jeudi 20 novembre 2014

Napoléon et Paris (et puis les chats, aussi...)

Pas question de pause pour le moment dans ce présent blog, comme il est fait allusion ci-dessous. Mais cette réédition est l'occasion de rapprocher ces deux billets dominés par le coq-à-l'âne. Ils ont été publiés respectivement en juin et en juillet 2008 sous des titres différents dans notre site précédent...

L'auteur de ce blog, jugeant que sa production est un peu élevée et que la moindre panne d'inspiration pourrait nuire au rythme imposé par lui, a décidé de lever un peu le pied avant que de subir d'une manière trop pregnante le vertige du prompt palpitant (équivalent électronique de l'angoisse de la page blanche).
En conséquence, le soussigné va emmagasiner quelques articles et les publier à raison d'un ou deux textes par semaine. Au bout d'un an cela fera tout de même une belle quantité.
Reste que l'envie d'être lu demeure.
Sinon, l'on ne ferait pas de blog.
N'ayant pas les ressources immodérées du marketing, nous nous bornerons à faire preuve d'une astuce qui a déjà fait ses preuves.
C'est François Valorbe, publiant son ouvrage intitulé Napoléon et Paris, qui donne la voie à suivre. L'auteur, ayant décidé d'être lu, s'était renseigné sur les titres les plus vendeurs, d'où icelui nommé ci-dessus - n'ayant du reste aucun rapport avec le contenu.
Désormais, ni Napoléon ni Paris ne font autant recette qu'en 1959, année de parution du livre, chez Losfeld.
Restent les chats.
Nous intitulerons donc ce bref article : «Les Chats de Napoléon à Paris» ce qui va rendre ce blog éminemment populaire et consensuel. Bien entendu, nous mettrons également une photo.





Il y a quelques articles de là, je faisais allusion à François Valorbe…
Voici ce que j’ai retrouvé :
« […] De toute façon Valorbe mérite de passer à la postérité pour un canular digne des meilleurs d’Alphy. Il m’avait apporté des contes qui me séduisirent d’emblée : malheureusement aucun des titres de ces contes ne pouvaient donner son titre à l’ouvrage. Le lendemain, il imagina une préface – stratagème qui était en fait un alibi pour le titre trouvé, Napoléon et Paris :
« Il était une fois un homme qui s’appelait Napoléon. Cet homme habitait Paris. Pour plus de précision, disons que notre héros avait Napoléon pour patronyme et ceci est assez rare, contrairement au prénom fort répandu un peu partout. Le sien de prénom devait être quelque chose comme Bonaparte. Pour plus de précision encore, il est bon d’ajouter que ce Bonaparte Napoléon habitait la petite ville du Kentucky qui répond au joli nom de Paris… Le présent texte n’est qu’un prétexte : celui de donner un titre au recueil. Un de nos amis, des mieux informés en la matière, nous ayant assuré que, best-sellers mis à part, les titres les plus aisément négociables sur le marché de la librairie sont, dans l’ordre, les nominatifs « Napoléon » et « Paris », nous avons pensé qu’il serait vraiment trop bête de passer à côté d’une affaire si belle et si facile. »
Ce livre, à cause de son titre, eut l’insigne honneur de figurer en bonne place dans la vitrine, consacrée à l’épopée impériale, d’un libraire voisin de l’École Militaire. »
On trouvera cet extrait dans :
Eric Losfeld : Endetté comme une mule, ou : La passion d’éditer – Belfond, 1979



Bien sûr, tout le livre est à lire intégralement et plusieurs fois !
Nous y reviendrons un jour, Eric Losfeld est un Personnage qui ne peut pas laisser indifférent…
Je ne possède pas le livre de Valorbe, bien que j’ai croisé ce volume plusieurs fois dans ma carrière professionnelle. Mais je ne désespère pas d’en retrouver un pour ma bibliothèque.
P.S. : Il est généralement d’usage de donner également la page ou se trouve l’extrait. Eh bien non, vous ne l’aurez pas. 
Z’avez qu’à lire le livre en entier !

3 commentaires:

  1. Signalons que les mémoires de Losfeld sont hélas épuisés depuis fort longtemps (il semblerait que Pierrette s'oppose à leur réédition) mais sa fille Joëlle en a tout de même fourni une nouvelle édition (que je n'ai pas), augmentée d'un index, au début des années 90.
    On peut en lire des extraits sur le site d'Yves Pagès, ici.

    Je me souviens d'une délicieuse anecdote au sujet de Mario Mercier, qui venait de remettre à Losfeld le manuscrit de son premier roman, Journal de Jeanne. Après la composition, Losfeld lui demande de relire les épreuves pour les corriger. Mercier s'exécute et rapporte quelque temps après l'exemplaire corrigé. Stupéfaction de Losfeld lorsqu'il le feuillette : aucune trace de correction ! "Mais si, lui répond l'écrivain, il y en a même un paquet !"
    Losfeld regarde de plus près, et s'aperçoit alors que l'auteur néophyte, qui ignorait tout du code typographique, a soigneusement collé sur tous les passages à reprendre des bandes de papier tapuscrites…

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  2. C'est raconté aussi dans l' Encyclopédie des Farces et Attrapes de Caradec & Arnaud qui nous apprennent qu'il est aussi question, dans le livre de Valorbe, d'une communauté, la Trappe Suginda : ce dernier nom étant l'anagramme de Nigauds...
    La préface est en fait plus longue que ce que cite ici Losfeld :

    « Il était une fois un homme qui s’appelait Napoléon. Cet homme habitait Paris.
    Le sien, de prénom, devait être quelque chose comme Bonaparte, mais nos informations manquent de certitude sur ce point.
    Pour plus de précision, disons que notre héros avait Napoléon pour patronyme et ceci est assez rare, contrairement au prénom fort répandu un peu partout. Le sien de prénom devait être quelque chose comme Bonaparte.
    Pour plus de précision encore, il est bon d’ajouter que ce Bonaparte Napoléon habitait la petite ville du Kentucky qui répond, quand elle n'a pas trop sommeil, au joli nom de Paris
    Nous pourrions nous amuser (?) à décrire par le menu les caractéristiques, l'atmosphère, le climat, l'archéologie, les souvenirs historiques, les habitants de Paris. Puis analyser l'aspect physique, la couleur, le caractère, les qualités, les défauts, l'éducation, les habitudes, les goûts, les mœurs, l'entourage, les aspirations de Napoléon. Nous n'en ferons rien.
    Nous pourrions nous étaler longuement sur ses origines humbles et son ascension, sur ses jeux, ses études, ses entreprises, ses travaux, ses amours, ses mariages, ses amis, ses alliés, ses ennemis, ses périodes de chance, ses échecs, sa gloire (locale), son génie, sa fin lamentable.
    Nous ne nous fatiguerons pas à cela. Il serait malséant d'insulter le lecteur en lui supposant des facultés imaginatives inférieures aux nôtres ou à la réalité qui, comme on le sait depuis quelques années, dépasse la fiction.
    Le présent texte n'est qu'un prétexte : celui de donner un titre au recueil. Un de nos amis, des mieux informés en la matière, nous ayant assuré que, best-sellers mis à part, les titres les plus aisément négociables sur le marché de la librairie sont, dans l'ordre, les nominatifs Napoléon et Paris, nous avons pensé qu'il serait vraiment trop bête de passer à côté d'une affaire si belle et si facile.
    Il fut, par contre, moins facile de convaincre notre éditeur (et néanmoins ami, comme dirait Carmen Tessier), homme d'une grande intégrité morale et d'une scrupuleuse honnêteté intellectuelle. Ce juste — car c'en est un — trouva, de prime abord, le sujet beaucoup trop mince pour justifier le titre de la couverture. Nous dûmes user d'une fine diplomatie, déployer des trésors de persuasion, exhumer la psychologie abyssale et surtout avoir recours à l'argument-massue de la vente assurée de tirages passant progressivement du limité à l'illimité, pour réussir à l'ébranler quelque peu. Finalement, le chantage et la violence eurent raison de ses dernières hésitations. De nos jours, qui nous en blâmerait ? »

    C'était suivi de cette note de Losfeld :

    « M'étant vu contraint de céder à des moyens de pression intolérables pour l'édition du présent recueil, je laisse à l'auteur l'entière responsabilité de sa démarche et de ses allégations et déclare, ici, me désolidariser de toutes les conséquences morales de cette entreprise, susceptibles de porter atteinte à mon bon renom, ainsi qu'à celui de l’Édition Française. »

    Jacques Sternberg, en préface au volume « Humour secret » consacré à Valorbe (Julliard, 1967), indique :
    « Pourtant le livre n'eut qu'un médiocre succès de vente. François Valorbe n'avait oublié qu'un détail : sur le terrain lourd du quotidien, les humoristes sont battus d'avance, leurs idées sont toujours mauvaises. Même quand elles paraissent bonnes. »

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  3. Je trouve toujours merveilleux que nous ayons des anecdotes autour de Losfeld. En somme, chaque personne que je rencontre a toujours à dire sur son compte, que ce soit une histoire vécue en directe ou par procuration ou bien des éclaircissements comme vient de le faire Grégory...
    En tout cas, merci, les gars. J'adore ce genre d'histoire !

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