In : Magazine littéraire n° 374 - mars 1999
lundi 5 juin 2017
dimanche 4 juin 2017
samedi 3 juin 2017
Un écrivain moderne ?
Il y a une étonnante franchise dans les préceptes machiavéliques. L’honnête homme parle volontiers de droit des peuples, de droit des gens ; en réalité, ces droits, il faut la contrainte pour qu’ils soient respectés ; et même avec la contrainte, la plupart du temps on les tourne. Dans les simples rapports de commerce, à chaque instant on a au recours au contrat, à la signature ; on multiplie les marques de l’engagement, tant on sait que les engagements sont précaires. Quel est le niais qui se fierait à un engagement oral quand les engagements écrits mêmes sont loin d’être le roc sur lequel on peut bâtir ? Dans le social, le contrat n’a jamais cessé d’être tourné malgré toutes les promesses de bonne foi. Il y a même certitude de mauvaise foi dès qu’il y a affirmation répétée de bonne foi. Chez nous, un démenti confirme. C’est ici que Machiavel met une franchise d’acier. Dès que le contrat se discute, il déclare qu’il sera tourné et quand il signe, il démontre que la signature ne vaut rien, n’engage rien de réel ; qu’on vient, somme toute, de perdre son temps ? Il défend qu’on parle de bonne foi ; il empêche qu’on parle de bonne foi ; il a la loyauté de proclamer, avant que tous les débats ne commencent, qu’ils seront essentiellement présidés par la mauvaise foi. Il ne s’occupe que de la triste vérité. C’est à ce titre qu’il est un écrivain moderne.
Jean Giono : Introduction aux Œuvres complètes de
Machiavel - La Pléiade, Gallimard (1952)
vendredi 2 juin 2017
Ahem !...
De la précarité des correcteurs et de la précarité de la correction :
Cette version révisée nous a été communiquée par Armelle Domenach.
(Vous trouverez la lettre sur le site ActuaLitté)
mercredi 31 mai 2017
Viv(r)e l'Anarchie
film annonce vivre l'anarchie de Paul Mathurin
Le Tenancier fait du copinage, et cela lui fait plaisir !
Le Tenancier fait du copinage, et cela lui fait plaisir !
mardi 30 mai 2017
Gloire à nos pionniers !
Noms des Pionniers de l'Espérance (1945) :
MAUD
LE PROFESSEUR
ROBERT
TOM
RODION
TSIN-LU
MAUD
LE PROFESSEUR
ROBERT
TOM
RODION
TSIN-LU
lundi 29 mai 2017
Connaissons nos classiques
Listes des camps fortifiés romains autour du village gaulois
(dans le sens des aiguilles d'une montre) :
Petibonum
Laudanum
Babaorum
Aquarium
(dans le sens des aiguilles d'une montre) :
Petibonum
Laudanum
Babaorum
Aquarium
vendredi 26 mai 2017
À l'acheteur hésitant
Si des histoires de mer aux chansons de matelot,
La tempête et l’aventure, la chaleur et le froid,
Si des goélettes, les îles, les robinsons marronnés,
Et les flibustiers, et l’or bien caché,
Et toute la vieille histoire romanesque,
Exactement redite à la façon de jadis
Peuvent plaire, comme elles m’ont plu autrefois,
À la jeunesse plus sage d’aujourd’hui :
— Alors, ainsi soit-il, allons-y ! Sinon !
Si la studieuse jeunesse a perdu cette soif,
Si elle a oublié ses anciennes passions,
Kingston, ou Ballantyne le brave,
Ou Cooper des bois et des vagues :
Alors, tant pis, ainsi soit-il encore ! et qu’avec
Tous mes pirates je partage la tombe
Où ceux-ci reposent avec leurs créations !
La tempête et l’aventure, la chaleur et le froid,
Si des goélettes, les îles, les robinsons marronnés,
Et les flibustiers, et l’or bien caché,
Et toute la vieille histoire romanesque,
Exactement redite à la façon de jadis
Peuvent plaire, comme elles m’ont plu autrefois,
À la jeunesse plus sage d’aujourd’hui :
— Alors, ainsi soit-il, allons-y ! Sinon !
Si la studieuse jeunesse a perdu cette soif,
Si elle a oublié ses anciennes passions,
Kingston, ou Ballantyne le brave,
Ou Cooper des bois et des vagues :
Alors, tant pis, ainsi soit-il encore ! et qu’avec
Tous mes pirates je partage la tombe
Où ceux-ci reposent avec leurs créations !
Robert Louis Stevenson
L’Île au Trésor (1883)
(Traduction d’André Bay)
L’Île au Trésor (1883)
(Traduction d’André Bay)
mardi 16 mai 2017
Tic tac
« Les ventes aux enchères, en proposant parfois les mêmes catégories d’objets, permettent de fixer la cote des écrivains qui les ont possédés. Ainsi la montre en argent de Lewis Carroll a atteint la somme de £ 9.350, celle de G.K. Chesterton 1.100 seulement — toute deux ayant malgré tout doublé la mise. Celle de Ian Fleming, qui avait été estimée à £ 1.500, n’en a fait que 880. »
Times, 15 décembre, repris dans Le Magazine Littéraire n° 273, janvier 1990
Pourtant, dans les Bond, il y a toujours de grosses montres coûteuses…
vendredi 12 mai 2017
mardi 9 mai 2017
« fort mauvais goût »
On sent que la mort devient de
l’embarras avec l’âge, une
perspective ennuyeuse, un sas vers le pourrissement : organes
nobles ou
matière grise, tout y passe. La postérité rassure les
trouillards : « Créons,
c’est l’heure, laissons des trucs et des machins derrière-nous avant le
grand
effroi, le pied qui dérape !... » Le morbide ressemble à un
amusement
adolescent ou une passion de vieillard qui « colifichise » ses
attributs, une
passion vaguement sexualisée. Elle se garde toutefois du puant et du sale
— mais
y’a des pervers, n'est-ce pas ? La mort s’avère
plutôt un truc dégueulasse, un truc de mauvais goût et il devient donc
normal
de la traiter par le « fort mauvais goût ».
Tant mieux, pas de regret à avoir : il en est qui ont utilisé ce mauvais goût pour en faire un colifichet pour la postérité. L’auteur trouvait cela bien agréable. Il persiste à le penser, même si ça vaut dans les soixante-cinq boules pour les autres.
Tant mieux, pas de regret à avoir : il en est qui ont utilisé ce mauvais goût pour en faire un colifichet pour la postérité. L’auteur trouvait cela bien agréable. Il persiste à le penser, même si ça vaut dans les soixante-cinq boules pour les autres.
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