mercredi 27 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

On découvrira un peu plus Stéphane Mahieu dans une conversation avec Pierre Laurendeau que je vous réserve dans quelques billets. Rien de plus stimulant qu’une lecture pour en susciter une autre et amener à quelques interrogations. Que je m’explique : piqué par la relecture du Grand animal de Maastricht dans la collection des Minilivres, j’ai exploré la bibliographie de son auteur et découvert cet ouvrage dont le titre allèche et promet d’alimenter quelques réflexions. En effet, je poursuis depuis plusieurs années l’exploration d’un univers personnel autour du Fleuve, gigantesque territoire où la communication n’est pas obérée par les barrières linguistique. Pour autant, le recours à la facilité d’une lingua franca suscite une culpabilité, dans le sens où je suis pris en défaut d’imagination à ce sujet. La découverte de ce titre, rédigé par un membre du Collège de ‘Pataphysique, ne réparera pas la lacune puisque beaucoup de mes récits ont été publiés, mais pourrait devenir une ouverture pour la suite. Il devient nécessaire parfois d’alimenter l’imagination par le raisonnement et Le Phalanstère des langages excentriques semble un moyen de se renouveler. Au-delà de cette vision un peu utilitaire, ce que j’ai lu déjà de Stéphane Mahieu me promet un moment de plaisir littéraire…


Petit aparté : il faut collectionner les titres hors du commun, comme dans un cabinet de curiosités impalpable. Ainsi, Le Phalanstère des langages excentriques, gagnera une place de choix à côté du Sanatorium des malades du temps d’Éric Faye, autant de lieux improbables qui mériteraient de se retrouver aussi dans le Guide nulle part et d’ailleurs


Rien de ce qu’entreprend Pierre Laurendeau ne peut laisser indifférent er le plaisir de découvrir dans ma boîte aux lettres le dernier ouvrage écrit et publié par lui au Club Samizdat, sa collection particulière, nanti de plus d’un envoi autographe signé, ne pouvait qu’accentuer mon plaisir. Décidément, Mercure favorise les coïncidences car, entreprenant de revenir sur les Minilivres qu’il publia 30 ans plus tôt, me penchant sur un de ses auteurs dont je fais l’acquisition plus haut, j’ignorais que Pierre avait publié ce petit ouvrage de nouvelles courtes (parfois une page) également, achevé d’imprimé en juillet. Il me manque plusieurs volumes de cette délicieuse collection, fort rare  parce que sa distribution est aléatoire et seulement dans quelques librairies. Sans être obsédé par la complétude, le défi risque d’être ardu qui va consister à les posséder tous. On évoquera ces volumes plus en détail un de ces jours. Je vais picorer avec toute la lenteur requise, sachant que ce type de nouvelle se savoure, surtout avec l’humour de Pierre. Cela fait un certain temps que je n’avais pas reçu un livre avec envoi. Ici, il s’agit de l’un de mes éditeurs, d’un confrère talentueux en écriture et d’une personne que j’estime à la hauteur de l’amitié.
C’est tout pour aujourd’hui. Maintenant, il va falloir trouver du temps pour lire ce qui s’accumule…

Stéphane Mahieu : Le phalanstère des langages excentriques — Ginkgo éditeur, 2005
Pierre Laurendeau : Le passager clandestin et autres histoires brèves — Club Samizdat, 2023

Tactactactactactactac

lundi 25 septembre 2023

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 01



Jean de La Fontaine
La Chose impossible
suivi de
l'Amour mouillé

Angers — Éditions Deleatur, 1995
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en mars 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques curieux.

Illustration : « Diablerie » années 1830


Le Tenancier : Trois volumes inaugurent la collection en mars 1995, dont celui-ci. Tout de suite, nous trouvons une indication sur certaines orientations : l’érotisme et l’humour, avec ces deux contes de La Fontaine…

Pierre Laurendeau : L’idée de cette collection m’est venue après la fin de la Nouvelle postale, la collection « d’entrée » chez Deleatur. J’avais envie d’un format souple, avec un process de fabrication (une page A4 recto-verso pour le bloc intérieur ; un demi-A4 pour la couverture) qui permettait d’optimiser la fabrication. 1995, c’est aussi l’époque où, au bureau, je bénéficie d’une imprimante laser à 600 dpi, un luxe ! Quant aux premiers volumes, j’ai utilisé ce que j’avais sous la main – je voulais aller vite, pour que la collection existe. Mais tu as raison, humour et érotisme sont déjà au programme ! Et l’éclectisme assumé, la marque de fabrique de mes aventures éditoriales !

samedi 23 septembre 2023

Cigarettes et whisky et p’tites pépées

Je sais que le tabac c’est mauvais pour la voix
On dit que l’alcool c’est pas bon pour le foie
Quant aux petites pépées c’est fatal pour le cœur
Les trois à la fois, y a pourtant rien de meilleur !


Cigarettes et whisky et p’tites pépées
Nous laissent groggy et nous rendent tous cinglés
Cigarettes et whisky et p’tites pépées
C’est ça la vie mais c’est bon de les aimer


J’ai d’abord fumé pour faire comme les copains
J’ai pris une beauté pour faire mon petit malin
J’ai bu dans son verre, elle a bu dans le mien
Puis j’ai bu tout seul quand j’ai eu du chagrin


Cigarettes et whisky et p’tites pépées
Nous laissent groggy et nous rendent tous cinglés
Cigarettes et whisky et p’tites pépées
C’est ça la vie mais c’est bon de les aimer


Les femmes et le tabac, je l’ai souvent constaté,
A peine allumés, ça s’envole en fumée
Mais j’y ai pris goût, vite un whisky, mon gars,
Une blonde à mes lèvres et l’autre dans mes bras


Cigarettes et whisky et p’tites pépées
Nous laissent groggy et nous rendent tous cinglés
Cigarettes et whisky et p’tites pépées
C’est ça la vie mais c’est bon de les aimer


Quand mon ange gardien, en se croisant les ailes,
Me dira : Tu viens, là-haut y a du soleil
Un dernier mégot, le verre du condamné
Un baiser de Margot et vive l’éternité !


Cigarettes et whisky et p’tites pépées
Nous laissent groggy et nous rendent tous cinglés
Cigarettes et whisky et p’tites pépées
Bye bye la vie... y a plus rien à regretter !

(François Llenas, Jacques Soumet et Tim Spencer)

vendredi 22 septembre 2023

Géopolitique chez le Tenancier

Vietcong... Vietcong... avec un nom pareil, ils auraient dû être au sud, non ?

Le retour des Minilivres...

En 2009, votre Tenancier avait entrepris de dresser la bibliographie de la collection des Minilivres des éditions Deleatur dans l’ancien blogue Feuilles d’automne. L’opération avait laissé une certaine insatisfaction en raison de la sécheresse de la recension. Il devenait nécessaire de réparer cette frustration et l’on a demandé à Pierre Laurendeau, l’éditeur, d’apporter un commentaire sous chacun des volumes qui sera évoqué dans cette nouvelle bibliographie. Toutefois, à l’époque, l’on n’était pas entièrement resté muet, car de petites énigmes s’étaient posées à nous. On se fait un plaisir d’en présenter de nouveau une ici, avant de commencer la Bibliographie commentée des Minilivres des éditions Deleatur.

Les étuis :
Les amateurs de la collection des Minilivres pouvaient aux débuts de celle-ci se procurer des étuis pour mettre à l’abri leur précieuse collection. Le Tenancier s’en était procuré deux qui contenaient l’amorce de la série ainsi que quelques volumes épars, dont Jacques Abeille était l’auteur.
 
 
L’amateur averti, l’obsédé de la complétude, saura donc ici que son salut passera par la possession de ces petits étuis en carton recouverts de papier plastifié blanc. Le Tenancier, lui, ayant dépassé le contenu admissible pour de tels objets s’est confectionné un réceptacle personnalisé pour accueillir tous les volumes. Ces étuis sont épuisés depuis belle lurette et la seule solution était donc de fabriquer soi-même quelque chose.


Il est cependant un détail que notre perspicace lectrice ArD nous fit remarquer il y a quelque temps, au début de cette collection et que l’on peut percevoir sur les photos. Les dos de ces ouvrages présentent une agrafe en cuivre alors que le reste des ouvrages de la collection a bénéficié d’une agrafe en acier pour les rééditions et les ouvrages plus récents. On ne se plaindra pas outre mesure de cette disharmonie d’autant qu’elle nous conforte dans le recollement des ouvrages. Ainsi, on pourra prétendre sans trop de risques que l’un des éléments d’identification des premiers tirages des premiers numéros de la série a bénéficié d’un agrafage en cuivre… jusqu’à ce que l’on nous démontre le contraire, bien sûr.


 
C’est souvent à des détails infimes que le bibliographe se raccroche pour déterminer la nature des ouvrages qu’il cherche à identifier. On le voit ici, le contenant a parfois son importance et peut venir au secours de la détermination d’une petite énigme littéraire. Par exemple, on sait désormais que la première édition (du moins dans cette série) de L’explorateur au pays des dinosaures date bien de 1995, l’achevé d’imprimer étant confirmé par la présence de cette agrafe cuivrée. On connaît bien évidemment d’autres exemples plus célèbres… Il n’en demeure pas moins que cela peut devenir un des plaisirs de la bibliophilie, hors des contingences vénales ou professionnelles.

À ces considérations, votre Tenancier avait aussi causé d’un exemplaire fantôme dans la collection : Une nuit dans la Grande Bibliothèque. Puisqu’il en sera de nouveau question avec l'éditeur, l’on s’abstient de rediffuser l’ancien article à ce sujet.
Enfin, pour ceux qui ignorent qui est Pierre Laurendeau, exposons ici quelques unes de ses facettes.

jeudi 21 septembre 2023

Paf, dans ma bibliothèque !

Où le Tenancier se prépare au deuil de son scanner (presque 20 ans de services !), où il se réjouit de ses trouvailles et, enfin, se félicite d’avoir croisé quelques amis. Où la conclusion se révèle toutefois un peu chagrine...
 
Du jour où je vous écris, se déroule le désherbage de la médiathèque de la riante sous-préfecture où je réside. Jugeant que j’avais assez de livres comme cela, je me résolus à ne prendre que le strict nécessaire en y passant ce matin. Mais comme on n’est pas de bois, on n’a pas échappé à la fièvre acheteuse, surtout que ces petites choses-là ne coûtent presque rien :
Je n’ai pas lu de Virilio depuis des années, sans doute fatigué des récits dystopiques et catastrophistes qu’on nous sert à l’heure de l’apéro par les lucarnes aveugles. Suis-je apte à de nouveau tester ma maigre appétence pour l’énonciation structurée de nos malheurs ? Le bouquin est court : 104 pages, en comptant les liminaires, le sommaire et le catalogue, la dépression restera brève, du moins je l’espère.
 
 
 
Je ne suis qu’un très modeste amateur de musique qui reconnaît volontiers ses lacunes, mais pas au point de me fader de forts volumes pour compenser. Cette petite biographie de Bach, courte, mais sans doute suffisante pour moi, semblait m’attendre et je ne pouvais la contrarier. Cela ne veut pas dire que je ne viendrai pas un jour à un travail monumental… Avec l’âge, on se découvre de l’intérêt pour l’Opéra. On trouvera bien quelque chose l’année prochaine pour compléter ce rayonnage (pourquoi pas ceux de chez Fayard) Pardon pour l’image pourrie, mais mon matériel (honni soit qui mal y pense) n’est plus à la hauteur.
 
 
 
Évidemment, dans ce genre de manifestation, il faut s’attendre à une association de malfaiteurs. Ainsi, outre l’un des bibliothécaires, dont j’aime accroire qu’il est un ami, je rencontrais quelques personnes plus ou moins proches : serrages de louches, comment ça va, c’est la rentrée, etc. L’un d’eux, pervers bibliomane se trouve à l’origine de mes deux meilleures acquisitions : d’abord cette anthologie des Romans libertins dans la collection Bouquins. L’on possède certes quelques titres (Crébillon, Fougeret de Monbron dans l’édition Pauvert, Nerciat et Vivant Denon), mais le sommaire restait alléchant pour moi, qui sortait des Sonnettes de Guillard de Servigné —, dont vous avez pu lire un extrait il y a peu ici. Remercions cet ami-là de me l’avoir mis sous le nez et de ne pas l’avoir conservé pour lui. Bien sûr, on le connaissait depuis sa parution, mais on ne peut tout acheter, n'est-ce pas ? On peut du moins réparer les lacunes.
 
 
 
Tout de même, le plus chouette, toujours présenté par ce dénicheur fou, a été cet ouvrage de Robert Crumb. Que dire de plus sinon : joie, reconnaissance, plaisir anticipé, etc. L’ami est généreux et me l’a laissé. Je ne possède pas assez de Crumb à la maison. La dernière acquisition avait été un roman illustré par ses soins et que j’ai trouvé médiocre, avec quelques remarques assez douteuses sur l’alcoolisme des amérindiens : Le gang de la clef à mollette, par Edward Abbey. Peut-être devrais-je vandaliser l’ouvrage (après tout, je rejoindrais un peu le sujet du roman) et ne garder que les illustrations dans un petit cahier… Heureusement, ce Héros du Blues, du Jazz et de la Country m’enthousiasme. Comment pourrait-il en être autrement, dites-moi ?


Toute bonne histoire se termine par de la mélancolie, à cause du temps qui passe, ce que l’on aurait pu et ce que l’on devrait… Ainsi s’achève la chronique du jour, faite des regrets que procure la jouissance spontanée et dont la descente, il est vrai légère, se prolonge un peu.
Tant pis.

Paul Virilio : Le Futurisme de l'instant — Stop-Eject — Galilée; 2009
Davitt Moroney : Bach, une vie, traduit de l'anglais par Dennis Collins — Actes Sud / Crea, 2000
Romans Libertins du XVIIIe siècle, textes établis, présentés et annotés par Raymond Trousson — Laffont, coll. Bouquins, 1993
Robert Crumb : Héros du blues, du jazz et de la country — Éditions de La Martinière, 2009

mercredi 20 septembre 2023

10/18 — Alfred Perlès : Mon ami Henry Miller




Alfred Perlès
Mon ami, Henry Miller
(My friend Henry Miller)
Préface de Henry Miller
Traduit de l'anglais par Anne Rives

n° 719


Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Volume triple
218 pages (220 pages)
Dépôt légal : 4e trimestre 1972
Achevé d'imprimer : 15 septembre 1972


(Contribution du Tenancier)
Index

George Auriol : Monogrammes et cachets