lundi 9 mars 2015

Contrepet proustien censurable

On sait que Proust aimait fricoter avec de jeunes godelureaux bien membrés.
Son mignon préféré était un certain Albert, à qui il ne pouvait s'empêcher de déclarer, admiratif, chaque fois qu'il glissait la main dans sa culotte : « Albert, ta pine durçit !… »

George WF Weaver

Embaucher

Embaucher, v. a. Admettre un compositeur dans un atelier.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Jules Verne : Les naufragés du « Jonathan »





Jules Verne

Les naufragés du « Jonathan »
Préface de Francis Lacassin

n° 1209
Paris, Union Générale d'Édition
Coll. 10/18
Série « Jules Verne inattendu »

444 pages (448 pages)
Dépôt légal : 1er trimestre 1978

Couverture de Pierre Bernard. Doc. DR
Volume sextuple

Sommaire :

Francis Lacassin : Pourquoi Jules Verne en 10/18 [5-6]
Jules Verne : Les naufragés du Jonathan [7-444]
Table des matières [445-446]


(Contribution du Tenancier)
Index

Débinance, Débiner

Débinance, s. f. Action de débiner, de dire du mal de quelqu'un.

Débiner, v. Dénigrer, dire du mal de quelqu'un. N'est pas particulier au langage typographique.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

Antilope

Kennedy fit signe à son compagnon de se taire et de s’arrêter. Il fallait savoir se passer de chien, et, quelle que fût l’agilité de Joe, il ne pouvait avoir le nez d’un braque ou d’un lévrier.
Dans le lit d’un torrent où stagnaient encore quelques mares, se désaltéraient une troupe d’une dizaine d’antilopes. Ces gracieux animaux, flairant un danger, paraissaient inquiets ; entre chaque lampée, leur jolie tête se redressait avec vivacité, humant de ses narines mobiles l’air au vent des chasseurs.
Kennedy contourna quelques massifs, tandis que Joe demeurait immobile. ; il parvint à portée de fusil et fit feu. La troupe disparut en un clin d’œil ; seule une antilope mâle, frappée au défaut de l’épaule, tombait foudroyée. Kennedy se précipita sur sa proie.
C’était un blawe-bock, un magnifique animal d’un bleu pâle tirant sur le gris avec le ventre et l’intérieur des jambes d’une blancheur de neige.
« Le beau coup de fusil ! s’écria le chasseur. C’est une espèce très rare d’antilope, et j’espère bien préparer sa peau de manière à la conserver.
— Par exemple ! y pensez-vous, monsieur Dick ?
— Sans doute ! Regarde donc ce splendide pelage.
— Mais le docteur Fergusson n’admettra jamais une pareille surcharge.
— Tu as raison, Joe ! Il est pourtant fâcheux d’abandonner tout entier un si bel animal !
— Tout entier ! non pas, monsieur Dick ; nous allons en tirer tous les avantages nutritifs qu’il possède, et si vous le permettez, je vais m’en acquitter aussi bien que le syndic de l’honorable corporation des bouchers de Londres.
— A ton aise, mon ami ; tu sais pourtant qu’en ma qualité de chasseur, je ne suis pas plus embarrassé de dépouiller une pièce de gibier que de l’abattre.
— J’en suis sûr, monsieur Dick ; alors ne vous gênez pas pour établir un fourneau sur trois pierres ; vous aurez du bois mort en quantité, et je ne vous demande que quelques minutes pour utiliser vos charbons ardents.
— Ce ne sera pas long », répliqua Kennedy.
Il procéda aussitôt à la construction de son foyer, qui flambait quelques instants plus tard.
Joe avait retiré du corps de l’antilope une douzaine de côtelettes et les morceaux les plus tendres du filet, qui se transformèrent bientôt en grillades savoureuses.

Jules Verne : Cinq semaines en ballon (1862) — Chapitre XIV
(Sommaire)

Cabot

Cabot, s. m. Chien, et surtout Chien de petite taille.
Ce mot n'est pas particulier à l'argot typographique.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

10/18 — Arno Schmidt : Scènes de la vie d'un faune





Arno Schmidt
Scènes de la vie d’un faune

10/18
collection dirigée par Christian Bourgois
n° 1068

UNION GENERALE D’EDITIONS
8, rue Garancière — Paris VIe

LES LETTRES NOUVELLES
collection dirigée par Maurice Nadeau

traduit de l’allemand par Jean-Claude Hémery
avec la collaboration de Martine Vallette

postface du traducteur (p. 185 à 188)

Le titre original de cet ouvrage est :
Aus dem Leben Eines Fauns
Rowohlt Verlag, Hamburg 1953.

première traduction française : René Julliard, 1962

couverture de Pierre Bernard (doc. Roger-Viollet)

achevé d’imprimer le 15 juin 1976

192 p.


(Contribution de Am Lepiq (monsieuye)
Index

dimanche 8 mars 2015

Une historiette de Béatrice

— « Tu as vu ? Il est dédicacé à Jacques Chancel !
— Penses-tu, c’est quelqu’un qui a fait une blague. »

Cette historiette a été publiée pour la première fois en février 2012 sur le blog Feuilles d'automne

Aller en Germanie

Aller en Germanie, v. Remanier. Cette expression, d'allure si preste, s'applique pourtant, comme on voit, à une chose très désagréable pour le compositeur. Lorsqu'il qu'il a commis un bourdon ou un doublon et qu'il est forcé de remanier un long alinéa, on dit qu'il va en Germanie. Cette locution, récemment introduite dans quelques ateliers, vient-elle des nombreux remaniements que la Prusse a fait subir, depuis 1866, à la carte d'Allemagne, et même, hélas! à la carte de France ?
Un vieux typographe nous fait remarquer que cette locution: Aller en Germanie, dont on n'aperçoit pas distinctement l'origine, que nous venons tout à l'heure de chercher au delà du Rhin, est purement et simplement une corruption. Quand un compositeur a commis un bourdon, il s'écrie de mauvaise humeur: Allons ! bon! Il faut que je remanie. D'où aller en JE REMANIE, puis en Germanie.

Eugène Boutmy — Dictionnaire de l'argot des typographes, 1883

(Index)

Un travail en cours...

En 1999 paraissait une nouvelle du Tenancier dans l’anthologie Futurs antérieurs, dirigée par Daniel Riche au Fleuve Noir. Cette histoire intitulée Une curiosité bibliophilique avait la particularité d’avoir été illustrée selon les indications de l’auteur, et non de façon séparée, de la même manière que procédaient Hetzel et Verne avec les illustrateurs des Voyages extraordinaires*. Cela tombait bien : Verne était un des personnage de l’histoire. Rendons grâce à l’infinie patience de l’illustrateur, Fabrice Le Minier, dont l’abnégation n’avait d’égale que les exigences mégalomaniaques du Tenancier. En attendant de republier un jour cette histoire et sa suite d’illustrations, voici quelques essais et brouillons retrouvés dans les archives et qui ne furent pas retenus ou qui furent considérablement remaniés.


On retrouvera la suite de ces illustrations de loin en loin sur le blog.
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* L'autonomie de Fabrice était tout de même un peu plus grande, tant pour le sujet que pour la composition...

Zif

Zif : Marchandise imaginaire. V. Solliceur.

Lorédan Larchey : Dictionnaire historique d'argot, 9e édition, 1881

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samedi 7 mars 2015

Astérix et le temps des barils

Est-ce que vous vous souvenez des barils de lessive ? C’étaient des grands cylindres de cartons qui contenaient une quantité invraisemblable de poudre à laver, obturés par un couvercle en plastique. On récupérait le couvercle après usage, souvent pour jouer au frisbee. Ça ne marchait pas aussi bien que les vrais, d’ailleurs, et à moi ça me raclait l’intérieur du pouce droit, à cause des rebords un peu aigus, quand on le lançait. Mais c’était bien. Sinon, on utilisait le baril lui-même comme coffre à jouets, ou plutôt comme réservoir à saloperies en plastiques souvent cassées mais dont l’utilité était avérée dans notre imaginaire. On trouvait même dans certains canards pour mômes des conseils pour les décorer — je me demande après coup si je n’avais pas vu ça dans un Pif Gadget... Le baril de lessive était un élément de notre mômerie et il arrivait — merci Bonux — qu’on y trouve un gadget pas trop nul. Il m’est même arrivé d’y trouver un Astérix. J’étais très jeune, mais le souvenir est vif : c’était Astérix et Cléopâtre, avec ses coloris chaudement cuivrés, sa parodie de générique à grand spectacle sur la couverture que je prenais alors au sérieux, et ce nez, par Jupiter, ce nez… Est-il vrai, ce souvenir d’ailleurs ? C’est une chose tellement forte encore que j’y crois. Des Cléopâtre, on en a vu d’autres avant et depuis. Ma préférée est bien Claudette Colbert, tiens, lorsqu’elle émerge du tapis dans le film de 1934… Revenons à nos moutons : Claud… euh, Cléopâtre dans un baril de lessive, est-ce bien raisonnable ? On trouvait bien des médailles antiques dans les stations service, des livres de poche pour un plein (dont Verne, offert par les stations Total), des queues de tigre, des gloups, des figurines de chez Mokarex, du trivial en sachet, et du commémoratif en présentoir, un flot prodigieux et ininterrompu de merdouilles et de machin promotionnels dans les paquets, les barils, les cornets — et dans Pif Gadget, bien sûr. Ça côtoyait nos jouets ordinaires, les pistolets qui tiraient de minuscules billes en plastique rouge, les pistolets à fléchettes dont on enlevait l’embout et caoutchouc pour que ça aille plus loin (étonnant qu'il n'y ait pas eu d’œil crevé dans l'affaire !), les minus (et vous, vous avez aussi « tiqué les minus » ?), les fusées à pétard, les Globos et les Malabars. Il y avait des moments de grâce comme cet Astérix dans le baril de lessive. Je suis sûr qu’on peut vérifier sur le net si c’est avéré. Je m’en fous, après tout. Je me souviens de cette lecture-là, je m’en souviens !
Quand je lisais Astérix et Cléopâtre, ça sentait la lessive…