mercredi 3 juillet 2019

Univers

Il reste beaucoup à dire sur cette revue de poche et de librairie qui parut entre 1975 et 1979 (Une série annuelle suivit, mais tenait plus de l’anthologie). Son arrivée dans les rayons consacrait l’accession d’un genre arrivé à maturité, émergence éphémère qui fut tuée rapidement par l’inanité scénaristique de Star Wars et un anti-intellectualisme dont se plaignait déjà Philip K. Dick lors de sa venue à Metz en 1977. Précisons au béjaune et au béotien que la littérature spéculative proposée dans ces pages explorait des limites qui se situaient aussi bien dans l’imaginaire que dans la littérature… Mais l’heure n’est point à la déploration, et tout à la nostalgie. Quarante ans plus tard, apprécions le jeu de couvertures, chaque fois dues à des artistes différents, excepté Tibor Csernus qui intervint deux fois. On ne s’en plaindra pas (il était également un « illustrateur maison » chez J’ai Lu).
Reposons-nous les yeux un instant…


Tibor Csernus

Sergio Macedo

Wojetk Siudmak

Philippe Caza

Jean-Claude Forest

Christopher Foss

Gyula Konkoly

Jean Solé

Jean Mascii

Jean-Michel Nicollet

Philippe Druillet

Enki Bilal

Moebius

Marcel Laverdet

Gaillard

Liz Bijl

Jean-Claude Mézière

Dominique Fagès

Tibor Csernus
Le curieux se reportera avec bonheur
à la bibliographie de cette revue
ici

lundi 17 juin 2019

samedi 15 juin 2019

La créature

Pour ceux qui ont suivi les parutions d'histoires courtes sur le site Les deux Zeppelins en 2017, ce titre ne leur sera pas inconnu. Revoici La créature, légèrement augmenté et corrigé, illustré par Céline Brun-Picard dans le numéro 5 de la revue L'Ampoule.

vendredi 14 juin 2019

Alain Nadaud

Hier soir, alors que je cherchais un renseignement bibliographique à son propos, j’apprenais la mort de l’écrivain Alain Nadaud en 2015. La raison pour laquelle je suis si tard informé de ce décès tient au fait qu’il avait arrêté d’écrire et l’avait d’ailleurs manifesté par un — presque — ultime ouvrage intitulé D’écrire j’arrête, publié en 2010. Malgré son œuvre conséquente, il reste largement méconnu du grand public. À vrai dire, son œuvre rigoureuse et érudite n’avait rien pour séduire les adeptes du roman bourgeois. Pour moi, outre L’archéologie du zéro, premier roman magistral, c’est bien L’envers du temps qui a marqué durablement mon imaginaire. Adaptant sa verve philosophique et littéraire à un thème peu usité, celui du temps qui repart à l’envers, Alain Nadaud évoquait le vertige de la fin qui s’annonçait pour les protagonistes et même pour le lecteur. Cette idée du temps inversé reste rare et délicate à utiliser. Seuls deux autres auteurs — à ma connaissance — l’ont abordé, chacun dans leur registre : Robida avec L’horloge des siècles et Philip K. Dick avec À rebrousse-temps.
Je suis souvent retourné à son livre. Je suis d’ailleurs en train de le relire encore une fois. Son empreinte demeure, celle-là même qui m’a poussé à cette vérification bibliographique et donc vers l’annonce de sa disparition. Lui qui cheminait au bord du gouffre, ses ultimes mots ont été « on continue »…
En 2015, je commençais l’écriture d’un récit qui vient de paraître, en voici un passage :
« On prétendait même qu’Inari s’agrandissait au détriment de ses voisins, par un phénomène de néguentropie au mécanisme problématique. Des cartes anciennes le démontraient. La manifestation s’aggravait sans qu’on y prît garde, car sa croissance courait sur plusieurs générations. L’infection s’étendait en cercles concentriques, chaque vague gagnait du terrain. Avancer dans Inari consistait à accomplir un voyage dont on remonterait le cours, une phylogenèse inversée, une régression qui se manifestait à chaque mètre parcouru vers le cœur de son territoire, au point d’observer chaque vestige de civilisation disparaître en pays barbare. Un écrivain, Lloret ne savait trop s’il était natif du Nord ou du Sud, avait déjà évoqué une conception similaire, dans laquelle les temps antiques devenaient le futur de notre époque… » (Le fort, 2019)
J'ignorais alors que cet extrait se révélerait comme un hommage posthume…
On retrouvera la vie et l’œuvre d’Alain Nadaud ici

mercredi 12 juin 2019

Une historiette de Béatrice

— « Bonjour !
— Bonjour !
— C'est un euro le livre c'est ça ?
— Les livres dehors sont à 1 euro, oui.
— Et la BD ?
.......
— Et celui-ci est à 13euros ?
— Ça ne m'étonne pas qu'il n'y ait personne dans cette librairie....
— Je viens de lire la machine infernale, c'est fou ces histoires de karma, on est lié pour la vie suivante, c'est vraiment fou. »

jeudi 6 juin 2019

Des portraits, chez Ginkgo

Eh bien, votre Tenancier est bien actif sur le front éditorial, ce qui explique sa fugacité sur le blog.


Passez donc par ici pour en savoir plus

jeudi 23 mai 2019

Sur les gros bouquins

Le Tenancier est un enfant de la science-fiction. Malgré un éloignement ostensible du genre, il lui arrive toutefois de relire quelques textes appréciés de lui, à moins que cela soit un auteur. Il achève en ce moment un roman en deux volumes qui représentent près de 700 pages. Le copyright, même si l’on peut émettre des doutes sur leur justesse, parfois, indique qu’il fût publié au début des années 1990 dans son pays d'origine. L’auteur est intéressant (forcément, puisque le Tenancier le relit !) Ce qu’en a fait le traducteur laisse dubitatif tant on reconnaît le style de celui-ci d’une traduction à l’autre, au point qu’un test à l’aveugle risquerait de dénoncer cette ingérence… Le plus ennuyeux dans cette lecture réside principalement dans sa longueur et, sous cet angle, cette production illustre une tendance extrêmement présente à la charnière des années 1990 et correspond à une innovation dans la création littéraire qui se remarque surtout dans la littérature populaire. Il s’agit de l’utilisation du traitement de texte. L’auteur en question avait, dix années plus tôt, publié un roman fondateur de son univers qui allait se décliner en plusieurs nouvelles que le lecteur français allait découvrir au long de la décennie suivante. Ce roman-là, court, condensé, portait en lui un train de novations qui allait devenir une rente pour cet univers. En effet, certains aspects de ces idées sont ensuite développés dans des nouvelles, processus habituel dans cette sphère littéraire, mais mené avec grande acuité par cet auteur. Seulement, celui-ci ne sembla pas avoir mis à profit les défauts inhérents à certaines novations(1). Ainsi l’arrivé de l’informatique et du traitement de texte supprimait certes quelques étapes de la rédaction, autorisant la révision à même le "manuscrit", éliminant la recopie au propre, etc. L’envers de la médaille aboutit à la facilité procurée par le traitement de texte, qui permettait de s’étendre plus que de raison dans des récits pachydermiques. Ainsi, ce roman de 700 pages, rédigé près de douze ans après le premier roman, devenait une sorte de catalogue ennuyeux doté d’épisodes et de digressions inutiles (aggravés par la traduction dont on a fait allusion plus haut). Pourtant, ces 700 pages se révèlent ridicules à côté de ce qui sortit à cette période. Une histoire qui aurait pu se raconter en 300 pages devenait un truc emmerdant parce que ni l’auteur ni son éditeur n’avaient su réfréner l’incontinence textuelle. Un bref coup d’œil dans la production littéraire de l’époque permet d’identifier à coup sûr le nouvel adepte du traitement de texte par la boursouflure subite des livres. Le phénomène était observable à cette fameuse charnière des années 1980 où quelques auteurs se sont perdu corps et bien. Les choses se sont tout de même calmées depuis, sans doute par quelques éditeurs inquiets de la baisse de qualité littéraire, consubstantielle à l’accroissement des pages. La lecture de ce roman, délaissé à l’époque par votre Tenancier, est venue comme un rappel du phénomène, discret auprès du public, mais qui s’est révélé un véritable problème pour le critique devant rendre compte des parutions et qui voyait débouler une dizaine de livres de plus de 1000 pages…
Il serait intéressant qu’une étude statistique soit établie sur la production littéraire à l’apparition du traitement de texte : un travail de longue haleine, effectué auprès des auteurs et des éditeurs. Un autre aspect de cette étude mènerait sans doute à un constat, celui de la disparition du manuscrit intermédiaire, témoin du processus créatif.
 
(1) : Sur la novation et toutes ces sortes de choses, se reporter à l’ancien et passionnant essai : « Pour une poétique de la science-fiction », de Darko Suvin (1977)