mardi 9 mai 2017

Quand le Tenancier trouve une nouvelle histoire à raconter, c'est un peu comme ça :

« fort mauvais goût »

On sent que la mort devient de l’embarras avec l’âge, une perspective ennuyeuse, un sas vers le pourrissement : organes nobles ou matière grise, tout y passe. La postérité rassure les trouillards : « Créons, c’est l’heure, laissons des trucs et des machins derrière-nous avant le grand effroi, le pied qui dérape !... » Le morbide ressemble à un amusement adolescent ou une passion de vieillard qui « colifichise » ses attributs, une passion vaguement sexualisée. Elle se garde toutefois du puant et du sale — mais y’a des pervers, n'est-ce pas ? La mort s’avère plutôt un truc dégueulasse, un truc de mauvais goût et il devient donc normal de la traiter par le « fort mauvais goût ».
Tant mieux, pas de regret à avoir : il en est qui ont utilisé ce mauvais goût pour en faire un colifichet pour la postérité. L’auteur trouvait cela bien agréable. Il persiste à le penser, même si ça vaut dans les soixante-cinq boules pour les autres.


(Cliquez sur l'image pour savoir)

mardi 7 mars 2017

Pause qui pourrait durer, si...

A l'heure où un nombre conséquent de crétins prétend régenter nos existences au terme d'une farce électorale, considérant que l'attrait pour le présent blog s'amenuise en ces périodes et, de plus, se trouvant fatigué de toutes ces conneries, le Tenancier se vote une pause.
Après, elle pourrait fort bien durer s'il s'avère qu'un parti fasciste accède au pouvoir en France. Il serait à partir de ce moment-là, impossible de faire comme si de rien n'était et de donner des gages de normalité à des gens pour lesquels le soussigné voue un dégoût viscéral.
Cinq ans de vacances, c'est presque autant que sous l'Occup' !...
À bientôt, j'espère.

dimanche 12 février 2017

Lard-Frit

Revenons doucement aux affaires.
Cette période de méditation forcée m'a tenu quelque peu éloigné d'internet (vrai en 2009, ce qui n'est plus le cas en 2017), du moins de la contemplation de ce que font mes petits camarades. Dans un sens, c'est tant mieux.
On a donc pioché dans ce que l'on aime.
Citons pour cette rentrée dans l'atmosphère une production pas blogueuse pour un rond mais qui ravira les papivores qui sommeillent en nous. Il s'agit du site personnel de Jean-Louis Le Breton.
On laissera aux quelques curieux le soin d'approfondir les détails de la carrière(1) du personnage, lequel est aussi intéressant et, je le parie, aussi chaleureux qu'il le fut à l'époque ou je le croisais à Paris. Mézalormedirévou, pourquoi mentionnez-vous ce site ? C'est que Jean-Louis Le Breton fut l'immortel créateur de la revue Lard-Frit(2) et qu'il la propose de nouveau sur ce site au format PDF et de telle manière que vous pourrez reconstituer la série avec un petit coup de massicot ou de cutter, des agrafes, etc. En effet, les numéros sont présentés sous leur forme imposée ce qui signifie que les pages ont été distribuées de telle manière que vous pourrez reconstituer la succession des pages une fois imprimées et le cahier assemblé(3).


Voici donc une manière sympathique de s'initier aux joies de l'imposition de pages en commençant simplement et en enrichissant sa bibliothèque. Le soussigné Tenancier en est fort satisfait car il ne possède que quelques numéros originaux et dans un piteux état. Il faut certes aimer l'umour (oui, je l'ai bien écrit) Fluide Glacial car nombre d'illustrateurs et d'auteurs en sont issus : Ucciani, Carali, Leandri, Tignous...


Ces propos bien pesés et enveloppés, le soussigné retourne au découpage du n°9 de Lard-Frit, c'est dire qu'il n'a pas encore fini(4), car il y a encore les numéros spéciaux à faire.
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(1) - Tour à tour et dans le désordre : libraire, musicien, journaliste, écrivain, directeur de revue et immortel auteur de cet aphorisme : "Qui Bogdanoff Bogdabœuf" - on en oublie sûrement.
(2) - Lien sur le site lui-même.
(3) - On parlera de l'Imposition un peu après la notion de Justification... c'est à dire dans quelques temps, pour ne pas trop se mouiller.
(4) - Euh... non, pour rien, parce que c'est rigolo de faire des notes de bas de page.
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À ce billet publié en avril 2009 sur le blog Feuilles d'automne, il est nécessaire d'ajouter les divers commentaires qui ont suivi :
(5)- Euh (suite)... Tenancier, je ne vois pas les traits de coupe, vous cutterisez avec quelles marges ?
La lecture à l'écran, du fait de l'absence de foliotage dans cette revue en impose !
Je vois dans cette revue de J.-L. Breton une continuité partielle fort sympathique du combat de son arrière-grand-mère Maria Vérone. Mais bon, on y verra autre chose aussi, hein ?!
ArD
(6) - C'est vrai, ça : pas de traits de coupe ! Heureusement que j'ai un exemplaire original qui mes sert pour les dimensions. Cela prend un peu plus de temps, il est vrai.
J'ai transmis votre sibylline réclamation à l'intéressé, en espérant qu'il pourra y remédier à l'avenir.
Je ne connaissais pas la filiation avec Maria Vérone. Est-elle avérée ? Et sous quel jour la voyez vous, à la lumière de la couverture du n°4, ci-dessus ?
Nous sommes suspendus à vos lèvres...
Le Tenancier
(7)- L'intéressé ne pourra pas commettre grand chose, puisque selon toute apparence il s'agit de numéros scannés. Mais vous pourriez indiquer les dimensions de l'original.
La filiation avec Maria Vérone est établie sur le site que vous citez, chapitre Téléchargements. Je la vois notamment à la lumière du fond plus qu'à celle de la forme.
ArD
(52, parce que y'a pas de raison) - On pourrait tout de même rajouter des traits de coupe sur des images, je n'en vois pas l'incompatibilité foncière.
75 X 105 mm
Ah, je n'est pas été jusqu'aux téléchargements ! En revanche j'ai découvert quelques morceaux que je ne possédais pas de Los Gonococcos ce qui m'enchante...
Le Tenancier
Ah, cher, vous n'avez l'intégrale des Gonococcos ? Dont ce fabuleux "live" que j'avais en cassette et que j'ai malheureusement perdu (Jean-Louis, si tu passes par là, que tu me lis et que tu as encore une de ces cassettes, je suis preneur !!! Transmettre au Tenancier qui fera suivre ;-)
Quant à l'imposition, cela tombe bien, nous sommes bientôt à l'époque du premier tiers...
Otto Naumme
Seigneur Otto, l'avions paumée dans moult déménagements et séparations, ce qui fait que nous en sommes au même point : nibe de cassette ! Mais en cherchant bien, je pense que l'on peut reconstituer dans son intégralité cet élément du Patrimoine Mondial, rien de moins, en surfant un peu. Cela tombe bien, me suis laissé entendre dire que vous aimiez les chemises hawaïennes.
Pour le sujet de l'imposition, vous êtes viré, mon vieux...
Le Tenancier
En tous cas, ça rappelle le bon vieux temps...
Celui d'une certaine radio de ma connaissance où, si je me souviens, nous fîmes justement connaissance de l'ami Jean-Louis...
Oh con, putaing con, donc... (que j'ai toujours le 45t original, là, par contre, avec le mythique Goldorak lou Larzem)
Otto Naumme
Moi tout pareil idem !
Le Tenancier

Accordéon

Accordéon : Chapeau gibus. Il se replie et s'allonge comme l'instrument de ce nom.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 11 février 2017

C'est un bon début, continuons les coups bas...


Voir aussi par

Une historiette de Béatrice

Lumière éteinte, le bac à 1 euro rentré, la veste enfilée, le sac en bandoulière et les clés à la main je me dirige vers la porte. Il rentre et me demande:
 « Les livres sur la religion c'est dans quel coin ? Vous allez bien rallumer pour moi! ».

Accent

Accent : Crachat, signal convenu entre les voleurs (Vidocq.) V. Arçon.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881



Accent : Crachat. Synonmye de arçon. V. ce mot.

Jules Valles : Dictionnaire d'argot et des principales locutions populaires, 1894



(Index)

jeudi 9 février 2017

Carnet permanent du livre

ArD et le Tenancier, ici, inaugurent une nouvelle page qui réapparaîtra au gré de ses ajouts. Il s’agit ici d’une recension de sites qui évoquent les techniques du livre. On enjoint nos lecteurs à nous suggérer (dans les commentaires) tout lien menant vers la typographie, la codicologie, la bibliophilie, etc. Chaque ajout (après vérification) sera l’occasion d’une remise en avant de ce billet qui le sera de toute façon périodiquement, histoire de ne pas le perdre de vue...
Derniers ajouts : La part de l'ange & Pointypo (typographie), Reliure et autres explication à Trôo (Reliure)



CODICOLOGIE

CODICOLOGIA
    Essentiellement tourné vers le manuscrit ancien. Comprend un glossaire.



O
RTHOTYPOGRAPHIE


ORTHOTYPOGRAPHIE
    Lexique des règles typographiques françaises.



RELIURE

RELIURE ET AUTRES EXPLICATIONs À TRÔO
    Journal de bord d'une artisan-relieur.


 
TYPOGRAPHIE

LES BIBLIOTHÈQUES DE L'ÂGE DU PLOMB

    Regroupe des catalogues de fonderies et des ouvrages traitant de la typographie.

LA PART DE L'ANGE
    Autour du graphisme et de la typographie.

POINTYPO
    Actualité de la typographie et du graphisme.



Merci de signaler les liens morts

Ronde de nuit


Lundi

Propre sur lui, rillettes sous le bras, c'est le matin. Ça sent le sabot de frein qui chauffe, qui chauffe, le crescendo du moteur électrique, le ding ding du départ, le claquement des portières. Le banc en bois à cette couleur blonde d'un été perpétuel dans les souterrains. La rame Sprague avec quelques à-coups s'enfonce dans la bouche du tunnel.

Chapitre I
Cela avait commencé un matin de juillet. Le soleil s'était levé tôt dans la brume matinale, et les pavés humides fumaient déjà un peu. L'air, dans les rues, était stagnant, sans vie, et sentait le renfermé. Il venait de faire un mois épuisant, un mois de chaleur intense, de cieux arides et de vents chauds, chargés de poussières.
(James Hadley Chase : Pas d'orchidées pour Miss Blandish)

Retour le soir, hâve, derrière la vitre au verre soufflé légèrement déformé dans les coins. Somnolence... le voisin sent le rance.

Mardi

Bruit de raclement de la tirette juste à hauteur des oreilles, sur le banc au dossier bas, couleur prune, "plaisir d'offrir, joie de recevoir" : bruit de graviers dans la boite en fer blanc de Pastilles des Vosges. La rame arrive avec une voix de basse qui se transforme en un sombre hululement au moment du freinage.
Chapitre premier
En amorçant la descente de Bicêtre, j'ai levé le pied, pas mécontent. A ma vue, les lueurs de la place d'Italie scintillaient déjà.
De 120 l'aiguille du compteur a décliné vers les allures honnêtes, pour se fixer à 80, vitesse qui peut à quatre plombes du mat' s'admettre chez un homme pressé, et risque rarement d'induire le motard désœuvré en tentation de courette.
(Albert Simonin : Grisbi or not grisbi)

Le soir, sous les yeux, à une quinzaine de centimètre des yeux, un France Soir comme un mur : photos, manchettes, strips, faits-divers. Les frères Aranci arrêtés, héroïne, ou alors Paul Leca, la Bégum, l'air des bijoux. Terminus. Sirène.

Mercredi

Sol noir avec des reflets de mica, carrelage oblong blanc biseauté. Cabane du chef de station au centre du quai.
On lève les yeux : "Aux utiles de cul", les places numérotées, oui... Arrêt au milieu du tunnel, contre une bande rouge qui marque les limites d'un canton sur cette portion de ligne. Du moins le pense-t-on.
I
Sommeil du petit jour ; le plus profond.
Perdue au fond du lit à couette, elle mit du temps à émerger. On tambourinait et on l'appelait.
- Annette !... Annette, réveille-toi !
La voix de sa mère. Et, de nouveau le tambour contre la porte de sapin.
- Oui !
Elle alluma à la poire du lit, se leva, ouvrit.
- Les gendarmes, dit la mère.
- Quoi ?
- Ils sont en bas. Il veulent te parler, à toi.
- A moi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
- Je ne sais pas. Il est peut-être arrivé quelque chose à André.
Coup de bélier dans les veines. Annette passa machinalement sa robe de chambre... Les planches du parquet de sapin rouge craquaient à chaque pas et, dans ce chalet en location, tout sentait la résine, la fumée de bois et l'encaustique.
(Jean Amila : Noces de soufre)

Le retour. On regarde cette grande blonde un peu chevaline. On fait ses plans pour l'aborder. On rêve de lui ramasser son sac bousculé jusqu'au sol par un virage un peu trop rapide de la rame. Mais on n'ose même pas lui céder sa place...

Jeudi


Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Dubo Dubon Dubonnet - Ça, c'est Paris !
Chapitre premier
Hank comptait l'argent empilé devant lui. Le gros paquet. Cent cinquante billets tout neufs de dix dollars. Il dévisagea Jackson d'un oeil jaune et froid.
- Tu m'en donnes quinze piles, c'est bien d'accord ?
Il tenait à mettre les choses au point. les affaires sont les affaires;
C'était un individu de petite taille, soigné de sa personne, brun de peau, le teint brouillé, le cheveu rare et aplati. Très "homme d'affaires".
- Exact, répondit Jackson. Quinze cent dollars.
Très "homme d'affaires", lui aussi.
(Chester Himes : La reine des pommes)

Soir. Fini. La semaine s'arrête ici, au milieu de gosses et de leurs parents. C'est jeudi. C'est jeudi soir. Demain il part une semaine au pays. Il ne sait pas encore ce qu'il va emporter à lire dans le train.
La rame s'arrête : Porte Champerret, la nuit, les réverbères jaunes et le crachat noir de l'échappement d'un autobus à plate-forme à la hauteur de la bouche de métro...


(Billet paru sur le blog Feuilles d'automne en mars 2009)

mercredi 8 février 2017

Académicien

Académicien : Littérateur surranné. — Injure inventée par les romantiques échevelés de 1830 qui avaient pour principaux adversaires les membres de l'Académie français restés fidèles au genre classique. On ne se doute plus aujourd'hui de la fureur grotesque qui animait les deux partis. V. Mâchoire.
Et cet exemple, des plus curieux, donnera une idée des luttes dans lesquelles on se jetait à la tête le mot d'académicien. Nous le prenons dans une brochure d'Alexandre Duval, académicien et chef du parti qui rendait M. Victor Hugo responsables des passions romantiques.
« Ce que je rapporte ici, je l'ai vu, de mes propres yeux vu. A certaines représentations, on se trouvait environné d'hommes effryants dont le regard scritateur épiait votre opinion, et si, par malheur, votre figure indiquait l'ennui ou le dégoût, ils vous attaquaient par l'étiquette d'épicier, mot injurieux selon eux, qui signifie dans leur argot, stupide, outrageusement bête ; mais si vos cheveux étaient blanchis par le temps, alors vous étiez des académiciens, des perruques, des fossiles, contre lesquels on vociférait des cris de fureur et de mort. Je vous assure, monsieur, qu'il n'uy a rien d'exagéré dans ce tableau d'une première représentation romantique. Tout Paris vous en attestera la vérité » (De la littérature dramatique, lette à M. Victor Hugo, par Alexandre Duval, Paris, 33.)

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

(Index)