A cette époque, je n’avais pas pris de drogue et il ne
m’était pas venu à l’esprit d’y toucher. Je me mis en quête d’un acheteur pour
les deux articles et c’est ainsi que je fis la connaissance de Roy et d’Herman.
Je connaissais un petit truand natif de New York qui travaillait comme cuistot
chez Jarro’s, « histoire de se faire oublier », comme il
l’expliquait. Je l’appelai pour lui dire que j’avais quelque chose à fourguer
et lui donnai rendez-vous à l’Angle,
un bar de la 8e Avenue près de la 42e Rue.
Ce bar était le quartier général des voyous de la 42e
Rue, une bande de petits demi-sel. Ils étaient perpétuellement à la recherche
d’un « cerveau » capable de monter des coups et de leur dire
exactement ce qu’il fallait faire. Comme aucun « professionnel »
n’aurait accepter de s’acoquiner avec des types aussi visiblement paumés et
ratés, ils s’obstinaient à chercher, tout en racontant d’énormes bobards sur
leurs gros coups, se faisant oublier en travaillant comme plongeurs, barmans ou
serveurs, tabassant à l’occasion un ivrogne ou un pédé timide, toujours à la
recherche du « cerveau » sur une grosse affaire qui leur dirait un
jour : « Je t’ai bien observé. Tu es le type dont j’ai besoin pour ce
coup. Maintenant, écoute-moi… »
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