mercredi 14 février 2024

Une historiette de Béatrice

— Dix-huit euros, s'il vous plaît monsieur.
— Vous me le faites à 15 ? Vous avez vu la pliure ici ? Et bon, l'état général…
— Le prix de dix-huit euros tient compte de ces défauts, monsieur.
 …
— Et voici 2 euros qui font vingt, merci monsieur.
— Vous êtes sûre que c'est une vraie pièce ? Elle est bizarre, je préfèrerais une autre pièce.

mercredi 7 février 2024

Abba les cadences infernales

Puisque des commentateurs du présent blogue font de la pub pour Joe Dassin et que, entre nous, c’est pas très standing, parce que d’autre part le Tenancier se voit obliger d’observer une courte pause et enfin reconnaissant le caractère dérisoire de toute activité humaine, surtout pour ce qui concerne le titrage des billets ici et même chez les confrères, le même a décidé de vous infliger un titre tartignole, gâchant ainsi une précieuse carte d’immunité, mais carpe diem, après tout, bordeyl, et puis il faut reconnaître que les thuriféraires de JD ont commencé — on est donc en légitime défense, quoi..

mardi 6 février 2024

Une historiette de Béatrice

Le minet qui me demande « où est le coin érotisme », et à la vue des livres, me dit « Ah mais non, je cherche des magazines ». Alors tu t'es trompé d'adresse, ducon.

vendredi 2 février 2024

Rien ! Rien ! Rien !

C’est une sottise que d’écrire des romans pour gagner sa vie. Je vous assure. C’est étrange. L’irréalité de la chose donne l’impression de pénétrer dans votre vie réelle, de vous entrer dans les os, de faire battre l’illusion dans les artères à chaque pulsation du cœur. La volonté se fait esclave des hallucinations, ne réagit qu’ à des élans fantomatiques, est au service de la seule imagination. État étrange, aventure éprouvante, cette sorte de brûlante ordalie par l’insincérité. Et on la traverse avec une exaltation aussi fausse que tout le reste. On la traverse et on n’a rien à montrer au bout du compte. Rien ! Rien ! Rien !
Joseph Conrad : Lettre à E.L. Sanders, 12 octobre 1899
Citée par Sylvère Monod dans la préface de Œuvres, dans la Pléiade.

jeudi 1 février 2024

Graines de Chouïa

Allons bon, me voici en panne provisoire de mes échanges avec Pierre Laurendeau au sujet de sa collection des Minilivres. « Qu’à cela ne tienne, mon p’tit Tenancier, nous avons de la ressource », clame mon alter ego ! Ainsi, signalons à votre sagacité bibliomane la continuation de la collection Samizdat par le même éditeur avec une quarantaine de titres publiés. Le petit dernier par Patrick Boutin joue sur les mots ou quelques à-peu-près devraient réjouir les commentateurs du présent blogue.
On se tient prêt par ici à commencer une série de commentaires autour de la collection Samizdat dès que s’achèvera celle sur les Minilivres… 

 


Patrick Boutin : Graines de Chouïa — Club Samizdat, hébergée par Deleatur (2024)

mercredi 31 janvier 2024

Paf, dans ma bibliothèque !

Pour 1 € on peut se procurer quatre exemplaires de la Série noire à la recyclerie de ma ville. On trouve toujours des choses intéressantes dans le lot. Ainsi, tout une quantité de Westlake m’est passée sous le nez, au profit d’un ami. Tant mieux pour lui. Comme je l’indiquais il y a peu, j’éprouve une légère lassitude à l’égard de celui-là (de Westlake, hein) et j’en possède de toute façon assez pour me contenter d’une exhumation…
Les trois ouvrages acquis dernièrement (pas réussi à trouver un quatrième qui m’intéresse, désolé) se révèlent assez disparates.

 

D’abord, Elmore Leonard reste l’un des auteurs de polars dont on connaît l’œuvre malgré tout sans pour autant l’avoir lu pour la bonne raison qu’énormément de ses romans ont été tournés au cinéma ou pour la téloche. Valdez est arrivé appartient à la série des westerns, et ne me dites pas que vous ignorez la contribution de Leonard au genre ! Il suffit de citer 3 h 10 pour Yuma (1957, Delmer Daves) pour éclairer votre lanterne. Rentré à la maison, je me suis aperçu que je possédais déjà ce volume. Je vais les comparer, garder le plus « mint », comme disent les disquaires et offrir le retoqué (mais en bon état) à quelqu’un qui aime ces petits romans nerveux.

 

Je demeure dubitatif au sujet de Vautrin, avec cette histoire de colleurs d’affiches voyous. Tout à coup, le style me semble suranné après avoir sondé les premières pages. Nous allons nous y remettre sérieusement sous peu, une fois que l’a priori se sera un peu dissipé.


Votre Tenancier éprouve une jouissance coupable à lire de temps à autre des espionnages du temps de la Guerre froide. Les aventures de Sam Durrell, agent de la CIA d’origine cajun répond à tous les clichés du genre et même plus si affinité puisque, crapahutant dans une république arabe au cours d’un de ces romans, on se croirait transplanté dans un film des années 30. Reste une phrase prémonitoire (je vous la retrouverai un jour), qui préfigurait le 11 septembre. Edward S. Aarons produisait très régulièrement ces espionnages standards qu’on lit avec une nostalgie amusée à cause de l’impérialisme occidental et son machisme. À noter que les titres originaux comportaient « assignment » à chaque volume. Assignment Tokyo et sa traduction, Virus-party, se complètent assez pour annoncer la couleur de l’histoire. Votre Tenancier possède une vingtaine de bouquins d’Aarons. Votre Tenancier assume sa perversion.

 

Ce Hillerman manquait à ma bibliothèque. Moi, j’aime, même si je trouve les enquêtes parfois inconsistantes, voire soporifiques selon mon humeur. En définitive, je pense lire les polars comme si c’était une mauvaise manie et j’ai tort, bien sûr. Se plonger dans Hillerman, c’est comme retrouver des vieux chaussons confortables ou rêver devant un catalogue de voyagiste. Je suis dur ? Dans ma bouche, c’est plutôt un compliment, concernant Jim Chee et consorts…

 

Voici un livre terrible. J’avoue avoir hésité à le prendre. Je sais d’avance ce que je vais y rencontrer et je me doute que ce sera pire que ce à quoi je m’attends. Les photos de l’encart central, habituel dans cette collection, sont malaisantes. Ai-je à en dire plus ? Je vous reproduis ci-dessous le résumé, ce qui vaut mieux que toute considération de ma part.


Elmore Leonard : Valdez est arrivé — Gallimard, Série noire (1979)

Jean Vautrin : À bulletins rouges — Gallimard, Série noire (1973)
Edward S. Aarons : Virus-party — Gallimard, Série noire espionnage (1972)
Tony Hillerman : Un homme est tombé — Rivages/noir (2000)
Patrick Declerck : Les naufragés, Avec les clochards de Paris — Plon, Terre humaine (2002)

lundi 29 janvier 2024

Bibliographie commentée des Minilivres aux éditions Deleatur — 25


A. Thevet

La cosmographie
universelle
Livre vintdeuzieme,

Angers — Éditions Deleatur, 1996
Plaquette 7,5 X 10,5 cm, 16 pages, dos agrafé, couverture à rabats, pas de mention de tirage
Achevé d'imprimer en octobre 1995 sur les presses de Deleatur pour le compte de quelques voyageurs



Le Tenancier : Dans cette collection, on aime bien les géographies imaginaires ou ancienne, les fous littéraires et, en définitive, les aberrations de toutes sortes, mâtinées ici de considérations gastronomiques, puisqu’on voit des cannibales saler leurs victimes. Évidemment, on sent que l’éditeur a développé une sensibilité envers les textes de traverse
 
Pierre Laurendeau : Comme j’ai eu l’occasion de le mentionner pour le numéro 24 (Hérodote), ces deux minilivres ont été concoctés à l’occasion d’une présentation des trésors de la Bibliothèque municipale d’Angers.
André Thevet (1516-1592) fut explorateur ; il accompagna notamment l’expédition française au Brésil de 1555, à l’occasion de laquelle fut édifiée une colonie de « la France antarctique », qui dura cinq ans et se termina par la destruction du fort Coligny par la flotte portugaise. Le récit que Thevet fit de son voyage, s’il souffre d’approximations, est considéré comme fondateur de l’ethnologie.
Je ne me souviens plus si l’exemplaire de la bibliothèque d’Angers est l’édition originale de 1557 ou la réédition par Plantin de 1558.
Toujours à propos du livre de Thevet, selon Frank Lestringant qui préface son choix de passages (éd. La Découverte, 1983), le libraire Maurice de la Porte qui publia la première édition se fit aider par un « bachelier », Mathurin Héret, pour mettre de l’ordre dans les notes de Thevet et les rédiger. Il semble que le pauvre bachelier fut un peu oublié au moment de la publication – ce dernier intenta un procès à l’auteur et à l’éditeur « pour usurpation de labeur ». Il obtint gain de cause et fut dédommagé de son travail par vingt écus d’or, mais ne put apposer son nom en tant que coauteur en tête d’ouvrage, comme il le réclamait. C’est le premier cas connu, il me semble, de revendication par un « nègre » (on dit maintenant « auteur associé ») d’apparaître au grand jour.