dimanche 9 août 2015

10/18 — Gustave Le Rouge et Gustave Guitton : La conspiration des milliardaires — Tome I




Gustave Le Rouge et Gustave Guitton

La conspiration des milliardaires — Tome I

Préface et répertoire des personnages
par Francis Lacassin

n° 1148
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « L'aventure insensée »

379 pages (384 pages)
Dépôt légal : 2e trimestre 1977


Couverture de Pierre Bernard.
Volume sextuple
ISBN : 2.264-00167-4

Table des matières :

Préface : Roman  populaire, roman visionnaire, par Francis Lacassin [7-24]
Répertoire des personnages — par ordre d'entrée en scène [25-32]

Premier épisode
LA CONSPIRATION DES MILLIARDAIRES
[35-291]

I. Les projets de William Boltin
II. Spirite et millardaires
III. Le célèbre Hattison
IV. Projets de mariage
V. Les laboratoires de guerre
V. Un voyage dans les Montagnes Rocheuses
VII. Les mystères de l'océan
VIII. Tom Punch et les coureurs des bois
IX. Deux Yankees qui s'entendent
X. Départ de Ned Hattison
XI. De New York à Londres
XII. Yankees à Paris
XIII. Un exploit de Tom Punch
XIV. Une lettre mystérieuse
XV. Perfide Albion
XVI. Une découverte de Tom Punch
XVII. En Amérique
XVIII. Le chemin de fer subatlantique
XIX. Olivier Coronal
XX. Un sacrifice
XXI. Bellevillois et Yankee
XXII. Un voyage d'Hattison
XXIII. Un mariage imprévu

Deuxième épisode
A COUPS DE MILLIARDS
[295-378]

I. Le chemin de fer subatlantique
II. La fureur d'Aurora
III. Le Bellevillois fait une trouvaille
IV. Un commanditaire inespéré
V. Les travaux du subatlantique
VI. Une explosion sous-marine

Table des matières [379-380]


(Contribution du Tenancier)
Index

Fabriqué au compte-goutte

Fabriqué au compte-goutte : Avorton (V. Astec).

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

(Index)

samedi 8 août 2015

Une conférence sur le « roman noir » ..

Il sortit et s’engagea dans la rue Aurora, à la recherche des paysages perdus de son enfance. En passant devant un édifice d’une modernité miraculeuse dans le contexte d’une rue qui datait de quand Jésus-Christ était jeune homme, il vit une certaine agitation à sa porte. Une affiche discrète annonçait une série de conférences sur le « roman noir ». Avec l’aplomb d’un alcoolique, il mêla à ceux qui attendaient le début de l’une de ces conférences. Il les connaissait sur le bout du doigt. Ils avaient tous cette gueule d’enflés qu’ont les intellectuels de partout, mais ici version espagnole : des enflés moins enflés que sous d’autres latitudes. Ils supportaient le poids de leur enflure sur leurs épaules avec l’exhibitionnisme requis, mais aussi cette inquiétude de sous-développés : la peur de se dégonfler. Ils étaient répartis en tribus, selon leur provenance ou leurs affinités ; il y avait aussi une tribu d’un niveau intellectuel plus élevé. Cette dernière, remarquée de tous, était regardée du coin de l’œil. Et, malgré une certaine mauvaise grâce, chacun voulait la rencontrer, se voir contraint de dire bonjour et d’être reconnu.
Enfin la conférence s’ouvrit, et Carvalho se retrouva dans un amphithéâtre bleu en compagnie d’une centaine de personnes prêtes à démontrer qu’elles en savaient plus sur le roman noir que les sept ou huit qui étaient sur l’estrade.
L’estrade commença son intervention par une opération « coup d’esbroufe » qui consistait en un exercice préliminaire de dérouillage cérébral fondé sur une distinction entre la fonction, le lieu, le thème, pour en revenir bientôt à un rite postconciliaire. Deux membres de la table ronde s’étaient auto attribués le rôle de doyen et ils commencèrent à jouer une partie privée de ping-pong intellectuel à propos de Dostoïevski : avait-il ou non écrit des romans noirs ? Ensuite, ils passèrent à Henry James sans oublier bien entendu de mentionner Poe, et il finirent par découvrir que le roman noir était une invention d’un maquettiste français qui donna sa couleur à la série de romans policiers publiés chez Gallimard. Quelqu’un sur l’estrade essaya d’interrompre le discours monopolisé parle barbu et le latino-américain myope, mais il fut repoussé par d’invisibles coups de coude que lui envoyèrent les seniors.
— C'est-à-dire que…
— Je crois que…
— Si vous me permettez…
On ne lui permettait rien. Il essaya de glisser dans un silence du dialogue : « Le roman noir naît avec la Grande Dépression… » mais il ne put se faire entendre que du premier rang et de quelques personnes du second, parmi lesquelles se trouvait Carvalho.
Au vu des pommes d’Adam des deux solistes, on pouvait deviner qu’ils allaient arriver à une conclusion, à une phrase sans appel.
— Nous pourrions dire…
Silence. Attente.
— Je ne sais pas si mon cher ami Juan Carlos sera d’accord avec moi…
— Mais comment pourrais-je ne pas l’être, Carlos ?
Carvalho en conclut que la prédominance des deux vedettes1 était le fruit de leur complicité onomastique.
— Le roman noir est un sous-genre auquel se sont adonnés exceptionnellement de grands écrivains comme Chandler, Hammett ou Mc Donald.
— Et Chester Himes !
Ç’avait été dit d’un ton flûté à force d’être retenu par celui qui tentait de mettre son grain de sel sur le sujet. Ce qui avait été une erreur au cours du débat devenait une bonne chose pour les conférenciers bavards qui se retournèrent pour chercher l’auteur de ce bruit.
— Pardon, vous disiez ? dit le myope d’un ton aimable et fatigué.
—Je disais qu’à ces trois auteurs il faut ajouter le nom de Chester Himes, le grand portraitiste de Harlem. Himes a réalisé un travail équivalent à celui de Balzac.
Voilà, c’était sorti. Les deux protagonistes étaient un peu fatigués et permirent à l’intrus de s’exprimer. Tout vint sur le tapis. Du roman de la Matière Bretagne1 de Chrétien de Troyes jusqu’à la mort du roman après les excès épistémologiques de Proust et de Joyce, sans oublier le maccarthysme, la crise de la société capitaliste, les conditions de la marginalisation sociale que crée fatalement le capitalisme et qui sont le bouillon de culture propice au roman noir. Les gens étaient impatients et voulaient intervenir. L’un d’eux se leva dès qu’il put et dit que Ross Mc Donald était fasciste. Quelqu’un d’autre ajouta que les auteurs de romans noirs sont toujours à la limite du fascisme. Hammett fut disculpé pour avoir milité au Parti communiste américain à une époque où les communistes étaient au-dessus de tout soupçon, n’ayant pas encore subi de traitement décaféninant. Il n’y a pas de roman noir sans héros et ça c’est dangereux. C’est tout simplement du néo-romantisme répliqua quelqu’un parmi le public, qui était disposé à sauver le roman noir de l’enfer de l’Histoire.
— Je parlerais plutôt d’un certain néo-romantisme latent dans le roman noir et qui le rend nécessaire de nos jours.
Ambiguïté morale. Ambiguïté morale. Voici la clé du roman noir. C’est dans cette ambiguïté que nagent des héros comme Marlowe ou Archer, ou l’agent de la Continentale. Les deux vedettes initiales s’en voulaient d’avoir perdu leur souveraineté et essayaient à leur tour de mettre leur grain de sel dans l’avalanche verbale qui s’était déclenchée : univers clos… non motivation… conventions linguistiques… la nouvelle rhétorique… est l’antithèse du courant Tel Quel dans la mesure où on ressuscite la singularité de l’auteur et du héros central… le point de vue dans Le Meurtre de Roger Ackroyd
 



1. En français dans le texte.



 
Manuel Vázquez Montalbán : Les mers du sud (1979)
Traduit par Michèle Gazier

Ébéno

Ébéno : Ébéniste

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

(Index)

Ils ont relâché le Tenancier !
(Il regrette tout de même les douches froides par ces temps de canicule)

D'acc

D'acc : D'accord.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

(Index)

samedi 18 juillet 2015

Huguette

Soudain, au cœur de l’été comme une envie de changer d'existence ? Bernard, lui, a cédé à la tentation.
Le Tenancier, dans ce cinquième opus Sous La Cape, est ici soutenu par Fabrice Le Minier pour vous narrer ce conte empli de joie de vivre… Avec six jolies vignettes, rendez-vous compte ! On va voir ce qu’on va voir…


Yves Letort
Huguette
Avec six jolies vignettes de
Fabrice Le Minier
Édition numérique ou papier à commander sur le site de

Pour les autres livres du Tenancier, allez voir ici

Ça vaut l'os !

Ça vaut l'os ! : C'est bien ! Syn. de : ça vaut le coup ! ça vaut le jus !

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

(Index)

jeudi 16 juillet 2015

Une bibliothèque

« Le capitaine Nemo se leva. Je le suivis. Une double porte, ménagée à l'arrière de la salle, s'ouvrit, et j'entrai dans une chambre de dimension égale à celle que je venais de quitter.
C'était une bibliothèque. De hauts meubles en palissandre noir, incrustés de cuivre, supportaient sur leurs larges rayons un grand nombre de livres uniformément reliés. Ils suivaient le contour de la salle et se terminaient à leur partie inférieure par de vastes divans, capitonnés de cuir marron, qui offraient les courbes les plus confortables. De légers pupitres mobiles, en s'écartant ou se rapprochant à volonté, permettaient d'y poser le livre en lecture. Au centre se dressait une vaste table, couverte de brochures, entre lesquelles apparaissaient quelques journaux déjà vieux. La lumière électrique inondait tout cet harmonieux ensemble, et tombait de quatre globes dépolis à demi engagés dans les volutes du plafond. Je regardais avec une admiration réelle cette salle si ingénieusement aménagée, et je ne pouvais en croire mes yeux.
« Capitaine Nemo, dis-je à mon hôte, qui venait de s'étendre sur un divan, voilà une bibliothèque qui ferait honneur à plus d'un palais des continents, et je suis vraiment émerveillé, quand je songe qu'elle peut vous suivre au plus profond des mers.
— Où trouverait-on plus de solitude, plus de silence, monsieur le professeur ? répondit le capitaine Nemo. Votre cabinet du Muséum vous offre-t-il un repos aussi complet ?
— Non monsieur, et je dois ajouter qu'il est bien pauvre auprès du vôtre. Vous possédez là six ou sept mille volumes...
— Douze mille, monsieur Aronnax. Ce sont les seuls liens qui me rattachent à la terre. Mais le monde a fini pour moi le jour où mon Nautilus s'est plongé pour la première fois sous les eaux. Ce jour-là, j'ai acheté mes derniers volumes, mes dernières brochures, mes derniers journaux, et depuis je veux croire que l'humanité n'a plus ni pensé ni écrit. Ces livres, monsieur le professeur, sont d'ailleurs à votre disposition, et vous pourrez en user librement. »
Je remerciai le capitaine Nemo, et je m'approchai des rayons de la bibliothèque. Livres de science, de morale et de littérature, écrits en toutes langues, y abondaient ; mais je ne vis pas un seul ouvrage d'économie politique ; ils semblaient être sévèrement proscrits du bord. Détail curieux, tous ces livres étaient indistinctement classés, en quelque langue qu’ils fussent écrits, et ce mélange prouvait que le capitaine du Nautilus devait lire couramment les volumes que sa main prenait au hasard.
Parmi ces ouvrages, je remarquai les chefs-d’œuvre des maîtres anciens et modernes, c’est-à-dire tout ce que l’humanité a produit de plus beau dans l’histoire, la poésie, le roman et la science, depuis Homère jusqu’à Victor Hugo, depuis Xénophon jusqu’à Michelet, depuis Rabelais jusqu’à Mme Sand. Mais la science, plus particulièrement, faisait les frais de cette bibliothèque ; les livres de mécanique, de balistique, de géologie, etc., y tenaient une place non moins importante que les ouvrages d’histoire naturelle, et je compris qu’ils formaient la principale étude du capitaine. Je vis là tout le Humboldt, tout l’Arago, les travaux de Foucault, d’Henri Sainte-Claire Deville, de Chasles, de Milne-Edwards, de Quatrefages, de Tyndall, de Faraday, de Berthelot, de l’abbé Secchi, de Petermann, du commandant Maury, d’Agassiz, etc., les mémoires de l’Académie des sciences, les bulletins des diverses sociétés de géographie, etc., et, en bon rang, les deux volumes qui m’avaient peut-être valu cet accueil relativement charitable du capitaine Nemo. Parmi les œuvres de Joseph Bertrand, son livre intitulé Les Fondateurs de l’Astronomie me donna même une date certaine ; et comme je savais qu’il avait paru dans le courant de 1865, je pus en conclure que l’installation du Nautilus ne remontait pas à une époque postérieure. Ainsi donc, depuis trois ans, au plus, le capitaine Nemo avait commencé son existence sous-marine. J’espérai, d’ailleurs, que des ouvrages plus récents encore me permettraient de fixer exactement cette époque ; mais j’avais le temps de faire cette recherche, et je ne voulus pas retarder davantage notre promenade à travers les merveilles du Nautilus. »

Jules Verne : Vingt mille lieues sous les mers

Extrait publié en décembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne

dimanche 12 juillet 2015

Bacchantes

Bacchantes (Les) : Les favoris, la barbe. (Rabasse.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Bacchantes
: Moustaches (V. Charmeuses).

Bacchantes en guidon de course  (Avoir les). : Moustaches aux pointes relevées.

Géo Sandry & Marcel Carrère : Dictionnaire de l’argot moderne (1953)

(Index)

jeudi 9 juillet 2015

Fable-express

Que nul n'entre chez moi ! dit l'auteur du « Trouvère »
Et pour faire observer la consigne sévère
Il avertit sa bonne, un monstre aux traits hideux

Moralité :
La bonne à Verdi en vaut deux

Willy

jeudi 25 juin 2015

Une bibliothèque

« […] Sa bibliothèque se trouvait au quatrième et dernier étage de la maison sise au 24 rue Ehrlich. La porte de l’appartement était gardée par trois serrures compliquées. Il les ouvrit, traversa le vestibule dans lequel se trouvait un porte-manteau et pénétra dans son cabinet de travail. Il déposa avec précaution la serviette sur un fauteuil, puis se mit à aller et venir à travers l’enfilade des quatre vastes et hautes pièces qui formaient sa bibliothèque. Tous les murs étaient garnis de livres jusqu’au plafond. Son regard les parcourut lentement de bas en haut. Des fenêtres avaient été aménagées dans le plafond ; il était fier de cet éclairage par le haut. Les fenêtres latérales avaient été murées, il y a des années, après d’âpres luttes avec le propriétaire. Ainsi, il avait gagné, dans chaque pièce, un quatrième côté : autant de place conquise pour les livres. De plus, il lui semblait qu’une lumière venant du haut et qui éclairait également tous les rayons, était meilleure et mieux adaptée à ses rapports avec les livres. En même temps que les fenêtres latérales disparaissaient, s’évanouissait aussi la tentation d’observer les allées et venues dans la rue, une mauvaise habitude qui fait perdre du temps et qu’on apporte incontestablement avec soi en naissant. Chaque jour, avant de s’asseoir à sa table de travail, il bénissait la bonne idée initiale et l’esprit de suite auxquels il devait la réalisation de son vœu suprême : posséder une bibliothèque bien fournie, bien rangée, fermée de tous côtés et dans laquelle nul meuble superflu, nul intrus ne venait détourner le cours de ses graves pensées.
La première pièce servait de cabinet de travail. Un vieux bureau massif, un fauteuil devant et un autre dans l’angle opposé en constituaient tout le mobilier. En outre, il y avait là un divan qui se faisait tout petit et que les yeux de Kien ignoraient volontiers parce qu’il se contentait d’y dormir. Aux murs était accrochée une échelle mobile. Elle était plus importante que le divan et se promenait de pièce en pièce au cours de la journée. En effet, pas une chaise ne venait troubler le vide des trois autres pièces. Il n’y avait ni table, ni armoire, ni poêle pour rompre la monotonie bigarrée des rayons. De beaux tapis épais qui recouvraient partout le sol réchauffaient le demi-jour sévère qui unissait les quatre pièces aux portes largement ouvertes en un seul vaste hall. »

Elias Canetti : Auto-da-fé
Traduit de l’allemand par Paule Arhex
Gallimard, 1968
Extrait publié en décembre 2008 sur le blog Feuilles d'automne