérir des rhumatismes imaginaires. — Actuellement, son rêve est de devenir... cocher.
Un de nos confrères, un correcteur celui-là, a le hanneton de la pêche à la ligne. Pour lui, le dimanche n'a été inventé qu'en vue de ce passe-temps innocent, et on le voit dès le matin de ce jour se diriger vers la Seine, muni de ses engins. Il passe là de longues heures, surveillant le bouchon indicateur. On ne dit pas qu'il ait jamais pris un poisson. En revanche, il a gagné,
Sur les humides bords des royaumes du Vent,
de nombreux rhumes de cerveau.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

mardi 10 mars 2015

Autre contrepet proustien
(Où le Tenancier décline toute responsabilité)

On sait que Proust partage avec Hugo une forte propension à faire couler l'encre du fil de sa plume.
Ce qu'on ignore souvent, en revanche, c'est une autre passion commune à ces deux géants de la littérature, savoir : l'attraction pour les tables tournantes.

Et c'est tout vêtu de jersey que ce furieux anti-rationaliste de Marcel s'écriait, lors de mémorables séances de spiritisme rapportées par Céleste la bien-nommée, à l'adresse des esprits féminins :
« Mortes, dégueulez Kant ! »

George WF Weaver

Galerie

Galerie, s. f. Salle de composition, le plus ordinairement de forme rectangulaire. Les rangs sont placés perpendiculairement à chacun des grands côtés du rectangle. L'espace laissé libre au milieu est en partie occupé par les marbres.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)